Dès que l'on évoque une Switch plus puissante, c'est régulièrement l'usine à fantasmes qui s'ouvre. On imagine un monstre de puissance, le retour de Nintendo dans la course à la puissance vis-à-vis des deux autres concurrents que sont Sony et Microsoft, et nous avons désormais Valve avec sa Steam Deck, qui a repris le principe de la visée gyroscopique de la Switch mais pour un ticket d'entrée beaucoup plus coûteux, surtout si vous voulez le confort d'un SSD à l'intérieur. La question que tout le monde se pose donc logiquement est : est que cette Switch 2.0 va recoller à la concurrence ?
On va prendre une première pincette de prudence à notre raisonnement car il reste une inconnue, c'est la vitesse de fonctionnement de la puce. Nous allons partir sur une fréquence identique à l'actuelle Switch mais il n'est pas impossible que dans certaines situations, le nouveau SOC puisse être utilisé avec une fréquence légèrement boostée.
Par habitude, la puissance d'une console ou d'un matériel informatique est exprimée en FLOPS, soit la puissance de calcul mathématique brute d’un processeur. Avec la puissance du matériel d'aujourd'hui, on utilise désormais le préfixe « téra », représentant 1 billion dans le système international, ou 1 000 000 000 000 de Flops. Ce calcul comporte certaines limites, car il ne résume pas la puissance réelle d'une console, il faut tenir compte de toute l'architecture entre les différents composants, la fréquence de la mémoire, le type de bus, la qualité des logiciels et des drivers, qui peuvent sensiblement impacter l'ensemble. Mais cela permet d'avoir déjà une première fourchette de comparaison.
Il existe plusieurs tableaux comparatifs de puissances des consoles publiées sur le net, nous allons reprendre ce tableau de Frandroid, lisible.
Si on entre dans les détails, notre actuelle Switch peut évoluer en mode portable à 300 - 350 ou 420 MHz suivant les situations, le 350 Mhz étant le fonctionnement classique. En mode docké (dans la station d'accueil), nous sommes à une fréquence de 768 Mhz.
Les chiffres de performances de la Switch actuelle sont de 393,2 Gflops en docké (soit 0,393 Tflops) et 196 Gflops en portable à 350 Mhz. Des chiffres sur le papier plus bas que la PS3 en docké et plus bas qu'une Xbox 360 en mode portable. On notera au passage la très faible différence de puissance avec la Wii U, qui était reliée à la télévision. Mais déjà l'optimisation logicielle de la Switch et sa compatibilité avec de nombreuses API récente lui ont permis de se montrer plus performante (on voit que dans le tableau, elle est placée à 0,5 Tflops). Mais on comprend d'une certaine façon qu'un portage d'un titre PS3 ne va pas donner une adaptation foudre de guerre sur Switch et surtout qu'on est bien loin de la puissance d'une Xbox One et d'une PS4.
Maintenant prenons les spécifications du Soc Drake ou T239, celui dont la puissance collerait le mieux au facteur de forme de la Switch sans avoir à revoir tout le circuit de ventilation.
En faisant tourner ce soc en mode portable à 400 Mhz, on arrive à une puissance estimée de 1,228 Tflops. En version station d'accueil, à 768 Mhz, on tourne à 2,36 Tflops. On change clairement de niveau de puissance, puisque désormais en mode portable, on obtient une puissance grosso-modo équivalente à une Xbox One et en version dockée, on dépasse sérieusement la PS4. Pas mal du tout pour du matériel portable aussi fin que la Switch. Pour comparer avec la Steam Deck, cette dernière tourne aux environs de 1,6 Tflops max en portable. La console de Valve resterait donc plus puissante sur le papier en mode portable, mais quand on compare le poids, le bruit de ventilation de la console américaine et l'autonomie, l'avantage n'est pas si phénoménale, alors que la Switch 2 passerait devant en dockée.
Nous le redisons, ceci reste une fourchette qu'il faudra affiner quand les premiers exemplaires de Switch équipées du nouveau SOC seront disponibles pour tenir compte de tout le reste, mais on peut faire confiance à Nvidia au regard du super boulot d’ingénierie effectuée sur l'actuelle Switch pour nous donner une console bien opérationnelle.
Quels premiers enseignements nous apportent ces premiers éléments ?
La future Switch aurait une puissance pleinement compatible avec la génération PS4 et Xbox One. Ce qui devrait faciliter grandement certains portages en qualité identique et pousser des éditeurs tiers à porter leur moteur de jeux sur la plateforme de Nintendo sans perte. Il n'y a qu'à voir Capcom et Electronic Arts, tous les deux pourraient enfin se satisfaire de ce surcroit de puissance pour arrêter d'un côté de nous proposer des éditions uniquement Cloud de certains titres ou des versions Legacy de certains titres de sports. Ubisoft pourrait également apprécier le surcroit de puissance pour porter certaines franchises qui ont connu du sur-place depuis la Wii U.
En revanche on est encore loin d'une puissance d'une PS4 pro, d'une Xbox Series S et on ne parle même pas du gouffre avec la PS5 et Xbox Series X. Les boitiers n'ont pas du tout la même taille et il se passera longtemps avant d'avoir une telle puissance dans une boitier portable, surtout au prix de l'actuelle Switch. Si les éditeurs ont du mal à optimiser leurs titres sur les grosses Next-Gen de la concurrence, pas question d'espérer un beau portage sur la future Switch upgradée car il faudra toujours une grosse optimisation (les résolutions d'écrans gérées étant plus faibles, cela réduit cependant le travail).
Avouons qu'en l'état de ces premiers enseignements, c'est tout de même très encourageant, car on gagne une puissance multipliée par 6 par rapport à la génération actuelle. De quoi largement valider les promesses d'un framerate constant de 60 fps en portable 720p et 60 fps en 1080p en toute circonstance et par petite touche du 4k 30 fps pour certaines utilisations. Nintendo utilisera-t-elle le HDR ? Entre son écran Oled et l'usage du port HDMI 2.0, rien ne l'en empêche mais c'est une autre question.
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Ne serait il pas plus judicieux pour Nintendo de proposer une véritable Switch 2 rétrocompatible (et offrant un meilleur rendu pour les jeux de la première) plutôt que de sortir un modèle plus puissant qui imposeraient aux devs de prendre en compte 4 configurations différentes ? (Switch dockée, Switch portable, Switch "2" dockée et Switch "2" portable).
La démarche me paraîtrait plus clair et moins compliquée pour les acheteurs, à trop multiplier les modèles intermédiaires faut pas s'étonner que certains ne comprennent pas quand une toute nouvelle console arrive et la confonde avec un nouveau modèle.
Si Nintendo avait sorti une Switch avec cette puissance de calcul en 2021 (ou même 2022, mais improbable à mon sens) , j'aurais été enthousiaste. Mais je crains qu'en 2023 et plus, elle continuera de souffrir un retard marqué sur la concurrence, avec peu d'espoirs de jeux tiers AAA sortant sur cette Switch 2. J'adore ma Switch et je trouve qu'il y a bcp bcp de bons jeux dessus, mais je crains que Nintendo ne puisse continuer sur un tel rythme de sorti de jeux , puisque bon nombre sont des remasters de WiiU.
Pour les développeurs, cela fait un moment que le dev kit contient des instructions pour permettre d'implanter des options permettant des résolutions plus élevées type 1440p voir 4k pour des titres 2D. Donc les développeurs imaginent leurs titres et prévoient différentes options qui s'adapteront selon le SOC recevant le jeu. C'est un peu comme sur PC, il y a une base et des variantes selon le matos. A eux de voir s'ils veulent se lancer sur l'usage du DLSS ou non.