Les points de passage sont là pour vous aider à ne pas reprendre l'aventure trop loin en arrière, mais il reste effrayant de compter le nombre de minutes que l'on perd à recommencer une scène. Le pire dans tout cela est que vous ne pouvez pas reprocher au jeu votre propre maladresse : c'est à cause de votre action qui a manqué la perfection de si peu qu'il faut tout refaire. Ne vous en prenez qu'à vous-même ! L'opus prend ainsi un malin plaisir à profiter des vices de sa maniabilité pour, au passage, rallonger subrepticement sa durée de vie.
La passion de l'archéologie
Les fans les plus fervents le savent déjà : Lara Croft est une archéologue reconnue et accomplie. Anniversary sera pour elle l'occasion de vous faire profiter de cette activité plus en profondeur. L'instrument de ce profit ? Votre Wiimote – oui, ce bloc blanc dans la main droite. L'aventure et son rythme d'exploration s'interrompt très souvent pour laisser place à des actions ponctuelles et très rafraichissantes, qui permettent la plupart du temps d'ouvrir de nouveaux chemins, d'obtenir des items ou encore des bonus. Le joueur obtient ainsi le droit de mettre en pratiques ses talents d'archéologue.En manipulant une pioche, vous pourrez par exemple détacher les pans d'une stèle de pierre vous barrant le passage. De même, il vous sera donner de procéder à un nettoyage au pinceau des certains bas reliefs puis d‘en réaliser une estampe sur papier, fusain en main. Vous obtiendrez ainsi un indice codé. De même, vous aurez l'occasion de détruire des couches minérales fixées sur des fresques au moyen d'une truelle qu'il conviendra de placer sous la plaque formée pour la décoller. Enfin, certaines portes ne s'ouvrent que si leur mécanisme d'ouverture est correctement actionné : des engrenages aux cylindres pivotants marqués de symboles, tous les moyens seront bons pour casser le rythme et la linéarité de l'aventure.
D'un point de vue totalement extérieur aux finesses du gameplay et de l'esthétique, on peut constater une grande profondeur culturelle dans Anniversary, et ce grâce à une aventure extrêmement proche des propos qu'elle illustre. Tout le monde a déjà joué à ces fameux jeux qui sortent du carcan rationnel pour se livrer aux pires aberrations et déformations : Anniversary n'en fait heureusement pas partie, et c'est tout à son honneur !
Le jeu nous offre une palette de connaissances à découvrir, en totale adéquation avec l'histoire : la mythologie de chaque pays visité a été scrupuleusement respectée pour inspirer les épreuves. On retiendra pour cela l'emblématique défi de Damoclès, un méandre où sévissent de fatales épées suspendues dans les airs, en référence au célèbre mythe. Les développeurs ont maîtrisé leur sujet, et cela se voit : les pensées de Lara - accessibles à tout moment depuis son journal intime – donnent des renseignements très précis et exacts sur les objets obtenus et les ruines visitées. Les connaisseurs s'en retrouvent comblés, et les non initiés prendront grand plaisir à consulter ces informations.
Au pays des bugs et de l'immersion
En premier lieu, si le jeu ne possède pas de défaillance notoire à proprement parler, il fourmille cependant d'une foule de détails qui peuvent, à la longue, sérieusement ternir le tableau aux yeux des puristes. Le jeu des ombres est très représentatif de ce genre de défauts : lorsque Lara est suspendue à un élément du décor, il est très fréquent de voir son ombre projetée au sol... mais pas celle de l'élément en question. L'aventurière semble léviter dans le vide en toute impunité. Il arrive parfois au joueur de se retrouver bloqué sur un talus sans même savoir pourquoi, et la caméra capricieuse se perd à de rares occasions dans les éléments du décor, traversant murs et polygones avec une liberté déconcertante. Au joueur de reprendre en main cette fameuse caméra pour la remettre sur le droit chemin et lui faire comprendre que les bugs ne sont pas ce qu'il y a de mieux à mettre en valeur. Bien entendu, le jeu global ne regorge pas de ce genre de défauts, mais il n'est pour autant pas rare d'y être confronté.En second lieu, ce qui frappe avant tout l'œil du joueur aguerri au cours des premières heures de jeu, c'est le réalisme des scènes. Si l'on fait abstraction sur la modélisation approximative des personnages - qui soit dit en passant ne font pas légion – et leurs aspects parfois anguleux, on se rend bien vite compte que les décors, le point fondamental de tout opus d'exploration, ont bénéficié d'un travail acharné et extrêmement qualitatif. On se plaît à prendre quelques minutes entre deux courses dans la nature à lever les yeux dans les profondeurs du paysage... et le syndrome du documentaire commence. Le joueur en prend plein les mirettes tant les étendues graphiques paraissent si naturelles et réalistes.
Ce rendu des plus charmeurs est en fait le fruit d'un jeu de technique : les premiers plans sont modélisés en trois dimensions, comme à leur habitude, et les arrières plans fusionnent en deux dimensions pour perdre le regard dans le vague. Mais cela, mes petits amis, ça ne s'explique pas : ça se ressent. Après l'affrontement endiablé du dinosaure géant dans les ruines du Pérou, souvenez-vous après être monté sur les ruines anciennes de lever vos yeux dans les hauteurs du décor, qui dévoileront alors les collines vertes et boisées masquant les vestiges incas, puis les lointaines chaînes de montagnes sur un fond nuageux et bleuté. Ce n'est en aucun cas indispensable à l'appréciation du jeu, et les développeurs n'étaient pas obligés d'y accorder tant d'importance. Mais ils l'ont fait, et il convient de rendre honneur à leur travail ! Du même coup, ce genre de cas de figure compense largement les quelques maladresses graphiques, et il est certain que tous ces points noirs sombreront dans les tréfonds de votre inconscient.
Même quand il n'y en a plus...
... il y en a encore ! Même si cette expression est quelque peu hyperbolique, c'est en tout cas la philosophie que semble avoir adoptée l'équipe de développement de la firme Eidos. L'aventure seule vous arrachera bien un total d'une douzaine d'heures si vous ne prenez pas le temps de fouiller minutieusement chaque recoin du jeu afin de dénicher tous les bonus et les armes auxiliaires. On aura ainsi vite fait de passer à côté d'une version améliorée du pistolet, qui vous fera forcément grand défaut par la suite. Les quatre zones principales à visiter - le Pérou, la Grèce, l'Egypte et les ruines de l'Atlantide - sont elles-mêmes divisées en plus petits territoires qui donnent une solide structure de progression à l'ensemble.Le menu principal du jeu vous donnera accès à une autre aventure, intitulée le Manoir des Croft. Comme son nom l'indique, il s'agira pour vous de partir à la découverte de l'immensité de la propriété familiale de Lara à travers de grandes salles très diversifiées, allant de la salle d'entraînement à celle des trophées, en passant pas le salon, le bureau du père de Lara et les jardins labyrinthiques. L'objectif est donc d'atteindre la chambre de notre amie Lara. Ici, pas d'ennemis sauvages à abattre ou de pièces anciens à désamorcer, mais un manoir chamboulé par une coupure d'eau et la disparition de nombreux objets. A vous de rétablir l'ordre dans ce lieu en déplaçant les meubles et résolvant une pléthore d'énigmes plutôt corsées. Ce mode auxiliaire rajoute quelques heures à la durée de vie du titre et permet au joueur une sorte de décompression, qui le plongera dans un univers fermé chaleureux et agréable, loin des dangereuses ruines et des hommes de main.
Ajoutons à cet ensemble déjà solide une grande liste de bonus à collecter, de tenues à débloquer, de biographies à obtenir, de croquis, mais aussi de triches. Qu'es-ce qu'une triche ? Il s'agit d'une simple option à valider afin d'obtenir l'oxygène infini sous l'eau, des lunettes de soleil, un mode spécial pour redécouvrir le jeu sans textures particulièrement amusant... En bref, de quoi tenir un petit moment les joueurs les plus assoiffés !
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