Référence : Daily Radar
Disparues, oubliées. Plus précisément ignorées. Et il faut bien dire que c'est plus ou moins le vilain sort réservé à la Nintendo 64 : trop out par rapport à la Playstation, bien plus in, elle. Pourtant, ce n'était pas vrai. Ne dites pas le contraire : la Nintendo 64 est bien plus jolie que la Playstation. Alors vous vous demandez : quelle fut l'erreur ?
La publicité.
Vile, sournoise, elle vous a fait croire pendant des mois que "vous n'échapperiez pas au pouvoir de la Playstation", dans une campagne aussi stupide que fort habilement menée, à des créneaux horaires savamment choisis : impossible d'y échapper. Menez une petite enquête autour de vous et essayez de voir combien de personnes se souviennent du signe de ralliement de M. Playstation, qui nous dévoilait des écrans de nouveaux jeux pendant les pauses pubs en access prime time ?!
Elle est là la nuance. Il s'en est fallu de peu pour que la nouvelle console de Nintendo s'impose finalement comme la bestiole magique hantant les tapis de tous les salons du monde. Une belle nuance, aussi.
Car Nintendo a longtemps cru pouvoir éviter de mener cette politique stupide qui faisait que personne n'échappait au nom Playstation : pubs TV, discothèques, lieux branchés, événements sportifs... Toutes les occasions étaient bonnes pour nous faire croire que la PSX était la meilleure. Reste que 80 millions de personnes l'ont cru, avec le résultat que l'on sait : les éditeurs se sont détachés de Big N, surnom hérité de la prospère décennie des années 1980, pour se rapprocher de Sony, le prétendu outsider, devenu depuis leader du secteur... Cet éloignement des éditeurs les plus importants aux yeux des joueurs a fait boule de neige : les joueurs se sont alors eu aussi détachés du produit, qui n'offrait pas les jeux correspondant à leurs attentes...
C'est comme si les centaines de milliers d'heures passées par le personnel des équipes de développement n'avait servi à rien : le public s'était rallié en masse à l'armée de possesseurs de Playstation, et rien ne pouvait inverser cette tendance.
Pas même Mario 64, aussi révolutionnaire soit-il. C'est ce que reproche Wil Federman dans son article, quand il dit que les gens n'ont plus, à partir d'une certaine époque, prit soin d'aller au-delà de la facade, préférant un jeu bourré de cinématique certes très belles, mais qui n'étaient qu'un moment d'attente parmi d'autres entre deux scènes de jeu. Le jeu n'en est plus un, et tout le monde s'en fout. On peut dès lors comprendre la surprise de Nintendo.
Mario 64 a été salué par la presse spécialisée lors de sa présentation lors du Shoshinkai, nom japonais du Nintendo Space World, de novembre 1995. Un jeu entièrement en 3D réalisé par le maitre du jeu vidéo en personne. Respect. Le public, lui, réserve au jeu un accueil qui n'est pas à la hauteur de sa qualité. Comme nous le disait Mathieu Minel lors de l'ECTS 2000 à Londres, "Mario n'avait ni assez de poils, ni assez de gros seins", pour ratisser large. Cette expression explique tout-à-fait l'idée que j'essaie de faire paraître ici, qui est que finalement Mario 64 avait beau être un des jeux les plus fantastiques au monde (n'ayons pas peur des mots !), il n'a pas pu imposer la Nintendo 64 face à sa rivale, pour des raisons purement esthético-marketing.
Des raisons purement esthético-marketing
Venons-en à ces raisons esthético-marketing, en essayant de voir pourquoi Mario n'a pas permis à la N64 de devenir la reine des tête de gondoles dans les grandes surfaces... Tout d'abord, la publicité s'est contentée de présenter le jeu, scènes d'action à l'appui, sous un angle trop enfantin et à des créneaux horaires qui n'avaient rien à voir avec le public alors en plein essort : les plus de 15 ans. Mario va dès lors se retrouver avec cette étiquette de jeu pour gamins dont il ne saura se défaire.Cette étiquette de jeu pour gamins va lui coller à la peau : son physique de petit bonhomme grassouillet le rend gentil et mignon. Rien à voir avec ces espèces de trucs humanoidisés qui font la gloire de la console 32 bits concurrente, toujours reine des événements sportifs, toujours reine du marché.
Certains jeux ont un potentiel énorme, se vendent à des centaines de milliers d'exemplaires, mais ne conquièrent que peu de nouveaux utilisateurs, et encore moins de nouveaux fidèles : la nouvelle génération n'est plus une génération Nintendo, et les anciens, ceux de la première vague, ne peuvent rien faire pour changer cet état de fait. On achète la console à un pote pour torcher en deux semaines ce Zelda dont on parle beaucoup, et on s'en débarasse aussitôt, sans laisser opérer cette magie qui avait su nous envoûter, quelques années plus tôt.
Où est-elle, cette magie ? Envolée ? Disparue à jamais ? C'est à croire ! Mario 64 est génial ? Mais oui, bien sûr, depuis quand un jeu avec un plombier qui délivre une princesse pour la 3e ou 4e fois est génial ? Qu'est-ce que c'est que ce truc rougeâtre qui déambule dans des décors 3D qui font mêêêêêême pas vrai ? Ne riez pas, c'est sérieux. Ces questions, on les a entendues, on a essayé d'y répondre, une fois, une seconde, avant de croire que la cause était entendu et que la coalition Playstation avait remporté la guerre.
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