yoann[007]
Comme par exemple ?



J'ai du mal à te suivre. Tu admets toi-même le côté bénéfique du truc car les coûts très réduits de production permettent à des jeux indépendants de percer (ce qui n'aurait PAS pu arriver autrement)... et tu dis qu'on risque d'y perdre... oui mais QUOI ?



(Par ailleurs non on ne perd rien en propriété car on n'a JAMAIS possédé un jeu, je le répète, c'est utile. On détient une licence d'utilisation, qui n'est pas plus limitative dans le cas d'un jeu téléchargé que dans le cas d'un jeu acheté sur un support optique. Sur Steam et PSN ces licences sont mêmes MOINS limitatives donc on y gagne.)
Miacis
[quote]Outre les aspects déjà évoqués de nombreuses fois (mainmise des éditeurs, propriété du jeu remise en question...) c'est véritablement l'aspect humain qui me dérange profondément. Un monde ou la majorité des loisirs ou passions se décident de chez soi devant un écran ne me réjouit vraiment pas. La VOD illustre au mieux mon sentiment : elle condamne à terme les vidéo clubs (dans un premier temps les plus petits) où une communauté réelle de cinéphiles forment un lieu, une ambiance.



Mais c'est le "tout tout de suite, tout plus vite" du monde moderne, dont la marche semble inéluctable, les "réponses simples et rapides" chères à Kundera. Oui, il est plus rapide, plus confortable, d'aller cliquer vers le film de son choix sur internet que de sortir le nez de chez soi vers un vidéo club, mais c'est aussi infiniment plus triste : tout un pan humain de sa passion s'éclipse (visite d'un lieu dédié, rencontres réelles...) et la réduit pratiquement à une série de 1 et de 0.



De la même manière, je suis de ceux qui ne trouvent aucun intérêt (ou si peu) au jeu multijoueur en ligne. Oui, il est plus simple et plus rapide de se connecter sur un serveur qui se chargera de nous trouver des camarades de jeu que de programmer un rendez vous avec 3 potes dans son salon. Mais au final, n'y a-t-il pas quelque chose de perdu ? [/quote]


Bah, oui, mais c'est un peu l'arguement facile de celui qui a déjà accés à tout.

C'est bien beau de dire aux gens qu'ils feraient mieux d'aller dans des ciné-clubs ou par exemple d'aller rencontrer des filles en boîte plutôt que de discuter sur des forums ...



Mais moi qui habite à [i]Perdu-à-la-Montagne-les-Bains[/i], vous savez ce que je réponds si un mignon petit parisien qui a le vidéo-club en bas de chez lui, un magasin de jeux vidéos à 5 minutes à pied, et la fnac à 10 minutes en métro me sort ces arguments ?

Je lui réponds [img]http://forum.francefurs.org/images/smilies/z_censored.gif[/img]. Et que j'en ai honnêtement rien à carrer de ses dilemnes entre le confort et son aspect humain personnel, parce que moi, j'ai même pas le choix.



Sauf que je n'habite pas à [i]Perdu-dans-la-Montagne[/i]. Je vis seulement dans un petit village pas trop loin de la ville. ;-)

Mais des gens comme je les ai décrit, il y en a. (Et oui, ils ont accés à l'internet.)



Et sans aller chercher dans ces extrêmes, ren que moi, il faut que je fasse 1h30 de trajets aller-retour en voiture pour aller les chercher, mes jeux. Pourtant, je fais parti d'une communauté d'agglomérations ...



Ca fait quand même beaucoup de gens à qui ça faciliterait beaucoup plus le confort que ce que certains s'imaginent. :-?
Eggfool
@yoann



On y perd une partie très important de l'aspect humain et social induits par le support physique. Concrètement, ça me semble plutôt évident :



Le vidéo club pour les films, les boutiques pour le JV, les librairies -voire les bibliothèques- les disquaires...



On peut vraisemblablement imaginer qu'il y aura toujours des salons, des évènements ponctuels type tournoi, mais il est indéniable qu'une part non négligeable "réelle" et physique disparaitra peu à peu. En clair, dans 20 ans, il n'est pas absurde d'imaginer se balader au centre ville d'une ville moyenne sans croiser une seule boutique de JV, une seule librairie, un seul disquaire. Et encore, je ne parle là que de la dimension plutôt symbolique de ces pertes, en occultant les conséquences économiques et sociales, et les questions de visibilités commerciales, sous peine de taper le post le plus long de l'histoire de PN. :uhuh2:



Autre chose : l'exemple du multi en ligne illustrait un aspect de cette perte : pour faire court, concis et imager : je n'ai encore jamais eu un fou rire en jouant en ligne.



(Enfin, sur l'éternel argument de possession qui ne changerait pas avec la dématérialisation, je répète une nuance fondamentale : les jeux ne nous appartiennent pas, en théorie, et juridiquement, mais d'une manière [b]effective[/b], si.)



@miacis



Oui, évidemment. Mais le plaisir est souvent lié à une certaine contrainte. Faire 1h30 pour chercher un jeu peut très vite faire parti d'un rituel [b]réel [/b] lié à sa passion.



Et ce contre argument me semble entretenir un parallèle avec le "tout tout de suite" que j'évoquais tout à l'heure : il me semble naturel -et justement humain- qu'un lieu d'habitation soit lié à des avantages et des contraintes. Un choix induit un renoncement : la tranquillité bucolique de la campagne ou les boutiques par millier de la ville : il faut choisir :D
Miacis
[quote]Oui, évidemment. Mais le plaisir est souvent lié à une certaine contrainte. Faire 1h30 pour chercher un jeu peut très vite faire parti d'un rituel [b]réel[/b] lié à sa passion. [/quote]
Excuse mon indifférence blasée, mais franchement, tu penses sérieusement que j'exulte, pendant mon trajet en voiture ? v_v


[quote]Et ce contre argument me semble entretenir un parallèle avec le "tout tout de suite" que j'évoquais tout à l'heure : il me semble naturel -et justement humain- qu'un lieu d'habitation soit lié à des avantages et des contraintes. Un choix induit un renoncement : la tranquillité bucolique de la campagne ou les boutiques par millier de la ville : il faut choisir :D [/quote]
Je dois rire ? :lol:
Akhoran
On oublie d'autres avantages liés à la dématérialisation :



On regrette la disparition des disquaires parce que leur expérience en matière de conseil pour dénicher les raretés va, dit-on, elle aussi disparaitre. Mais en est on si sûr ?



Regardez amazone par exemple. Amazone, lorsque l'on achète un disque (même inconnu), on nous suggère ce que d'autres utilisateurs du service ont aimé. C'est une forme de conseil expert qui est amené à se développer. De plus, comme le concept de 'tête de gondole' va tendre à disparaitre sur ce type de store, que l'historique sera conservé, et que l'on trouvera ses jeux (ou musique, ou livre...) via un moteur de recherche, ça devrait créer une sorte de cercle vertueux où les petites productions réussi sortent plus facilement du lot que dans une boutique physique qui a un nombre limité de linéaires à pourvoir (et même, à vendre). Sans parler de tout un écosystème de critiques online (blog, forums... avec des vrais gens derrière) qui existe déjà et qui peut être tout aussi calé que les disquaires.



Je rebondis sur le côté humain. On devrait plutôt parler du côté "physique" que du côté humain. Car, je le rappel, sur Internet, il n'y a que des vrais gens. Les relations ne sont pas moins faussent "qu'en vrai", elles ne sont pas forcément plus vrais non plus d'ailleurs. C'est juste différent (les spécificités du média de communication l'imposent), mais on communique avec des vrais gens qu'on peut tout autant blesser, aider, toucher, émouvoir, à qui on peut s'attacher, ou tout ce que vous voulez. Et tout ces ressentis sont bien réels. Si je m'investit sur un forum de jeu vidéo, de conseil en musique, de critique de film... je noue des relations bien réels avec des vrais gens, qui reposeront sur des choses comme la confiance. Je ne sais pas si c'est très éloigné d'une relation que l'on entretien avec son disquaire, que l'on voit physiquement. Sauf s'il est beau gosse ou belle gosse :D.



Dernière chose : imaginer un monde sans boutiques de disque, de livre ou de jeux vidéo, ça ne me fait pas peur. La question, c'est de se demander ce qui va les remplacer. Ca pourrait être des cyber café, qui sont des lieux de socialisation comme les autres et où on pourra se faire de 'vrais' amis, ou d'autres espaces de loisirs où on socialisera tout autant. Ou ça fera des logements en plus, on en manque. Pour les livres, ça pourrait être des salons de lecture, où on se pose avec son Kindle, et on lit tranquillement. Pour la musique, des espaces aménagés d'écoute libre type fnac, où on peut acheter si ce qu'on écoute nous plaît. Bref, cet espace ne sera pas laissé à l'abandon, et ce qui le remplacera pourra être une pluvalue par rapport à maintenant, et peut même rester en rapport avec l'industrie.



Après-Dernière chose : on décidera de moins en moins les choses depuis chez soi, devant un écran. Dans un monde du tout connecté, Internet sera au fond de la poche, donc on pourra tout décider depuis partout, et tout faire depuis partout aussi. On peut même envisager que ça encourage les gens à sortir de chez eux et voyager, puisque où qu'ils soient dans le monde ils auront accès à tout ce qu'ils possèdent. Au lieu de sortir pour aller acheter un disque (et y passer une heure et demi pour Miacis), on sortira pour faire des 'vrais' choses, comme par exemple aller voir de vrais gens.
Synyster
Y'en a qui connaissent la destruction créatrice ici ? ceux qui parlent d'emplois perdu etc ? Qui pour plaindre ceux qui éteignaient les lampadaires au gaz par exemple ?



[url]http://fr.wikipedia.org/wiki/Destruction_cr%C3%A9atrice[/url]
Eggfool
@miacis :

Non, tu ne dois pas rire : je le dis avec le sourire, mais je suis très sérieux.

Un choix implique un renoncement, comme le souligne d'une manière fort célèbre André Gide.



Tout est une question de mesure, de limite. Que tendent à casser justement certaine technologie. Et ce n'est pas (toujours) positif.

( :uhuh: je dois passer pour le technophobe de service... pourtant, si vous voyiez mon salon :uhuh2: )



@Akhoran :

Il y a forcément des avantages, évidemment.

Mais ton premier exemple... me gêne. Ce service d'Amazone et entièrement automatisé et me donne franchement l'impression d'être fliqué par un robot. Même si la palme de ce côté revient à Itunes et à ses services "sélectionnés pour vous" et autre Genius...

Après oui, il y a des avantages pratiques à ce genre de système, je ne le nie pas, et je pense même que j'ai découvert un ou deux groupes grâce à ce genre de service, mais pour le côté humain, on repassera.



Ensuite, justement, le côté humain sur lequel tu rebondis : effectivement, ce que tu dis est très juste. Le simple fait que l'on tienne en ce moment même ce genre de discussion le prouve : Mais très honnêtement : ne serait elle pas encore plus intéressante, vivante, et enrichissante en face à face ?

La communication sur Internet filtre, biaise bien des points de vue, bien des tons. Elle peut être par moment géniale, mais elle est sans commune mesure avec un rapport réel et physique. (je remarque que si on enlève une seule lettre au 6ième mot de ce paragraphe, son sens serait bouleversé :D )



Enfin, sur la fin de ton com' : je ne partage qu'à moitié ton optimisme. Mais c'est effectivement possible. J'en profite pour rajouter que mon but est de pointer des risques à envisager, pas de jouer l'oiseau de mauvais augure ;)



@Hitokiri Battosaï

Oui, perso je connais le concept de destruction créatrice (c'est pourquoi à un moment j'ai d'ailleurs précisé que je parlais de "perte symbolique" en expliquant que parlé de tout serait biiiiien trop looong.



Toutefois, la destruction créatrice à ses limites, et sert parfois de prétexte pour des "avancées" plus que douteuses.

D'accord pour les allumeurs de réverbères, mais peut on appliquer la même logique pour les poinçonneurs du métro, qui ont été suivi par les agents de caisses, j'en passe et des meilleurs et maintenant les conducteurs ?



Et quid de la destruction créatrice des caisses automatiques des supermarchés ?
Akhoran
Pour les systèmes de conseils, c'est effectivement un système expert, automatisé (un robot), alimenté par le comportement de vrais humains. J'en parlais juste pour tordre un peu le coup à un argument classique (la disparition de la fonction de conseiller des professionnels). Et pour évoquer le cercle vertueux, que je vais développer un peu parce que ça me semble super important.



Je voulais mettre en avant une nouveauté dans le domaine de la distribution, presque une révolution même : on va enfin vers une corrélation entre les envies/goûts des consommateurs et ce que mettrons en avant les distributeurs. Aujourd'hui, à cause de l'espace limité des rayonnages (ou des dépôts de stocks), les distributeurs ont intérêt à sélectionner ce qu'ils mettent dans chaque emplacement, et ce qui ne se vend pas assez (mais se vend quand même, donc intéresse des gens) disparaît des rayons. A la place, on a des blockbusters qui prennent tout l'espace et que tout le monde cherche à vous vendre, même si vous n'aimez pas. Parce qu'un emplacement non rentable, c'est un emplacement mal géré. Sans oublier que les distributeurs achètent les jeux qu'ils nous revendent, donc non seulement ils faut qu'ils misent sur les hit, mais en plus s'ils ne les vendent pas, ils perdent de l'argent. Au final on se retrouve à pousser le consommateur à acheter des choses qui ne l'intéresse pas, pour écouler les stocks. Et ça ce n'est pas un cercle vertueux, c'est un cercle vicieux puisque développeurs et distributeurs partagent là dedans les mêmes intérêts : mettre en avant le dernier gros titre (même s'il est moisi). Exit le consommateur de la boucle, ou presque.



Avec la dématérialisation, les distributeurs ont nettement plus intérêt à faire en sorte de mettre sous les yeux de l'acheteur ce qui correspond à ses goûts. Qu'ils vendent le dernier Britney ou un sombre disque underground, c'est exactement la même chose, les coûts sont les mêmes, les gains sont les mêmes. Fini la rentabilité par emplacement et les stocks achetés qui restent sur les bras et qu'on doit écouler.



Les besoins des distributeurs et des consommateurs convergent, et ça ça ne peut être que bien. Et ça se répercutera sur les producteurs, qui seront bien obligé de se pencher vers la qualité.



A noter que je ne suis pas en train de dire qu'aujourd'hui les distributeurs sont des grands méchants, simplement que les contraintes de la matérialisation (^^) amènent à une certaine déviance des comportements. C'est comme ça, chacun fait du mieux qu'il peut dans son propre étau.



Pour le charme ou l'intérêt d'une discussion en face à face sinon, je n'ai pas vraiment de réponse à vrai dire. Ça dépend d'un tas de paramètres. Pour les réflexions de fonds et les débats, j'avoue ma préférence à Internet, qui me semble plus efficace s'il est bien utilisé. Pour les relations empathiques par contre, la vraie vie ça me semble mieux.



Sinon, je suis d'un naturel optimiste :], effectivement.



Ps : moi, sans parler de destruction créatrice d'idées, la sauvegarde d'emploi ne m'a jamais paru un argument suffisant pour préserver quelque chose. Mais c'est parce que je suis pour une société des loisirs, où on ne sera plus obligé de travailler pour vivre (comme disait Coluche je crois : "les chômeurs descendent dans la rue pour demander des emplois, mais ce n'est pas ça qu'ils veulent. Ce qu'ils veulent, c'est un toit, de la bouffe et des vêtements"). Après, tant qu'on reste dans le système actuel, où il faut travailler pour vivre, c'est normal que chaque perte d'emploi soit vécue comme un drame (voir même, comme une mise à mort). Mais bon, ça c'est un autre débat :D.
VaderPN
[quote]Et ce contre argument me semble entretenir un parallèle avec le "tout tout de suite" que j'évoquais tout à l'heure : il me semble naturel -et justement humain- qu'un lieu d'habitation soit lié à des avantages et des contraintes. Un choix induit un renoncement : la tranquillité bucolique de la campagne ou les boutiques par millier de la ville : il faut choisir :D [/quote]
Je dois rire ? :lol:[/quote]



Je vois pas ce qu'il a de drôle il a entièrement raison ! Et c'est la réflexion que j'ai tenue quand j'ai déménagé il y a un an. Il faut bien sûr choisir ! Soit tu privilégies l'accès aux commodités, magasins, service. Soit tu privilégies la tranquilité. Mais il n'est pas très logique de regrette le manque d'accès à l'endroit où l'on habite si l'on a choisi d'habiter dans un endroit un peu reculé. En général, en tout cas, on choisit.
Miacis
Mais ouiii, vas-y.



Comme si tout le monde avait le choix. :roll: On va pas réfléchir à essayer d'améliorer la situation pour les gens à la campagne, [b]ils ont choisi[/b]. On va pas essayer de réduire les prix des logements en ville, [b]ils ont choisi[/b].



Si on suit ce superbe raisonnement, je suppose qu'il est inenvisageable aussi que les citadins aient à payer pour construire des routes entre villages ... ou que les campagnards aient à payer plus de taxes pour que Paris accueillent les JO ?



C'est quoi cette mentalité ? Je me retiens de pas faire de parallèle politique vaseux sur le "ils ont choisi, ils assument".



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C'est justement parce que ça me paraissait tellement évident que c'était pas un argument sérieux, que j'ai demandé si je devais rire.

Si c'en était un, .... franchement, je commence à m'inquièter. :euh: