Shigeru Miyamoto a plein de choses à dire

Au sujet de la Wii U

Quand on lui demande ce qu'étaient ses objectifs au sujet de la Wii U, il explique que tout est parti d'une réflexion de "ce qui pouvait rendre les choses plus attirantes et désirables pour les joueurs, [pour] les emmener plus loin".

Premier élément pour ce faire : rendre la console "disponible [...], quel que soit l’usage qui est fait de la télévision". C'est donc ainsi qu'est née cette idée de passer de la TV à l'écran de la manette, quand un proche souhaite regarder son programme favori à la TV. Mais pas seulement, puisque l'écran de la manette implique de nouveaux usages : "nous avons avancé en pensant aussi, à chaque pas, à quels nouveaux types de jeu cela pourrait conduire".

L'écran de la console est pour Miyamoto l'élément le plus important à ses yeux, car elle marque la fin de la dépendance de la console de salon face à la télévision. De plus, jouer sur deux écrans implique de nouveaux styles de jeu : "J’aime l’idée que la Wii U est un système qui ne dort jamais."

Mais pourquoi se donner autant de mal à développer de nouvelles interfaces ? Pour éviter l'ennui, pardi : "L’idée que je me fais de Nintendo implique que cette recherche fait partie de notre travail : concevoir de nouveaux moyens de jouer, donc de nouveaux concepts de jeu et de nouvelles machines". Mais cela ne devrait pas rendre les jeux plus difficiles à développer : "la machine répond mieux aux aspirations des développeurs, et [...] offre plus de liberté créative."

Les développeurs vont en tout cas voir leur créativité mise à rude épreuve :

C’est une machine qui défie l’imagination et l’esprit créatif. Mais cela signifie plus de fun pour les développeurs. Il y a plusieurs façons pour le joueur de contrôler l’image. C’est peut-être déroutant au départ mais je pense que ce sera très facile à adopter parce que cela rejoint la liberté que demandent les développeurs eux-mêmes. Et cela offre de nouveaux terrains d’expression à leur imagination.

En tout cas, Miyamoto espère que les démos proposées à l'E3 le mois dernier leur donneront des idées : "Nous souhaitons qu’une première vague de créativité pousse de ces graines, en stimulant l’imagination des développeurs"

Miyamoto a-t-il été aussi impliqué dans la Wii U qu'il ne le fut dans les autres consoles ? On découvre que ce n'est pas le cas :

"Pour la Wii U, je dirais qu’elle représente le début d’une transition avec les jeunes générations d’ingénieurs Nintendo. [...] C’est comme si j’avais fait un pas de côté : je suivais pas à pas leur travail et leur donnais des conseils."

Pour lui, la Wii U sera une belle plate-forme pour faire découvrir de nouvelles licences, "le système idéal pour accueillir de nouvelles catégories de jeux et de nouveaux personnages"

Quand on lui demande s'il profite de cette concentration de créativité pour parcourir les stands des éditeurs, Miyamoto regrette de ne plus en avoir le temps : "les membres de mon équipe passent pas mal de temps à explorer, oui. Je les encourage d’ailleurs."

Miyamoto et la 3DS

Libération a bien entendu interroger le créateur sur le lancement de la 3DS et ses chiffres de ventes pour le moins inquiétants. Miyamoto y voit la conséquence d'une somme de facteurs négatifs :

il faut tenir compte du contexte général de l’industrie pendant cette même période, et de l’essoufflement global des ventes de hardware. Je pense aussi que nous n’avons malheureusement pas été en mesure de présenter dès le lancement une gamme de jeux assez complète.

Miyamoto vis-à-vis de Nintendo

Libération a posé une question difficile à Shigeru Miyamoto : L’avantage de Nintendo c’est vous. Ni Sony ni Microsoft ne peuvent prétendre à une incarnation pareille de leur marque, cette identification entre un homme, presque une star, et une enseigne de jeux. C’est un cas unique.

Se prenant littéralement la tête (entre ses mains), Shigeru Miyamoto réfléchit, se masse les cuisses, se gratte le menton, prends deux minutes avant de répondre…

Oh la-la. Il faut que je réfléchisse ! C’est beaucoup de responsabilité ce que vous dites là !Au fond, ce qui me surprend toujours, c’est que je vis avec l’idée que les Etats Unis respectent davantage les développeurs que le Japon. Ici, les noms de Wright, Meier, Molyneux sont plus universels. Au risque de surprendre, je trouve qu’il y a quelque chose de plus anonyme au Japon.

Cela dit, on ne sait pas vraiment qui, quel créateur, a inventé Halo…Notre vrai avantage chez Nintendo, c’est que le jeu est notre cœur de métier. Nous fabriquons des jeux et des consoles et rien que ça. Je ne veux pas minimiser mon rôle ou mon influence ou ma responsabilité dans la réussite de certaines choses… Mais en tout cas je ne peux pas tout revendiquer.

Une bien belle interview à lire en entier sur Libé !

Source : Libération