Dossier Tales of Symphonia (NGC)
Dans les souvenirs de : Tales of Symphonia
Notre saga de l'été arrive à son terme avec ce dernier dossier consacré au RPG Tales of Symphonia, sorti en 2004 sur Gamecube.
Dossier
Notre série de l’été se termine avec un RPG ayant marqué la Gamecube puisque c’était l’arrivée sur le vieux continent de la saga Tales Of avec l’épisode Tales of Symphonia. Quand on parle RPG avec les joueurs, on évoque bien souvent les noms de Final Fantasy ou encore Dragon Quest. Au début des années 2000, la série Tales Of est inédite en Europe et elle se révèle attendue par les connaisseurs. La Nintendo 64, ainsi que la Gamecube ne jouissaient point d’une ludothèque RPG importante. Pour cette raison, ce jeu a su marquer une génération de joueurs, bien que le parc de consoles n’était pas si conséquent à l’époque. Nous n’allons cette fois-ci non pas nous intéresser aux nouveautés de l’épisode, mais sur son histoire. Cet article n’est donc pas à lire, mais pas du tout, si jamais vous ne souhaitez pas être spoilé.
Le 19 novembre 2004 sort Tales of Symphonia en Europe. Cinquième opus d’une série inédite dans nos contrées, mais le troisième à sortir en Amérique. La jaquette européenne présente différents personnages comme s’ils avaient été dessinés, tandis que les images du jeu au revers donnent l’impression de revoir l’effet cell-shading qui avait tant fait parler de lui avec The Wind Waker sorti presque 2 ans plus tôt.
Une fois la boite ouverte, grosse surprise, celle-ci contient deux CD, ce qui laisse supposer une aventure longue et/ou riche. Une fois la première des galettes insérée dans la Gamecube, nous sommes cueillis par une forme de bande-annonce en dessin animé accompagnée d’une musique orchestrale tonitruante. On nous sort déjà le grand jeu ? Cette façon de faire est une signature de la série. Mais nous ne sommes pas là pour parler d’elle, mais du jeu en question.
Une fois la boite ouverte, grosse surprise, celle-ci contient deux CD, ce qui laisse supposer une aventure longue et/ou riche. Une fois la première des galettes insérée dans la Gamecube, nous sommes cueillis par une forme de bande-annonce en dessin animé accompagnée d’une musique orchestrale tonitruante. On nous sort déjà le grand jeu ? Cette façon de faire est une signature de la série. Mais nous ne sommes pas là pour parler d’elle, mais du jeu en question.
Un scénario chargé de détails
L’histoire est en apparence assez banale. Une rapide introduction animée sur laquelle une voix off assez sombre vous narre tel un conte (en anglais) que le monde de Sylvarant est en train de dépérir, car sa source d’énergie principale, le mana, se raréfie. Pour remédier à cela, il est nécessaire de réveiller une déesse, du nom de Martel.Vous êtes Lloyd Irving, jeune garçon orphelin d’une douzaine d’années, élevé par un nain. Il a la particularité d’avoir une exsphère greffée à sa main. Cela booste quelque peu ses capacités. C’est une pratique courante mais pas sur les jeunes enfants, et encore moins sur les nourrissons, état dans lequel Lloyd a été trouvé dans les bras de sa défunte mère.
Lloyd a pour meilleur ami un elfe du nom de Genis. Ils sont tous les deux dans la même classe, dont le professeur est Raine Sage, la grande sœur de Génis. Enfin, dans la classe, il y a aussi la jeune, très maladroite et naïve au grand cœur, Colette. Celle-ci est née avec un « Cristal du Cruxis », ce qui fait d’elle l’Élue. Elle devra entamer lorsque le jour viendra, le « Périple de la régénération ». Pour accompagner sa préparation, il existe « l’Église de Martel », une grande organisation religieuse qui est dédiée à la déesse Martel. Un peu par opposition, il existe les Désians, une puissante faction armée qui terrorise l’espèce humaine et les parque dans des « fermes humaines », tels des esclaves.
Un jour, le signal donnant le départ du périple de l’élue est donné. Alors que des Désians tentent d’entraver le début du voyage, Lloyd, Colette et Génis sont aidés par un mercenaire répondant au nom de Kratos, missionné par l’Église de Martel. Le périple mènera la petite troupe, ainsi que Raine, à parcourir le monde et différents sanctuaires pour rencontrer des esprits et permettre à Colette de rencontrer à chaque étape, Gabriel, son père angélique, et de la transformer petit à petit en ange.
Bien entendu, l’histoire apporte son lot de personnages hauts en couleur, et de nouveaux rejoindront l’équipe. D’ailleurs, l’une des particularités des Tales Of, est d’avoir de nombreuses saynètes, optionnelles et même désactivables, qui permettent de voir sur la carte du monde des échanges entre les différents personnages. Cela vous immerge quelque peu à l’intérieur de leur quotidien et vous fait vivre de petits moments de vie.
Un scénario lié au dicton nain n°11
Cependant, tout ce que je vous ai raconté sur l’histoire du jeu est faux. Pour ne pas dire complètement faux. Quand on rejoue au jeu une seconde fois, c’en est effarant de constater combien de mensonges nous sont racontés. Cela va jusqu’à Raine et Genis, qui, s’ils sont bien frère et sœur, ne sont pas des elfes mais des demi-elfes. Pourquoi mentir jusqu’à ce détail ? C’est parce que le jeu aborde en réalité plein d’aspects sociologiques dont certains sont toujours actuels. Pour Raine et Génis, c’est le racisme qui est abordé. Les demi-elfes sont considérés comme des sous-elfes, reniés par les elfes, et considérés comme abjects par les humains, car les Désians sont des demi-Elfes réduisant les humains à l’esclavage.
Pour réellement comprendre l’histoire, il faut revenir à ses origines et plus précisément à une guerre entre deux continents, Sylvarant et Tesseha'lla, qui se disputent la source du mana : l’Arbe de Kharlan qui fournissait alors une quantité infinie de mana. Un héros demi-elfe du nom de Mithos ainsi que ses compagnons mirent fin à cette grande guerre il y a près de 4 000 ans grâce à une arme mystique, l’Épée Éternelle qui a le pouvoir de tout séparer. Ainsi, Mithos a séparé les continents en 2 mondes distincts, alimentés à tour de rôle par le Mana, pendant que l’un prospère, l’autre dépérit.
Avec le temps, chacun des deux mondes oubliera l’existence de l’autre, ceci faisant figure de légende. Cependant, l’un des compagnons de Mithos est Martel, la sœur de Mithos et celle-ci est tombée grandement malade au cours de leur périple. À sa mort, elle exprime un souhait à son frère : que les discriminations disparaissent. Ce dernier entame alors un projet simple : éliminer l’espèce humaine qui a toujours détesté les demi-elfes. Mais ce n’est pas tout, de la même manière que celui-ci a séparé les continents, il sépare aussi l’âme de sa sœur de son corps. Ainsi, il peut la conserver jusqu’à lui trouver un nouveau corps.
Un héros qui n'en n'est point...
Mithos met alors en place un « jeu sadique » ressemblant un peu au « gentil/méchant flic » d’un certain point de vue. Comme sa sœur était perçue comme une personne douce au cours de leur périple, celle-ci fait figure de déesse avec le temps. Il crée alors une faction, les Désians, qui ont pour mission de lentement exterminer l’espèce humaine tout en réalisant des expériences sur ceux-ci. Le parallèle avec les camps de concentration nazis devient alors flagrant, lorsque la troupe de Lloyd découvre avec un effroi glaçant que les gemmes exsphères dont tout le monde se vante qu’elles boostent les capacités, sont en réalités faites avec des restes humains suite aux expériences menées sur eux dans les fermes. Pire, des exsphères mal serties peuvent transformer leur porteur en monstre. Le jeu n’y va pas avec le dos de la cuillère sur vos émotions. Ceci est l’aspect « méchant flic » de Mithos, car les Désians instillent la peur chez l’espèce humaine en vue de l’éradiquer petit à petit.
Le côté « gentil flic » est la création de l’Église de Martel, qui promet le retour du Mana si l’Élu(e) réussit son périple. Le retour du Mana signifiant le progrès, il donne espoir de pouvoir vaincre les Désians. L’espèce humaine voue donc une certaine dévotion à cette Église et à l’Élu(e). Vous notez alors que je genre le mot élu(e), pourquoi donc ? Parce que ce système de Désians et Église existe dans les 2 mondes. Si Colette est l’élue de Sylvarant, Tesseha’lla possède elle aussi un élu. Ce dernier n’a que faire des devoirs de son statut et profite allègrement des bienfaits de celui-ci, puisque son monde est florissant, il sait qu’il n’aura jamais à mettre sa vie en jeu.
Et l'élue dans tout ça ?
Mais, à quoi sert donc ce système d’élu ? Souvenez-vous, le périple transforme petit à petit l’élu en ange. En fait, cela a pour unique but de transformer le corps de l’Élu en réceptacle pour l’âme de Martel. Mais c’est une opération très compliquée et pour laquelle les chances de succès sont très faibles. À la fin de leur aventure originale, Lloyd et Colette découvrent que des centaines pour ne pas dire des milliers d’élus ont réalisé le périple en vain.
Autre mensonge, Kratos n’est pas mercenaire, et s’il est bel et bien humain, celui-ci a plus de 4 000 ans puisqu’il avait accompagné Mithos dans sa quête. Ha, et occasionnellement, il est aussi le père de Lloyd… Si Kratos accompagne l’équipe, ce n’est à la base pas pour surveiller son fils, dont il ne souhaite d’ailleurs pas la présence, mais pour s’assurer que Colette réalise son périple sans encombre. Pourquoi ? Si celle-ci représente un fort potentiel pour la résurrection de Martel, Yuan, le 4e et dernier membre de la troupe de Mithos, estime que tout cela est de la folie et va à l’encontre de la dernière volonté de Martel, qui était sa fiancée. Il a constitué une petite organisation secrète nommée «Renégats » qui lutte contre Mithos par tous les moyens, quitte à kidnapper Lloyd afin de soumettre Kratos. Ceux-ci se font d’ailleurs passer pour des Désians au début de l’aventure afin d’entraver le début du périple de la régénération.
Voilà avec ce résumé de l’histoire, comment le jeu traite les thèmes de la discrimination, du racisme, de la guerre, de l’esclavage, des essais humains, de l’aveuglement par la religion ou la politique. Et ce n’est là qu’une partie des thèmes majeurs abordés. La première dizaine d’heures du jeu semble n’être qu’une mise en place de tous les pions de l’histoire, afin que tous les mensonges qui vous ont été racontés jusque-là tombent un à un. Si l’histoire peut donc paraître pleine de clichés à ses débuts, c’est pour mieux tromper le joueur par la suite.
Pour beaucoup de joueurs, Tales of Symphonia représente leur, l’un de leurs, premier(s) pas dans le monde des J-RPG. Sa simple évocation peut faire remonter une vague de nostalgie. Cependant, si le jeu a connu une suite passée sous les radars, Tales of Symphonia a connu deux remasterisations plutôt décriées. Une première, pour PC, en 2016, connue pour être buggée et loin d’être optimisée, puis une seconde, plus récente, officiellement nommée « remastered » est sortie en 2023 entre autres sur Switch. Cette dernière est plus acceptable, même si l’aspect technique est encore un peu dans les choux, avec des temps de chargements pouvant se révéler plus longs que sur la version originale, sans que l’aspect visuel n’ait réellement fait un bond.
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