Des rumeurs au concret, il n’y a que 4 mois
C’est au mois de février 2000 que les premières rumeurs commencent à émerger autour de ce titre. Le site internet Rarenet dévoile en effet que les anglais de Rare ont déposé la licence Dino Planet et que cela pourrait devenir un titre de jeu sur Nintendo 64. Quelques temps plus tard, c’est sur le site internet officiel de Rare qu’on trouve de nouveaux indices concernant cette histoire qui commence à devenir bien louche.
A l’époque, on pouvait trouver une rubrique " scribes ", l’équivalent du courrier, qui était dominée par une image symbolique, en rapport direct avec un événement récent (passé ou à venir) concernant la société Rare. L’édition du scribe en question, datée du 13 Avril 2000, était ornée d’une illustration présentant Tricky, le dinosaure que l’on peut défier au début de Diddy Kong Racing, une sorte de Mario Kart-like sorti en 1997 sur Nintendo 64. Autant dire qu’il n’en fallait pas beaucoup plus pour développer les rumeurs issues de jeunes fans hystériques comme des jeunes filles lors d’un concert des " Worlds Alliage be 3 Apart " (le nouveau groupe de jeunes hommes à chemises ouvertes).
L’édition 2000 de l’E3 arrive à point nommé un mois plus tard et Rare y dévoile pour la toute première fois Dinosaur Planet (mais également Conker’s Bad Fur Day sous sa nouvelle version super trash et méga gore), un jeu d’aventure action qui fait immédiatement penser à Zelda 64 : Ocarina of Time. Rareware a placé deux héros en tête d’affiche de ce nouveau titre : Sabre et Krystal.
Sabre est un combattant de 22 ans et le fils du magicien Randorn. Son grand frère est tombé au combat sur un champ de bataille et son père, très éprouvé et affecté émotionnellement par cette perte, disparut sans mot dire dans le vide des plaines désertiques. Après plusieurs années de tourment psychologico-métaphysique, Sabre est désormais pleinement déterminé à partir à sa recherche.
Krystal est quant à elle orpheline depuis l’âge de six ans et a été adoptée par ce fameux Randorn (voir seconde image) qui l’a donc choisie comme compagnie d’âme pendant ces10 longues années de vagabondage et d’errances.
Pour en revenir au concept propre du jeu, Dinosaur Planet est donc une quête épique où les joueurs devront combattre les entités maléfiques et autres éminences grises qui tendent et cherchent à détruire l’univers. On traverse donc des environnements gigantesques, entre plateaux enneigés et vallées où la lumière surplombe l’herbe fraîche. On l’a déjà évoqué plus tôt dans cet article, le principe du jeu et l’univers graphique est proche de celui créé par Miyamoto pour Ocarina of Time.
Ainsi, comme Link, les personnages sautent automatiquement de plates-formes en plates-formes et on profite d’un système de lock (via le bouton Z) déjà bien rôdé. De l’autre côté, le mélange de puzzles, de scènes cinématiques permettant de bâtir une intrigue solide et un minimum plus consistante qu’une tarte allégée, évoque Jet Force Gemini, un space opéra du même développeur sorti en 1999 sur Nintendo 64.
Dinosaur Planet… ou le soft qui aurait dû soutenir la Nintendo 64 dans ses deniers soubresauts
La version présentée lors de l’E3 2000 était à un stade de développement avancé puisque le jeu aurait dû voir le jour en 2001 pour accompagner la Nintendo 64 dans son chant du cygne. Doté d’une réalisation luxueuse faisant presque oublier le fossé technologique qui existe entre les consoles 32/64 bits et la nouvelle génération qui se met juste en place. Dinosaur Planet utilise l’expansion pack, ce merveilleux petit objet rouge et noir qui ressemble à un mini radiateur très coûteux et qui se place sous le capot de la N64 pour profiter des joies de la " haute résolution " et bien souvent d’animations saccadées parce que les programmeurs ne savent pas s’en servir, et occupe une cartouche de 512 megabits pour autoriser une qualité sonore et une quantité de textes rares (plus grosse cartouche jamais employée sur ce support avec Resident Evil 2).
Cette débauche de moyens était mise en oeuvre pour profiter d’expressions faciales (comme dans Conker’s Bad Fur Day), même si les différentes images et vidéos dévoilées ne témoignaient pas d’une réussite criante dans ce domaine. Mais Rare avait également besoin de cette puissance pour afficher et animer des personnages et des environnements aussi énormes que fascinants. La majorité des journalistes présents sur place pour tester le jeu ont clairement avoué qu’il s’agissait du projet le plus ambitieux jamais développé par Rare.
Miyamoto faisait visiblement partie de ces gens séduits qui ont fait le lien entre le character design de Sabre et celui de Fox Mc Cloud, licence ô combien réputée de Nintendo. Il a même déclaré qu’il serait très heureux de voir des personnages de Star Fox dans un tel univers. Ce mix de genres est officialisé quelques semaines avant l’E3 2001 où l’on commence à découvrir le nouveau titre du jeu : Star Fox Adventures Dinosaur Planet. Le rapprochement intime d’une série qui a pour l’instant toujours lorgné du côté du shoot 3D et d’un jeu d’aventure / action, semble faire peur à de nombreux fans du renard le plus connu de l’espace (il faudrait encore vérifier biologiquement qu’Albator est effectivement un homme). Aujourd’hui, on sait que quelques phases de shoot ont été rajoutées probablement à la va-vite à la fin du développement de Star Fox Adventures pour tenter de contenter les puristes.
Au cours de l’année 2001, Rare a par ailleurs choisi de poursuivre le développement du jeu sur Gamecube et c’est lors de l’E3 2001, où il est présenté en démo tournante, que le soft s’impose comme un des nouveaux fers de lance du Gamecube. Les frères Stampers se sont d’ailleurs exprimés au sujet du changement de console : " c’est la première plate forme qui nous donne l’occasion de montrer ce que nous voulons montrer, les barrières technologiques ne sont plus un frein pour notre imagination ".
Le lifting technique est réellement impressionnant et tous les personnages et environnements en profitent. Vous pouvez vous en rendre compte en parcourant les images de ce dossier, Krystal est passée d’une jeune fille inexpressive à une amazone adulte et généreusement dotée. Les dinosaures (Tricky y compris) ont gagné une crédibilité et sont désormais réellement convaincants, le général Scales est passé d’un vulgaire lézard un peu constipé à un adversaire imposant, présent, et qui remplit parfaitement son rôle de méchant ténébreux comme peut le faire Ganondorf dans la série des Zelda.
On peut également s’amuser à comparer l’aspect visuel et la progression accomplie dans le domaine de l’animation des différents ennemis, et autres personnages non jouables (les boss, le géant de pierre...). Les environnements se sont enrichis d’une contenance réelle, les arbres anémiques se sont couplés à des feuillages denses, les courses de surf des neiges sont devenues fluides (le constat s’applique d’ailleurs à l’ensemble des phases de jeu), les neiges sont devenues froides et le jeu y a indéniablement gagné.
Conclusion : ce ne sont que les prémices
A un point tel qu’on se prend à rêver de ce qu’auraient pu devenir les Conker’s Bad Fur Day et autres Perfect Dark sur une console à la hauteur de leur démesure (Rare n’a jamais été réputé pour produire des jeux à la fluidité irréprochable en toutes circonstances). Nous n’allons pas revenir sur la polémique qui consiste à savoir si Star Fox Adventures est bel est bien l’événement ludique promis et espéré ou s’il ne s’agit que d’un jeu d’aventure relativement moyen, le test et l’accueil spécial qui viendront sur PN vous en diront suffisamment.
Post-scriptum : Enfin, pour conclure ce dossier comme il se doit, voici (pour toutes les personnes qui ne sont pas prises d’un malaise cardiaque quand il s’agit de lire des textes en anglais) un lien vers un dossier très complet et intéressant sur le sujet : cliquez ici.
Et pour les grosses connexions, voici un autre lien vers une vidéo de 20 Mo sur Star Fox Adventures, sorte de mélange fait maison entre un trailer et le contenu de ce dossier. De quoi vous faire patienter en toute tranquillité jusqu’à la sortie du jeu dans nos contrées : Cliquez ici.
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