3DS : entre doutes et espoirs

Une line-up bancale

Même si on reproche souvent à Nintendo de ne pas laisser suffisamment de place aux éditeurs, force est de constater qu'un Nintendo complètement absent d'un lancement de console est fort regrettable. En dehors de Nintendogs le jour du lancement (mais vraiment pas suffisamment novateur pour faire sensation), Pilotwings et Steel Diver d'ici début juin, il faudra attendre des mois pour profiter des gros jeux 'made in Nintendo' tels que Kid Icarus, Zelda OoT ou Mario Kart. Les line-up de lancement sont rarement exceptionnels mais celui de la 3DS est réellement pauvre.


Nintendogs, encore plus mignon sur 3DS !
Bien que le lancement s'accompagne de plusieurs titres, la line-up est en effet décevante. Il n'y en a pas vraiment pour tous les goûts : certes le genre combat est bien représenté (les très bons Super Street Fighter IV et Dead or Alive Dimensions), tout comme les jeux de course (le moyen Ridge Racer, et Asphalt), mais on ne retrouve pas de gros jeux d'action, de FPS, de réflexion, de RPG... bref, on doit se contenter de beaucoup de réchauffé ou de petits titres peu ambitieux. On se demande justement quel titre pourrait donner réellement l'impulsion pour décider de dépenser 300€ d'un coup. Aucun jeu 'Mario' au lancement, ou même un jeu issu d'une licence mythique, c'est risqué pour le démarrage des ventes.

Nintendo discret, c'est sans doute excellent pour les éditeurs-tiers, mais sans locomotive un train n'avance pas vite ! Les débuts de la 3DS seront certainement poussifs, comme l'a été par le passé la DS, mais la fin d'année devrait monter en puissance avec des titres forcément formidables comme Mario Kart, Metal Gear, Resident Evil Revelations, Paper Mario, Kid Icarus et d'autres - à compter que ces titres soient prévus en fin d'année, ce qui pour l'heure n'est pas connu du tout pour certains d'entre eux. L'E3, en juin, devrait nous en mettre plein les yeux et nous rassurer. Sur le papier, la 3DS a des jeux exceptionnels dans le tuyau. Reste à confirmer qu'ils le seront bien.

A côté des jeux 'boîte' traditionnels, on retrouve dans la 3DS un logiciel pré-installé qui fait forte impression : les jeux en réalité augmentée. Poster une carte sur une table, visez-la avec la caméra, et un jeu apparaîtra en surimpression de ce que vous filmez ! Déjà existante sur l'iPhone ou d'autres téléphones, la réalité augmentée est une nouveauté de taille chez Nintendo car elle permet de faire se rencontrer deux mondes : le réel et le virtuel. Dans les démos que nous avons pu essayer, le résultat était bluffant : le but du mini-jeu était de devoir détruire des cibles. Pour les atteindre, il fallait tourner autour de la table où était posée la carte ou se baisser pour 'voir' des endroits cachés. C'est une super surprise et nous espérons que les éditeurs pourront exploiter ces fonctionnalités.


La réalité augmentée bien exploitée sur 3DS

Des prix exorbitants, déconnectés du marché ?

Pourtant la question fondamentale n'est pas encore tranchée, et il faut bien se la poser : l'ajout de la 3D est-elle un élément fondamental et indispensable, ou au contraire un gadget qui surfe sur la mode de la 3D stéréoscopique ? La 3D au cinéma ne fait pas forcément l'unanimité, et beaucoup pense que les 2 à 3€ supplémentaires par place ne valent pas forcément le détour. Pour la 3DS, cette fonctionnalité permet à Nintendo de justifier le prix exorbitant de 249,99€. Le public le comprendra-t-il ?

Pour comparaison, voici l'évolution des prix de vente des consoles portables :


On notera que le prix des nouvelles consoles augmente progressivement, suivant d'ailleurs la courbe de l'évolution du SMIC que nous avons pris pour référence. Le prix de lancement de la GameBoy, en 1990, avoisine les 90€. A l'époque le SMIC était 2 fois moins élevé qu'aujourd'hui (4,5€ contre 9€ en 2011). En se basant sur ce seul indicateur, le prix actuel devrait se situer sous la barre des 200€, à environ 180€. Ce tarif correspond d'ailleurs au prix que la console aurait dû avoir si Nintendo avait suivi la courbe linéaire des prix pratiqués depuis la GameBoy.

Nintendo tente donc une nouvelle approche, celle d'un prix volontairement excessif, poussant le public à penser qu'il y a une forte amélioration par rapport à la génération actuelle et que, forcément, la console est beaucoup plus high-tech. C'est la stratégie adoptée par Sony avec la PSP et PSPGo (lancées toutes deux à 250€ également), qui a montré ses limites puisque ces consoles ont régulièrement baissé de prix ou boostées par des offres promotionnelles du genre '50 € remboursés', contrairement à la DS (dont le prix a simplement varié légèrement en fonction des sorties des différentes déclinaisons), pour arriver à un tarif proche de 170€ pour la PSP et 150€ pour la Go.