Si pour certains, Nintendo c’est surtout Mario, Luigi, Peach, Zelda, Animal Crossing, Kirby et Yoshi, n’oublions pas les éditions des Bayonetta, Metroid Dread, Project Zero : La Prêtresse des Eaux noires, l’accueil des titres Killer Instinct, Doom…Il y a toujours eu quelques titres plus sombres à destination d’un public plus adulte.
Nintendo sait se montrer pragmatique : pas de refus systématique de thèmes sombres et matures si c’est cohérent avec une histoire bien écrite et que le côté dark sert à l’univers du jeu. Aussi, l’édition d’Emio – L’homme au sourire (the Smiling Man), nouvelle entrée dans la franchise Famicom Detective Club depuis 1989, n’est pas totalement une surprise. Attention cependant, si le jeu possède effectivement quelques aspects sombres que l’on voit un peu moins souvent que d’habitude dans les autres productions de Nintendo, on a tout de même une grosse base de situations farfelues. On n’est donc pas totalement sur un jeu oppressant. Mais c’est clairement la qualité de l’écriture qui a fait la différence pour faire valider le projet.
Dans une récente interview accordée à
Inverse, le producteur Yoshio Sakamoto et la productrice associée Kaori Miyachi (qui a écrit le script avec lui et a coordonné la réalisation du jeu) ont commenté le développement du jeu, Sakamoto soulignant notamment à quel point il était surpris que Nintendo ait choisi d'approuver le projet si volontiers, compte tenu de son contenu plus mature. Miyachi, quant à elle, s'est montrée beaucoup plus confiante :
Sakamoto : Il y avait un thème et un message que je voulais vraiment transmettre à travers ce jeu, et pour ce faire, il n'y avait pas d'autre moyen que d'aller dans la direction que nous avons prise. Cependant, ce jeu est clairement différent de la plupart des jeux Nintendo, et je m'attendais donc à ce que nous ayons du mal à obtenir l'approbation des équipes Nintendo en interne.
Miyachi : Alors que Sakamoto s'attendait à une bataille acharnée pour obtenir l'approbation interne de Nintendo, je pensais le contraire. En fait, à certains moments de la production, Sakamoto, inquiet, me disait : « Est-ce qu'on peut faire ce genre d'histoire ? “, et je répondais toujours : ” Je suis sûr que ça ira ! »
Sakamoto : Honnêtement, j'ai été surpris par la facilité avec laquelle ce projet a été approuvé. J'étais convaincu que si nous abordions ce thème avec sincérité et que nous transmettions le message que nous voulions vraiment faire passer, ce serait le meilleur moyen de répondre aux attentes de Nintendo, qui nous a donné le feu vert, et qui nous a motivés à faire de notre mieux.
Miyachi : En y repensant, je pense qu'il s'agissait d'un jeu ambitieux pour Nintendo à bien des égards. J'espère que les joueurs le ressentiront à travers ce que nous avons fait dans ce jeu.
Les deux personnes n’ont pas recherché à mettre en avant le gore ou l’ultra-violence d’un meurtre, mais ont travaillé sur l'imagination des joueurs, en instillant la peur psychologique grâce à des expressions du visage et en choisissant les mots, le rythme et la musique appropriés. Et c’est ce qui a fait sens au sein de Nintendo, ravi du travail effectué par le studio Mages sur les remakes des deux précédents opus.
Autre bonne nouvelle, c’est que le travail d’écriture à quatre mains a permis une vraie symbiose entre Sakamoto et Miyachi, le premier voyant en la seconde une personne capable de poursuivre éventuellement cette franchise, l’adoubant comme son héritière. Tous deux expriment leur intérêt à travailler ensemble sur de nouveaux jeux si l'occasion se présente. Il reste encore beaucoup de matière à explorer en profondeur autour de l'agence de détectives Utsugi !
N'hésitez pas à relire
le test du jeu publié au sein de nos colonnes par notre ami ThibaultPN, à tester la démo si vous êtes passés à côté de ce titre PEGI 18.
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