Test de Wolfenstein II : The New Collossus : le plein d'adrénaline pour votre Switch !
Déjà arrivé en sauveur avec le très réussi DOOM, Bethesda enfonce le clou et nous propose aujourd’hui un second FPS, son fameux Wolfenstein II : The New Collossus. Mais la Switch est-elle à la hauteur quand il s'agit de faire tourner un jeu aussi exigeant ?
TestAutant l’avouer de suite : même si nous sommes de grands défenseurs de Nintendo (étonnant non ?), nous ne sommes pas aveugles pour autant : la Switch, comme ses aînées de la dernière décennie, accuse un déficit certain en termes de puissance brute si on la compare à ses concurrentes directes. Déficit qu’on lui pardonne aisément avec son mode nomade inédit pour une console de salon ! Quoi qu’il en soit, cela complique la tâche des studios pour porter les gros jeux AAA sur la console de Nintendo. Entendons-nous bien : la plupart du temps cela serait tout à fait possible (au prix de quelques concessions), simplement cela demande beaucoup plus de travail…
Du coup, certains types de jeux sont aux abonnés absents sur la console de Nintendo : les jeux de course réalistes, les FPS de toutes sortes, ou simplement de gros jeux techniquement gourmands (on pense à GTA V ou à Final Fantasy XV par exemple).
Malgré tout, certains (trop rares) studios se retroussent les manches pour nous proposer des jeux techniquement exigeants sur note chère Switch. Bethesda est de ceux-là et a su prouver avec Skyrim et surtout DOOM qu’ils étaient plutôt doués pour porter leurs jeux AAA sur Switch. Ainsi, Bethesda enfonce le clou aujourd’hui avec un deuxième FPS qu’on aurait pu penser interdit de séjour sur la Switch : Wolfenstein II : The New Collossus.
Un scénario qui fait froid dans le dos...
Imaginez le pire cauchemar qui soit : vous vous réveillez, et vous découvrez un monde dans lequel les nazis ont en fait gagné la guerre. Ils contrôlent le monde, et vous vous retrouvez dans une Amérique complètement improbable gouvernée par les nazis et où le KKK fait figure de collabo local. Imaginez une sorte de 14 juillet… mais à la gloire des nazis. Cela fait froid dans le dos non ? Et bien c’est le point de départ de Wolfenstein II, et vous allez devoir mener la résistance pour libérer le pays de l’occupation.
Certes, au départ vous n’êtes que l’ombre de vous-même : c’est d'ailleurs en fauteuil roulant que vous allez évoluer dans une séquence d'ouverture assez angoissante qui finira… mal ! Autant vous prévenir tout de suite, le jeu n’est pas du genre tendre : il y a du sang, des scènes violentes et potentiellement choquantes pour un public non averti. Mais pas de violence gratuite ici, simplement des scènes fortes qui vont renforcer votre haine du Régime, vous aider à mieux appréhender l’atrocité d’une telle occupation. Du coup, inutile de vous dire que vous allez vous en donner à cœur joie avec les diverses armes qu’on vous proposera tout au long du jeu, le tout sans aucune arrière pensée !
L’ambiance proposée est à la fois réaliste et décalée : vous êtes dans les années 60 mais côtoyez des technologies normalement inconnues, donnant au jeu une ambiance Rétro-SF des plus atypiques et au charme certain. De multiples détails et documents vous font réfléchir sur ce que pourrait être le monde aujourd’hui si l’Histoire avait pris une tournure "différente".
Malgré tout, le sentimentalisme n’est que peu présent dans le jeu : ici, il faut surtout faire une chose : buter du nazi, le tout à renfort d’armes qui font BOUM BOUM accompagnées de vannes plus ou moins subtiles, et c’est très bien comme ça ! Les ambiances sont bien retranscrites, les personnages réalistes et les doublages français sont de qualité, à commencer par le héros qui est incarné par Patrick Poivey (la voix française de Bruce Willis) , rien que ça ! Cela donne un petit côté Die Hard au jeu qui n’est pas déplaisant dans le contexte « seul contre tous »…
Certains passages provoquent des poussées d’adrénaline et quelques armes sont carrément jouissives. Tout ce qu’on demande à un bon FPS est là, le ton décalé en plus !
Petit détail à ne pas négliger : si vous n’avez pas joué au précédent opus, aucun problème : un résumé détaillé fait figure d’introduction au jeu, vous ne serez donc pas complètement perdu ! Bethesda prend soin de ses joueurs....
Mais LA grande question que vous vous posez forcément est : techniquement, est-ce que ça tient la route ?
La réponse est claire et nette : OUI, l'expérience de jeu est intacte !
En mode TV tout d’abord, le jeu offre un rendu tout à fait correct : 720p (et non 1080p), 30 images par secondes vraiment stables… Franchement, tout va bien ! Une résolution un peu plus faible a été retenue pour garantir un framerate solide.Attention, ne vous attendez quand même pas à une claque visuelle : graphiquement, le jeu se situe plutôt dans la génération PS3 ++, sensiblement en retrait de ce que peut proposer une Xbox One X par exemple. La résolution est un peu juste si vous avez un très grand écran (test réalisé sur un 65 pouces), les textures sont parfois basiques, la modélisation est bonne mais sans plus…
Malgré tout, le rendu global reste tout à fait agréable et ne jure pas. Surtout, le plaisir du jeu n’est pas du tout entravé : le gameplay est nerveux, fluide et les graphismes sont de qualité largement suffisante pour que l’expérience de jeu soit complète. OUF, on est sauvés, nous n’avons pas affaire à une version au rabais du jeu !
En mode portable, le bilan est également très bon, même si les concessions m’ont paru plus évidentes : le rendu général offre un léger « flou » auquel on s’habitue rapidement mais qui est quand même sensible.
Ici, deux images qui illustrent mon propos: la première est une capture du jeu en version docké, la seconde est une capture du même moment en mode nomade. L'effet "baveux" est sensible non? Attention, il faut remettre tout ceci dans le contexte d'un écran bien plus petit en nomade...
Le principal est préservé: le jeu reste fluide et agréable. Et quel plaisir de jouer en portable à un tel jeu ! En revanche, évitez le gyroscope quand vous jouerez dans les transports, cela pourrait vite devenir gênant…
Car oui, c’est la cerise sur le gâteau: Bethesda a implanté une fonction de visée gyroscopique à son jeu, et celle-ci se révèle vraiment intéressante. Si je me garderai bien de comparer ce gameplay à l’imbattable duo clavier-souris, force est de constater qu’il y a un vrai gain en maniabilité par rapport à une manette classique. Dans les faits, vous utiliserez plutôt les sticks pour les grands mouvements et le gyroscope pour les ajustements, ce qui fonctionne très bien ! En outre, les options du jeu permettent d’activer ou non cette fonction, mais également de modifier la sensibilité des mouvements (sticks et gyro) : bien vu et très efficace ! On obtient donc une solution à mi-chemin entre console et PC qui se montre convaincante après une petite période d’adaptation et quelques réglages de sensibilité.
Les vibrations HD sont également de la partie et bien exploitées. Si les effets ne vous décoifferont pas, la sensation reste très agréable et réaliste, surtout quand vous avez une arme différente dans chaque main…
Une recette bien connue et... Bien efficace !
Le jeu en lui-même reste un FPS très classique (quoi de plus normal pour une telle institution du FPS qu’est Wolfenstein?) dans lequel vous retrouverez très vite vos marques : les commandes sont bien connues, les mécanismes de jeu également, et… c’est tant mieux : allons droit à l’essentiel !Autre bon point, le jeu propose de nombreux niveaux de difficulté et vous pourrez ajuster celle-ci en cours de route si vous regrettez votre choix de départ. Les ennemis sont nombreux, variés et pour certains très impressionnants : vous ne risquez pas de vous endormir !
Chérie, tu aurais vu mes lunettes ?
Malgré toutes ces qualités le jeu a des défauts agaçants : les niveaux sont complexes et le système de guidage imparfait. Résultat, on se perd régulièrement dans les niveaux suite à des erreurs de jugement. Le système de guidage mériterait d’être peaufiné pour s’y retrouver plus facilement.Principal fautif, l’affichage des infos à l’écran est systématiquement sous dimensionné : le guidage semble carrément invisible au premier abord et demande donc de s'y reprendre à plusieurs fois (affichage à la demande), les sous titres sont carrément rikiki (regardez-moi cette capture !), etc. Un point à revoir rapidement, et qui est encore plus gênant en mode nomade ! Le contraste est saisissant avec le menu du jeu, qu’on a rarement vu aussi épuré et clair :
Allez, un petit effort, cela ne semble pas insurmontable comme mise à jour et améliorerait très sensiblement l'expérience de jeu.
Autre petit bémol, l’IA laisse parfois à désirer avec des ennemis qui semblent plutôt en visite guidée qu’au milieu d’une guerre… Ayant surtout testé le jeu en mode « normal ++ », peut-être qu’ils sont plus malins en mode difficile ? Cela ne m’a pas sauté aux yeux… Heureusement ce défaut reste peu fréquent.
Un contenu largement suffisant, mais rien de plus...
Au final, la campagne solo est vraiment intéressante et propose, outre son ambiance unique, une durée convaincante pour un jeu de ce type : comptez une bonne douzaine d’heures pour terminer le jeu, avec la possibilité de refaire ultérieurement des niveaux pour obtenir les multiples objets cachés dans les niveaux… Voire basculer dans un mode de difficulté « pour les grands » !Le seul problème, c’est qu’on est habitués avec ce genre de jeux à trouver une partie multijoueur. Ici, il n’en est rien. Pire, certains défis présents sur les versions des consoles concurrentes n’ont pas survécu au portage sur Switch. Et cette version ne propose aucun bonus exclusif en compensation. Dommage, surtout quand on sait que le jeu est actuellement bradé sur les autres consoles tandis qu’il sort sur Switch au prix fort…
Espérons donc que l’aspect nomade ainsi que la fonction gyroscope aideront Wolfenstein II à rencontrer le succès sur Switch, un succès mérité pour ce jeu de qualité et dont le genre manquait cruellement à la console de Nintendo !
Un mot pour finir : OUI, la Switch en a dans le ventre et est tout à fait capable de faire tourner ce type de jeux sans aucun problème, même si ce n’est pas en 4K HDR. Et puis, si seulement 18 mois après son lancement de tels jeux peuvent tourner sur la console de Nintendo, imaginez quand les studios sauront vraiment l’exploiter à fond ? Et pour ceux qui n’y arriveraient pas, passez donc un coup de fil à Bethesda : eux savent très bien le faire !
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Pour la difficulté, j'ai trouvé, pour l'instant, que le mode difficile était trop facile (profusion de munitions et de medikits).
Par contre, j'ai trouvé l'IA interressante car les ennemis ont plutôt tendance à se planquer et attendre que tu arrives pour t'embusquer plutôt que de se jeter comme des benets vers toi.
Car je vois dans DOOM si tu va pas au contact c'est plus compliqué de réussir a gagner.
Je dirais que c'est plutôt ouvert au niveau stratégie à appliquer. Un peu comme Deus EX, il y a toujours plusieurs façon d'aborder les ennemis : soit bourrin à la Doom, soit furtivement à l'aide d'attaques furtives par derrière (à la hache) où à distance (lancé de hachettes) et il y a des couloirs de ventilations un peu partout pour rester planqué et contourner les ennemis.
Les différents épisodes de Wolfenstein ne font jamais vraiment dans la dentelle et cette sortie du second opus The New Colossus ne déroge pas à la règle. Avec son scénario et ses cinématiques un peu longues au départ pour nous plonger dans l’ambiance, quelques personnages stéréotypées et un peu allumées surtout du côté nazi, cette aventure dystopique va faire à nouveau couler le sang et les alliés de notre héros vont en baver, quand ils n’en perdent pas tout simplement la tête. On pourrait prendre peur au départ quand on découvre notre bon vieux héros William J. Blazkowicz vivant alors qu'on pensait qu'il avait trépassé à la fin du premier opus, mais il est vraiment mal en point au départ car devant recourir à un fauteuil roulant pour se déplacer. Autant vous dire que les premiers gunfights, où l'on fonce dans les descentes calé dans le fauteuil en abattant les nazis les uns après les autres, sont un peu étrange et une preuve supplémentaire que l'IA de l'ennemi est clairement défaillant (parce que franchement, louper un handicapé même surarmé dans des couloirs étroits, c'est que nous n'avons pas une armée d'élite en face de nous).
Le général Engel, femme totalement barrée et encore plus perverse que le bourreau du premier opus, reste convaincante, on pourrait trouver à redire sur d'autres personnages moins fouillés. Le climax est posé, les Nazis sont clairement de gros méchants dont nous prendrons un malin plaisir à écourter leur durée de vie. Violence oblige, le titre est clairement à réserver à un public adulte, pensez à respecter le PEGI 18 pour vos enfants.
Ayant pas mal joué à la version PC, techniquement, il faut être clair, si vous avez joué au jeu sur un gros PC ou même sur PS4 Pro, le downgrade est évident. Cela se remarque tout de suite au niveau de certaines textures (en particulier les genoux de notre héros au départ quand il est dans sa chaise roulante) ou même dans certaines cinématiques qui perdent en netteté (un peu étonnamment, notre première rencontre avec la grande méchante nazie montre un net voile de flou sur les visages, lorsqu’on joue en mode nomade). C’est donc clairement moins beau.
Cependant, le jeu ne se résume pas à être une baffe graphique sur grosses machines, le gameplay est réglé aux petits oignons et vraiment fun. A ce niveau, c’est un sans-faute réalisé par le studio Panic Button, avec des développeurs qui relèvent haut la main un nouveau défi qui semblait quasiment impossible à porter au départ. Oui, malgré le downgrade, les codeurs ont optimisé magnifiquement le portage pour le faire tourner à la fois console dockée mais surtout console en main. C’est clairement impressionnant de voir tourner avec ce niveau de qualité The New Colossus sur l’écran de sa Switch en se déplaçant, avec gestion gyroscopique de l’action pour viser efficacement. On oublie largement la qualité graphique en retrait pour prendre un véritable plaisir de jeu. Pour les amateurs du genre, c’est donc un excellent portage que reçoit la dernière console de Nintendo.
Si le jeu plafonne à 30 fps, il est vraiment agréable à prendre en main, à mon niveau j'ai joué essentiellement avec les Joy-Con qui répondent parfaitement en main (avec vibrations) et et j'ai tout de même effectué quelques parties sur la télé en tenant le Pro Controller. Les niveaux se succèdent avec une très bonne narration et un sens certain de la répartie. On sourit volontiers au cours de cette aventure où le gunfight prédomine. On apprécie au passage un très bon travail de doublage de la version française (vous reconnaîtrez aisément la voix de Patrick Poivey qui double Bruce Willis, une voix différente du premier épisode avec le décès en 2017 de Patrick Béthune qui officiait jusqu’à présent). Mais comme le premier épisode n’est pas présent sur la Nintendo Switch (et non prévu à priori selon Panic Button), de nombreux joueurs ne le remarqueront pas. Le jeu permet d'ailleurs d'en apprendre bien plus sur le passé douloureux de Blazco et de ses relations avec son père.
Collecter des badges qui vous donneront de nouveaux renseignements et surtout un plan des niveaux, ramasser les bandages et les kits de secours pour récupérer de la vitalité (où même obtenir un petit coup de super boost, de l’énergie en suppléant qui décroitra progressivement avec le temps) ou des munitions et des upgrades pour vos armes, voici ce qui vous occupera au cours de pérégrination, entre deux shoots de nazis et quelques mécaniques un peu plus corsées. Selon le niveau de difficulté choisi au départ, il y aura du challenge ! On parcourt les niveaux assez labyrinthiques au départ, plus ouverts par la suite, coupés par quelques cinématiques mettant en avant un des personnages clés de l’histoire, et on enchaîne l’action pendant une dizaine d’heures avant de clore l’aventure sur le sol américain, qui nous donnera l’occasion de faire le carton à New York, à la Nouvelle-Orléans, mais aussi par la Zone 52. Des clins d’œil scénaristiques qui reprennent certains lieux cultes de l’Amérique et ses travers.
Parmi les regrets, nous n’avons pas pu bénéficier sur la version Switch des 3 DLC sortis après le jeu : Les Chroniques de la Liberté, trois mini-épisodes disponibles via un Season Pass qui mettaient en guest trois personnages. Plutôt rentre dedans pour le premier DLC, plus furtif dans le second, et un troisième gars monté sur échasse pour le dernier. Mais il faut reconnaître que leur accueil critique a été plus que tiède pour cause de recyclage un peu trop important des décors, alors est-ce vraiment un mal ?
Une aventure qui n’est pas terminée puisque Wolfenstein Youngblood débarquant dans un peu moins d’un mois (26 juillet 2019) va poursuivre la narration de cette lutte contre les nazis via la progéniture de notre héros. Mais en attendant, ce Wolfenstein II : The New Colossus sur Nintendo Switch est un titre à chaudement recommander aux amateurs de FPS. Je l'avais acheté en promo il y a quelques mois et c'est un portage qui m'a clairement emballé. Alors quand on peut désormais le trouver en promotion à moins de 30 € dans sa version Switch, c'est clairement un achat à envisager sauf si le style vous rebute.