S’il est important de situer Edna & Harvey s’évadent comme une œuvre de jeunesse, c’est pour préciser que le scénario n’a pas la richesse des Deponia. Le studio se cherchait encore un peu et cette Edition Anniversaire remet au goût du jour l’enrobage graphique et l’interface du jeu, sans modifier la trame d’origine. Cela reste un bon jeu, mais avec quelques coups de mou sur lesquels nous reviendrons. Soyez donc conscient que le studio a produit bien mieux par la suite mais cette remise à jour graphique lui apporte une petite pèche bienvenue, apte à mieux nous faire apprécier cette redécouverte et lui redonnant le potentiel d’une seconde chance. Verdict.
Edna s'éveille...mais pas dans les bras de son prince charmant
Nous prenons le contrôle d’Edna, une jeune femme bien paumée puisqu’elle se retrouve internée dans un asile de fou. Elle n’a aucun souvenir du pourquoi de sa présence dans ces lieux, en revanche les locataires autour d’elle sont clairement givrés, avec une galerie de personnages bien déjantés et dont on apprécie la retouche graphique.
Edna va donc devoir se creuser les méninges pour comprendre ce qu’elle fait là et bien évidemment de trouver un moyen de fuir cet asile dirigé par le Dr Marcel. Pas de chance pour elle, le directeur de l'asile n'est autre que le père d'un ancien petit copain détestable et parfois souffre douleur d'Edna. Est-elle vraiment saine d’esprit et donc l’objet d’une erreur ? Difficile de le dire car elle est affublée d’un lapin en peluche qui lui parle, Harvey, on peut même dire qu’il n’a pas sa langue dans sa poche.
C’est donc autour de ce duo improbable que nous lançons ce point’n’click où il va falloir passer son temps à parler avec tous les autres personnages, collecter des objets, obtenir des indices, avant d’avancer. Attention cependant, la combinaison d’objets est parfois tirée par les cheveux (un peu une marque de fabrique du studio) et il faudra se raccrocher à certains indices distillés dans les nombreux dialogues pour se mettre sur la voie.
Pensez à bien sélectionner vos options de dialogue, pour orienter la discussion à votre profit. Cela permet de cirer les chaussures d'un garde pour obtenir l'enclenchement d'un appareil ou, au contraire, montrez-vous détestable pour qu'il ait envie de vous punir en désactivant quelque chose qui, dans les faits, vous empêchait d'aller plus loin. Les possibilités de dialogue sont assez importantes, même si on constate que tous les personnages sont des pauvres personnes has-been, ayant toujours une fragilité mentale. A vous d'exploiter vos découvertes à votre profit.
Si vous regardez sur l'image, ces petits formes de position indiquent les interactions possibles. Visez-en une avec votre stick et appuyez dessus. En bas à droite, vous accédez à l'ensemble des objets collectés que l'on peut faire défiler.
Au niveau action, le décor est parsemé de petites indications vous aidant à visualiser les interactions possibles avec votre personnage. Un stick vous permet de passer d'une indication à une autre, et l'appui sur une touche ouvre un cercle d'actions. Edna peut ainsi toucher, saisir, regarder, parler (?) ou utiliser un autre objet collecté (que l'on sélectionne à la base par la touche ZL) pour le combiner avec l'élément visé et ainsi produire un effet particulier. Simple en principe, mais vous tâtonnerez régulièrement dans les débuts, en passant votre temps à tester toutes les possibilités avant de trouver la bonne combinaison d'actions.
Voilà la fameuse roue des actions possibles.
En parlant avec Harvey, ce dernier vous mettra sur la piste sur certaines actions à effectuer même si on s'en doute un peu. Cependant c'est par ces dialogues avec votre lapin, quand vous avez l'impression d'être vraiment bloqué, que vous allez peut-être lancer une phase de voyage dans votre subconscient, afin de puiser parmi vos souvenirs un moyen de résoudre une énigme ou d'obtenir le souvenir d'une information capitale. Nous reviendrons un peu plus loin sur cet aspect essentiel du jeu.
Une remise à jour efficace
Bon point si vous aviez connu la version d’origine comme nous sur PC, l’ergonomie générale a été clairement mise à jour dans le bon sens, c’est beaucoup plus aéré, facilité, pour circuler dans l’inventaire : combiner deux objets est plus aisé. Les commandes sont donc très intuitives et c’est à saluer. Le jeu, bien mis à jour visuellement, se montre donc beaucoup plus agréable pour s’ouvrir à des joueurs d’horizons variés, moins aux pros du point’n’click qui auront déjà fait le jeu de base, connaissant les ressorts de son aventure à l’intérêt inconstant.
Notez la différence graphique entre la version d'origine en haut et la version remasterisée en bas dont nous profitons sur Switch. Chaque tableau conserve l'essence de la version originale mais avec un design général beaucoup plus soigné et agréable. Certains personnages semblent clairement sortis de Garfield. Vous pourrez à loisir basculer entre l'ancienne présentation et la nouvelle, mais honnêtement, nous avons surtout joué avec les versions retouchées.
L’intégralité du jeu est doublée en anglais (doublage de qualité mettant bien en avant la personnalité de chaque personnage), le texte est en français (mais pourquoi ne pas avoir traduit la suite alors ?), et les très nombreux dialogues avec choix multiples nécessiteront quelques prises de notes. Répliques qui font mouche, saute d’humeur d’Edna, et sa relation particulière avec le lapin Harvey en font un jeu qui sait nous dérider régulièrement et nous conduire doucement dans les différentes étapes du scénario rocambolesque sur une vingtaine
d’heures.
Harvey, le magicien du retour vers le passé
Revenons en revanche sur un point particulier du gameplay : l’importance d’Harvey, qui est en réalité une sorte de subconscient d'Edna. Ce doudou bavard permet à Edna, à certains moments de l’histoire, de se plonger dans ses souvenirs. En se remémorant lors de ces phases des passages de sa vie d’avant son enfermement, cela va la mettre sur la piste pour trouver le moyen de débloquer certaines énigmes, et lui permettre d’aller de l’avant lors de la reprise de conscience dans les locaux de l’asile.
Des phases réussies, qu’on apprécie (et on se dit qu’on progresse bien en les voyant), d’autant que la dernière ligne droite de l’histoire est bien plus palpitante.
Lors de ces phases, vous pouvez alterner entre Edna et Harvey (oui, il a la possibilité de se déplacer seul dans les décors). Harvey peut effectuer deux types d'actions : observer les divers éléments intéressants repérés par des petits marqueurs à l'écran et collecter ces éléments en tant que souvenirs. Puis en allant discuter de chaque élément collecté auprès d'Edna, vous ferez surgir parfois une piste pour avancer. En repassant par le contrôle d'Edna, à vous ensuite de réaliser l'action.
Chaque détail peut paraître insignifiant, mais regardez les et prenez-les ensuite comme indice pour ensuite discuter avec Edna. Vous l'avez bien compris, tout doit être passé au peigne fin.
Cet épisode d'Edna & Harvey vous apportera un challenge intéressant même si pour résoudre certaines énigmes, vous allez devoir passer en boucle les possibilités avant de trouver le truc. On apprécie beaucoup la remise au goût du jour graphique même si l'animation reste faible. Bon point, pas de bugs importants remarqués, juste quelques micro-freezes lors de certains déplacements au premier plan ponctuellement. Il faut un petit coup de main au début pour viser avec le stick l'endroit où l'on veut enclencher l'action, on se dit que la prise en compte de l'écran tactile de la Switch aurait été un plus intéressant. Mais que cela soit sur la télé ou sur l'écran de votre Switch, vous passerez tout de même un bon moment.
Edna & Harvey s’évadent (la fiche de jeu sur le site Nintendo conserve le nom anglais Edna & Harvey: The Breakout – Anniversary Edition) est disponible sous forme dématérialisée uniquement sur l’eShop de la Switch pour 19,99 €. Prévoyez 3584 Mo d’espace libre et quelques bonnes poilades. Nous remercions l’éditeur de nous avoir fait parvenir une clé afin de réaliser le test de ce jeu.
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