The Outer Worlds : une adaptation ambitieuse… Trop paresseuse.
The Outer Worlds arrive sur Switch avec ses promesses d’aventure, de mondes à explorer, de créatures étonnantes, de vaisseaux spatiaux, de combats épiques et même de décisions influençant directement le scénario … Tous les ingrédients pour en faire un jeu incontournable ? Oui… Du moins si la qualité du portage est au rendez-vous…
TestVos aventures vous amèneront à explorer de multiples territoires et, de fil en aiguille, à vous affirmer comme un acteur clé au cœur du conflit. Vous aurez donc au fil du jeu à faire des choix déterminants pour l’avenir des peuples que vous aurez rencontrés, et vous aurez le pouvoir (le devoir ?) de faire basculer le conflit dans un sens ou dans l’autre, avec des répercutions très palpables ! Un pitch franchement séduisant qui m'a personnellement tapé dans l’œil. C’est donc plein d’allégresse et avec un sens du devoir citoyen remonté à bloc que j’ai lancé le jeu la première fois !
Un RPG pur jus... Dans une ambiance unique.
D’ailleurs tout commence de la plus belle manière : on me propose d’ores et déjà de multiples possibilités d’affichage, de sous titres et de son pour que je me sente le plus à l’aise possible. Par exemple, pouvoir choisir la taille d’affichage des textes à l’écran est une option très confortable que je tiens à saluer et qui devrait être proposée sur beaucoup plus de jeux !Deuxième bonne surprise, vous allez pouvoir vous concocter un personnage de A à Z, dans le moindre détail, et même en choisissant le sexe ! D’ailleurs, la modélisation du personnage est plutôt engageante pour un jeu Switch, c’est à souligner. Vous pourrez également façonner le caractère de votre personnage, sachant que les défauts que vous consentirez à lui donner vous apporteront d’autres avantages en contrepartie. En bref, la construction de votre personnage est très creusée et réussie. Evidemment, par la suite, vous pourrez également améliorer vos armes, armures et autres objets divers. Bref, après une bonne session de personnalisation, notre héros tout beau tout neuf est fin prêt pour l’aventure !
Sauf que voilà : une fois l’introduction très immersive et un peu barrée passée, le jeu n’a plus d’autre choix que… de se lancer. Et vous voilà donc dans un « magnifique » environnement ouvert :
Un tel potentiel...
Oui, c’est assez moche. Non, parlons clairement : pour un jeu qui sort en 2020, c’est particulièrement laid. Mais voyons le bon côté des choses, et saluons les couleurs chatoyantes, le ciel magnifique, ou encore l’ambiance très immersive. La fluidité n’est pas folle mais reste très correcte. Et cette ambiance... Tout cela semble quand même vraiment prometteur !Les premières minutes de jeu vont d’ailleurs vous rassurer (un peu) sur l’aspect visuel. Oui, ce n’est pas glorieux niveau environnements, mais la modélisation des personnages est plutôt correcte et relève le tout. Surtout, on s’habitue, et on comprend que le parti pris pour ce jeu de type FPS est de rester le plus fluide possible en permanence, ce qui est effectivement primordial. En plus, le jeu nous propose sans cesse des choix dans les conversations ce qui nous immerge réellement dans cette histoire pas banale. Les choix opérés influent directement sur votre réputation auprès des peuples rencontrés, ce qui vous incite à bien réfléchir à vos choix lors de chaque échange. Et Hop, la qualité graphique passe au second plan.
Le jeu dispose surtout d’un atout monstre : son ambiance vraiment singulière et au charme indéniable. Il y a dans ce jeu du Fallout, du Bioshock, voire même du No Man’s Sky. Les personnages n’ont pas la langue dans leur poche, et votre personnage non plus d’ailleurs. La pâte graphique des artworks omniprésents est franchement inspirée, et le tout donne vraiment envie de s’investir à fond dans ce nouveau monde. En outre, les rencontres avec de multiples personnages vous ouvrent 1001 missions, et promettent un potentiel de jeu immense.
Si le jeu est présenté sous forme de FPS, vous n’en aurez pas moins beaucoup de missions « civiles » à accomplir : pas question ici d’abattre tout le monde sans réfléchir, il va au contraire vous falloir nouer des alliances, remplir des contrats, mais aussi tromper certaines personnes pour arriver à vos fins. En dehors des zones « civilisées », les combats seront en revanche très fréquents, et la faune pas forcément accueillante. La diversité des missions, environnements et phases de jeu est donc bienvenue et nous promet de lonnngues heures de jeu.
... Gâché par la technique.
Malheureusement, très vite, les conditions de jeu vont encore se détériorer, et de façon beaucoup plus embêtante. Premier effet vraiment gênant, plus vous avancerez dans le jeu, et plus vous entrerez dans des environnement « riches », plus le jeu va devenir… flou. J’ai bien dit FLOU.C’est bien simple, après chaque session d'une vingtaine de minutes de jeu, vous allez avoir envie de passer un coup de fil à votre opticien tant vous aurez la sensation d’avoir besoin de lunettes. Mais non, c’est simplement le jeu qui a tellement réduit au strict minimum les performances d’affichage qu’il ne reste plus qu’une bouillie à l’écran. L’effet est presque pire quand vous revenez dans un endroit plus simple à gérer comme un face à face avec un personnage dans un espace clos : ici l’image redevient plus nette (ou moins floue, c’est selon), ce qui soulage vos yeux. Mais du coup, dès que vous sortez de là, le flou ambiant vous saute tellement aux yeux que vous serez véritablement au supplice.
Le constat est sans appel : je n’ai jamais joué à un jeu Switch aussi flou jusqu’à présent. Je ne saurais dire quelle est la résolution d’affichage réelle mais… Je crois qu’il vaut mieux ne pas savoir.
Vous allez me dire, Fred arrête de jouer sur un grand écran en mode docké : sur Switch, tout le monde sait que les jeux sont bien plus jolis en nomade. Malheureusement, sachez qu’ici, ce n’est absolument pas le cas. En nomade, le jeu m’a paru encore plus flou. Sur un petit écran. Autant dire que c’est simplement de la torture visuelle à moyen terme. Obsidian annonçait 1080p/30fps sur TV et 720p/30fps en nomade. Sachez simplement qu’on est TRES loin de ces chiffres en termes de résolution, et que le framerate est très instable même si le jeu s’efforce à tout prix de rester fluide… Quitte à oublier d’afficher la moitié des objets/ personnages.
Un gameplay sérieusement affecté par les "performances" d'affichage
Si toutes ces critiques visuelles restent à l’appréciation de chacun (le flou, c’est So 2020), il y a deux autres éléments révélateurs que personne ne devrait apprécier :1) S’il vous prend l’envie de courir dans un environnement pendant plus de 10-15 secondes, le jeu va vous stopper et vous afficher un bel écran noir de chargement. Oui, juste comme ça, et à n’importe quel moment. C’est comme si votre Switch vous disait directement : « non mais attends un peu là, j’ai pas eu le temps de charger la suite du jeu ! ». Franchement, je n’ai pas souvenir d’un jeu offrant ce genre de prestations ces dernières années. La première fois que cela arrive, on en rit… Et puis ensuite on rit moins…
2) Beaucoup plus ennuyeux, dès que vous avancerez un peu plus loin et que les phases de combat feront intervenir plusieurs ennemis à la fois, la console risque fort… de ne pas les afficher tout de suite. Vous avez bien lu : du clipping sur les ennemis (entre autres), qui donne lieu à des situations cocasses : prendre des dégâts face à un ennemi invisible, voire même le percuter sans savoir qu’il est là… On en rigole après coup, mais en termes de gameplay c’est en réalité catastrophique car les combats sont au cœur du jeu. Et le jeu est loin d’être simple. Vous risquez donc de perdre régulièrement la vie sans bien comprendre pourquoi… Jusqu’à ce que l’ennemi finisse par apparaître. On en vient même à prier pour que les PNJ qui composent votre équipe vous sauvent la mise face aux ennemis. Voilà de quoi gâcher purement et simplement certaines séquences de jeu.
Un portage à la va-vite ou une fausse bonne idée ?
On sait maintenant depuis longtemps que la Switch n’offre pas la même puissance de calcul que ses concurrentes. Soit. Là où on a quand même envie de pousser un gros coup de gueule, c’est quand on sent que le travail a juste été bâclé. Je ne suis pas expert, mais je sais qu’une console qui est au bout de ses capacités a tendance à chauffer beaucoup, et donc à ventiler à tout va. Sachez qu’à aucun moment de mes sessions de jeu, je n’ai senti la Switch en souffrance, en surchauffe ou en ventilation extrême.On est donc en droit de se demander si de réels efforts d’optimisation pour la Switch ont été faits, ou si on a simplement mis tous les curseurs graphiques au plus bas. D’autre part, si un tel jeu n’était tout simplement pas à la portée de la Switch, peut-être fallait-il simplement ne pas finaliser son adaptation ?
Ici, on se retrouve donc avec un jeu payé au prix fort, aux graphismes indécents, aux textures d’un autre temps, avec un clipping très handicapant en phase de combat et plus globalement, avec les yeux extrêmement fatigués en moins de 15 minutes de jeu (alors que ce genre de jeu demande de s’y investir de longues heures) tant le rendu visuel est flou. La proposition d’Obsidian est donc très difficilement défendable.
Soyons bien d’accords, le jeu en lui-même m’a plu : s’il est loin d’être parfait (les environnements sont peu variés et les quêtes secondaires pas palpitantes), j’aurais quand même adoré découvrir ces mondes avec des qualités techniques correctes. Malheureusement, l’expérience sur Switch m’a simplement frustré, et donné furieusement envie… D’investir dans une console concurrente ou un PC. C’est quand même un comble.
Est-ce qu’un patch pourrait venir sauver The Outer Worlds ? Sans doute, encore faudrait-il qu’Obsidian mette vraiment les mains dans le cambouis car le jeu a vraiment besoin d’améliorations lourdes pour devenir techniquement recommandable.
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Par contre, en effet, il est plutôt déconseillé de courrir dans ce jeu pour éviter les chargements abruptes, les PNJ invisibles et le clipping violent.