Aujourd'hui, le PC est clairement la machine la plus polyvalente et la plus puissante, à condition d'y mettre le prix. Mais sa valeur ajoutée, c'est sa possibilité d'upgrade en continue. On change la carte mémoire, le SSD, la carte graphique, le boitier etc....une modularité absente sur console. Sony et Microsoft ont fait de gros efforts financiers pour intégrer dans leur dernier fleuron console les dernières technologies du moment. Mais hélas, pour rester sur un prix de vente acceptable psychologiquement par le public (étonnement, ce même publique est prêt à dépenser plus d'argent sur son dernier téléphone mobile que pour sa console), il a fallu faire des choix drastiques, le premier étant, du moins pour Sony, de vendre à perte sa PS5.
Et oui, chaque PS5 vendue coûte de l'argent à Sony (on ne sait pas précisément le chiffre précis du déficit par console). C'est un choix stratégique : installer rapidement une base installée de console pour ensuite récupérer de l'argent via des accessoires, les jeux et le PS Store. Un choix financier que Sony avait déjà mis en place lors du lancement de sa PS3, qui s'était avéré très couteux pour la marque, mais qui avait réussi, permettant au passage la banalisation du format blu-ray. Cependant, Sony n'avait pas répété l'expérience pour la PS4 et c'est peut-être pour cela que la console a paru moins novatrice et a peiné au départ à s'installer. Rappelons que Nintendo de son côté ne vend pas ses consoles à perte : la marge peut être faible mais jamais négative. Donc chaque console vendue par Nintendo lui rapporte un peu d'argent.
Les difficultés du marché 2021 qui permettent à Nintendo de souffler jusqu'en 2022
Les grosses difficultés d’approvisionnement, sensibles dès la fin 2020, compliquent cependant sérieusement la tâche de tous les acteurs du marché depuis 2021. Chaque lot de PS5 et de Xbox Serie X sortant des usines est tout de suite écoulé, sans arriver à répondre à la demande. Il s'ensuit un tassement des ventes et un piétinement du marché, reconnu d'ailleurs ces derniers jours par Sony, qui freine considérablement le développement de la base installée de ces deux consoles. Cela pose problème pour les éditeurs, qui ont un gros boulot pour prendre en compte les performances de ces deux nouvelles consoles mais qui n'ont pas vraiment de marché bien installé pour lancer des titres. D'où des décalages de sorties, en plus des retards également au niveau des développement toujours à cause du Covid.
Ceux qui ont une de ces deux nouvelles consoles le constatent : il n'y a pas grand chose à se mettre sous la dent (une situation qu'ont bien connu les premiers acheteurs de PS4). Nous en avions parlé lors de notre dernier
PNCAST, cela laisse un boulevard complet pour Nintendo en cette année 2021, qui a une très grosse base installée, et propose régulièrement des titres nouveaux ou des remasters. Ainsi, même si le dernier Nintendo Direct a déçu certaines attentes d'informations concernant quelques gros titres, on a un line-up visible de titres arrivant sur Switch jusqu'à août 2021. Un avantage non négligeable. Et Nintendo a dans ses réserves de très grosses cartouches à sortir en fin d'année ou en 2022, pour faire face lors du redémarrage généralisé du marché, avec la montée en puissance des ventes de la concurrence : Bayonetta 3, Splatoon 3, Breath 2, Metroid Prime 4 pour les titres connus, notre petit doigt nous dit qu'un petit plombier bien connu devrait revenir faire un tour en 2022/2023.
Nintendo, même si elle a du stock car sa Switch utilise du matériel éprouvé et à la gravure moins poussée (donc moins de demandes sur les chaînes de développement), est cependant également touchée par les problèmes d'approvisionnement. Un petit tour sur les grandes enseignes en ligne montre qu'il est très difficile d'acheter une Switch par ces enseignes depuis plusieurs semaines (notamment sur Amazon). Nous l'avons évoqué également dans certains
billets et
dossiers, Nvidia également de son côté fait évoluer sa gamme et met fin à la production de certains composants qui vont mécaniquement obliger Nintendo à faire évoluer sa Switch. La révision de la Switch n'est qu'une question de temps de stock, Nintendo a passé des contrats, il n'y a donc pas à craindre pour l'avenir de la Switch qui pourra tranquillement modifier ses affichages plus tard puis relever sa puissance tout en gardant un socle de compatibilité.
Jusqu'à présent, la Switch tire son épingle du jeu sur sa capacité à permettre le jeu en nomade. On le voit, le marché asiatique a fortement basculé vers le marché mobile, devenu le premier acteur financier dans le marché du jeu vidéo. Mais jouer sur un téléphone ou une tablette ne procure pas le même plaisir qu'une bonne manette en main, c'est pour cela que les consoles survivent et que la proposition Switch, mi-nomade, mi-salon, s'est montrée si pertinente et cartonne dans le monde. Elle est l'héritière de toutes les consoles portables passées et il est donc logique de voir arriver régulièrement les conversions de titres PS Vita, 3DS dessus, quand ce ne sont pas tout simplement des titres mobiles qui arrivent également sur Switch. Le choix pour les gamers est souvent simple : soit jouer avec le maximum de puissance chez eux, soit pouvoir profiter de leurs jeux sur un petit écran en déplacement. La Switch est donc devenu naturellement un achat complémentaire à une machine plus puissante, PC ou consoles concurrentes en fonction des exclusivités.
Une domination sur le marché mobile qui peut s'effriter très vite
Jusqu'à présent, on a bien aperçu des clones de Switch sur le marché asiatique tournant sous Android, qui font marcher des jeux mobiles avec une prise en main nettement meilleure. Mais comme nous l'avons indiqué un peu plus haut, les jeux mobiles ont rarement la même profondeur que les jeux PC ou consoles, ce n'est donc pas un plaisir équivalent. On peut il est vrai avoir un ordinateur portable pour jouer sur PC en dehors de chez soi, mais le format général est tout de même nettement plus encombrant, ne serait-ce que par l'écran qui se déplie. Même si nous avons aperçu lors du dernier CES de 2021 des technologies d'écrans enroulables ou extensibles, on ne connait pas le prix de ces technologies innovantes, leur fragilité dans le temps. On a recherché en parallèle la miniaturisation du PC pour le faire tenir dans la main et deux solutions sont arrivées récemment sur le marché : le One Gx1 Pro et le GDP Win3, deux mini PC à écran rabattable comme sur un ordinateur portable, munis de processeurs Intel Tiger Lake avec une solution graphique intégrée Xe Graphics, aux performances prometteuses pour un si petit format.
Le One GX1Pro, une bête de course qui devrait tourner dans les 840 $.
Selon les sources de Techpower up, le GDP Win 3 peut accueillir un processeur Intel Core i5-1135G7 ou Core i7-1165G7, couplé à 16 Go de mémoire LPDDR4x 4266 Mhz et à un SSD Nvme de 1 To. On retrouve du WiFi 6, du Bluetooth 5.0, de l'USB Type-A, de l'audio 3,5 mm et du Thunderbolt 4 (nécessaire pour la connexion au dock). Le GDP Win 3 dispose d'un écran de IPS de 5.5 pouces, avec une résolution de 1280 x 720 (268 ppi). La batterie est rechargeable intégralement en 1 heure et demi, elle promet une autonomie de 3 heures en jeu. La version Core i5 est proposée à 799 $, il faudra débourser 899 $ pour la version Core i7. Ces prix sont ceux pratiqués durant le Crowdfunding. (informations traduites par le site
cowcotland)
On garde un clavier pour pouvoir travailler, cela nous donne une ergonomie particulière, pas encore au niveau de la Switch et encore très chère. La solution serait de faire une quasi Switch en PC.
L'AYA NEO
Et c'est ce qui arrive. La solution arrive de Chine et se nomme l’Aya Neo, une console portable équipée d’un APU Ryzen 5 4500U, qui a d'abord été réservée au marché chinois avant de, face au succès de cette présentation, d'avoir envie de se lancer sur d'autres marchés par le biais d’une campagne Indiegogo. Le choix d'un APU Ryzen 5 n'est pas anecdotique. AMD a proposé avec sa gamme Ryzen des solutions ultra-performantes qui ont commencé sérieusement à ébranler la domination du géant Intel sur le marché du PC. AMD produit également les composants clés de la PS5 et de la Xbox Serie X. C'est devenu un acteur incontournable du marché du jeu vidéo. L'APU Ryzen 5 4500U est, de plus, un modèle qui n'est pas le tout dernier de la génération, ni le plus puissant. Pourtant des tests montrent déjà la puissance de la solution, que vous pouvez noter ci-dessous.
Le site VideoCartz (merci au site TomsHardware.fr pour avoir mis les données en avant) a compilé les résultats des premiers tests dans le tableau ci-dessous.
La switch a une résolution de 720p, soit du 1280x720. La résolution est ici un peu plus poussée (1280x800), l'écran est un peu plus grand (7 pouces contre 6,3 pour la Switch), les deux partageant la technologie multitouch. Par contre, la AYA NEO est beaucoup plus puissante au niveau processeur et surtout, pour tous ceux qui pestent comme nous sur les cartes micro SD qui coutent chères et qui vieillissent pas toujours bien dans le temps, on a un SSD de 512 GO. Suivant le mode de fonctionnement, on tient au pire 2h avec la batterie, 4 à 5 heures en mode basse consommation. Un petit regard sur les essais avec quelques titres gourmands du moment laisse rêveur. Cyberpunk 2077 en 30 FPS, Doom Eternal en 62 FPS, GTA V en 68 FPS, certes avec des options d'affichage en low ou medium, mais des résultats que notre pauvre Switch serait incapable de fournir aujourd'hui.
Il est d'ailleurs amusant de voir que certains résultats ressemblent étrangement à des leaks qu'on a aperçu concernant les rumeurs autour de la Switch Pro, un Cyberpunk 2077 à 30 FPS sur cette "Switch Pro" a été mis en avant plusieurs fois dans des leaks sans que la moindre confirmation d'un portage de ce jeu sur la console de Nintendo est fuité pour le moment de manière crédible.
Mine de rien, l'arrivée de la AYA NEO est un joli pavé dans la mare bien remuante déjà des constructeurs de console. En reprenant une facteur de forme proche de la Switch, avec des composants modernes (bon pas de manette détachable, de NFC et autres particularités de la Switch), cette solution de PC Gaming de la taille d'une console Switch peut vraiment attirer un large publique. La disponibilité de jeux PC immédiatement avec toute la galaxie des plateformes Steam, Epic Games et autres, des performances de bon niveau, le tout dans un format beaucoup plus portable, avec une bonne prise en main. L'AYA NEO n'est que le premier représentation de ces nouvelles consoles PC et on s'attend à voir apparaître d'autres concurrents dans les prochains mois.
Si dans un premier temps il n'y a pas de réels problèmes pour la Switch (base installée, licences exclusives, particularités de ses Joy-con avec motion contrôle, caméra IR et NFC), ce sont les PS5 et Xbox Serie X qui vont être les premières à sentir cette nouvelle menace portable. Mais en montant en puissance, la Switch elle-même peut se montrer en difficulté, surtout si le prix de vente se montre compétitif. La difficulté immédiate se trouve en revanche au niveau de la scène de l'émulation, car l'AYA NEO fait tourner dans de très bonnes conditions de nombreux émulateurs que l'on peut obtenir facilement sur le net, ce qui risque de séduire de très nombreux utilisateurs qui pourront jouer facilement à d'anciens titres....y compris ceux de Nintendo, même si ce n'est pas légal. Et avec certains émulateurs, on commence à faire tourner des jeux Wii U et même...Switch. Le monde du Warez va se jeter avec joie sur ce type de périphérique.
On attend donc avec intérêt la réponse de NVIDIA sur ce secteur, avec la mise en place de sa technologie DLSS, à la fois dans des PC Gamer Portable pour ne pas se faire distancier sur ce nouveau marché, mais aussi avec son partenaire....un certain Nintendo. Et retour vers les rumeurs de la Switch upgradée bénéficiant de la technologie DLSS.
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La concurrence peut sortir autant de machine quelle voudra, ça sera soit beaucoup plus cher, soit sans jeux légaux, soit nécessitera certaines connaissance pour pouvoir tirer parti du matos. Donc même si la balance penche plus vers le "négatif" au niveau technique, elle est quand même en équilibre.