Beyond Good & Evil 2, le projet fou de Michel Ancel
Le prochain jeu dans un monde ouvert ne devrait pas sortir tout de suite, tellement Michel Ancel a de l'ambition pour ce titre qui a connu plusieurs étapes de développement. On espère que ce nouvel élan sera le bon.
NewsBeyond Good & Evil 1 était un projet pour se ressourcer
Après Rayman 2, nous voulions voyager un peu, utiliser les avantages des univers virtuels et passer outre les traditionnels jeux où vous vous sentez piégé comme dans une boîte. Je me rappelle que durant le développement de Rayman 2, nous avions pu grâce à un bug, sauter sur le bateau pirate et que l'on avait volé au dessus de l'océan et voyagé dans toute la carte du jeu. Nous avons alors commencé à imaginer un jeu qui donnerai une réelle sensation de liberté. C'est ceci qui nous donna l'envie de créer BGE. Ajoutez à cela le désir de raconter une histoire qui nous touche de plus près, de raconter la guerre, ainsi que la façon dont les gens réagissent contre cette désinformation, et plus généralement parler de notre société aussi bien moderne que barbare.
Personnellement, j’en avais marre de faire des jeux pour les hommes. Pour moi, une femme avec une arme dans chaque mains et un faux regard de vengeance n’est pas une femme. Si la femme moderne est une femme qui agit comme un homme, c’est très triste. Jade a un coté garçon manqué mais elle reste toujours féminine et pense aux autres façons de résoudre un problème au lieu d’utiliser la violence. Son arme, c’est son appareil photo. C’est le témoignage de sa vision du monde et les éléments qu’elle rapporte qui vont faire prendre conscience et faire réagir la population. La femme typiquement moderne est plus proche de celle qui porte deux armes que notre Jade, mais parfois il faut savoir nager à contre-courant. ;)Nous rappelons que Jade est une reporter de guerre qui va découvrir une conspiration et ses photos seront un moyen pour elle de gagner de l'argent, acheter de nouvelles capacités et poser des preuves pour son enquête.
On connaît le succès du jeu sorti en 2003, dont la fin laissait déjà ouverte la possibilité d'une suite.
Une ambition qui s'est heurtée aux possibilités techniques
Présent à l'IndieCade Europe qui s'est déroulé le 18 et 19 novembre dernier à Paris, Michel Ancel a accordé divers entretiens sur ses projets, notamment au journal Le Monde et son sympathique journaliste William Audureau.Très tôt la volonté de créer la suite s'est mise en place mais les performances de la Xbox 360 et de la PS3 se sont révélées insuffisantes à ce moment. Démarré en 2007, le projet est mis de côté en 2009 et Michel Ancel est reparti sur Rayman Origins, un autre énorme succès. Après ce projet, Michel Ancel a voulu voir ailleurs et a cofondé le studio Wildsheep Studio, lancé avec cinq associés à Montpellier dont Céline Tellier, qui a passé 17 années de management artistique au sein d'Ubisoft Montpellier. C'est elle qui préside le studio.
Nous cherchions un contexte de travail particulier, propice à la création. Les six associés sont très complémentaires et tout le monde a l’envie, la passion et la motivation.Cette équipe s'est lancée sur un nouveau projet, baptisé Wild, développé en exclusivité pour Sony sur PS4, un monde préhistorique de toute beauté. C'est un jeu multijoueur, qui mettra ses personnages au défi de survivre dans une nature sauvage et préhistorique, recréée dans ses moindres détails à l’échelle d’un continent (l’Europe du Nord). Wild confrontera l’homme aux animaux, aux climats et aux saisons, avec légendes et shamans au rendez-vous. L'équipe compte 25 membres et continue à s'étoffer.
Ce sera une expérience virtuelle de symbiose avec la nature, en 3D, avec une dimension un peu mystique, assure Michel Ancel.Mais c'est Yves Guillemot, le PDG d'Ubisoft, qui a su convaincre Michel Ancel de rester au moins partiellement au sein d'Ubisoft, en conservant une activité de consultant et de directeur créatif chez Ubisoft Montpellier. En effet, Yves Guillemot lui a proposé de relancer le projet de Beyond Good & Evil 2, un projet qui tenait particulièrement à cœur à Michel Ancel. Une proposition impossible pour lui de refuser mais qui impose à l'homme une organisation que certains pourraient juger de non raisonnable.
C’est un monde que j’aime, tout simplement. [NDLR : parlant de BGE] Ce ne fut pas le succès escompté, mais malgré tout cet univers et ses personnages ont touché des gens, il nous a touchés nous.
Je suis chez Ubisoft le matin, je me consacre à Wildsheep l’après-midi. La formule est souple et fonctionne.La puissance de la PS4 et de la Xbox One lui donne l'espoir de réaliser son rêve. C'est ce qu'il évoque dans les colonnes du Monde.
Ce qui est certain, c’est que BGE2 est un projet fabuleux. L’espace, les planètes, se déplacer à 15 000 km/h… C’est quelque chose de fou. Tout cela, on peut le faire avec les consoles actuelles, et ça marche. Avec ce genre de projet, on se dit que le jeu vidéo est quelque chose de malade, qui a encore de beaux jours devant lui », s’emballe-t-il.
Combien de temps pour obtenir ce jeu ?
Michel Ancel ne se positionne pas là-dessus (il faut dire que vues les attentes autour de ce projet, et les couacs antérieurs, il peut difficilement s'avancer). Le jeu promet d'être grandiose et ne se focalisera pas tout-à-fait sur le même aspect que son aîné. Sur BGE2, c’est le thème de la civilisation qui est au cœur du jeu.BGE1 traitait de la manipulation de masse et des médias, là on est dans une direction à 180° avec des truchements d’arnaques, de complots, de rôles qui sont plus différents. C’est vraiment l’aspect humain, souligne-t-il.Avec l'appui des formidables ressources techniques et humaines d'Ubisoft, Michel Ancel compte proposer « un côté grouillant », avec « beaucoup de personnages étonnants », un sentiment de « profusion ». Pas simple de réaliser cela rapidement dans un monde ouvert, Nintendo est bien placée pour le savoir en travaillant sur un certain jeu open-Word baptisé The Legend of Zelda: Breath of the Wild.
Michel Ancel veut prendre son temps et surtout ne pas recréer les erreurs à ses yeux que sont des jeux comme No Man's Sky, qui se reposent trop sur des modèles mathématiques.
Ils ont fait des efforts énormes pour cacher les modèles, et pourtant les gens finissent par les voir. Rien qu’à regarder les vidéos, nous qui sommes dans le même genre de problématiques, on voit les modèles mathématiques. C’est comme si on voyait la matrice.
Ce qui est important dans un jeu, ce n’est pas l’espace ou le temps, mais le rythme. Si on se déplace très rapidement, mais que le décor est vaste et rythmé, avec des découvertes à y faire, on reste dans un principe ludique, on ne s’ennuie pas. Et bien sûr, il y a la narration.
Une ombre pèse cependant sur le projet : Vivendi
Courir après deux super-productions est déjà une gageure, risquée car rien n'indique que de tels projets puissent aller jusqu'à leur terme, BGE2 en ayant déjà fait l'amère expérience. Mais c'est surtout le combat que se livrent actuellement Ubisoft et Vivendi qui inquiète. Le PDG Yves Guillemot est l'homme qui soutient le jeu. Or si Vincent Bolloré finissait par prendre le contrôle de l'entreprise, il est quasi certain que la famille Guillemot partirait. Que faire dans ces conditions ?Je ne sais vraiment pas. Ce serait un dilemme. Ce serait terrible de ne pas le finir.Source : Le Monde
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Bizarrement je ne pense jamais à ce jeu quand je parle de mes jeux préférés pourtant quand j'y pense je ne peux pas me contenter de le qualifier de "bon jeu", tant il est unique et réussi.
Je pense me le refaire avant l'arrivée de sa suite et j'espère en saisir d'avantage tout le sel ^^.
PS: Attention Sebiorg, premier paragraphe, tu as écris "fols" au lieux de "fous"