30 ans après, le film Super Mario Bros de 1993 revient dans un triple coffret Pathé
Pathé a décidé de surfer sur le buzz généré par la sortie du film d'animation éponyme en proposant, ce 22 mars 2023, un coffret collector du film de 1993, Super Mario Bros. Composé de 3 disques, 2 DVD et un blu-ray, redécouvrons l'histoire de ce film pas comme les autres !
DossierLe film Super Mario Bros de 1993 : délicieusement hors-sujet !
Sorti en France le 23 juin 1993, le film Super Mario Bros a été vu par 391 800 spectateurs qui ne seront pas sortis indemnes d'une telle projection. Car le film qui devait porter sur grand écran les aventures de Super Mario et de son frère Luigi a très vite suscité sinon la colère des fans, du moins leur... surprise.Et pour cause : si le film reprend bien les noms des personnages principaux des jeux Mario, on est bien loin du royaume Champignon coloré et joyeux que l'on connaissait alors dans les jeux de plateforme de Nintendo ! La conséquence ? Un bouche-à-oreille pas très flatteur qui fera du film un échec commercial, et privera ensuite Nintendo de toute envie de retenter l'expérience pendant au moins 25 ans !
Alors quand Pathé nous a gentiment envoyé un exemplaire en avant-première du contenu du film disponible ce 22 mars 2023 chez votre revendeur préféré, comme ici à la FNAC ou chez Amazon, c'est avec un sentiment partagé de joie de pouvoir revoir ce film que nous n'avions pas vu depuis des décennies (littéralement !) et celui de devoir passer 1h44 avec ce que notre mémoire à classé comme une des expériences cinématographiques les plus surprenantes de notre vie !
Je n'utilise pas le terme "pire" ou "catastrophique", qui étaient pourtant les premiers mots pouvant venir à l'esprit à toute personne se voyant proposer de revoir le film. Fébrilement, j'insère le disque dans le lecteur Blu-Ray, je lance la lecture, et me voici plongé dans une histoire complètement rocambolesque inspirée de ma série de jeux vidéo préférée.
La "première adaptation de jeu vidéo en live-action"
Le marketing du film explique que Super Mario Bros est en somme la première adaptation d'un jeu vidéo en live-action. C'est un peu fort de café, mais il y avait sans doute un potentiel : les producteurs avaient eu l'idée de porter Super Mario sur grand écran.Une idée apparemment simple, sauf qu'à bien y réfléchir, c'est tout sauf évident d'imaginer un monde à partir de quelques niveaux d'une série de jeux vidéo ou le protagoniste court d'un côté à l'autre de l'écran. Et c'est bien ce que raconte l'un des scénaristes du film dans le documentaire "This ain't no videogame" qui fait partie des bonus inclus dans le coffret et dont on vous parle un peu plus bas dans ce dossier spécial.
Car dans le fond, le film Super Mario Bros n'est pas du tout une adaptation du jeu vidéo que l'on apprécie tous : c'est une histoire vaguement inspirée des personnages du jeu, et parfois on en est très éloigné, avec des clins d'oeil à la série dans de nombreuses scènes, certes, mais aussi une prise de liberté totale avec l'univers Mario qui laissera des traces pendant longtemps dans la relation aseptisée que Nintendo entretiendra alors avec le milieu du cinéma à partir de ce moment.
Brooklyn, des dinos et une météorite
Le film nous emmène à Brooklyn, avec d'abord en prélude un rappel de ce que fut Brooklyn il y a 65 millions d'années : les dinosaures régnaient en maîtres... jusqu'à ce qu'une météorite vienne causer leur quasi-disparition : en effet, ils n'ont pas réellement disparu, envoyés dans une dimension parallèle, sous Terre, alors que les humains auraient eux le droit de profiter du soleil et du bon air extérieur. King Koopa, qui a décérébralisé le roi du royaume Champignon, interprété par Dennis Hopper, veut que les lémuriens prennent le contrôle du monde.Revenons à Brooklyn : dans les années 1970, sous une pluie battante, une femme vient déposer un bien étrange couffin à l'entrée d'un couvent, abandonnant ainsi son enfant et ne lui laissant comme souvenir qu'un mystérieux pendentif. 20 ans passent, et ce bébé devenu jeune femme est archéologue, spécialiste des dinosaures qui la fascinent : elle s'appelle Daisy et affronte sur un chantier de fouilles un promoteur, Scapelli, bien décidé à poursuivre son chantier alors que des ossements de dinosaures viennent tout juste d'être découverts.
C'est alors que l'on retrouve deux frères, Mario et Luigi Mario (Mario est aussi bien le prénom que le nom de famille de nos héros), gagnent leur vie comme plombiers. La concurrence de Scapelli leur cause du tort : la société intervient souvent avant les frères Mario, et les affaires ne semblent pas aller pour le mieux. Mais cela n'empêche pas les deux frères de s'entendre comme larrons en foire, Mario étant nettement plus âgé que Luigi, il veille sur son frère et le conseille.
Une adaptation libre. Très libre !
On voit bien déjà que les scénaristes ont pris de grandes libertés avec la série : on retrouve bien certains éléments de la franchise, mais l'histoire, le contexte et les personnages n'ont rien de mignon et coloré comme on aurait peut-être pu s'y attendre. Toujours est-il que 30 ans après la sortie du film, il faut reconnaître que le monde dystopique imaginé par les réalisateurs ne manque pas d'intérêt, et qu'on se laisse porter par l'histoire avec toute la nostalgie que ce film de 1993 diffuse avec lui !Car le royaume Champignon que l'on découvre n'a rien de mignon et joli : King Koopa est un horrible dictateur (il est donc bien resté le grand méchant que l'on connait de la franchise !), sur le point de se faire réélire Président (il se fait même appeler Empereur dans le film à un moment !). Il réduit au silence tous ceux qui s'opposent à lui, et développe l'intelligence de tous ceux qui peuvent le servir. Les Goombas sont les soldats de son armée, mais ils n'ont rien des champignons marrons que l'on connait, ils sont plutôt un croisement de dinosaure et de lézard, pas trop intelligents mais pourtant dotés d'une certaine émotion.
L'univers imaginé par les scénaristes est donc loin de l'univers de Super Mario dont il se veut pourtant être inspiré, et au final c'est donc un film très éloigné de la franchise qu'il était censé représenter.
Un échec commercial en 1993, et alors ?
A l'époque, les fans ne pardonneront pas au studio Hollywood Pictures, en association avec Lightmotive, de telles incohérences, alors même que la production a dû chercher des fonds supplémentaires pour finir le film : c'est Disney qui semble avoir bien voulu voler à la rescousse de Goldcrest Films, le producteur du film, par sa filiale Buena Vista Productions qui sera le distributeur du film dans le monde.Le film aura coût plus de 50 millions de dollars — il faut savoir que plusieurs millions de dollars avaient déjà été dépensés avant même que le tournage n'ait commencé, tant l'écriture du scénario a été pénible pour tous les acteurs impliqués ! Le premier jet du scénario a été écrit par Barry Morrow en 1990, mais il a été révisé par Ed Solomon, Ryan Rowe et Parker Bennett au cours des deux années suivantes. Les révisions du script ont été effectuées en grande partie pour répondre aux demandes de Nintendo, qui voulait que le film soit plus familial et approprié pour les enfants.
En 1992, les réalisateurs Rocky Morton et Annabel Jankel ont été engagés pour diriger le film, et ils ont travaillé avec les scénaristes Dick Clement et Ian La Frenais pour retravailler le script existant. Ils ont ajouté plusieurs éléments à l'arc narratif et ont fait des changements significatifs aux personnages et à l'univers de Super Mario Bros pour mieux s'adapter au format film.
Le scénario final du film a été écrit par Ed Solomon, qui a incorporé les idées de ses confrères dans une version finale. Cependant, les acteurs ont également pris la liberté d'improviser certaines de leurs lignes, ce qui a modifié certaines parties du script pendant le tournage, alors qu'il arrivait parfois que le texte change d'un jour à l'autre, une situation que Dennis Hopper a particulièrement détestée.
Le documentaire "This ain't no videogame"
Le documentaire "This ain't no videogame" raconte l'histoire de la création du film Super Mario Bros de 1993 (on précise l'année pour éviter toute confusion avec le film Illumination de 2023). Ce documentaire est absolument fascinant, car il revient sur les défis et les nombreux challenges qui ont marqué la production de ce film devenu culte au fil des ans.Tout d'abord, le documentaire met en lumière les difficultés rencontrées pour adapter un jeu vidéo en un scénario cohérent et captivant. Plusieurs scénaristes, on l'a vu plus haut, ont été impliqués dans le processus, et le script a subi de nombreuses révisions. Les réalisateurs du film, Rocky Morton et Annabel Jankel, ont eu du mal à trouver un équilibre entre la comédie et l'action, ce qui n'a pas tardé à créer des tensions entre les acteurs et l'équipe de production.
Le documentaire révèle également que les acteurs principaux, Bob Hoskins (Mario) et John Leguizamo (Luigi), n'étaient pas satisfaits du script et ont souvent improvisé leurs dialogues.
Le tournage s'est déroulé dans des conditions difficiles, avec de nombreux retards et problèmes techniques. Les réalisateurs et les producteurs ont souvent été en désaccord sur la direction artistique et le budget du film, ce qui a entraîné des dépassements de coûts et une atmosphère chaotique sur le plateau. De plus, la conception des costumes et des décors a été critiquée pour son manque de fidélité à l'univers du jeu vidéo.
Le documentaire évoque également les retours mitigés des critiques et du public lors de la sortie du film. Malgré un casting talentueux et un budget conséquent, le film a été largement considéré comme un échec commercial (les chiffres parlent d'eux-mêmes !) et critique. Beaucoup de spectateurs ont critiqué l'incohérence du scénario, l'absence de ressemblance avec le jeu original et le mélange étrange de genres.
"It ain't no videogame" aborde le statut culte que le film a acquis au fil des années. Malgré ses nombreux défauts, le film a réussi à trouver un public fidèle qui apprécie son esthétique et son histoire pour le moins décalée. Le documentaire montre que même si le film n'a pas été un succès à sa sortie, il a laissé une empreinte durable dans la culture populaire. Il continue de susciter l'intérêt des fans du jeu vidéo et du cinéma, et c'est sans doute ce qui a aussi motivé Pathé à nous proposer ce nouveau coffret !
Le documentaire, tourné pour les 20 ans du film à l'occasion de la réédition du film en DVD à l'époque, offre un regard très intéressant — bien qu'un peu partisan, sur les coulisses de la production du film Super Mario Bros de 1993, révélant les défis et les controverses qui ont entouré toute sa création.
Un film qui se bonifie avec l'âge ?
On ne pensait pas passer une si bonne soirée en lançant le film Super Mario Bros dans notre lecteur ! Notre mémoire a largement été influencée par les critiques négatives de ces 30 dernières années, et il faut reconnaitre qu'après tout, le film se laisse regarder avec tous ses défauts : c'est plaisant de découvrir les petites références à la franchise au détour d'une scène. On s'étonne des libertés prises par les producteurs, les scénaristes et les réalisateurs avec la franchise... et cela justifie pourquoi Nintendo aura mis tant d'années à tenter l'expérience à nouveau.Rappelons une nouvelle fois que le coffret est maintenant disponible dans tous les magasins spécialisés et les grandes surfaces, et également à la FNAC ou sur Amazon.fr.
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