Dossier
Tout le monde aime les exclus : la presse mondaine, les sites Internet et... les consoles de jeux. Pourtant, ces dernières semaines, c'est le concept même d'exclusivité qui a pris du plomb dans l'aile. Aussi est-il grand temps de s'intéresser à la question. Un sujet exclusif PN, bien entendu.
Ubi Soft et Nintendo inventent un nouveau principe...
... L'exclusivité temporaire.Certaines infos sont de celles qui symbolisent la goutte faisant déborder le vase : Rayman 3 est une exclusivité GameCube. De deux semaines. 14 jours ou un peu plus pour convaincre que le GameCube est une console meilleure que les autres, voilà sans doute l'élément qu'il fallait pour prouver que nos vendeurs de consoles nous prennent un peu pour des idiots avec leurs histoires de marketing à deux sous !
Il ne faut pourtant pas dénier l'indéniable, et Rayman 3 sur NGC est un excellent jeu qui nous fera passer de bons moments : San l'explique lui-même dans son test (et Dieu sait si San est exigeant :->), on jouera à Rayman avec beaucoup de plaisir, en dépit d'une durée de vie toutefois limitée (une douzaine d'heures de jeu en tout et pour tout, ca fait cher de l'heure par rapport à des mastodontes comme Eternal Darkness ou Metroid Prime). Voilà pour l'excuse, au moins est-elle valable (la même chose avec Minority Report aurait été moins justifiable, par exemple !).
Quand on demande à Ubi Soft pourquoi avoir accordé à Nintendo une telle exclusivité limitée dans le temps (jusqu'à lors on avait plutôt l'habitude d'exclusivités de l'ordre de quelques mois), on s'entend répondre que c'est un coup de Nintendo pour faire parler de sa console pendant les premiers jours du lancement du jeu : "déjà dispo sur NGC et GBA" aura accompagné les spots pub du jeu, et le logo GameCube sera bien en évidence dans les pubs de la presse magazine.
Ce n'est donc pas forcément un mauvais choix, même si dans le cas présent le concept d'exclusivité perd de sa superbe : accorder une exclusivité de deux semaines, c'est comme si Mazda avait concu un modèle de véhicule pour Citroen et le refilant à Renault deux semaines plus tard !!! Ca n'a pas beaucoup de sens, mais encore une fois le marketing a ses raisons que la raison ignore parfois !
Si on élargit le spectre de l'exclusivité au secteur, on se rend compte que la notion même d'exclu est devenu au fil des mois une belle supercherie comme on n'en avait vu depuis fort longtemps. Dans les années 1990, on avait l'habitude de voir sur les jaquettes de jeux des images sublimes, et de découvrir en jouant un jeu aux graphismes méconnaissables. Désormais, c'est l'exclusivité qui est le danger guettant le joueur. Et qui n'est pas tombé dans le piège ?
Entre les jeux devenus des exclus du jour au lendemain, comme Burnout 2, alors qu'on parlait de toutes les machines peu avant, ceux qui étaient des exclus et qui après quelques semaines ou quelques mois sont annoncés sur les machines concurrentes, et ceux qui sont des exclusivités temporaires de quelques jours, les exemples nous entourent !
L'exclusivité : faire la différence
Depuis que trois fabricants se disputent le marché, on sait qu'il est important, sinon essentiel, de proposer aux joueurs quelque chose qui fasse la différence. Nintendo dispose certes de ses jeux, Microsoft bientôt des siens (si si : Rare !), Sony dispose de quelques relations lui permettant d'avoir réalisé de bien jolis coups, mais ce n'est pas suffisant : il faut que tout le monde y mette du sien et crée des jeux. Pour une seule machine.Et c'est là que le bât blesse, car les éditeurs n'ont pas vraiment les moyens financiers de développer un jeu pour une seule console. Il faut dire qu'en l'espace de quelques années, les frais inhérents au développement de jeux vidéo ont sacrément augmenté, pour ne pas dire explosé : les technologies à maîtriser sont complexes, la concurrence est rude et donc les frais marketing ont eux aussi connu une sacrée envolée.
Bref, produire un jeu pour une seule machine n'est pas assez rentable, et les actionnaires auraient du mal à comprendre qu'on fasse une croix sur les deux tiers du secteur en privant deux consoles sur trois de jeux vidéo. Certains tentent pourtant le diable, et encore... Prenons l'exemple de Capcom, qui a, le 14 novembre, montré cinq jeux en les présentant comme des exclusivités. Le texte d'introduction, d'ailleurs toujours en ligne sur le site de l'éditeur, ne faisait alors aucun doute : "Pour la bonne forme de l'industrie du jeu vidéo. Pour le GameCube".
Exclusif : oui, mais non, enfin peut-être...
Depuis, de l'eau a coulé sous les ponts, et Capcom en met dans son vin, en expliquant, lors de son salon privé CGD03, que seul Resident Evil 4 est une exclu 100% réservée GameCube, alors que pour les autres jeux, tout dépendra des performances de chacun. Comme on le disait, concevoir un jeu coûte de plus en plus cher, et il faut avoir les reins solides, sous peine d'être condamné à multi-plateformer son logiciel.Un virement stratégique qui n'est certes pas dans l'intérêt de Nintendo, mais quand on voit ce qui se passe ailleurs, ce n'est guère mieux : Splinter Cell, longtemps uniquement disponible sur XBox, va faire son apparition sur PS2 en mars et sur GameCube en mai, par exemple. C'est donc un problème qui concerne tout le monde, et auquel tout le monde ferait mieux de trouver des solutions intéressantes pour les joueurs...
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