La France donne au jeu vidéo ses lettres de noblesse
C'est le Ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, qui a inauguré la cérémonie par un discours à la gloire du jeu vidéo. Il a rendu hommage à un loisir qui, d'après ses dires, façonne nos rêves, nos imaginaires, et qui invente de nouvelles façons de représenter notre monde. Il a ensuite tenu à féliciter Shigeru Miyamoto pour sa contribution géniale au jeu vidéo, et bien sûr la French Touch, représentés par ses deux plus grandes figures, Ancel et Raynal. Une French Touch qui a, je cite, prouvé la vitalité de la création française, son inventivité et sa capacité de rayonnement mondial.Michel Ancel, Renaud Donnedieu de Vabres, Frederick Raynal et Shigeru Miyamoto
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Le premier a recevoir les honneurs fut Shigeru Miyamoto. Le Ministre a loué ses créations, comme Super Mario Bros 3, considéré comme un jeu de plate-forme culte, incroyablement riche et long, aux multiples ressorts et secrets, ou Mario 64, qui offre une liberté de mouvement exemplaire. Il a également insisté les liens d'amitié entre la France et le Japon, fondés sur nos capacités de création et d'innovation. Un thème déjà abordé récemment par le président Chirac, qui avait évoqué une relation privilégiée entre les deux nations.
Shigeru Miyamoto - Cliquez pour agrandir
Miyamoto a tenu à souligné l'honneur que représentait pour lui cette considération de la France, pays berceau des artistes impressionnistes qu'il admire tant et qu'ils l'ont beaucoup inspiré lors de ses études artistiques à Kyoto. L'homme a ainsi cité le peintre français Monet.
Michel Ancel et Frédérick Raynal ont aussi tous deux reçus les louanges du Ministre de la Culture. En hommage à Ancel, il a notamment cité Beyond Good and Evil, qualifié de original et engagé et King Kong, un jeu fin et complexe fondé sur un véritable écosystème virtuel. Quant au parcours de Raynal, le Ministre l'a bien sûr félicité pour sa production majeure, Alone in the Dark : votre création bouleverse durablement l'univers du jeu vidéo, en mêlant les genres du jeu d'aventure et du film d'horreur.
Michel Ancel - Cliquez pour agrandir
Frederick Raynal - Cliquez pour agrandir
Entretien avec Laurent Fisher, Directeur Marketing Europe chez Nintendo
Un buffet suivait bien sûr ces discours, avec champagne et amuse-gueules (nous sommes en France, ne l'oublions pas). Dans la pièce, quelques figures du jeu vidéo français : outre nos trois artistes décorés, étaient présents les frères Guillemot (dont Yves Guillemot, PDG d'Ubisoft), Nicolas Gaume (l'ex PDG de Kalisto, entreprise ayant depuis fait faillite et qui fut à l'origine de la saga des Nightmare Creatures), et bien sûr Stephan Bole (PDG de Nintendo France) et Laurent Fisher (Directeur Marketing chez Nintendo Europe). Nous nous sommes brièvement entretenus avec ce dernier.PN : Remarquable que M. Miyamoto se soit déplacé jusqu'en France... Après tout, la France n'a jamais été un marché déterminant pour Nintendo.
Laurent Fisher : Ce n'est pas une question économique ou de marché. C'est vraiment une question de reconnaissance mutuelle, entre Shigeru Miyamoto et la France.
PN : En effet, la France semble précurseur en la matière. Vous considérez vous aussi les jeux vidéo comme un Art ?
Laurent Fisher : Bien sûr, les jeux vidéo sont un Art, au même titre que la peinture, la sculpture, le cinéma. J'en suis convaincu. D'ailleurs, la France l'a compris et le prouve aujourd'hui.
PN : Un Art qui ne touche qu'une frange de la population...
Laurent Fisher : Justement, Nintendo est en train d'agrandir le public du jeu vidéo. Aujourd'hui, c'est vrai que la seule évocation de "jeu vidéo" crispe énormément de consommateurs, qui déclarent immédiatement "ce n'est pas pour moi". Il semble que Nintendo ait réussi à inverser la tendance au Japon, comme en témoigne le formidable succès de la DS. La console séduit toutes les tranches d'âge. Des jeux comme Brain Training ont clairement contribué à la démocratisation du jeu vidéo au Japon.
PN : Et en Europe, vous placez beaucoup d'espoir dans ce genre de jeux ?
Laurent Fisher : Bien évidemment. Nous espérons que Brain Training rencontrera un gros succès en Europe. Nous allons bien sûr promouvoir le jeu, mais nous comptons énormément sur le bouche à oreille. Les joueurs doivent être les ambassadeurs de ce nouveau type de jeu auprès de leur famille, de leur entourage. Il n'y a que comme ça qu'on percera.
PN : Vous avez déjà réussi à séduire les filles avec Nintendogs, cela sera-t-il aussi facile avec les classes plus agées ?
Laurent Fisher : Non. Les filles jouaient déjà un peu au jeux vidéo, et Nintendogs a juste fidélisé un public qui existait déjà de manière embryonnaire. Avec des jeux comme Brain Training, on vise vraiment des personnes réticentes vis à vis du jeu vidéo.
Bien sûr, il était inutile de poser des questions sur la sortie européenne de la DS lite, de Zelda TP ou de la Revolution. Les informations sur ses sujets sont exclusivements divulguées par Nintendo Japon. Merci en tout cas sincèrement à Laurent Fisher d'avoir accepté de répondre à nos questions à l'occasion de cette cérémonie.
Le jeu vidéo est un habile mélange entre le cinéma, la peinture et la musique, tout en réalisant l'exploit d'être intéractif. Il est encore difficile pourtant d'affirmer sans aucune réserve que les jeux vidéo sont un Art à part entière, ne serait-ce que parce que son public est encore trop restreint... En revanche, ce qui est indubitable, c'est que certains jeux, de Beyond Good & Evil à Zelda ou encore Ico sont de véritables oeuvres d'art... et que leurs auteurs sont de vrais artistes, dont on citera encore le nom dans des décennies.
Retrouvez à la page suivante les discours du Ministre.
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