Nintendo ne chôme pas pour sécuriser sa console mais la compagnie aura toujours un temps de retard face à l'ingéniosité technique des hackers. Aussi tente-t-elle de bloquer le plus vite possible les sites aidant à la commercialisation de produits hardwares facilitant la mise en place d'OS alternatifs dans les consoles Nintendo, permettant de lancer notamment des jeux piratés ou d'avoir accès tout simplement gratuitement au catalogue de l'eShop.
A la base, en restreignant au maximum son OS Switch à des utilisations médias limitées, Nintendo espérait verrouiller au maximum dans le code les possibilités de portes ouvertes aux hackers pour lancer du code tiers et prendre possession de la console. Malheureusement pour Nintendo, la Switch est basée en partie sur du matériel Nvidia bien connu, avec une faille sur un composant qui a pu être rapidement exploitée en 2018 par les hackers. Si Nintendo a fait changer le composant dans ses nouvelles fabrications à partir de mai/juin 2018 et sur l'ensemble de sa production Switch Lite, il n'empêche que les hackers trouvent toujours une nouvelle faille à un moment ou à un autre.
La dernière grosse alerte en la matière est le fruit du travail d'un groupe nommé la Team Xecuter. Sa solution à base de SX OS est un dongle particulier existant sous deux versions, l'un spécifique pour la Switch classique (qu'elle soit dans sa dernière révision du firmware, ou déjà crackée ou non mise à jour) et l'autre spécifique pour la Switch Lite, auquel on rajoute la licence SX OS, qui va permettre de faire tourner différentes applications sur la Switch de manière non autorisée par Nintendo. Et en premier lieu, bien sûr, des jeux.
Le problème pour Nintendo, c'est que la dernière version des dongles semble fiable et peut donc tourner sur toutes les consoles Nintendo, ce qui au regard du parc installé est une menace considérable pour les éditeurs et pour Nintendo en particulier avec ses propres jeux. La Switch Lite jusqu'à présent à l'abri du problème, se voit donc proposer le dongle SX Lite géré par le tout nouveau SX OS 3.0 tandis que la Switch classique reçoit le SX Core. Pour éviter de se faire repérer trop vite, la Team Xecuter ne vend pas directement ses solutions, ses produits fabriqués en Chine passent par un réseau de revendeurs underground qui acceptent les commandes et les envois discrets.
Des linkers sont déjà disponibles en France avec des possibilités d'achats combinés de cartes Micro SD de différentes capacités contenant déjà un certain nombre de jeux intégrés illégalement à l'intérieur (de capacité 128Go SD carte +11 Jeux Switch, 256Go SD carte +29 Jeux Switch, 512Go SD carte +50 Jeux Switch, avec des prix allant de 50 € pour le linker seul, 117 € pour un système avec 128 Go et 11 jeux, 162 € pour un système 256 Go avec 29 jeux et 208 € pour la totale avec 512 Go et 50 jeux), ces linkers n'étaient pas compatibles avec les derniers versions de la Switch (Firmware 10.X.X et surtout avec la Switch Lite). La sortie des nouveaux linkers changent donc considérablement la donne, les nouvelles versions ne sont pas encore disponibles en France (où en très petites quantités mais cela ne va pas tarder). On comprend aisément que Nintendo cherche à bloquer leur commercialisation et va recenser sur les forums tous les sites proposant à la vente ces solutions.
Les premières plaintes de Nintendo sont donc tombés en Amérique du Nord, premier continent à avoir reçu les nouveaux dongles, en particulier Tom Dilts Jr, le gérant du site UberChips, qui avait fait l'erreur d'être un peu trop voyant sur le net en se présentant comme revendeur officiel des solutions clés en main de la Team Xecuter (un affichage sur leur site indique que toutes les précommandes sont annulées même si certains produits ont déjà été expédiés fort probablement depuis le lancement des précommandes le 7 avril dernier). Une seconde plainte vise différentes personnes contrôlant plusieurs sites similaires et on peut s'attendre à des plaintes en cascades dans les prochaines heures.
On invite les joueurs a bien réfléchir à leurs actions. Non seulement ces produits sont illégaux et ne doivent donc en aucun cas être acheté mais ils peuvent également créer des problèmes de sécurité (le dispositif pouvant toujours être utilisé par des pirates pour atteindre des données personnelles ensuite, on peut d'ailleurs se poser quelques questions sur les comptes eShop piratés en avril dernier, en se demandant si l'emploi des fameux linkers n'auraient pas été une aide pour les pirates pour accéder aux précieuses données). Rappelons ensuite qu'un bon jeu mérite d'être récompensé si vous souhaitez en obtenir un autre plus tard. Les coûts de développement sont de plus en plus importants, aussi si l'on veut obtenir certains titres sur notre console, ne scions pas la branche en piratant. Enfin, vous n'aurez jamais le même plaisir d'avoir une cartouche avec X jeux d'un coup qu'en achetant ponctuellement un par un vos titres: vous n'en profiterez pas de la même façon.
Guettez donc les promotions (nombreuses sur l'eShop) ou auprès des détaillants pour les versions physiques, lisez nos tests et ceux de nos confrères pour cibler les jeux de qualité qui correspondent vraiment à vos centres d'intérêts, cela vaudra bien mieux. Et les mises à jour des linkers seront contrés par des mises à jour de firmware, nécessitant des upgrades pas toujours faciles pour les non initiés, rendant ces dispositifs non opérationnels ou vous bannissant de toutes possibilités de jouer en multi sur certains titres alors que cette fonctionnalité est essentielle.
Pour le moment, dans ses plaintes, Nintendo présente le SX OS comme un « système d’exploitation non autorisé avec les outils de piratage qui l’accompagnent » mais c'est surtout l'aspect solution clé en main qui est visé par le constructeur pour empêcher que tout le monde pirate sa Switch. On peut s'attendre à une mise à jour du firmware par Nintendo pour contrer ces solutions le plus rapidement possible car en l'état, le SX OS permet d’avoir un accès complet à Horizon, le système d’exploitation de la Switch développé par Nintendo, ce qui n'est pas tenable pour le géant japonais et ses partenaires éditeurs, puisque l'on peut télécharger l'ensemble du catalogue, sans trop débourser.
Alors que ces premières plaintes sont tombées il y a désormais 48h, on note une fébrilité d'achats sur les sites proposant ces modèles, des consommateurs espérant mettre rapidement la main sur quelques dongles avant que cela devienne plus difficile dans les jours à venir. Mauvaise idée !
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