Sonic Heroes, le test

Dix ans ! Dix ans que Sonic essaye à chaque épisode de nous surprendre, de nous divertir mais aussi de se rapprocher à chaque fois un peu plus du jeu de plate-forme d’anthologie. Mais n’est pas Mario qui veut, et l’univers si riche et gigantesque de Miyamoto n’est pas à la portée de tout le monde. Mario 64 reste toujours à l’heure actuelle inégalable. Ainsi, la Sonic team à pris cette fois-ci un peu de recul et s’est demandée ce qui pouvait vraiment marquer les esprits et toucher l’âme des joueurs, bref faire un jeu qui sorte des sentiers battus. Une bombe atomique si vous préférez. Autant lever le suspens tout de suite, ils ont "presque" réussi, et presque veut dire à un poil de hérisson bleu.

Le dernier soft de Sega frôle la perfection. La presse généraliste avait dit en son temps la même chose de Mario Sunshine et, en terme de qualité et de fun, les deux jeux de plates-formes se valent indéniablement mais dans deux styles différents, ce qui est en soit un véritable exploit. Seuls les plus grands détracteurs de Sega n’admettront pas que Sonic, pour une fois, en plus de la patate qu’il dégage, n’a pas à rougir face à Mario. Deux raisonnements s’imposent : soit Mario a perdu de la vitesse, soit Sonic a fait un bon en avant remarquable. Ou bien peut-être s’agit-il des deux… Néanmoins, qu’on se le dise, le prochain Mario à intérêt à ne pas se reposer sur ses lauriers car la concurrence est rude ! Les vacances sur l’île Delphino, c’est bien, mais se remettre au travail, ça pourrait être également une bonne alternative.

Ainsi est né Sonic Heroes, qui fera date dans le cœur des fans mais pas seulement. La barre a été placée vraiment haut et on peut aisément qualifier cet ultime épisode comme le meilleur de la série, et de loin. Le jeu possède quelque chose d’indéfinissable qui fait qu’on y rejoue toujours avec plaisir et surtout qu’on découvre à chaque fois un élément nouveau tel un passage secret ou un item caché. La richesse de Sonic Heroes, hormis la célérité du jeu, ainsi que la finition des niveaux rappellent les grandes heures des jeux vidéos, lors de l’ère des 16 bits.. La Sonic Team a dû passer un temps fou sur le level-design de certains niveaux et même avec ses défauts le dernier opus des Sonic est une bombe. Loopings, rails, tubes, sauts… Vous allez être servis comme jamais !

Avant de mettre en exergue les qualités propres et les quelques lacunes regrettables, nous allons nous pencher sur le principe de fonctionnement de Sonic Heroes qui, sans bouleverser le gameplay, a bénéficié de certains changements qui ne passeront pas inaperçus et risquent même d’être copiés !

Sonic Boom !!!

Ainsi, et pour la première fois dans un jeu de plates-formes, vous allez pouvoir diriger une équipe de trois personnages. A vous de décider qui sera le leader pendant que les deux autres vous suivront derrière. Une simple pression sur les boutons et vous pourrez passer le relais à un autre protagoniste. La force, le pouvoir volant et la rapidité sont représentés par le personnage doté de l’une de ces qualités propres (comme Knuckle, Tail et Sonic) et la bonne utilisation de ceux-ci est la clef du succès. Si au début du jeu on vous apprend les différentes formations et les pouvoirs de vos héros, les choses se corseront très vite par la suite et il faudra réaliser des prouesses en un temps de réflexion record pour pouvoir progresser convenablement et passer les difficultés ainsi que les embûches qui s’égrèneront sur votre parcours de combattant.

Le soft vous demandera de zapper d’un personnage à l’autre en quelques secondes, ou d’utiliser une de leurs capacités à la quasi-perfection. Autant vous dire tout de suite, ce système de "switch leader-helper" offre une liberté d’action et un fun qui peut devenir une véritable drogue. Les fans de Sonic ne vont plus savoir ou donner de la tête et les nouveaux venus vont se prendre une claque. Tout va très vite, et les itinéraires spécifiques aux différents pouvoirs sont incroyablement variés.

Loin d’être dirigiste comme les autres Sonic, le jeu dévoile une facette stratégique qu’on n’aurait jamais imaginée dans un soft issu de la saga de la mascotte de Sega. D’autre part, le jeu est immense dans son ensemble; les niveaux sont au nombre de 15 et quand on dit niveau on devrait presque dire monde ! C’est bien simple, c’est un record dans le domaine de la plate-forme. Un niveau, et c’est presque tout Mario Sunshine que vous parcourez ! Sans oublier que leur variété et leur richesse intrinsèque sont très travaillées et jamais lassantes (ce qui n’est pas le cas des deux derniers niveaux où l'on sent un peu le bouclage de programmation à la va vite, mais rien de très méchant). Cité balnéaire, casino dans les cieux, usine électrique, jungle perdue, maison hantée ( Ils ont osé ! )… Vous allez en voir du pays, soyez-en sûr ! La perspective de vue est fabuleuse, par moment on a vraiment le vertige. Bref, vous l’aurez compris, le dernier Sonic, c’est de la balle, de la balle bleue qui tourne à mille à l’heure, voire plus ! Les sensations ressenties font pratiquement du copier-coller avec les Sonic 1, 2 et 3, la 3D en plus bien évidemment. Si avec tout ça vous n’avez toujours pas de quoi vous rassasier, et bien c’est que le jeu vidéo n’est pas fait pour vous.

Les magiciens du n’importe quoi !

Hormis une cinquième team à débloquer, il y a quatre équipes à choisir dès le départ dont la Sonic Team, la Dark Team (pour les pros), l’amy Team (pour les débutants avec un tutorial) et la Chaotix Team qui propose des phases de recherches ou de collecte. Cette dernière propose des personnages issus de l’épisode de Sonic qui était sorti seulement sur la 32X que les puristes reconnaîtront. Les différents parcours de chaque équipe sont différents en général, ce qui relance l’intérêt.

Les modes de jeu proposés sont tous très attractifs. On retrouve donc le mode story où les scénarios s’entrecroisent, puis le mode défi où vous devrez soit faire le meilleur score, soit parcourir le niveau en un temps record et exploiter les raccourcis les plus dingues. Comme dans la plus pure tradition des Sonic, une note de A à E vous sera attribuée à la fin de chaque session et constituera un défi supplémentaire en soi que les gamers n’hésiteront pas à explorer. La mission principale est surtout de collecter les sigles "Sonic Heroes" que l’on gagne à chaque victoire gràce à son équipe, c’est à dire lorsqu’on atteint l’anneau de fin de parcours. N’omettons pas non plus de parler de la collecte des sept Chaos Emerals, enfermées dans une dimension parallèle à l’accès protégé dont je vous laisse la surprise…

Différents bonus sont à débloquer, dont une mêlée de mode "deux-joueurs" comme la course ou le combat, ainsi que des vidéos et un sound test. Comptez au moins une bonne trentaine d’heures avant d’avoir accès à toutes les surprises, et encore...

La face cachée de hérisson bleu qui ne connaît pas l’aspirine…

Vous l’avez compris, Sonic Heroes est un jeu unique, hors du temps, dont les qualités indéniables transporteront le joueur dans des heures d’extase vidéoludique pour ensuite, passée la surprise, se transformer en moments de bonheur où la technique fera part égale avec les réflexes. Néanmoins, comme énoncé en début de ce test, le jeu n’est pas exempt de défauts qui nuisent légèrement à ce palmarès déjà rempli.

L’esthétique du jeu et sa finition exemplaire, à ce propos supérieure sur GameCube (vérifiée) est perfectible. Certains niveaux sont magnifiques comme le premier sur la mer ou la forêt tropicale (dont le paysage rappelle Monkey Ball 2 !) mais d’autres n’ont pas bénéficié des mêmes soins comme celui du Casino, un peu grossier pour une 128 bits ou encore les deux niveaux de fin. En outre, le level-design de la base finale de Egg Man à été fait à la va vite, c’est une certitude. Pourtant on ne s’ennuie pas, d’autant plus que le coup de théâtre final et le boss rattrape l’affaire, mais on sent la fatigue des programmeurs et par conséquent la nôtre aussi. M’enfin on les comprend aussi un peu !

Rajoutons également des musiques parfois casses-pieds, une difficulté irrégulière et des petits problèmes de caméra, notamment lors des sauts, mais ceux-ci n’ont à ce propos plus rien à voir avec ceux des anciens Sonic 3D. On sera donc indulgent d’autant plus qu’il y a un réel progrès technique et que ni le fun ni la maniabilité ne sont vraiment entâchés. Enfin, on peut toujours dire que le jeu reste un Sonic sans grande originalité (pas de nouveau vilain, des niveaux pour la plus part tous vus et revus) mais il vaut mieux parfois améliorer la vie sur son île que de voguer vers l’inconnu. Et puis il y a tout de même quelques nouveautés, comme l’extraordinaire niveau du Château Hanté et un relooking satisfaisant des niveaux traditionnels pour ne pas sombrer dans la routine. Les clins d’œil sont également nombreux !