Le 17 mars 2015, Satoru Iwata révélait l'existence du projet NX, à la grande surprise du milieu vidéoludique. Le 3 mars 2017, la NX devenue Switch, se lançait à la conquête du marché, pour supplanter la défaillance de la Wii U et soutenir la vieillissante 3DS. Demain, la Nintendo Switch soufflera sa quatrième bougie et on ne peut que constater son indéniable succès, qui en fait la console phare du moment, trustant les charts et dominant totalement les ventes de consoles un peu partout dans le monde, malgré l'arrivée des surpuissantes nouvelles consoles.
Son concept mi-nomade mi-console de salon a fait mouche : on retrouve le plaisir de jeux tactiles, avec la vraie profondeur des jeux consoles (et PC). La Switch a répondu à de nombreuses insuffisances de la Wii U, notamment en collant aux API du moment des développeurs, par le biais d'une ingénierie logicielle de grande qualité et des kits de développement très accessibles et très bien construits, permettant des portages grandement facilités. On est loin des errements des débuts de la Wii U, qui a douché les efforts de nombreux tiers à l'époque.
Quatre ans après son lancement, effectuons un bilan honnête. La Switch jouit d'une logithèque impressionnante, il ne faut clairement pas sous-estimer la qualité de son eShop. La plupart des grands hits indépendants sont régulièrement portés sur la console, dans une qualité plus qu'acceptable. Reine du retrogaming, la console permet aux différentes IP de Nintendo de connaître de nouvelles aventures avec un vrai bonheur.
Dans les points négatifs sur lesquelles il faudra se pencher, les performances puissance de la console commencent à devenir un facteur limitant pour certains portages. Même si des studios prestigieux comme Panic Button ont pu proposer certains miracles sur la console, la limitation à 30 fps et une gestion dynamique de la résolution ne parvient pas à cacher le downgrade obligatoire pour porter certains titres tout en gardant un gameplay acceptable. Il faut le reconnaître, la plupart des portages de titres AAA sont des titres basés sur des moteurs de jeu datant de 2014/2015 pour les plus récents. Plus récents, cela commence à se gâter sérieusement sans un gros travail d'optimisation.
Si le nom Switch est un concept pour coller à une famille de consoles (et non un seul modèle au départ), permettant d'entrevoir des révisions potentiellement régulières de la console à la manière d'Apple, les demandes pour sortir une console à la puissance gonflée se font régulièrement sentir auprès d'une part assez importante du public des fans. Après tout, la Switch reste dans les eaux de la puissance de la Wii U (un peu plus performante, elle gagne aussi à ne pas gérer le double affichage qui pénalisait la Wii U) et Nintendo a gagné cette image casuale familiale de constructeur au tarif accessible mais ne cherchant plus à sortir un monstre de puissance pour rivaliser avec la concurrence (d'où la nostalgie des années GameCube ou Snes).
Comme l'indiquait récemment le président de Nintendo M Furukawa quand il replaçait le marché actuel des consoles par rapport à la popularité des smartphones, il y a une philosophie Nintendo auquel il tient, mais tout n'est pas figé dans le marbre.
Avec l'augmentation de la popularité des smartphones, notre stratégie est d'augmenter la population des personnes qui jouent aux jeux vidéo. Les gens du monde entier apprécient les jeux en utilisant les différentes fonctionnalités des smartphones, des ordinateurs personnels et des consoles de jeux dédiées. Je suis sûr que de nouvelles offres comme les jeux via le Cloud ou le streaming vont émerger, mais elles ne seront pas une priorité absolue dans le choix du jeu (même s'il reconnait que certains joueurs ont d'abord une préférence pour le matériel avant le logiciel, mettant en avant la puissance permise par un périphérique). Je pense que le plus important est le contenu d'un jeu ainsi que le type de jeux auxquels on peut jouer.
D'un autre côté, les progrès technologiques peuvent faire une grande différence dans l'expérience de jeu elle-même. Comme cela peut arriver à tout moment, nous sommes toujours à la recherche de technologies qui pourraient être le point de départ de quelque chose d'amusant.
M. (Hiroshi) Yamauchi a déclaré qu'il n'y a pas de relation entre le plaisir d'un jeu et la qualité du matériel. C'est une chose à laquelle je pense toujours. Bien sûr, comme les temps ont changé, certaines parties de notre philosophie doivent aussi changer.
Pour le président Furukawa, il est clair que ce qui compte d'abord, bien plus que la puissance du matériel, c'est la qualité du gameplay que l'on va proposer à la clientèle. C'est ce type de lien avec le joueur qui nourrit son affect et permettra à Nintendo de rester une compagnie appréciée par le public dans les années à venir. Un héritage à préserver mais aussi à faire évoluer, car il est bien conscient que mal répondre aux attentes du public peut détruire le capital sympathie patiemment construit ces trente dernières années. Si l'on cherchera toujours à exploiter au mieux des technologies éprouvées plus anciennes (et donc moins chères), on ne laissera pas obligatoirement s'installer Nintendo dans une image de console "low-cost".
La Switch a déjà été une réponse dans ce sens : une console portable fine et légère, assez résistante au choc, à la puissance convenable, permettant de passer d'un gameplay sur télé à un mode nomade de manière fluide, conservant les possibilités d'un gameplay tactile, un mode local multijoueur, ouverte à des expériences de gameplay via le Cloud, adoptant la première le port USB-C nouveau standard du marché (et mettant fin aux ports propriétaires anciens), avec une gestion NFC, des Joy-con au fort potentiel, des vibrations HD, la visée gyroscopique, la caméra IR... Un concentré d'outils qui ne demande qu'à être exploité par les développeurs pour apporter un gameplay vraiment unique et différent de l'existant. C'est clairement une expérience de jeu différente, une offre multiple et non au rabais même si on a tendance à la comparer d'abord par rapport aux nombres d'images qu'elle est capable de gérer par seconde.
La Switch va évoluer peu à peu, quand ce sera le bon moment pour le faire, les différentes indiscrétions des partenaires techniques nous permettent de baliser un certain nombres d'options possibles pour son avenir. C'est pour cela qu'on ne doit pas comparer la Switch aux anciennes consoles avec une durée de vie cyclique, mais bien comme un périphérique prévu pour durer dans la scène vidéoludique et pouvant s'adapter au fur et à mesure aux innovations technologiques les plus récentes, sans repartir de zéro comme chaque nouvelle itération de console. C'est la grande différence avec la concurrence, même si Microsoft et Sony ont souhaité mettre en avant une compatibilité étendue avec les jeux de l'ancienne gamme, justement pour ne pas revivre l'expérience d'un lancement d'une nouvelle génération de console sans avoir quelque chose à se mettre sous la dent.
On attend donc que la Switch évolue vers plus de fluidité, en apportant le 60 fps constant (sans chercher à afficher absolument un 4K). On attend un Wifi un peu plus performant et à des serveurs plus réactifs. Mais fondamentalement, on ne demande pas beaucoup plus de puissance, juste pouvoir jouer à l'existant dans de meilleures conditions.
Deux autres aspects grèvent un peu la console : des cartes mémoires pas assez importantes niveau stockage, qui obligent un stockage sur carte micro-SD, un peu fragiles dans le temps (surtout si on passe son temps à alterner les cartes) et qui ont freiné les envies de portage de certains gros éditeurs, ne sachant pas comment faire entrer certains titres dans des espaces mémoires aussi réduits.
Le second est la fiabilité du Joy-con sur le long terme, le Joy-Con drift a laissé des traces. Un mal sur lequel devra se pencher tous les ingénieurs des sociétés produisant des composants utilisés sur les manettes, car si Nintendo a fait les gros titres concernant les failles de ses Joy-Cons, la concurrence n'est pas épargnée non plus par des problèmes de fiabilité de ses manettes. Que cela soit Microsoft avec ses manettes élites haut de gamme ou même récemment la PS5 avec ses toutes nouvelles manettes, la durée de vie de ces périphériques semblent être revue sérieusement à la baisse. Logique devrait-on dire. On ne joue pas aujourd'hui comme on jouait il y a dix ans. Les FPS, les twin sticks imposent des manipulations beaucoup plus importantes et rapides des sticks qui s'usent bien plus vite. Et l'étroitesse des Joy-Con entraîne parfois des complications sur des nappes intérieures un peu trop pliées, qui ont entraîné parfois le mauvais fonctionnement des commandes L, R, ZR, ZL. Des progrès sont attendus à ce niveau.
Mais si on met de côté certaines imperfections matérielles, on a le plaisir de pouvoir jouer à de très nombreux titres et surtout aux immenses IP que l'on retrouve dans les jeux spécifiques aux consoles Nintendo. Mario est toujours au Top, Yoshi et Kirby continuent à nous régaler, Smash Bros devient un monstre tentaculaire au roadster hors norme, Mario Kart reste indéboulonnable, Splatoon cartonne toujours dans son concept d'opposition fun et The Legend of Zelda Breath of the Wild reste pour de nombreux joueurs la référence de la décennie. Il n'y a qu'à regarder les titres Nintendo sur la Switch et leurs ventes (ainsi que les précommande pour des remakes) pour se dire qu'il reste quelque chose de spécial, jalousé par la concurrence.
La Switch a 4 ans et nous a donné un line-up clair de titres à sortir jusqu'à l'été, ainsi que quelques pions Pokémon pour la fin de l'année et l'année 2022 suffisamment aguichants. Et entre un Splatoon 3, un Metroid Prime 4, une Bayonetta 3 et un Breath 2, on a tout de même 4 titres poids lourds à destination de la Switch qui suffiront à contenter de nombreux joueurs pour rester encore un bon moment sur la console. En attendant les annonces surprises qui continueront à être dévoilées au compte-gouttes - ou via des leaks - en provenance des écuries internes de Nintendo ou en provenance des gros éditeurs, de plus en plus sensibles à l'immense base installée de la Switch. Le tout sans sous-estimer les nombreuses pépites indépendantes qui ne demandent qu'à se faire connaître et à vous séduire.
Joyeux anniversaire à la Nintendo Switch et bonne partie à vous tous !
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