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Détente : La VR, nouvel argument immersif culturel.
Nous avons testé deux animations VR : "Les Mondes Disparus" au MNHN et "Un soir avec les impressionnistes. Paris 1874" au Musée d’Orsay, à Paris. Ces expériences confirment le potentiel énorme de la réalité virtuelle.
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Les vacances sont encore d'actualité pour certains, offrant l'occasion de profiter des animations de grande qualité proposées par le studio français Emissive/Excurio. Fondé en 2008, ce studio se spécialise dans la conception et la production de contenus immersifs, avec des partenariats avec divers musées. Après le Louvre, la grande Arche de la Défense et l'institut du Monde Arabe, le Muséum national d'Histoire naturelle et le Musée d'Orsay présentent deux nouvelles créations, alliant ludisme et contenu pédagogique de qualité.
Ces dernières années, la réalité virtuelle s'est imposée comme une valeur ajoutée dans les expositions. Bien que les casques VR aient eu du mal à s'intégrer initialement sur le marché du jeu vidéo en raison de problèmes de rendu visuel, de liaisons filaires et de gameplay, leur intégration a gagné en maturité. Cependant, le coût financier reste dissuasif pour de nombreux joueurs. Selon une étude récente de Statista, le marché mondial de la réalité virtuelle a atteint 14 milliards de dollars en 2023 et devrait atteindre 50 milliards de dollars d'ici 2028. La réalité augmentée connaît également une croissance rapide, avec un marché estimé à près de 15 milliards de dollars en 2020, et une projection de plus de 88 milliards de dollars d'ici 2026. Des applications telles qu'Ikea Place permettent de visualiser des meubles IKEA dans son intérieur, réduisant ainsi le risque d'erreur d'achat.
Une soirée en compagnie des impressionnistes
Deux récentes expositions ont offert une expérience immersive en réalité virtuelle. "Un soir avec les impressionnistes" nous transporte au 15 avril 1874, dans l'atelier de Nadar, où les artistes Manet, Pissarro, Cézanne et Monet exposent leurs œuvres. Avec un casque HTC Vive Focus 3, les visiteurs explorent une salle de 500 m², offrant une immersion fluide grâce à quatre caméras et des données de gyroscope. Malgré quelques limitations, comme l'absence de mains visibles à l'écran, l'expérience reste immersive et captivante. La régulation des casques permet de limiter les collisions entre visiteurs. Cette expérience, coproduite par Excurio, GEDEON Experiences et le Musée d’Orsay, s'appuie sur un travail minutieux de reconstitution historique.
Bienvenue à l’inauguration du salon parallèle organisé par une trentaine d’artistes qui n’arrivent pas à exposer dans les salons officiels. Nous allons rencontrer quelques artistes qui exposent certaines de leurs œuvres dans l’atelier du photographe Félix Tournachon, plus connu sous le pseudonyme Nadar, au 35, boulevard des Capucines à Paris. Ces artistes sont Manet, Pissarro, Cézanne, Degas, Berthe Morisot (seule femme du groupe) et Monet, et leur mouvement, qui se singularise par une nouvelle technique picturale donnant la primeur aux effets de lumière, sera connu sous le nom des impressionnistes.
Après avoir réservé notre créneau en avance sur le site internet du musée, direction vers un espace dédié où une hôtesse prend le nom de chaque membre de notre groupe, un nom qui servira à notre avatar pour nous repérer parmi les autres participants. En effet, à l’intérieur, une salle spécifique de 500 m², aux murs recouverts de repères et de symboles blanc et noir, va servir à contenir nos pérégrinations. Point important, jusqu’à 80 personnes peuvent déambuler dans cette pièce simultanément, vous les apercevrez comme avatar blanc basique mais sans aucun nom apparent, cela vous aidera à vous glisser entre eux et éviter certains contacts accidentels.
Le matériel utilisé est un casque HTC Vive Focus 3, un superbe casque coûtant près de 1500 € l’unité. Pas besoin de sac à dos avec un ordinateur à l’intérieur comme nous avions eu pour la découverte de la grotte de Lascaux en réalité virtuelle à la Cité de l’Architecture ou lors d’une séance de jeu virtuel de 30 min lors du Virtual Laser Mission Arena à Argenteuil, ici tout est piloté en Wifi 6E et nous donne une sensation de liberté étonnante. Bon point, ce casque réglable est parfaitement adapté aux porteurs de lunettes qui pourront conserver ainsi leur monture à l’intérieur du casque.
Les quatre caméras permettant au système de se repérer parfaitement par rapport aux motifs et symboles aux murs et au sol de la salle, le tout couplé à des données de gyroscope et d’accéléromètre pour le haut, le bas et la ligne d’horizon. C’est effectivement très précis et fluide, on ne peut s’empêcher de décrocher un certain waouh de surprise quand on est immergé au départ dans les rues de la capitale, face à l’Opéra Garnier en cours de finalisation. On tourne sur 360 degrés, on admire de nombreux détails dans les décors. Tout n’est pas parfait certes, la narration a conduit à rendre très détaillés certains lieux et personnages, comme notre charmante Rose qui va nous guider pendant ces quarante minutes et qui sera notre passeport pour rencontrer les différents artistes, d’autres personnages sont représentés beaucoup plus sommairement et l’animation des chevaux pêche encore un peu. Mais honnêtement, le rendu visuel et sonore sont suffisamment immersifs pour nous emporter dans la découverte sans ressentir la moindre fatigue oculaire.
Les peintres n'ont pas une qualité photographiques, mais on les identifie sans grande difficulté. On parcourt ainsi l’ancien studio de Nadar en regardant les nombreuses toiles qui sont accrochées pour cette exposition dissidente, la qualité de numérisation des tableaux est bonne même s’il manque encore une certaine finesse. Ne vous inquiétez pas, vous pourrez découvrir les véritables œuvres dans l’exposition qui se trouve un peu plus loin.
Un point négatif, nos mains ne sont pas visibles à l’écran, on aimerait parfois toucher le décor mais comme elles restent invisibles, cela retire un peu de l’immersion recherchée. Bon point en revanche, malgré le nombre important de personnes dans la pièce, la régie arrive à contrôler chaque casque indépendamment pour limiter les risques de collision avec d’autres visiteurs pouvant voir la scène avec un léger différé. Il y a quelques passages un peu plus compliqué, comme lorsqu’on marche sur un ponton de planches glissantes pour rejoindre Renoir exécutant son tableau La Grenouillère à Croissy-sur-Seine ou pour rejoindre Claude Monet au Havre sur le balcon alors qu’il apporte sa dernière touche au tableau fondateur Impression, soleil levant. Se glisser entre les autres personnes est à ce moment-là plus délicat (on note cependant la très bonne précision de localisation du casque qui permet un déplacement rigoureux) et il y a quelques basculement de scènes un peu rapides.
Le principe est simple : une zone bleue au sol correspond à l’emplacement idéal pour profiter de l’action narrée, une zone orange nous indique l’espace maximal que l’on peut explorer sans connaître de petits soucis de continuité. Certains passages sont un peu rapides, surtout quand on se retrouve avec une nouvelle zone dans notre dos, et si vous sortez de l’espace conseillé, l’image disparaît pour mettre en évidence une colonne de lumière vers laquelle il faut nous diriger pour reprendre le fil de notre promenade. Comme le son de l’animation n’est pas coupé pendant ce temps, on se retrouve parfois à se dépêcher pour reprendre le fil visuel de l’histoire. Hormis ce léger couac dû à une journée très chargée en spectateur, on reste saisi par l’impression de profondeur et par l’histoire proposée.
On peut regretter que les changements de lieux se fassent par le biais d’un fondu au noir qui coupe un peu le plaisir de la découverte. On aurait souhaité également que certains mots techniques soient expliqués un peu plus par l’entremise de notre guide Rose, mais l’expérience VR développée est une réussite, capable de séduire un très large public pas obligatoirement très au fait de cette période artistique. C’est une coproduction Excurio (société Emissive) - GEDEON Experiences - Musée d’Orsay qui s’est appuyé sur un long travail d’enquête pour reconstituer d’après de nombreux écrits le placement des œuvres de l’exposition de 1874 dont il n’existe aucune photographie, en modélisant d’après les plans les intérieurs disparus en 1989 de l’ancien bâtiment de Nadar.
Un soir avec les Impressionnistes Paris 1874 - Trailer
Vous pouvez profiter de cette animation au Musée d’Orsay à Paris jusqu'au 11 août 2024, de 9h30 à 18h00, sauf le lundi où le musée est fermé. Les jeudis, les horaires sont prolongés jusqu'à 21h45. Les tarifs sont de 16 € pour le tarif réduit et de 32 € pour le plein tarif, donnant accès aux collections permanentes et à l’exposition temporaire sur les 150 ans de l’impressionnisme. Notez que le musée a été très fréquenté récemment. L'attraction est recommandée pour les enfants à partir de 11 ans et n'est pas adaptée aux enfants de moins de 8 ans. Elle est accessible aux personnes en fauteuil roulant manuel (on voit parfaitement leur silhouette depuis notre casque), mais pas aux fauteuils roulants motorisés ni aux personnes utilisant un déambulateur en raison du rythme de déplacement.
Il était une fois la Vie ! L'histoire de notre planète au MNHN.
On change complètement d’univers en nous rendant dans le département de géologie et minéralogie du Jardin des Plantes à Paris. Ici on peut prendre son billet sur place mais aussi commander en avance. Direction le futur, au XXIIIe siècle, dans un monde où des sondes robotiques peuvent voyager dans le temps pour étudier les différentes époques de notre planète et mieux comprendre les biomes et le pourquoi de leur disparition. Alors que nous assistons à une conférence pour présenter ce projet scientifique en compagnie de notre guide virtuelle, la jeune chercheuse Charlie, et de son petit robot Darwin, un incident nous propulse dans le passé à l’époque des premiers âges de notre planète.
Il va donc falloir trouver un moyen de revenir à notre époque futuriste en récupérant diverses capsules énergétiques qui apporteront l’énergie à notre robot pour effectuer des bonds temporels. Un scénario un peu facile certes mais propice à ce jeu d’exploration, d’autant que visuellement, les développeurs ont fait très fort. Une profondeur de vue incroyable pour certaines périodes historiques, on se sent clairement minuscule devant le décor et certaines créatures.
Mondes Disparus - Bande-annonce
On passe ainsi en revue les premières traces de vie de l’Archéen, l’essor de la vie animale au Cambrien (520 millions d’années) qui est un paléo-paysage très réussi, l’âge des plantes du carbonifères, la mer du Jurassique (180 millions d’années) puis les grands dinosaures du Crétacé (67 millions d’années) ou encore l’essor de la lignée humaine avec les petits hommes de Florès (et non notre Cro-Magnon) au Pléistocène entre - 100 000 et - 60 000 ans. Gros plus, nos mains sont visibles à l’écran, on peut donc vraiment se surprendre à vouloir écarter une branche durant notre progression dans une forêt, on a envie de caresser un petit animal, même si au final nous passons à travers de tout cela.
Quelques belles surprises quand un tricératops apparaît juste à côté de nous face à un T-Rex, ou quand on parcourt le fond des océans sur le dos d’un trilobite. Il ne faut pas hésiter à se baisser, pour regarder par exemple sous le niveau de la mer ou d’un lac. Jouez le jeu en vous cachant derrière une pierre pour échapper au regard des hommes de Flores, et arpentez avec précaution l’étroit chemin à flanc de montagne, même si dans la réalité vous ne craignez pas la moindre chute. Vous êtes clairement immergé dans cet univers, on signe tout de suite pour jouer à Breath of the Wild ou Tears of Kingdom dans ces conditions visuelles et sonores !
A nouveau une zone bleue nous guide pour rejoindre le lieu le plus propice pour suivre l’histoire, la zone orange indiquant les limites de notre exploration. Un grillage rouge apparaît lorsque vous arrivez près d’un mur physique de la salle et si vous avez un problème technique, il suffit de lever le bras pour qu’un animateur vienne vous aider. Nous n’avons rencontré aucun problème à notre niveau et l’expérience était d’autant plus forte qu’il n’y avait aucune coupure pour passer d’un lieu à un autre, ou d’une époque à une autre, l’animation proposant une cinématique de voyage type hyper espace pour permettre la jonction. A la fin, la vue sur un Paris futuriste vaut le coup d’œil.
Techniquement, c’est très fort, même si la modélisation des créatures et certaines textures manquent encore un peu de finesse. Le contenu pédagogique apporte de nombreux détails sur les périodes rencontrées, même si certaines sont un peu plus inégales. Tout en revanche colle parfaitement aux connaissances actuelles, cela reste ludique mais rien n’est inventé concernant les périodes et les univers modélisés. On retrouve derrière ce succès le studio Excurio (marque de la société Emissive), déjà à l’œuvre sur Khéops, Notre Dame et un soir avec les impressionnistes, on reconnaît donc certaines similitudes de fonctionnement. D’une durée de 45 minutes, il nous a fallu un petit temps plus long pour se réadapter à la réalité en fin de séance.
La Galerie de géologie et de minéralogie mesurant 500 m², l’attraction « Mondes disparus » peut recevoir simultanément jusqu’à 70 personnes. A nouveau chaque membre du groupe se voit demander un nom pour son avatar et les autres personnages croisés apparaissent en blanc. Nous avons eu de la chance, il y avait peu de monde à la dernière séance de 17h, cela tombait bien car nous avons noté une précision de localisation un peu moins performante que pour les impressionnistes, nous n’avons pu éviter quelques chocs entre membres du groupe alors que nous pensions pouvoir passer plus largement. Mais d’un autre côté, l’envie d’explorer le décor immense a peut-être joué sur une notre attention.
Hors vacances : du mercredi au dimanche, de 10 h à 18 h (dernière entrée à 17 h) pendant les vacances : tous les jours (sauf les mardis) . Certaines dates du calendrier permettent des nocturnes jusqu’à 22 h (dernière entrée à 21 h). Lieu : Jardin des Plantes, 57 rue Cuvier, 75005 Paris
Tarif : de 24 à 29 €, vous donnant également accès à la superbe collection de minéraux. Interdiction pour les moins de 8 ans, conseillé à partir de 11 ans. Une animation à voir jusqu’au 16 juin 2024.
Malgré un rythme narratif parfois contraignant, l'expérience de réalité virtuelle offre des surprises et des effets visuels saisissants. Bien que l'interaction avec les personnages virtuels reste limitée, l'intégration de l'IA pourrait améliorer l'immersion à l'avenir. Le retour à la réalité nécessite parfois un temps d'adaptation, mais l'expérience vaut la peine d'être tentée. Les casques de réalité virtuelle offrent un rendu impressionnant, avec une profondeur de champ immersive. Bien que la technologie ne soit pas encore largement accessible à domicile, les projets de développement sont prometteurs, notamment pour les possesseurs de PC puissants. Cependant, une intégration similaire sur console reste incertaine en raison des contraintes financières. Autant dire que nous ne sommes pas prêt de voir Nintendo se plonger dans cet univers à cause de cet écueil, même si les idées et l'envie ne manquent pas.
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