Shigeru Miyamoto : une sage interview dans TIME

Shigeru Miyamoto ne semble pas avoir joué un rôle de premier plan dans la création de la Switch, mais son rôle de Creative Fellow en fait un éminent personnage de premier plan que les médias s'arrachent : âgé de 64 ans, il a répondu aux questions du TIME qui a profité de cette opportunité pour lui poser de nombreuses questions sur bien des sujets !

Le fun d'abord

Quand on lui demande ce que Gunpei Yokoi a pu laisser comme héritage aux concepteurs de la Switch, il explique que c'est sans doute sa capacité à prendre de la hauteur par rapport à la technologie qui fait partie de ces aspects importants de ce qu'est Nintendo aujourd'hui.

Il explique :

Il nous a appris l'importance de transformer des idées en formes de jeu. Il y a un mot en japonais qui définit quelqu'un qui veut toujours dire le contraire, quand je dis oui, il dit non. Ce n'est pas qu'on essaie d'être cette personne, mais quand tout le monde répète la même chose, on a besoin d'être un peu plus précautionneux et garder un oeil averti pour observer ce qu'il se passe – on a en quelque sorte été entraîné pour cela.

L'envie de créer une console unique mais abordable ?

L'équipe de recherche et développement de Nintendo n'a pas eu à subir le "renversement de table à thé" de la part de Shigeru Miyamoto, qui a néanmoins été consulté à de nombreuses reprises durant le processus de création de la nouvelle console.

Et ce feedback a permis aux jeunes ingénieurs de Nintendo d'imaginer des solutions aussi originales qu'abordables pour la console :

M. Takeda, M. Iwata et moi-même ont donné régulièrement notre avis durant le développement. Beaucoup des jeunes employés nous faisaient des présentations, et on leur donnait notre avis et prenions des décisions quand c'était nécessaire. Je pense que le feedback qu'on a donné a été utilisé à bon escient, et je ne pense pas qu'il y a eu beaucoup de moments avec de violentes confrontations d'idées. Parfois, nous devions réfléchir à ce qui pouvait rendre la Switch unique, et il y a un coût associé à cette notion. C'était du genre "Oh mon dieu, ça va être beaucoup plus cher. Comment faire ?". Nous avons fait face à cela ensemble, comme une équipe.

L'implication de Satoru Iwata

L'ancien PDG de Nintendo, Satoru Iwata, a largement participé au développement de la Switch. Il était en fait responsable du développement de la console, lui consacrant donc beaucoup de temps et d'énergie.

Et c'est certainement à M. Iwata que l'on doit le concept de la console, qui est de pouvoir jouer n'importe où, n'importe quand, avec n'importe qui :

Je crois que l'idée de la Nintendo Switch comme un appareil que vous pouvez sortir en emmener partout, l'idée qu'il s'agit d'un système qui permet vraiment d'aller en ligne et de communiquer avec les gens, je pense que c'est quelque chose qui était important pour M. Iwata.

Les discussions avec M. Iwata ont été nombreuses, sur une foule de sujets. Miyamoto évoque par exemple l'ajout d'un navigateur, apparu pour la première fois sur DS en 2007, ce genre d'application a beaucoup évolué :

On avait besoin de réfléchir à comment intégrer les smartphones et les nouvelles fonctions de navigateur web qui sortent ? C'est quelque chose que M. Iwata et moi discutions beaucoup, en essayant de décider ce que l'on voulait ou ne voulait pas faire avec la machine.

Les vibrations HD : un petit vent de nouveauté

Miyamoto est conscient que la technologies haptique n'est pas nouvelle. Mais la sensation qu'elle procure, elle, l'est tout-à-fait selon lui :

Au sein de Nintendo, il y a un groupe de gens qui travaille seulement sur les fonctions et les capacités de vibration. Pendant des années, ils ont testé différentes sortes de systèmes, les ont ajoutées à des jeux et les ont testées. Ce qui est incroyable c'est que vous ne ressentez pas juste une vibration monotone, vous pouvez sentir les tapotements. Donc, quand vous mettez votre stylet sur l'écran, ce n'est pas qu'une simple vibration, vous pouvez sentir le frottement de la pointe de stylet sur l'écran.

La réalité virtuelle va mieux mais inquiète encore

Shigeru Miyamoto pense que certains des problèmes inhérents à la réalité virtuelle sont réglés ou en passe de l'être, mais il ne se sent pas à l'aise :

Quand je vois les gens jouer à la réalité virtuelle, je suis inquiet. Par exemple, si je voyais parent venait à voir son enfant jouant à la réalité virtuelle, je pense qu'ils seraient inquiets. Un autre problème auquel tout le monde doit faire face, c'est de créer une expérience qui est à la fois courte tout en étant incroyable en réalité virtuelle.

Zelda et son aspect aventure démesurée

Avec Breath of the Wild, la saga Zelda s'embarque dans un jeu beaucoup plus axé sur l'histoire que de précédents opus. Ce qui va à l'encontre des goûts de Miyamoto qui n'accorde pas beaucoup d'intérêt aux jeux dans lesquels l'histoire est un peu au coeur du jeu.

Miyamoto explique :

Laissez-moi commencer en disant que M. Aonuma et son équipe, au lieu de créer un jeu où vous jouez l'histoire, vous embarquent dans une aventure, et je crois qu'ils ont trouvé une façon unique de créer un équilibre entre l'histoire et le fait que vous êtes dans une aventure. Ce n'est pas que je n'aime pas les histoires, je ne nie pas l'importance de l'histoire. Je pense qu'une fois qu'une personne a joué à un jeu, il est important que l'histoire se pose dans leur esprit.

Source : TIME