Le Cloud Gaming existe enfin sur Nintendo Switch. Une notion devenue familière dans les esprits des joueurs depuis quelques années, promettant ainsi de pouvoir jouer sur une console de performance modérée à des titres AAA, via une connexion internet de qualité et un serveur moulinant toutes les difficultés pour ne transférer que le flux utile à votre gameplay. C'est aussi la crainte à terme de voir disparaître les consoles que nous connaissons aujourd'hui, au profit d'un périphérique multimédia polyvalent, relié à une bonne connexion internet.
C'est d'ailleurs dans cette fin annoncée des consoles traditionnelles que deux écueils reviennent régulièrement dans l'esprit des joueurs : que faire si je réside à Trifouilly-les-Oies avec une qualité de connexion internet qui n'est déjà pas brillante pour un simple ADLS, avec aucun projet de fibre dans le secteur avant des décennies ? Les titres vont-ils bien s'adapter à une ergonomie spécifique de ma console ou allons-nous vers un nivellement générique des périphériques de contrôle ? Deux questions très importantes au regard de l'arrivée sur notre petite Switch du titre ouvrant le bal en Europe au Cloud Gaming sur les consoles Nintendo : le jeu du studio finlandais Remedy Entertainment (avec collaboration de l'éditeur 505 Games) : Control Ultimate Edition Cloud. Un test intéressant car c'est tout de même un jeu réalisé par l'équipe derrière Max Payne et Alan Wake, deux franchises de grande qualité.
En allant faire un tour sur l'eShop, Control est gratuit pour la durée de deux essais de 10 minutes. C'est court mais cela permet de se faire une petite idée de la qualité de la proposition. Vous pouvez opter pour deux types d'optimisation : priorité à la qualité graphique ou sur la fluidité des mouvements.
Les deux essais vous permettront ainsi de tester ce qui sied le mieux à votre contexte locale, on vous conseille de tester le jeu en soirée, lorsque le réseau est assez chargé, pour vous donner une bonne visibilité sur la qualité de votre connexion internet. Pas de miracle cependant, l'ADSL joue au Yoyo, avec des baisses de framerate importante. Dans notre secteur en plein travaux, que cela soit Orange, Free, Bouygues ou SFR, on n'échappe pas à des phases de saccades régulières. En revanche sur Fibre, testé sur SFR à notre niveau, c'est une bonne surprise (et pourtant on est sur une fibre loin des débits extraordinaires promis dans les publicités, mais globalement, c'est stable).
Une fois que les deux tests de 10 minutes sont écoulés, si vous êtes satisfaits de cette proposition de jeu, il va falloir passer à la phase achat, à 39,99 €, pour poursuivre l'aventure en compagnie de notre héroïne.
Quelques remarques
Une qualité réellement hors de portée de la Switch mais qui reste tout de même bridée.
C'est peut-être la plus grande déception. Si le jeu est vraiment beau en mode nomade (Switch normale, pas de Switch Lite sous la main à notre niveau), il est bridé en 720p, et cela se sent lorsqu'on relie la console à son dock. C'est honorable sur notre Oled 4k de 55 pouces mais bien loin du rendu des gros PC, d'autant que la console Switch ne gère pas le HDR, cette version Cloud Edition ne l'apportant donc pas. On obtient un rendu lumineux bon mais fatalement en retrait par rapport aux autres plateformes. En étant conscient de ces limitations, à vous de voir si vous tentez tout de même l'aventure sur Switch ou si vous préférez reporter votre achat pour une édition sur une autre plateforme. Mais reconnaissons le, c'est tout de même très étonnant de voir le jeu bien tourner sur votre console en nomade dans le canapé (si vous avez la fibre) alors qu'on n'aurait jamais pu imaginer une qualité de ce niveau sur la Switch.
Au moins, on peut désormais demander à Nintendo, s'il prépare bien une nouvelle version de la Switch, de nous intégrer dans cette nouvelle console la gestion de l'HDR, qui va peu à peu creuser la différence de rendu des consoles Next Gen.
Un titre très PC à la base qui s’accommode mal des Joy-Con
Il faut un temps d'adaptation lorsqu'on joue à la console manette en main, la faute à l'absence de gestion gyroscopique de la visée, un point fort permis pourtant par la Switch. On sent que le titre n'a pas été optimisé vraiment pour l'interface de la console et que l'on a surtout poussé au maximum l'optimisation de l'affichage par rapport à la qualité du réseau. On reste un poil sceptique au niveau de la réactivité pour viser une cible. La manette pro semble nettement plus appropriée pour le gameplay du jeu.
Le coût et la durée de vie de cette expérience
C'est peut-être subjectif mais cela reste notre plus gros frein personnel : devoir payer 39,99 € pour un jeu qui dépend totalement de l'existence de serveurs dédiés, de leur répartition géographique et qui pourraient fermer ainsi du jour au lendemain en cas d'échec, rendant notre investissement d'achat nul. On ressent déjà cette inquiétude dans la communauté des joueurs, avec certains rechignant à investir dans des achats dématérialisés, de peur de devoir se prendre la tête pour gérer le jeu entre transfert de comptes si on possède plusieurs consoles, les temps de chargements, la crainte de perdre ces titres, alors que de l'autre côté, un jeu physique se prête plus facilement, se revend et normalement on peut y jouer des années plus tard encore (sauf s'il passe par des serveurs réseaux spéciaux).
Le problème du Cloud, c'est de payer pour utiliser un jeu que l'on ne possède en fait jamais, puisque nous ne recevons que des paquets d'informations liés à notre partie du moment. Alors cela donne à réfléchir (c'est un débat similaire avec la VOD pour les films et téléfilms) Si vous comptez vous lancer intensément sur Control Ultimate Edition dès à présent et qu'une fois qu'un jeu est fini, il ne vous intéresse plus, alors pas la peine de réfléchir très longtemps, foncez, à condition que la qualité du réseau dans votre secteur tienne ses promesses. Si vous comptez vous y mettre plus tard ou ponctuellement, c'est un achat raisonné dont il faut peser le pour et le contre. Si vous êtes dans un lieu géographique avec un ADSL vacillant, cela semble encore périlleux pour le moment de se lancer dans un tel projet, optez pour un achat sur une autre plateforme pour pouvoir y jouer sans la dimension Cloud. Cependant faites le test, 98 Mo de téléchargement et un essai sans risque, ce n'est pas la mer à boire.
Control Ultimate Edition nous donne un petit avant-goût de ce que nous propose en parallèle la solution Stadia. Une voie probablement d'avenir dans des lieux très urbanisés et bien équipés. Mais on espère pas la seule voie d'avenir pour l'ensemble des territoires qui resteront à la traîne niveau équipement avant encore de nombreuses années. Reconnaissons cependant que c'est une nouvelle carte qui s'ajoute à la Nintendo Switch pour faire face à son déficit de puissance, une solution pouvant fortement intéresser les studios sortant des titres AAA, peu motivés pour prendre du temps à adapter leurs titres à la puissance de la console (alors que dans le même temps, ils vont devoir prendre en compte la puissance supérieure de la PS5 et de la Xbox Serie X), notamment au niveau du moteur de jeu, et qui par le biais de streaming, permettrait d'y jouer beaucoup plus rapidement sur l'ensemble des consoles.
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