2006, l'année de tous les dangers

Première salve américaine

En novembre, Microsoft lance dans le monde entier sa nouvelle console de jeux vidéo. Véritable plate-forme multimédia, la XBox 360 est plus qu'une simple console : la machine représente l'aboutissement d'un rêve pour le fondateur de Microsoft Bill Gates, à savoir placer ses systèmes au coeur de chaque foyer. La stratégie d'un lancement rapproché quasi-simultané sur la planète entière fait que la machine est difficile à trouver : les ruptures de stock sont nombreuses, et jamais une console n'avait autant fait parler d'elle dans les médias. Pour la première fois, la sortie d'une console dépasse la sphère de la presse vidéoludique, en faisant l'objet de reportages dans des magazines plus généralistes. Si on peut attribuer un mérite à ce lancement, c'est bien celui là : la console de jeux devient un objet commun destiné aux masses, pas seulement aux jeunes ou aux grands enfants.


La XBox 360, une console de masse
Cette sortie d'une nouvelle console n'est pas un petit événement, même s'il ne s'agit pas d'une console Nintendo :) La sortie de la XBox 360 marque surtout le début d'une nouvelle ère : celle des consoles 'next-generation'. Pendant 5 ans, les rumeurs, les vraies-fausses informations (et les fausses-fausses infos aussi !) se multiplient, et soudain l'objet qui a fait couler tant d'encre est disponible. Le futur est disponible... Ou du moins une des trois visions d'un futur que Microsoft, Sony et Nintendo voient, on ne peut que le constater, d'une façon fort différente !

L'Américain est seul en lice pour le moment. Sony et Nintendo affûtent leurs armes, se préparent à une contre-offensive qui n'a actuellement aucune raison d'inquiéter le numéro un mondial, Sony. Au vu des dernières statistiques, Nintendo se traîne en 3e position très très loin derrière la PS2 et ses 100 millions de machines commercialisées. La Playstation 3, successeur légitime du leader actuel, est elle aussi conçue comme un élément parmi d'autres de la sphère Sony. La XBox 360 et la Playstation 3 ont ceci en commun : ni l'une ni l'autre ne semblent actuellemt proposer quoi que ce soit de révolutionnaire, même si on peut leur attribuer certains efforts comme une plus grande puissance et le support de la HD, qui toutefois ne semblent être que les seuls arguments avancés pour justifier le passage à la prochaine génération.

Pas plus puissant mais innovant

Nintendo joue une carte différente : celle de l'innovation. Inutile de le rappeler, la force de la console réside dans sa manette, dotée de capacités jamais vues dans une console de salon : la possibilité de repérer la position de la manette dans l'espace. De l'avis général, cette manette va changer notre façon de jouer, sans dérouter les éditeurs adeptes du multi-plateformes avec un module additionnel de facture classique.

Depuis plusieurs semaines, Nintendo a indiqué que l'E3 sera pour nous l'occasion de voir la console en action pour la première fois. On a bien entendu tous hâte de voir la machine en action, certes, mais on a aussi tous un peu peur : les développeurs sont certes enthousiastes quant aux possibilités offertes par la machine, mais qu'en est-il de ceux qui tiennent les cordons de la bourse : les éditeurs ? Tous ne sont pas aussi enthousiastes, et si Electronic Arts se dit prêt à soutenir la console, peut-on espérer voir tous les jeux multi-plateformes paraître sur Revolution, ou seulement quelques exceptions pour lesquelles on ne court pas beaucoup de risque comme un FIFA ? Avouons que si Burnout boude encore une console de salon Nintendo, plus d'un sera déçu.


La Revolution : tout est dans la manette
C'est une des grandes inconnues concernant la Revolution. On sait déjà que la console devrait faire pâle figure par rapport à la concurrence : Nintendo a choisi le support DVD quand la PS3 s'annonce Blu-Ray, et Nintendo boude la haute-définition quand Microsoft la soutient plus que de raison. On est certes dans une guerre des chiffres, mais la poudre aux yeux a souvent le mérite de susciter l'attention du public. Microsoft n'aurait pu autant faire parler de sa console si celle-ci avait été présentée comme 'une upgrade de XBox, juste pour précipiter le prochain round de la guerre des consoles'. C'est un peu vrai, mais pas seulement, on en prendra conscience lorsque les jeux de seconde génération verront le jour, une fois la machine comprise par des développeurs souvent sensibles à l'univers Windows.

En termes de consoles de salon, c'est bien de cela dont il s'agit : on a confondu vitesse et précipitation. La XBox 360 n'est peut-être pas arrivée trop tôt, mais elle est quand même arrivée un peu en avance. Le but inavoué ? Fatiguer les deux autres fabricants en les obligeant à sortir une nouvelle console plus vite. Microsoft a les reins solides, en tous cas plus solides que Sony chez qui on voit d'un mauvais oeil les investissements requis pour concevoir la prochaine console de salon. Le fameux type au costume qui coûte plus cher que ma voiture va forcément se pencher sur l'affaire des consoles de salon de Sony et Microsoft, un jour ! Et on ne parle ici que des consoles de salon !

La PSP : cheval de Troye multimédia

Nintendo a en effet vu en 2005 un nouveau concurrent apparaître sur le front des consoles portables : on a vu la N-Gage, on a entendu parler de la Gizmondo, mais un vrai géant est soudain apparu, Sony. Le lancement de la Playstation Portable est apparu pour beaucoup comme le signe d'une maturation du marché portable du jeu vidéo. Pour beaucoup, la PSP allait faire jouer les cadres dynamiques, faire de la console portable un objet de mode présent absolument partout.


La PSP : premier concurrent sérieux sur le marché des portables
C'est vrai, mais pas seulement. Au Japon, la Nintendo DS a réalisé d'excellents scores. Le pari fait par Big N, proposer une console simple mais novatrice, paie ses fruits, au grand dam d'un Sony qui doit reposer sur son gigantesque catalogue de films pour assurer des rayons garnis dans les magasins où les vrais hits se comptent sur les doigts de la main : si la DS n'est qu'une machine à jouer, la PSP est une machine clairement multimedia commercialisée comme telle. Pourtant, le public ne s'y trompe pas : à l'approche de Noël, la DS surpasse sa concurrente directe, la PSP, avec 605.000 consoles DS vendues contre 195.000 PSP. Y'a pas photo, comme dirait l'autre.

Nintendo a profité des Fêtes pour lancer le Nintendo Wi-Fi connection, un service de jeu en ligne gratuit appuyé au Japon et aux USA par deux jeux très forts et surtout très appréciés du public : Mario Kart DS et Animal Crossing. Cela incite forcément à acheter une DS, non ? Mais qu'en sera-t-il en 2006 ? Nintendo a montré son jeu, et Sony a plus d'un tour dans son sac : on parle beaucoup d'un relookage de la DS, signe que Nintendo a un peu bâclé cette phase essentielle chez un concurrent comme Sony. Bref, Nintendo va devoir essayer d'iPodiser sa DS, avec un design branché qui rend la console aussi sympa à regarder qu'à utiliser.

Sony cherche rarement l'innovation dans ses consoles de salon, mais en revanche n'a aucun problème pour s'engouffrer dans une brèche offrant un accès direct à un secteur en plein boom : d'abord la console de salon en 1995, maintenant le secteur portable, dix ans plus tard. Une décennie, cela laisse du temps pour analyser les performances de ses concurrents et essayer de leur mettre une râclée. Les ingénieurs de Sony savent pertinemment ce qui plait : la lecture de DVD de la PS2 a fait les beaux jours du lancement de la console, à une époque où un lecteur DVD coûtait une somme astronomique !

Si on peut dire du bout des lèvres pour ne frustrer personne que la Nintendo DS a gagné le premier round, il reste toutefois clair qu'une seconde rafale de hits sera seule capable de confirmer le succès de la DS face à sa puissante concurrente...