L’Europe: perpétuel troisième larron.
Oublié, dénigré, refoulé, l’Europe a toujours eu une position de dernier de classe pour l’industrie du jeu vidéo. Cette tendance se traduit par la fâcheuse manie d’être les derniers servis en toute occasion (exception faite des développeurs européens, et encore !) par rapport a nos voisins japonais et américains. Cela est valable aussi bien pour les consoles (1 an d’attente régulièrement), que pour les jeux (idem voir ne sort tout simplement pas !).C’est irritant quand même, surtout quand on voit à quel point ce marché a évolué chez nous en quelques années, passant du statut de produits de passionnés d’électronique et de culture japonaise il y a 10 ans, a celui de loisir de masse aujourd’hui.
Mais les chiffres ne mentaient pas, bien que le flambeau ait change de porteur. Durant l’ère 8-16 bits, le Japon fait la pluie et le beau temps, et Nintendo est maître du monde. Puis vint l’ère des 32 bits, et les Etats-Unis s’imposent comme marché numéro 1 sous l’élan marketing magnifiquement orchestré du nouvel entrant Sony. L’actuelle génération 128 bits conforte cette répartition placée sous le signe d’une suprématie américaine, mais laisse entrevoir un nouvel arrivant inattendu …
Un Peu Trop Multiethnique.
Pas de soucis, ce n’est pas une maladie, je trouve même personnellement que c’est une magnifique chose qui est l’une des grandes richesses de notre continent. Mais pour l’industrie des jeux vidéos, c’est un handicap indéniable qui nous a valu une certaine ignorance.Ce qui est une qualité pour nous est donc bien un défaut pour eux. Je m’explique. L’Europe c’est un ensemble de pays très nombreux, culturellement très diversifiés, économiquement plus ou moins avancés, ayant des goûts différents, et surtout ne parlant pas la même langue. Bref, difficile de mettre plus de bâtons dans les roues d’un développeur de jeux ! L’adaptation d’un jeu respectant les multiples prérogatives culturelles européennes requiert donc du temps et de l’argent, plus que n’en demande les marchés américains et japonais de leur cote.
La plus importante barrière reste encore et toujours la langue. Si pour certains jeux c’est un problème relativement mineur (à commencer par les jeux de combat), le problème se complique quand certains jeux intégrant de nombreux dialogues doivent être adaptés.
Dans ce dernier cas, tout le monde pense alors aux jeux d’aventure, ou aux RPG. Immenses succès au Japon, souvent adaptés en anglais pour le marché américain qui se découvrent à l’heure de la SNES une passion pour ces jeux, nous n’en verrons rien pendant longtemps sur notre vieux continent. Le meilleur exemple reste la saga Final Fantasy, qui n’a réellement fait son apparition chez nous qu’a partir de l’épisode 7 sur PlayStation. Je ne vous parlerais même pas de la série des Dragon Quest de l’éditeur Enix, provoquant l’euphorie des japonais et l’intérêt des américains, mais qui ne soulève que perplexité et incompréhension chez nous !
Outre ces retards incessants, gardons également a l’esprit que généralement le prix des consoles et jeux est indéniablement plus élevés chez nous que chez nos voisins japonais et américains. Mais sachez que malgré tout nous petits français sommes des privilégies, de même que nos amis germaniques, anglais, espagnols, … car de nombreux pays européens sont encore aujourd’hui ignorés par les développeurs et distributeurs car pas encore rentables pour l’investissement consenti.
2002, la Transition s’Amorce.
Le marché des jeux vidéos rivalise avec l’industrie du cinéma et de la musique, et on comprend un peu mieux la compétitivité grandissante sur ce secteur quand on réalise que le pactole a récolter est de plusieurs dizaines de milliards de dollars !L’année 2002 risque d’être exceptionnelle pour le marché des jeux vidéos Les prévisions sont plus qu’euphoriques, puisqu’on nous annonce que le marché mondial atteindra les 31 milliards de dollars de chiffre d’affaire cette année, soit + 12% par rapport à 2001 qui fut déjà une excellente année. Sur ces 31 milliards de recette, 22 milliards proviendront des ventes de consoles ! Pour résumer, cette année les foyers vont massivement s’équiper, et fin 2002 on devrait trouver quelques 70,4 millions de consoles dans le monde. La PlayStation 2 devrait logiquement être leader du marché avec 48,4 millions de consoles écoulées et ainsi 69% de part de marché. Nintendo devrait s’accaparer 21% de ce marché bien juteux, avec 15,1 millions de consoles. Enfin Microsoft et sa X-Box feront un peu grise mine en apprenant qu’ils n’occuperont que la troisième place du podium avec 10% de part de marché et 6,9 millions de consoles écoulées.
Mais une tendance toute nouvelle est à relever. En effet, le marché des jeux vidéos est en retrait au Japon en comparaison des années glorieuses de jadis, et les Etats-Unis semblent avoir atteint un certain seuil de maturité.
Quel est donc le nouveau marché porteur, vers qui l’industrie de jeux va-t-elle désormais se tourner, ou la croissance va-t-elle atteindre son apogée ? Et bien croyez le ou non, la réponse a toutes ces questions est : en Europe !
Une Europe Meneuse.
Nous sommes partis de bas et nous avons grimpé la colline doucement mais sûrement ! Les chiffres le prouvent, depuis 5 ans l’Europe est en plein boom … Et autant l’année 2001 était américaine, autant 2002 sera placé sous le signe de l’Europe.Première preuve de ce que j’avance, à l’heure où je vous parle l’Europe est le second marché mondial des jeux vidéos, derrière les Etats-Unis/Canada. Oui vous avez bien lu, l’empire du soleil levant est bon dernier, et l’Europe de l’Ouest s’accapare sa place.
Principaux acteurs, L’Angleterre, l’Allemagne et la France qui ont toujours été des marchés très forts en Europe et qui ont été les principaux instigateurs de cette incroyable croissance du secteur vidéo ludique. Aujourd’hui encore ces pays drainent la majeure partie des bénéfices en Europe. L’Angleterre en est un bon exemple. Premier marché européen, l’engouement des britanniques pour les jeux vidéos est incontestable puisque 30% des foyers sont équipes en consoles de jeux. Un chiffre saisissant mais moins que les prévisions, puisque d’ici 2 ans on nous annonce que 60% en seront équipés ! La Game Cube avait d’ailleurs fait une sortie remarquée la-bas le 3 mai dernier, puisque qu’après 50,000 consoles pré commandées, ce sont près de 10,000 petits cubes qui se sont écoulées lors des 2 premières heures de commercialisation du dernier rejeton de Nintendo. A l’heure actuelle, l’Europe représente 20% du marché global de Nintendo.
Ces 3 pays restent donc prépondérants mais leur importance devrait décroître au profit de nouveaux pays européens, ayant mis un peu plus de temps a intégrer le marché des jeux vidéos mais qui s’avère désormais bien plus dynamique. Les marchés de demain sont ainsi l’Espagne, le Portugal, et les pays scandinaves, qui devraient encore accélérer la croissance du marché des jeux vidéos en Europe.
Au final le marché européen des logiciels des consoles de jeux devrait atteindre la somme rondelette de 7,5 milliards de dollars cette année !
2004, le Tournant !
Ne tournons pas autour du pot, en 2004 nous serons tout simplement le premier marché mondial des jeux vidéos, devant le Japon et devant les Etats-Unis. Ce n’est pas moi qui le dit, mais l’ELSPA, the European Leisure Software Publishers Association. Et attention quand je dis Europe, je veux dire Europe de l’Ouest uniquement. Imaginez le jour ou l’économie de marché sera à son apogée dans l’ensemble des pays d’Europe de l’Est. Même si les Etats-Unis et le Japon sont toujours des marchés a très fort potentiel, c’est en Europe que les opportunités à venir sont les plus juteuses.N’aviez vous donc pas prévu cette tendance ? Pourtant de nombreux facteurs nous montrent que le marché européen des jeux est plus que jamais dynamique. Les budgets marketings colossaux des 3 seigneurs de cette industrie le prouvent d’ailleurs ! Nintendo aura alloué plus de 90 millions de dollars a son plan marketing de lancement de la GC pour l’Europe uniquement. Et regardez donc toutes ces sociétés de jeux françaises qui grossissent et deviennent des acteurs prépondérants de cette industrie. Qui aurait pu imaginer cela il y a 10 ans quand les développeurs japonais détenaient alors un quasi-monopole du secteur de création des jeux! D’acquisitions en acquisitions, les développeurs Français ne cessent de grossir et de gagner en renom. Eidos, Vivendi-Universal Games, Interplay, ou encore Infogrames pour ne citer qu’eux sont aujourd’hui des entreprises qui comptent sur l’échiquier mondial de ce marché. Infogrames a ainsi acquis il n’y a pas si longtemps le studio Shiny Entertainment et a par la même occasion a récupéré les droits d’adaptation des films Matrix. Et n’oublions pas que les petits génies de Rare sont anglais ! Et la série des Tomb Raider … FRANÇAIS ! Et Rayman alors … je vous le donne en mille, FRANÇAIS !
Bref, ce que j’essaye de vous faire comprendre, c’est que parallèlement au marché de consommation des jeux vidéos en lui même qui est comme on a pu le voir en pleine expansion, c’est toute l’industrie européenne des jeux qui suit cette tendance, a commencer par les développeurs.
La nouvelle génération de consoles fera son apparition en 2005/2006, ce qui devrait encore laisser entrevoir des recettes plus qu’attrayantes pour l’industrie vidéo ludique, avant d’atteindre un seuil historique en 2008 ou les 40 milliards de dollars de recettes devraient être dépassés.
Nul doute que l’Europe jouera un rôle primordial a cette époque étant donnée les belles perspectives d’avenir énoncées dans ce dossier. Mais serons-nous bientôt respecté et traité comme il se doit, c’est a dire comme principal acteur du marché mondial, ou allons-nous devoir continuer a subir retards et prix prohibitifs incessants ?! Messieurs les acteurs de l’industrie vidéo ludique, sachez nous récompenser comme il se doit d’avoir fait de l’Europe le nouvel Eldorado des jeux vidéos !
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