Metal Gear : un jeu ? Quel Jeu ?
Autant le dire tout de suite : Metal Gear Solid n’est pas un jeu. Au sens premier du terme, ni au deuxième d’ailleurs. Là où des Princes of Persia et autres Metroid Prime se veulent complexes et pourtant parfaitement accessibles, The Twins Snakes va totalement à contre-pied de ce que montre le jeu vidéo depuis ces dernières années et se pose comme un hybride "film-jeu" d’une intelligence intrinsèque redoutable, trop peut-être. Tandis que certains accrocheront et d’autres non, il faut avouer que l’expérience se veut enrichissante pour qui possède suffisamment de pécules et de neurones à dépenser pour quelques heures de jeux. Oui, quelques heures, et c’est bien là le problème ; et ce n’est pas la course aux dogs-tags, totalement anecdotique (plus encore que les soleils de Mario Sunshine, il faut le faire !) qui va changer la donne.On peut trouver de très bons films pour trois fois moins cher avec trois fois plus de bonus. Si vous êtes un fan l’investissement de Twins Snakes se justifie par lui-même, mais quant aux autres réfléchissez-y bien. Une fois n‘est pas coutume, nous allons commencer un test par les critiques. Désolé, mais ce sont elles qui ont le plus marquées votre testeur pourtant rempli d‘espoir. Ensuite, nous allons nous pencher sur les qualités de la conversion, assez minces.
Bien évidemment, c’est plus la forme qui va faire l’objet de remontrances dans le prochain paragraphe que le fond. Il serait présomptueux de remettre en question le savoir-faire de Mr Kojima. Et si en son temps Metal Gear aurait mérité un 19, le travail fait par Silicon Knight, compte tenu de la licence, est en deà des espérances. C’est clair et net.
L’art de nuancer les nuances de gris…
Le héros s’appelle Solid Snakes. C’est un bel athlète à la trentaine entamée super-entraîné pour tous types d’infiltrations à haut risque. Sa mission : infiltrer une base militaire mystérieuse non loin de l’Alaska et déjouer les plans machiavéliques de terroristes surarmés. A leur tête, un homme mystérieux du nom de Liquid Snake. Bien évidemment, ce scénario n’est qu’un prétexte à des aventures périlleuses dont la tournure scénaristique va prendre une direction inattendue. Afin de vous prêter main-forte, une équipe très bavarde composée d’experts en armurie et infiltration seront à vos côtés tant que vous aurez sur vous un dispositif émetteurs-récepteurs top-secret. Ceci occupera au moins 30% du jeu.Moins beau que le second opus sorti sur la console concurrente, ce remake (en est-il vraiment un ?) est d’une fadeur, comment dire, gênante. Mais bon pour être gentil on va dire que le gris, le noir et le bleu font parti des thèmes de l’univers du jeu en question. Possesseurs de télé noir et blanc, vous ne ratez rien. Le jeu donne un sentiment non pas de bâclé mais, pire peut-être : brouillon. Il manque quelque chose qui fait qu’on aurait pu dire " ouf" à chaque étape, chaque écran du jeu. Alors certains diront que l’aspect technique ne fait pas la qualité du jeu. Je leur répondrais à nouveau que ces lignes ne font que tester le jeu GameCube, pas l'œuvre de Kojima. Et puis Splinter Cell par exemple, est magnifique, ce qui ne l’empêche pas dêtre excellent.
Pour continuer la liste les points noirs ou gris, précisons que la maniabilité est bancale. On ne comprend pas trop comment on en est venu rester sur la vue bloquée "de dessus" tandis que la 128 de Nintendo aurait pu offrir un confort de jeu parfait. La technique paraît donc rétro-gradée par rapport aux progrès effectués dans le genre de l’infiltration et il n’y a aucune sensation supplémentaire apportée par la console cubique. Gageons que la vue de dessus n'était qu’une concession faite par les développeurs en leur temps sur les 32 bits alors que leur réel désir était en fait une vue 3D parfaite, qui n’est pas le cas ici. Enfin nous n’allons pas faire un débat sur ce sujet mais vous l’aurez compris il y a un sentiment trop présent de " déjà vu " très lourd pour un remake…
Pour ce qui est des effets spéciaux, et bien je vous invite les noter sur un carnet ou mieux sur les doigts d’une main tellement ils sont infimes pour ne pas dire inexistants. Comment ne pas être déçu également par le fait qu’il n’y a strictement aucune nouvelle zone inédite, aucun nouveau boss, presque aucune intéraction pertinente avec les décors…
Les combats contre les Boss sont une fois de plus comme l’ensemble du jeu, bancal. Solid Snake se mouille vite les pattes dans les face-à-face débridés tandis que la manette Game Cube montre qu’elle n’est pas une perle de maniabilité dans tous les domaines. Les duels contre les chefs sont non pas mal fichus mais disons qu'ils ne sont pas spectaculaires pour un sou (sauf peut-être les derniers).
Enfin, soyons gentil avec la durée de vie : deux jours à l'échelle de vie d'un gamer, cinématiques inclues. Avec toutes ces critiques vous tendrez à penser que le jeu n’est pas bon et qu’il aurait même une tendance devenir soporifique. Bien c‘est vrai, Metal Gear The Twins Snakes n’est pas bon, il est juste moyen. Le mythe a perdu de son éclat et il vaut mieux parfois ne pas dépoussiérer les vieilles lampes que de vouloir à tout prix les refaire briller. Les interstices ne font-elles point le charme des reliques ?
Liquide durée de vie, solides idées artistiques.
Ce qui fait le charme de Twin Snake, ce sont les cinématiques, même si elles sont parfois incongrues, ainsi que les idées de gameplay vraiment novatrices et originales. Pour ceci, le jeu vaut son pesant d’or. Le scénario également mérite que l’on s’y attarde. Et puis il s’agit tout de même du premier jeu d’infiltration moderne, mine de rien ! Mais une telle licence aurait mérité un meilleur développement (gageons que s’il était passé par Rétro-Studio ont aurait eu le droit à un monstre) puis sortir à un prix plus petit compte tenu de son ancienneté et de sa durée de vie.Les développeurs d’Eternal Darkness ont fait un boulot correct. Mais un mythe mérite cent fois plus que ça. Un jeu de légende doit aspirer à de l’exemplaire. Alors disons que le phœnix est revenu de ses cendres avec un plumage qui sent un peu le cramé mais que son instinct est intact. A vous de voir maintenant, si vous décidez d’investir votre argent dans The Twins Snakes, sachant que l’on peut goûter à la vraie saveur pour seulement quelques pièces…
Ne fait pas remake qui veut. Un tel jeu attendu depuis tellement de temps méritait un prix fort mais aussi une technique ambitieuse. Sinon, à quoi bon faire un remake ? Autant faire une suite, qui elle au moins, innove.
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