Rétrospective : Histoire des rumeurs de la Nintendo Switch 2 (2017-2025)
On arrive au terme de plusieurs années éprouvantes : le Nintendo Direct du 2 avril 2025 marquera la fin d'une quasi-décennie de rumeurs et de spéculations qui nous auront mené de la Switch Pro à la Nintendo Switch 2. Une période folle qu'on a voulu retracer pour vous dans ce dossier.
Dossier
Nouvelle console et déjà, des prémices et de premières rumeurs (2017-2019)
Nous sommes le 2 mars 2017 : Nintendo lance la Switch, qui comme vous le savez si vous lisez nos colonnes depuis un moment, rencontre un succès mondial très très rapidement dès sa sortie.Il ne faudra pas très longtemps pour qu'analystes et fans s’interrogent sur la stratégie à long terme de Nintendo : la console étant moins puissante que ses concurrentes de salon, on entend très vite parler d'une version améliorée qui pourrait sortir en milieu de cycle, à l'instar des modèles de New 3DS déjà éprouvé chez Nintendo ou de PS4 Pro chez un certain Sony).
Compte tenu de la puissance de la console hybride de Nintendo, cette hypothèse d'une évolution du hardware en plein cycle est plus que plausible. Ainsi, fin 2018, une première fuite crédible du quotidien américain The Wall Street Journal évoque qu’une nouvelle Switch pourrait être lancée pas plus tard qu'en 2019. En janvier 2019, Nikkei dévoile qu'une Switch plus petite est en préparation.
Au printemps 2019, le WSJ appuyé par VideoGameChronicles va plus loin dans ses déclarations : Nintendo préparerait deux nouveaux modèles à sortir vers l’été 2019. On en avait d'ailleurs longuement parlé à l'époque, car on sentait bien que la demande était forte pour une telle évolution de la console. Selon le WSJ, un modèle serait destiné aux “joueurs avertis” avec des fonctionnalités améliorées, sans pour autant atteindre la puissance d’une PS4 Pro ou Xbox One X, tandis que l’autre serait une version compacte et bon marché, vue en interne comme la remplaçante de la Nintendo 3DS alors en fin de vie — bien que Nintendo ait alors déclaré précisément le contraire. La rumeur indique même que le design de cette version serait différent de la Switch que l'on connaît, mais les fans qui ont déjà visité le Musée Nintendo à Kyoto savent que des prototypes sont souvent assez loin de ce que sera le modèle final.
D'ailleurs, ces prototypes auraient un design si différent du modèle original que ceux qui les ont vus auraient à l'époque témoigné de leur surprise. Mais finalement, Nintendo lancera en septembre 2019 un nouveau modèle plus compact, la Nintendo Switch Lite. Cette variante, uniquement portable, correspond aux rumeurs du modèle d’entrée de gamme, sans Joy-Con amovibles et sans sortie HDMI.
En parallèle, le modèle standard de la Switch bénéficie d’une révision matérielle mineure : nous sommes à l’été 2019 et la console dispose d'une nouvelle batterie et d'une puce gravée plus finement, mais sans offrir de gain de performances additionnel, au grand dam des joueurs qui attendaient vraiment un boost de puissance, déjà en 2019. A cette époque, on est loin de se douter que 6 longues années nous séparent encore de ce qui deviendra la Switch 2.
Ainsi, aucun modèle “Pro” plus puissant ne voit le jour en 2019, malgré les bruits insistants et ees échos dans la presse spécialisée. On suppose alors que ce modèle amélioré a été décalé ou remanié, d’autant qu’en avril 2019 le média japonais Nikkei parlait d’un modèle « haut de gamme » repoussé du fait de défis techniques. C'est donc à ce moment là que se posent les bases de la rumeur d’une Switch “Pro”. Beaucoup de joueurs s’attendaient à ce que Nintendo revienne rapidement avec une version boostée de sa console hybride.
La vague « Switch Pro » et les spéculations technologiques (2020-2021)
En 2020, les rumeurs autour d’une Switch “Pro” montent en puissance, alimentées par la longévité de la Switch et l’arrivée des consoles next-gen de Sony et Microsoft en fin d’année. Dès le mois de janvier 2020, l’analyste Serkan Toto de Kantan Games affirmait « sans aucun doute en [avoir] l’intime conviction » : Nintendo lancerait une Switch Pro 4K avant fin 2020, possiblement autour de 399 dollars. Il prédit un support de la 4K (grâce à la technique de l'upscaling software), des cartouches de jeu de plus grande capacité et un processeur plus puissant.Ces spéculations font les beaux jours des sites de jeux vidéo : on imagine déjà Nintendo venant contrer les toutes jeunes PlayStation 5 et Xbox Series X avec un modèle plus puissant de sa console star. Toutefois, Nintendo va doucher ces attentes à court terme : en janvier 2020, Shuntaro Furukawa, le PDG de Nintendo, dément tout nouveau modèle pour l’année en cours, déclarant aux investisseurs « qu’aucun lancement de Switch n’était planifié en 2020 ». Nintendo affirme vouloir continuer à concentrer ses efforts sur les modèles de Switch classique et de Switch Lite — cette dernière vient tout juste de sortir, considérant la Switch comme au milieu de son cycle de vie en 2020.
Malgré ce démenti, les bruits de couloir ne cessent pas, et on imagine des excuses à Nintendo pour avoir renoncé à sa Switch Pro en 2020, comme la pénible pénurie de composants à la sortie du Covid. Car oui, n'oubliez pas qu'en parallèle de tout cela, le monde a traversé une crise sanitaire d'une ampleur exceptionnelle, la pandémie de Covid-19. Mais tout cela en peu à peu derrière nous et en 2021, la rumeur d’une Switch Pro revient de plus belle. Des rapports crédibles de Bloomberg, dès mars 2021, font état d’un modèle équipé d’un écran OLED 7 pouces fourni par Samsung et capable de sortie 4K une fois branché sur TV, grâce à la technologie d’upscaling Nvidia DLSS. En mai 2021, le journal économique Nikkei mentionne également que Nintendo a augmenté sa production en prévision d’un nouveau modèle, peut-être plus puissant, à venir.
Tous les signaux semblent pointer vers l’annonce imminente d’une Switch survitaminée. Enfin ! Pourrait-on même dire, puisque cela fait maintenant deux ans qu'on parle de cette Switch Pro qui n'existe toujours pas. Pourtant, Nintendo reste silencieux, alors beaucoup s’attendent à une révélation avant l’E3 2021. Le 6 juillet 2021, coup de théâtre : Nintendo annonce… la Switch OLED. Un nouveau modèle en effet, mais qui lors de son lancment le 8 octobre 2021 à 349,99 euros apporte quelques nouveautés, notamment un écran OLED de 7 pouces au meilleur contraste et quelques améliorations comme une capacité de stockage accrue, une languette de support plus robuste, et un adaptateur réseau dans la station d'accueil... mais aucune augmentation de puissance par rapport à la Switch de 2017.
La « Switch Pro » tant fantasmée n’est donc pour l’instant qu’un écran amélioré. Ils sont pénibles chez Nintendo de jouer avec le coeur des joueurs comme cela : tandis que certains espèrent encore une surprise côté performances, on doit se contenter de nouvelles fuites comme celle de Bloomberg en septembre 2021 qui remet de l’huile sur le feu : dans son article, Nintendo aurait fourni à au moins 11 studios des kits de développement 4K pour préparer l’avenir de la Switch. La rumeur d’une Switch capable d’afficher des jeux en 4K refait instantanément surface.
Mais Nintendo va avoir une réaction rare, la firme préférant ne pas commenter les spéculations nées sur le Net : le 30 septembre 2021, le constructeur publie un démenti catégorique. Sur son compte Twitter officiel, Nintendo affirme que le reportage « prétend faussement que Nintendo fournit des outils de développement pour une Switch supportant la 4K », et assure que « c’est faux », réitérant n’avoir aucun autre modèle prévu en dehors de la Switch OLED fraîchement sortie. Ce démenti public, très inhabituel, marque la fin de la période “Switch Pro” : Nintendo entend visiblement calmer les spéculations, du moins temporairement car dans ses bureaux, la firme continue son travail de recherche et développement.
Vers la prochaine génération : indices et transition (2022)
L’année 2022 va peu à peu faire basculer les attentes de la communauté et des observateurs, de la perspective d’une simple « Pro » vers celle d’une véritable nouvelle génération de console Nintendo. Parce que mine de rien, les années passent ! D’abord, des éléments techniques fuitent de manière inattendue : en février 2022, une cyberattaque divulgue une partie du code source de Nvidia, partenaire historique de Nintendo, fournisseur de la puce qui équipe la Switch. Des analystes du code informatique, les dataminers en anglais, découvrent la référence à “NVN2” dans le code DLSS de Nvidia. Or, NVN est le nom de l’API graphique de la Switch actuelle – la mention d’une NVN2 laisse donc penser que Nvidia travaille déjà avec Nintendo sur une succession à la Switch.À l’époque, on débat si cela concerne le fameux modèle Pro annulé ou une véritable Switch 2, mais la piste technologique est là et en vrai, on s'en contente largement ! En parallèle, Nintendo commence à laisser entrevoir son avenir, prudemment. Lors d’une session de Q&R investisseurs courant 2022, Shuntaro Furukawa évoque qu’une transition en douceur vers la prochaine plateforme est un enjeu important, sous-entendant déjà la volonté de rendre le futur hardware compatible avec l’immense ludothèque de la Switch. Aucune annonce concrète à ce moment-là, mais l’idée de la rétrocompatibilité est alors déjà publiquement évoquée.
En interne, il semble que Nintendo revoie sa stratégie : d’après des indiscrétions rapportées fin 2022, le constructeur aurait purement et simplement abandonné le projet Switch Pro pour se concentrer sur la vraie nouvelle génération. Le journaliste John Linneman de Digital Foundry explique avoir appris de développeurs qu’un modèle intermédiaire avait été envisagé « à un moment donné en interne » puis annulé, et que Nintendo se focalise désormais sur une machine next-gen prévue plutôt en 2024. Selon ces mêmes sources, Nintendo serait « très prudent » quant à cette transition majeure, conscient de l’importance de succéder correctement à la Switch après huit années de succès. Les rumeurs de fin 2022 parlent ainsi d’un nouveau SoC Nvidia prenant en charge le ray tracing et le DLSS (super sampling par IA), et de performances globales nettement supérieures à la Switch actuelle.
Ces bruits de couloir convergent avec une fuite notable via Activision Blizzard. Lors du procès entre la FTC et Microsoft à l’été 2023, un document interne d’Activision est rendu public. On y apprend qu’en décembre 2022, des cadres d’Activision, dont son PDG Bobby Kotick, ont été briefés par Nintendo sur la future console. Le responsable stratégie d’Activision y décrit la Switch 2 comme « plus proche des plateformes de 8e génération (PS4/Xbox One) » que des consoles les plus récentes. Dans un échange interne, il juge « raisonnable de penser que [Activision] pourrait réaliser quelque chose de convaincant » sur ce successeur, tout en soulignant l’intérêt d’obtenir rapidement des kits de développement pour s’y préparer. En clair, dès fin 2022, les partenaires majeurs savent que la prochaine machine de Nintendo vise une puissance approchant celle d’une PS4, sans atteindre les sommets des PS5/Series X, mais en exploitant des technologies modernes pour compenser. Cela conforte l’idée d’une nouvelle console hybride restant dans un créneau de performance modérée, mais intelligemment dopée par des features comme le DLSS.
2023 – Le moulin à rumeurs s’emballe
De la Switch Pro à la Switch 2
Au début de 2023, l’hypothèse d’une “Switch 2” s’impose de plus en plus comme la suite logique, et non plus d’une simple Pro. Un modèle Pro en 2023, c'est trop peu, trop tard : on n'aurait pas dit la même chose si la version Pro était arrivée en 2019 ou en 2020, mais le temps a passé. Un événement insolite en janvier va éveiller les détectives du web : un rapport du gouvernement britannique cité par Tomsguide (CMA) sur le cloud gaming contient une mention curieuse. En listant les services en ligne, il indique que « le service cloud de Nintendo n’est disponible que sur l’appareil Nintendo Switch et [document caviardé] ». Ce simple « document caviardé » dans un document officiel du régulateur britannique met la puce à l’oreille – pour beaucoup, cela confirme l’existence d’une autre plateforme Nintendo à venir.La spéculation enfle : la CMA aurait involontairement laissé filtrer l’existence de la future console, confirmant que Nintendo travaille bien sur un successeur de la Switch. En mars 2023, le président de Nintendo of America, Doug Bowser, est interrogé par un média sur le successeur de la Switch. Fidèle à la culture du secret de Nintendo, Bowser reste évasif, insistant surtout sur la volonté de « surprendre et ravir » les joueurs avec de nouvelles façons de jouer. Il admet que la question d’un nouveau hardware est « toujours à l’esprit » de Nintendo, mais refuse de donner le moindre détail, plaisantant qu’il « doit faire attention à ce qu’il aimerait voir personnellement ».
Cette langue de bois assez classique de la part du constructeur indique simplement que Nintendo prépare bien quelque chose, sans plus... et on aurait envie d'ajouter... "normalement". Pendant ce temps, plusieurs insiders avancent différentes fenêtres de sortie potentielles : fin 2023 pour les plus optimistes, 2024 pour d’autres, voire début 2025. En mai 2023, Nintendo va clarifier les choses lors de la présentation de ses résultats financiers : aucune nouvelle console ne sortira avant la fin de l’année 2023. Shuntaro Furukawa confirme aux investisseurs qu’aucun nouveau hardware n’est inclus dans les prévisions jusqu’en mars 2024.
En d’autres termes, ceux qui espéraient une Switch 2 pour Noël 2023 devront encore patienter encore un peu. Nintendo reconnaît que la Switch entre dans sa septième année et que ses ventes ralentissent, mais compte stimuler la fin de cycle avec des jeux majeurs (comme un certain The Legend of Zelda: Tears of the Kingdom qui sort en mai 2023) plutôt qu’un nouveau modèle immédiat. Cette situation repousse toute nouvelle console à 2024 au plus tôt, ce que des sources chez Nintendo laissent également entendre à Nikkei Asia à la même période.
L’été 2023 : dev kits, fuites techniques et fenêtres de lancement
À l’été 2023, les rumeurs passent à la vitesse supérieure et commencent à converger vers des informations cohérentes sur la Switch 2. Fin juillet, le site VGC rapporte de sources internes que Nintendo a distribué les kits de développement de sa prochaine console à des studios partenaires clés. L’objectif visé en interne serait une sortie au second semestre 2024, Nintendo voulant s’assurer de constituer assez de stock pour éviter les pénuries qu’ont connues la PS5 et la Xbox Series en 2020. VGC et Eurogamer confirment également que la prochaine machine conservera le format hybride portable/salon qui a fait le succès de la Switch. On comprend que Nintendo ne cherche pas à “réinventer la roue” mais à bâtir son futur succès sur des bases existantes, solides. En revanche, on évoque déjà des compromis industriels : afin de maîtriser les coûts et de supporter des jeux plus lourds, le modèle de préproduction pourrait revenir à un écran LCD (moins onéreux que l’OLED) et embarquer une mémoire interne bien supérieure (on parle de 512 Go au lieu des 32 Go actuels).Bien entendu, la console garderait un lecteur de cartouches pour les jeux physiques, compatible avec un nouveau format de cartouche adapté aux titres next-gen. En ce qui concerne la rétrocompatibilité avec les jeux Switch de 2017, le flou persiste à ce stade de 2023 : Nintendo a exprimé son souhait de convertir un maximum des quelques 100 millions de joueurs Switch vers sa prochaine console, ce qui suggère une compatibilité, mais certaines sources indiquent que des éditeurs tiers émettent des réserves. Ils craignent en effet qu’une rétrocompatibilité totale n’incite les joueurs à se contenter de leurs jeux Switch actuels et nuise aux ventes de nouveaux jeux next-gen. L’incertitude demeure donc quant à la possibilité de lire les anciens jeux – incertitude qui ne sera levée que plus tard par Nintendo. Côté performances brutes, les fuites se précisent également. En plus des révélations Activision (confirmant une puissance de l’ordre de la PS4/Xbox One), d’autres sources parlent d’un nouveau Tegra signé Nvidia, gravé en 5 nm, intégrant les dernières technologies graphiques.
En août 2023, un leaker affirme que la console disposera d’un affichage 1080p en mode portable, et jusqu’à 4K en mode TV grâce au DLSS 2.2 et à un CPU 8 cœurs ARM Cortex-A78 – ce ne sont que des rumeurs techniques, mais elles alimentent l’idée d’un bond technologique notable. En toute logique, la future machine supporterait le ray tracing et les techniques d'upscaling par IA, comblant ainsi une partie de l’écart avec les consoles concurrentes sans en atteindre le niveau natif. D’ailleurs, Nintendo va démontrer concrètement ces avancées lors du salon Gamescom 2023. Fin août 2023, à l’occasion de la Gamescom (foire européenne du jeu vidéo), Nintendo organise en secret des démos techniques privées de son nouveau hardware. Des développeurs triés sur le volet auraient pu voir deux démonstrations tournant sur des kits de la Switch 2 : la première est une version améliorée de Zelda: Breath of the Wild (jeu de lancement de la Switch en 2017), faisant tourner le jeu en résolution plus haute et un framerate bien plus stable qu’à l’origine, pour montrer l’apport de puissance disponible.
La seconde démo est encore plus parlante : il s’agit de The Matrix Awakens, un démo technique Unreal Engine 5 utilisée pour montrer les capacités des PS5/XSX portée sur le kit de la Switch 2. Cette démo de la Matrice tournait avec le DLSS d’Nvidia activé et le ray tracing avancé, affichant un rendu visuel comparable à celui sur PS5/Xbox Series. Bien sûr, cela ne signifie pas que la Switch 2 égale la puissance brute d’une PS5 (le kit profite de l’upscaling DLSS pour atteindre cette qualité), mais c’est une preuve que la console pourra faire tourner des jeux bien plus ambitieux que son ancêtre.
Ces démonstrations behind closed doors confirment donc plusieurs éléments : l’utilisation de la technologie DLSS pour l’upscaling 4K, le support du ray tracing hardware, et une architecture Nvidia suffisamment moderne pour faire tourner des moteurs graphiques comme Unreal Engine 5. Pour beaucoup, c’est la validation que la Switch 2 sera à moins d’une génération de retard sur Sony/Microsoft en termes de puissance brute (alignée sur la Gen 8 env.), mais qu’elle comblera ce retard par l’efficacité de son chipset et des features intelligentes – un compromis très “Nintendo” en somme.
Durant l’automne 2023, les fuites continuent, à un rythme plus que soutenu. En septembre, la presse spécialisée relaie que plusieurs studios majeurs disposent du kit et planchent déjà sur des titres Switch 2. En octobre 2023, un brevet publié par Nintendo attire l’attention : il décrit un appareil de jeu au design légèrement modifié, avec des manettes attachables d’un nouveau genre. Certains y voient le schéma de la Switch 2 (peut-être une évolution des Joy-Con pour résoudre les problèmes de drift), mais comme Nintendo dépose par ailleurs de nombreux brevets sans garantie d’application directe, le doute reste permis. Quoi qu’il en soit, le design global de la console, lui, ne semble plus faire de doute : Nintendo reste sur le concept Switch qui allie portable et salon, évolution marquante mais pas de révolution totale par rapport à 2017. Fin 2023, la rétrocompatibilité apparaît de plus en plus probable. Des insiders affirment que la Switch 2 fera tourner les jeux Switch 1, et même la boutique en ligne Nintendo Switch Online continuera sur la nouvelle console. Le 6 novembre 2024, lors d’une réunion investisseurs, Shuntaro Furukawa confirmera officiellement cet aspect (nous y reviendrons), mais dès fin 2023, beaucoup considèrent la rétrocompatibilité comme « désormais acquise » pour la prochaine machine. Par ailleurs, les éditeurs tiers commencent à parler plus ouvertement de la prochaine génération Nintendo : Ubisoft évoque lors d’un bilan que la baisse de ventes de certains de ses jeux est due en partie à l’attente d’une nouvelle console Nintendo sur le marché, et Nintendo même commence à communiquer en privé auprès de ses partenaires sur la fenêtre de sortie pressentie.
L’emballement de fin 2024
Le début 2024 est relativement calme sur le front officiel – Nintendo restant silencieux comme il sait si bien le faire – mais les rumeurs continuent. Beaucoup de fans s’attendaient à une annonce officielle dès début 2024, mais Nintendo ne révèle rien. On doit se contenter de rumeurs, autour de l'écran de la nouvelle génération, ou de la capacité de Nintendo à générer des stocks suffisants en amont de la sortie de la machine.Ce calme apparent précède en réalité une vague d’indiscrétions sans précédent à partir de l’automne 2024. En octobre-novembre 2024, de nombreuses fuites surgissent : spécifications techniques, listings de revendeurs, et même des tweets ambigus de la part de fabricants d’accessoires. Des marques d’accessoires de jeu vidéo publient par exemple des messages laissant entendre qu’elles travaillent sur des housses ou protections d’écran pour la “prochaine console de Nintendo”, alimentant l’excitation générale. Plusieurs grossistes listent brièvement dans leurs systèmes une “Switch 2” avec des références produit, avant de retirer ces mentions – difficile de trier le vrai du faux, mais l’idée que la révélation est imminente gagne du terrain. Sur le plan technique, les détails supposés de la Switch 2 s’affinent encore via des insiders sur les forums spécialisés.
Fin 2024, le portrait-robot suivant se dégage des rumeurs les plus crédibles : un processeur Nvidia nouvelle génération (SoC “Tegra T239”) avec un GPU sous architecture Ampère/Ada Lovelace, supportant le DLSS 3 et le ray tracing en temps réel. Les performances CPU/GPU seraient environ au niveau d’une PS4 standard en natif, pouvant être extrapolées en 4K grâce à l’IA. Ajoutons à cela la rumeur d'un écran 8 pouces possiblement LCD pour réduire les coûts, avec une résolution de 1080p en mode portable. On murmure aussi qu'en mode TV, la console disposerait d'une sortie jusqu’en 4K Ultra HD via le dock, grâce à l’upscaling DLSS. Enfin, la console disposerait d'un stockage interne nettement augmenté (entre 256 Go et 512 Go selon les kits de développement) pour accueillir des jeux plus volumineux, la console étant pensée pour l’ère du dématérialisé. La console disposerait toujours d'un port microSD pour étendre le stockage, tandis que les jeux seraient toujours vendus au format physique sous forme de cartouche, avec des cartouches nouvelle génération (vitesses et capacités de stockage accrues). Les jeux Switch 1 au format cartouche seraient a priori compatibles dans ce lecteur.
En matière de jeux, fin 2024, les spéculations vont bon train. Nintendo restant muet — la firme n'allait pas communiquer au risque de tuer les chances de vendre des Switch en plein Noël, ce sont les analystes et insiders qui avancent des titres probables du line-up initial. On s’attend logiquement à un nouveau Mario Kart, étant donné que Mario Kart 8 Deluxe date de 2017 et était une reprise de Mario Kart 8 sorti en 2014. Un nouveau Mario en 3D est également pressenti (la Switch n’ayant eu qu’un seul Mario 3D original avec Odyssey en 2017). Metroid Prime 4, en développement depuis des années sur Switch, est largement supposé devenir un titre de lancement ou cross-gen, profitant de la puissance supplémentaire de la Switch 2. Du côté des éditeurs tiers, l’amélioration hardware pourrait enfin permettre l’arrivée de blockbusters auparavant impossibles sur Switch : on parle par exemple de la série Call of Duty surtout que Microsoft s'y est engagé pour 10 ans en échange d'un feu vert des autorités pour fusionner avec Activision. L'éditeur avait laissé entendre qu’avec la Switch 2, il pourrait proposer des titres équivalents aux versions PS4/XBO.
Serkan Toto résume cet optimisme fin 2024 en prédisant « une première année riche en jeux : un nouveau Mario Kart et un Mario 3D après huit ans, un Pokémon inédit façon Legends, Metroid Prime 4, et un support des blockbusters tiers dès le premier jour, très probablement y compris Call of Duty ». Au milieu de toutes ces rumeurs, Nintendo prépare son annonce officielle en coulisses. En novembre 2024, lors d’une réunion Corporate Policy Meeting, Furukawa confirme publiquement pour la première fois que « la Nintendo Switch Online sera disponible sur le successeur de la Switch » et que « les jeux Nintendo Switch actuels seront jouables sur la prochaine console ». Il ajoute que plus d’informations seront révélées « ultérieurement ». Ce même jour, Nintendo réitère son intention de dévoiler des informations sur sa nouvelle machine avant fin mars 2025, ce qui correspond à son engagement de la dévoiler avant la fin de l’année fiscale en cours. Ces déclarations officielles, passées presque inaperçues du grand public, actent en tout cas la rétrocompatibilité de la Switch 1 avec la Switch 2, et confirment que la révélation est proche. De fait, tous les observateurs tablent désormais sur une annonce durant l’hiver ou le tout début 2025.
Enfin 2025 : l’annonce officielle de la Nintendo Switch 2
Après des années de rumeurs, Nintendo finit par lever le voile au tout début de 2025. Le 16 janvier 2025, Nintendo publie sans préavis une courte vidéo “Annonce de Nintendo” qui officialise sans fanfare l’existence de la Nintendo Switch 2. La bande-annonce – mise en ligne sur YouTube – présente brièvement le design de la console et confirme son nom provisoire de Nintendo Switch 2. On y apprend que la sortie est prévue courant 2025. Nintendo reste avare en détails : une note de bas de page sur la page officielle de la nouvelle machine précise que « certains jeux Switch pourraient ne pas être pleinement compatibles », sans plus de détails – possiblement une réserve pour d’éventuels titres.C’est en tout cas la confirmation officielle que la gigantesque logithèque de la Switch (2017-2024) ne sera pas perdue lors du passage à la Switch 2, de quoi rassurer les joueurs. En fin de vidéo, Nintendo invite le public à suivre un “Nintendo Direct : Nintendo Switch 2” le 2 avril 2025 pour davantage de révélations. En parallèle, la firme annonce des événements de prise en main de la Switch 2 dans plusieurs villes du monde en avril et mai 2025 (Paris, New York, Tokyo, etc.) – signe que la console sera jouable et que sa sortie se rapproche.
Cette annonce du 16 janvier, bien que brève, ne passe pas inaperçue, tant elle était attendue par les joueurs. Elle confirme officiellement plusieurs points que la rumeur avait anticipés (son nom, la Nintendo Switch 2, la rétrocompatibilité certes déjà officielle, sa sortie en 2025) et elle donne un rendez-vous précis pour la présentation complète début avril 2025. Cel relâche immédiatement une très forte pression médiatique où les rumeurs avaient été très nombreuses depuis le début de l'année, notamment avec des leaks au salon CES de Las Vegas. Fait notable, les quelques extraits de jeux aperçus dans le First Look excitent les fans : on croit reconnaître des images d’un Mario Kart 9 flambant neuf.
Même si Nintendo ne donne alors aucun détail sur les spécifications ou le prix dans cette courte vidéo (ces infos sont encore secrètes au moment où nous rédigeons ces lignes), l’annonce enclenche un énorme engouement des fans de jeux vidéo. Les analystes financiers y vont de leurs projections : fin janvier, le français Nacon (fabricant d’accessoires et éditeur de jeux) déclare tabler sur un lancement de la Switch 2 entre avril et septembre 2025, confirmant qu’à priori la console ne sortirait pas avant le mois de juin (étant donné les événements de démo prévus jusqu’à la fin du mois de mai). Plusieurs cabinets d’analyse revoient à la hausse les prévisions de ventes de Nintendo pour 2025. Par exemple, DFC Intelligence anticipe dès février que Nintendo pourrait écouler entre 15 et 24 millions de Switch 2 la première année, ce qui en ferait l’un des plus gros lancements de console de l’histoire.
Nous voici en avril 2025...
Le point culminant de cette saga a lieu le 2 avril 2025, date annoncée du très attendu Nintendo Direct de présentation intégrale de la Switch 2 et de ses jeux. Lors de cet événement en ligne, on espère le gros reveal qu'on est en droit d'attendre de la part de Nintendo : dévoiler le design final de la machine, montrer la qualité de son écran 8 pouces, dévoiler la fonction de souris de ses nouveaux Joy-Cons.La vidéo doit aussi nous confirmer les caractéristiques techniques, mais on ne pense pas avoir droit à des détails techniques comme le modèle de processeur qui devra attendre qu'un courageux journaliste ouvre son propre modèle de console à l'approche de sa sortie : quelle puce Nvidia permettra d'afficher des graphismes en 4K HDR sur l'écran de la TV, sera compatible avec le DLSS 3, offrira un mode portable en haute-résolution, fluide ? Nintendo démontrera-t-il le ray tracing avec des reflets améliorés dans un célèbre jeu de course ? Apprendrons-nousque la Switch 2 disposera de 12 Go de RAM (contre 4 Go sur la Switch), marquant un saut technique incontestable - l'Histoire nous dire s'il sera suffisant.
Nintendo devrait aussi nous donner des précisions sur la notion de rétrocompatibilité. On a appris la semaine dernière que Nintendo envisageait des versions Switch 2 de jeux Switch, et des jeux exclusifs. D'ailleurs, concernant les jeux, Nintendo devra frapper fort et annoncer plusieurs titres majeurs de la fenêtre de lancement : Mario Kart 9, un nouveau Super Mario en monde ouvert, pourquoi pas encore des images de Metroid Prime 4 pour Switch 2, et déjà de premières images d'un nouveau jeu Zelda ? On sait aussi que plusieurs éditeurs-tiers disposent de kits de développement : on a parlé d'Activision avec Call of Duty adapté sur Switch 2, mais nul doute que Nintendo pourrait aussi embarquer Ubisoft, Square Enix et Bandai Namco dans sa nouvelle aventure.
Nintendo parlera-t-il de prix au cours du Nintendo Direct ? C'est peu probable : en Europe, les revendeurs sont seuls libres de fixer le prix de vente des produits qu'ils commercialisent, la notion de "prix public" n'existe plus, et donc on devrait avoir un peu de flottement et nous baser sur le prix hors-taxes annoncé pour les Etats-Unis. Il faut dire que la question du prix de vente de la Switch 2 aura été l’un des derniers grands sujets de débat tout au long de cette période de rumeurs. Nintendo va-t-il augmenter significativement le tarif par rapport aux 300 euros de la Switch originale en 2017 ? Plusieurs éléments laissent penser que oui. D’abord, l’inflation globale et la hausse des coûts des composants électroniques entre 2017 et 2025 sont importants : la puce Tegra de la Switch de 2017 coûtait environ 80 $ l’unité, alors que celle de la Switch 2 est estimée entre 130 et 150 $ selon l’analyste Hideki Yasuda (Toyo Securities). Rien que ce composant clé serait presque deux fois plus cher sur la nouvelle génération. De plus, Nintendo a maintenu pendant 6 ans un prix quasi stable autour de 300 € (330 € en moyenne en Europe) pour la Switch, malgré des promotions sur la fin. Une nouvelle console, avec des technologies modernes (écran amélioré, DLSS, etc.), implique mécaniquement un coût supérieur.
Dès la fin 2023, les insiders évoquent un positionnement entre 400 et 500 € pour la Switch 2. C’est en effet la fourchette avancée par plusieurs “leakers” et analystes : un leaker évoquait dès août 2023 un tarif autour de 399 $ (400 euros hors-taxes !), et en 2024 des analystes comme Serkan Toto n’hésitent pas à dire qu’ils « ne seraient pas surpris de voir Nintendo aller jusqu’à 499 $ ». Sur notre serveur Discord, inutile de dire que ce prix à 500 euros a fait s'étranger de rage plus d'un lecteur ! Pourtant, il n'est pas exagéré de dire que « les joueurs achèteront la Switch 2 par palettes, presque quel que soit le prix », surtout les premiers mois. Hiroshi Yamashina, analyste chez Macquarie Capital, estime lui que Nintendo fixera le prix entre 399 et 449 $, et même à 449 $ il projette 20 millions d’unités vendues la première année.
Il faut dire que les concurrents ont habitué le public à des consoles autour de 500 € ces dernières années (la PS5 Standard est à ce prix). Un tarif de 400€ pour la Switch 2 serait perçu comme raisonnable compte tenu de l’inflation depuis 2017, tandis qu’un prix plus élevé (450 ou 499 €) serait une première pour Nintendo mais pourrait se justifier par le surcoût des composants et l’allongement de la durée de vie des consoles. Rappelons que Nintendo vise traditionnellement la rentabilité immédiate sur son matériel (la Switch n’était pas vendue à perte à 299 € en 2017), contrairement à Sony/Microsoft qui subventionnent souvent leurs consoles au lancement. Cela tend à faire penser que Nintendo ne bradera pas sa nouvelle machine : « ceux qui espèrent une Switch 2 à 300 balles risquent d’être déçus » résumait un commentateur dans un article sur le Net, arguant qu’avec l’inflation le plancher serait plutôt 399 € minimum.
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