Dossier Nintendo GameCube (NGC)
Depuis quelques mois, les signals d'alarme se multiplient. Aussi est-il légitime, quand on a une si belle brochette de PDG ou autres CEO en tous genres travaillant tous dans le business du jeu vidéo, de leur demander quelle est leur position vis-à-vis du GameCube. Pas de surprise : pour la plupart, il n'y a pas de place pour le plus faible. Mais qu'est-ce qui leur prend donc, à tous ?
The weakest link...
Evidemment, tous les éditeurs ne réagissent pas de la même manière. Il y a ceux qui recentrent leur présence autour de titres susceptibles d'intéresser les publics respectifs, et ceux qui se contentent d'annuler sans réfléchir. Il faut dire que pour les éditeurs, avoir 3 constructeurs, cela veut dire développer trois fois plus. Surtout quand on mène une politique de multi-plateforme à tout-va, comme c'est souvent le cas depuis quelques années.De ce fait, la présence de 3 fabricants de consoles dérange, et coûte cher. D'aucuns se laissent à penser que deux machines seulement ne serait pas un luxe, surtout quand on est à cours de cash après plusieurs échecs notoires. Il y a certains éditeurs qu'on ne regrettera que moyennement, mais il est toujours dommage de voir un public privé de certains titres.
Pour Vivendi Universal Games, l'équation 1+1+1 = 3 n'existe pas dans le secteur du jeu vidéo. En l'état actuel des performances des uns et des autres, Phillip O'Neil explique en effet qu'on a plutôt affaire à une équation du genre 1+1+1 = 1.5 ! Sony a certes une longueur d'avance (qui n'est en rien compensée par les autres fabricants, ceci dit), mais de là à essayer de tuer dans l'oeuf toutes les chances des autres de retrouver les faveurs du public...
Selon Activision, la position de Nintendo n'est pas vraiment des plus merveilleuses : le numéro 2 de l'éditeur ne voit d'ailleurs pas de mesure de la part de Nintendo pour améliorer sa position, en Europe notamment. On dirait qu'il a oublié que depuis le début de l'année, les Game Giants se sont bousculés au portillon, avec une augmentation substantielle des ventes. Bref...
Dis, tu crois qu'ils souffrent ?!
Le fait est que tout le monde se contente de regarder, de sourire en coin en voyant Nintendo, celui qui fut dans les années 1980 et 1990 un archi-leader à la position presque incontestée, en difficulté. Est-ce une façon de remercier celui qui a fait renaître le secteur des jeux vidéo ? Bien sûr que non ! Bien entendu, c'est le point de vue de tout gamer : on ne perçoit pas toujours toutes les implications liées au développement d'un jeu vidéo.Par contre, on perçoit plutôt bien quelles pourraient être les conséquences d'un manque de confiance de la part des éditeurs-tiers. C'est un sujet qu'on évoque assez souvent, sans doute parce qu'il est finalement assez récurrent, que ce soit dans vos e-mails ou dans les déclarations d'éditeurs : Midway ne vient-il pas d'annuler deux jeux d'un coup, sans le moindre état d'âme, en pleine liesse iquioubienne ?
Si aucune raison n'a été donnée par Midway, tout le monde se garde bien de faire le quelconque commentaire, on peut toutefois voir deux raisons principales qui éloignent certains (insistons sur ce certains !) éditeurs de notre console de prédilection : tout d'abord, les jeux qui marchent le mieux sont les jeux Nintendo. Le problème se posait déjà sur GBA, il est aussi vrai pour le GameCube. D'autre part, ce n'est un secret pour personne de dire que Nintendo n'a pas vendu le nombre de consoles escompté. Les dirigeants de Big N n'ont d'ailleurs donné aucune explication pour justifier des ventes inférieures de 40% à leurs prévisions.
Les malheureux ! Oublient-ils que ce sont les joueurs sur Nintendo qui achètent le plus de jeux, ou qui plutôt investissent le plus ? En effet, on n'est pas du genre à attendre que le jeu soit à 20 euros pour l'acheter : le succès de Zelda (certes, on peut parler d'exception !) le prouve. 500.000 jeux vendus en deux semaines alors que le parc de consoles installé est de 1.5 millions en Europe, voilà une belle performance : qui sur quelque console que ce soit peut se vanter d'avoir vendu son jeu à 30% des possesseurs de la machine ?
Un changement de mentalité indispensable.
Au lieu de se plaindre et d'annuler les jeux, les éditeurs feraient mieux de se poser les bonnes questions. Ne pas publier un jeu, c'est tout simplement se priver d'une source de revenus. Surtout à cette fichue époque où on multi-plateformise à tout va, c'est facile, le game-design revient moins cher, et tout le monde peut en profiter.En fait, c'est surtout l'incapacité de ces éditeurs à satisfaire les exigeances des Nintendomaniaques qui est à souligner : on est des joueurs difficiles, habitués à la qualité depuis que Nintendo a dû se débrouiller seul pour faire vivre la Nintendo 64. Dès lors, notre palais s'est habitué au bon goût, et les jeux moyens n'ont pas droit de citer.
Qu'on ne s'y trompe pas : on aime les jeux des éditeurs tiers. Mais on préfère encore les jeux de Nintendo. Or, Nintendo doit multiplier les jeux-maison pour permettre à sa console de se vendre. Perrin Kaplan l'a bien compris : "Un des problèmes [concernant les ventes des GC] est que nous avons eu beaucoup trop de temps entre chaque lancement de jeu. Les gens en ont eu assez d'attendre. On ne va pas laisser ça se produire une fois de plus". Les choses ont au moins le mérite d'être clair !
Or (ça devient complexe comme problème !), si les jeux Nintendo sont trop nombreux, ils étouffent les jeux des éditeurs tiers qui ont du mal à justifier que le même jeu sorte partout, parfois avec un retard de plusieurs mois pour la version GameCube. Or (eheh), s'il n'y a plus de jeux Nintendo, on manque tout simplement de titres valables sur lesquels jeter notre dévolu. Quels jeux avez-vous acheté en 2003 ? Parmi ceux-ci, quelle est la proportion de jeux édités par Nintendo ? Voilà, vous avez compris !
Condamné à aimer les jeux différents !
On ne va pas vous demander d'être des joueurs citoyens, après tout on est libre d'investir nos 60 euros où bon nous semble, mais peut-être va-t-il falloir aider les éditeurs-tiers à comprendre qu'on ne nous a pas comme ça ! La position d'Electronic Arts, après une petite frayeur faite de rumeurs d'annulation, indique très certainement la voie à suivre : il faut être original et donner aux joueurs ce qu'ils veulent, de l'inédit.C'est certes un peu marrant d'associer Electronic Arts au concept d'inédit, mais c'est pourtant vrai, surtout depuis que Nintendo et lui ont signé un accord de partenariat pour exploiter au maximum le potentiel du GameCube, tout en exploitant la connectique NGC-GBA. Le PDG d'EA est plutôt satisfait de l'attitude actuelle de Nintendo, bien plus ouverte vers les éditeurs-tiers que par le passé : "nos développeurs ont sans doute plus parlé avec Nintendo ces deux derniers mois qu'au cours des deux dernières années". Il est mignon ;)
EA pourrait néanmoins donner le "la" aux autres studios de développement : ce n'est pas porter le même jeu sur chaque machine qui les aidera à vendre mieux. C'est par contre en proposant des choses qui ne sont pas disponibles d'une machine à l'autre qui devrait inciter chacun, peut-être, à acheter un jeu sur plusieurs machines. Namco et son Soul Calibur II sont un premier pas, mais il n'est pas suffisant : se contenter d'un personnage différent par version a fait beaucoup de bruit, mais ce n'est rien comparé au travail demandé par le développement d'un jeu complet.
Il faut jouer et rester positif !
Le fait est qu'en étant actuellement troisième avéré sur le marché après Noël 2002, Nintendo est dans une position difficile : il lui faut booster les ventes de consoles tout en ne sortant pas un hit absolu par semaine, ce qui mènerait les autres éditeurs à leur perte. Les joueurs ont certes de l'argent, mais ils ne peuvent pas tout acheter non plus !La politique d'ouverture de Nintendo nous semble récente, mais si MGC sort en fin d'année, cela indique que Nintendo et Konami travaillent ensemble depuis un an. Les NDA (non-disclosure agreements) ont peut-être fleuri entre bon nombre d'éditeurs et Nintendo, et nous on est là à se faire du souci.
De toute façon, avec ou sans éditeur-tiers, on sait qu'on s'amusera beaucoup d'ici la fin de l'année. Encore faudrait-il faire passer le message : notre GameCube a besoin de se vendre, et c'est votre vécu avec la machine qui sera sa meilleure propagande ! Jouez, et... communiquez ! Tiens, c'est un autre cheval de bataille de Miyamoto, ça...
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