Nintendo contre les pirates

Neil Boyd is watching you ! Neil Boyd est en effet en charge du comité de lutte contre le piratage de Nintendo of Europe. A l'occasion d'une entrevue très intéressante parue dans MCVUK, il nous parle de ce fléau et de la menace qu'il représente, un discours maintes fois entendu mais qui apporte quelques éclaircissements nouveaux.

La DS avait tout pour être LA console du siècle : 132 millions d'exemplaires vendus depuis 2004 ont fait d'elle la console la plus populaire de tous les temps. Tout allait pour le mieux quand soudain apparut la R4, une cartouche permettant de jouer aux jeux DS sans les acheter, mais en les téléchargeant sur Internet. Ce procédé a fait plonger les ventes de jeux DS, certains échecs commerciaux ont même été attribués au piratage comme GTA Chinatown Wars par exemple.

'Le piratage est une réalité et représente un danger pour notre secteur auquel il faut répondre, notamment sur le marché portable', a indiqué le CEO de Take Two Ben Feder. 'La performance commerciale de Chinatown Wars a certainement souffert en raison du piratage', complète-t-il.

Si on ignore exactement combien de possesseurs de DS possèdent un appareil de type R4, le fait que Nintendo ait saisi plus de 500 000 appareils entre janvier 2009 et juillet 2010 est un signe qui ne trompe pas : 'Ce demi-million vous donne une idée du marché potentiel du piratage', indique Neil Boyd. Chaque carte a une taille mémoire conséquente : 'vous pouvez stocker plus d'un jeu sur ces cartouches, elles peuvent ainsi contenir beaucoup de jeux.'

Si Nintendo constate que le nombre de téléchargement augmente, 'on est loin des niveaux de la musique ou des films'. Mais pour combien de temps encore ? Le fait est que Nintendo ne reste pas immobile : les principaux sites e-Commerce ont été invités à retirer ces produits de la vente, tandis que des actions en justice ont été entamées.

Ainsi, la société Playables Limited a été traînée devant les tribunaux : 165 000 accessoires de type R4 ont été saisis, et le procès a été remporté par Nintendo, un pas estimé important par Big N : 'C'est important pour Nintendo mais ça l'est aussi pour les développeurs. Nous espérons que cela leur donnera l'envie et la confiance de continuer à développer les meilleurs jeux pour les consoles de Nintendo.'

Le jugement rendu en juillet devrait bénéficier à Nintendo dans plusieurs pays, et pas seulement ceux du Commonwealth mais aussi l'Union européenne. On se souvient du revers subi par Nintendo en France notamment. Ces jugements arrivent-ils un peu tard ? Pas forcément, explique Neil Boyd :

'Des affaires comme celle-ci demandent du temps pour être jugées. Les consoles DS continuent à être populaires, les consoles continuent à enregistrer des ventes fortes. Alors oui, il y a des gens qui possèdent ces appareils et nous ne visons pas les individus ou les clients potentiels. Mais les pirates commerciaux, ceux qui profitent de nos licences et du contenu des éditeurs-tiers, alors oui ceux-là on va continuer à les viser. Ils se font de l'argent facile sur le dos du talent créatif.'

Nintendo a-t-il appris de ses erreurs pour sa prochaine console, la 3DS ? 'Seul le temps nous dire si et comment la 3DS sera piratée.' Le jugement rendu en juillet empêche désormais les fabricants de plaider la cause du homebrew pour justifier l'existence de leurs appareils, une excuse souvent entendue au cours des deux dernières années.

'Vous pourriez en effet télécharger des logiciels-maison. Mais vous devez pour ce faire contourner la sécurité de la console et de la cartouche.'

DSiWare et WiiWare sont deux services mis au point par Nintendo pour permettre aux petits studios de diffuser leur contenu, justifie Neil Boyd. Dans les faits, on sait que ce n'est pas donné à tout le monde de développer sur DSiWare ou WiiWare, mais les chances de voir son jeu paraître sont plus grandes grâce à la dématérialisation, qui réduit le risque pris par l'éditeur.

Les comportements sont ce qu'ils sont : 'si quelqu'un est habitué à ne rien payer depuis 10 ans pour son contenu, il va être difficile de le faire changer. Mais la majorité des gens ne font pas cela.' Pour Nintendo, l'effort consiste à empêcher les fabricants de produire et vendre des accessoires de copie, et de fermer les sites sur lesquels on télécharge ses contenus piratés :

'ces cartes sont faites si bon marché en Chine et sont importées en Europe. Les gens sont attirés par la perspective de faire de l'argent facile. Comparé à d'autres crimes où les gens font du trafic de substances beaucoup plus sérieuses, cette sorte de criminalité est un projet de business attractif pour certains. Alors nous allons poursuivre notre effort et essayer de fermer autant de vendeurs que possibles.'

Source : MCVUK