Robothorium : fondations fragiles
Développé par Goblinz Studio à la suite de Dungeon Rushers dont il reprend certaines mécaniques, Robothorium est un RPG au tour par tour dans un univers futuriste inspiré du cycle des robots d’Isaac Asimov. De bonnes idées, mais une réalisation bancale sur la console de Nintendo.
TestUne écriture engagée
Nous sommes en 2052. Vous incarnez S.A.I.A, une intelligence artificielle récupérée par Sarah Simov pour mener la résistance des robots contre BreakTech, une entreprise qui exploite le thorium, une ressource d’énergie, pour arriver à ses fins de domination politique et technologique. C’est un monde peuplé d’humains, de robots et de cyborgs, dont les conditions de vie sont compromises par la contamination de leur organisme par les parties robotiques.Vous l’aurez compris, le jeu s’inspire largement du cycle des robots d’Isaac Asimov, papa de la science-fiction. Ne serait-ce que le nom de votre interlocutrice principale est un rappel évident à l’hypotexte du jeu. Des clins d’œil plaisants que l’on retrouve tant dans la narration que dans les dialogues et certaines missions. La présence de telles références dans un jeu à ambiance SF est d’autant plus agréable que l’on tombe facilement dans la banalité dans ce genre d’univers.
Ici, l’écriture est plutôt intelligente et engagée. Que ce soit par la prise en compte de différentes entités composant une société (humains, robots, cyborgs) ou par des références dystopiques faisant référence à notre propre réalité (mention spéciale à R.I.O.T, un robot anti-émeute créé en France pour réprimer les manifestations), le jeu ne manque pas de placer çà et là des amorces de réflexions politiques.
Une interface perfectible
Cela étant, on aurait apprécié que l’interface soit plus adaptée à la Nintendo Switch. Pensé à l’origine pour le PC et une utilisation à la souris, le jeu souffre quelque peu de cette transposition. Les menus sont confus et il n’est pas toujours aisé de savoir où on peut aller. Certaines commandes confuses en combat (notamment les capacités dont l’effet change selon que la cible est un ennemi ou un allié) en témoignent.Une autre à chose à repenser, dans une moindre mesure, serait la gestion de la musique. En effet, l’ouverture de l’inventaire interrompt la musique du niveau en cours, ce qui contribue à couper le joueur de la situation dans laquelle il se trouve. Un détail qui pourrait être corrigé sans trop de difficultés.
On ne peut pas en dire autant de la manière d’évoluer dans les différents niveaux. Le passage d’une salle est plutôt rudimentaire : un fondu noir et voilà votre groupe dans la nouvelle pièce. Comme le groupe que vous contrôlez est amené à se déplacer souvent et à revenir sur ses pas, cette succession clignotante de salles peut devenir assez désagréable. Ces coupures sont peu engageantes pour le joueur.
Des performances frustrantes
Mais si ces éléments sont, pour la plupart, généraux à toutes les versions du jeu, la version Switch souffre de performances très en-deçà des attentes. En comparaison avec la version PC, c’est tout à fait regrettable.Certaines images, notamment l’écran d’annonce de combat qui présente les deux groupes qui vont s’affronter, ou le portrait des robots lorsqu’ils lancent leur attaque spéciale, sont flous, à cause d’une résolution diminuée des sprites, ce qui donne au tout un résultat un peu brouillon. S’agissait-il d’une concession pour améliorer la stabilité du jeu ? quoi qu’il en soit, cela fait partie de ces éléments qui vous font sortir du jeu, à un moment où la tension devrait être montée d’un cran. Idem pendant les cinématiques, qui gagneraient pourtant à être en bonne qualité, pour mettre en valeur les dessins des personnages. Peut-être l’intention était-elle de diminuer la taille du jeu, mais pourquoi ? il n’est pas si lourd.
Pas autant que les temps de chargement qui ponctuent le jeu. Pour lancer une mission, un temps de chargement qui se fige, comme si le jeu s’était bloqué ; pour engager un combat, un temps de chargement ; pour accéder à l’inventaire, un temps de chargement ; pour revenir à la partie, un temps de chargement ! De même dans le hub, où passer de l’écran de sélection des missions à l’inventaire ou celui de réparation des robots demande toujours plusieurs secondes d’attente. Pour un jeu intégralement en 2D et composé de sprites animés, on a du mal à comprendre la raison de cette lenteur.
Le jeu a aussi du mal à afficher des combats fluides, et à chaque attaque contre un ennemi, l’animation se fait saccadée, ce qui contribue tout autant à sortir de l’action. Autant d’écueils très présents – quasi constants – qui viennent rendre l’expérience de jeu frustrante. Gageons que Goblinz Studio se penche sur un correctif pour la version Switch afin d’y remédier. En attendant, voilà un défaut dégrade fortement mon avis sur le jeu.
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