Métavers & NFT : Qu'est-ce que c'est ? Quel avenir pour le jeu vidéo ?
Vous avez sûrement déjà entendu parler des métavers et des NFT au cours des derniers mois tant ces sujets ont fait parler d'eux. Mais aussi virulent quelles sont, ces thématiques sont aussi entourées de nombreuses zones d'ombres et manquent d'éclaircissement. Un éclaircissement que l'on vous propose d'apporter dans ce dossier.
DossierLes métavers et la guerre des mondes, plus qu’une simple révolution
Le métavers n’est pas un concept nouveau puisque cette notion existe depuis plus d’une trentaine d’années. Depuis près d’un an, de nombreux acteurs du jeu vidéo et du monde de la tech en général investissent massivement pour donner vie à ce projet fou qui s’apprête à remettre en cause toute notre société et Internet en lui-même.Mais avant de parler d’avenir, il convient de parler du passé et de revenir sur l'étymologie du mot. Métavers est une contraction des mots méta (au-delà) et vers (univers). Un métavers est donc un univers parallèle ou supplétif au nôtre. C’est d’ailleurs une notion à la fois proche et contradictoire à celle du multivers, qui désigne pour sa part des univers multiples comme on peut le voir dans les films et séries Marvel, notamment dans la série 'Loki' et les films 'Dr. Strange'.
Des investissements croissants
Depuis quelques années, plusieurs acteurs assez importants cherchent à créer un métavers. Que ce soit Epic Games en s’appuyant sur Fortnite, Roblox Corporation sur Roblox, Tencent en Chine avec WeChat et son empire, Microsoft, Google et Facebook (devenu Meta dans cette optique) avec leurs plateformes et services respectifs ou encore Ubisoft avec son projet de métavers autour de la licence Assassin’s Creed…La course est lancée et les sommes investies se comptent en centaine de millions, en milliards, voire même en dizaines de milliards chez Meta, Tencent ou encore Microsoft pour ne citer qu’eux.
Cependant, chacun a sa propre vision du métavers et il en encore difficile d’avoir une vision globale de l’avenir. Microsoft s’offre Activision-Blizzard pour 68,7 milliards de dollars dans l’optique de construire son métavers à l’aide du gaming, mais pas seulement en faisant aussi appel à ses nombreuses divisions (Windows, Azure, Bing, Linkedin, Office 365, etc…) pour créer un métavers global et complet.
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Meta aspire pour sa part à créer un “salon virtuel” (non sans rappeler les “apéros facetime” du confinement) dans lequel vous pouvez vous prélasser avec vos amis même s’ils sont à l’autre bout du monde avec l’illusion d’être physiquement côte à côte. Tandis que Epic Games et Ubisoft cherchent à cloisonner leur métavers autour de leur licence phare respective (Fortnite pour Epic, Assassin’s Creed pour Ubisoft) pour créer une sorte d’univers étendu façon Star Wars qui se voudrait beaucoup plus développé, attractif et immersif.
Une nouvelle vision de la société
C’est à partir de ces divergences de vision que l’on comprend que le métavers est encore un concept abstrait, mais qui regorge de possibilités immenses d’évolution et devrait, selon les spécialistes, remplacer Internet tel que nous le connaissons et ouvrir l’horizon à de nombreuses possibilités d’évolution. Une révolution aussi importante que l'arrivée du Web 2.0 dans les années 2000.Néanmoins, il n’y a pas que des acteurs privés qui cherchent à mettre un place un métavers universel. En Corée du Sud notamment, l’Etat investit massivement afin de créer un métavers global au travers d’un plan national pour l’élaboration de ce métavers et d’une collaboration avec les plus importantes entreprises sud-coréennes (Samsung, Hyundai motors, SK Telecom…). Par ailleurs, la mairie de Séoul a l’ambition d’être la capitale mondiale du métavers et assure que son métavers sera prêt d’ici 2026, pour permettre à tous les séoulites de faire leurs démarches administratives, de visiter des reconstitutions de monuments historiques aujourd’hui détruits, de déposer plainte à la police, de travailler dans son entreprise, etc... sans avoir à sortir de chez eux ou à faire face à un simple écran pour remplir ces démarches.
Néanmoins, cela présuppose d’avoir le matériel nécessaire pour avoir accès aux métavers. Une bonne connexion internet est nécessaire pour accéder à ces métavers. Dans le cas de Séoul, il s’agit de la ville la plus connectée au monde (99% des foyers sont connectés à Internet) et elle dispose de la plus large couverture 5G au monde, ce qui favorise donc la création d’un métavers.
De ce fait, il est évident que les métavers vont défavoriser les pays, régions et villes (et les personnes) les moins connectés au monde. Par ailleurs, les métavers deviendront certainement la cible privilégiée pour les ransomwares et cybercriminels et la problématique de la protection des données en ligne serait encore difficile à élucider que ce n'est déjà le cas aujourd'hui.
Alors le métavers dans les jeux vidéo, ça donne quoi ?
A l’image de ce que Epic Games et Ubisoft cherchent mettre en place, c’est-à-dire créer tout un métavers autour de leur licence phare afin de le développer comme Disney est en train de le faire avec Star Wars avec l'univers étendu qui permet que chaque film, chaque série, chaque roman et chaque bande dessinée dite “canon” soit reliée aux autres pour former une timeline commune.A l’avenir, on peut s’attendre à ce que toutes les œuvres suivent une trame commune. A propos de Fortnite, Epic Games cherche à développer son métavers en se fondant en partie sur la stratégie de Disney, et ce n'est pas seulement la vision d'Epic Games puisque la stratégie MiHoYo pour le développement de son métavers autour de Genshin Impact est similaire à celle d'Epic Games.
Pour Assassin’s Creed Infinity, Ubisoft a l’ambition de créer un carrefour pour la licence, ouvert non seulement aux opus précédents mais surtout ouvert à une évolution constante et un rapprochement plus fort entre notre monde actuel et notre monde passé évoqué par la licence.
Seulement cette vision du métavers dans le jeu vidéo n’est pas la seule existante. La Roblox Corporation a un projet différent et a pour but de développer plus encore sa plateforme de création ouverte à tous avec le métavers avec pour objectif de promouvoir un maximum les talents des créateurs.
Enfin, une autre vision du métavers dans le jeu vidéo est celle portée par Microsoft. Comme évoqué à l'entame de ce sujet, Microsoft a racheté Activision-Blizzard pour servir son métavers. Bien entendu, il ne s’agit pas de la seule raison à ce rachat et l’on vous invite à lire notre dossier dédié pour en savoir plus. Concernant la stratégie de Microsoft pour l’avenir, nous évoquerons cette thématique dans un autre dossier à venir la semaine prochaine sur PN.
NFT & lootbox : la fausse bonne idée
Avec l’essor des crypto-monnaies, ce sont les NFT qui ont aussi pris leur envol et arrivent petit à petit dans le jeu vidéo. En français, le terme NFT est l’acronyme de "jeton non fongible", c’est-à-dire une devise que l’on ne peut échanger, au contraire de l’argent et des crypto-monnaies. Un NFT est donc un fichier numérique attaché à un certificat d’authenticité. Un NFT, c’est la même chose que lorsqu’un peintre signe un tableau, une œuvre numérique dispose de son NFT, stocké sur une blockchain, pour garantir l’authenticité d’un contenu numérique.Quant au plafond des sommes investies, il n’y en a pas et rapidement le prix de ces fichiers numériques uniques monte en flèche, jusqu’à 69,3 millions d’euros pour l’achat de NFT le plus cher à ce jour. Konami grâce à sa vente aux enchères de NFT pour l’anniversaire de la série Castlevania a obtenu de son côté un profit de 138 000 euros.
Les NFT sont donc un excellent moyen pour les éditeurs de gagner de l’argent, comme c’est le cas avec les lootbox et les microtransactions de plus en plus présentes dans les jeux. Aujourd’hui, c’est presque devenu “normal” de dépenser de l’argent dans un jeu payant (ou gratuit) pour obtenir quelques skins, un pass saisonnier, quelques bonus mineurs ou autres avantages in-game. Pourtant il y a quelques années, les lootbox étaient encore assez rares, hormis dans les jeux gratuits pour lesquels il s’agissait de la source de revenus. Il ne sera pas étonnant qu'à l'avenir, les NFT suivent le même chemin tracé par les lootbox malgré les scandales.
Ainsi, de nombreux éditeurs (Take-Two, EA, Capcom, Square Enix, SEGA…) cherchent à profiter des NFT malgré des annulations de façade de leurs projets. Le seul parmi eux (avec Konami) à ne pas réaliser une débâcle d’apparence n’est autre qu’Ubisoft, qui investit massivement depuis plus d’un an dans le secteur. La société française mise beaucoup sur les petites start-up qui travaillent en collaboration avec le géant français sur ces technologies, notamment avec son programme Ubisoft Entrepreneur Lab. Le groupe français a aussi présenté sa plateforme Quartz, une plateforme où les joueurs peuvent acheter des objets en édition limitée.
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