Dans la première partie que vous avez pu découvrir dans la mise à jour d'hier, on a essayé de faire un petit bilan : comment en est-on arrivé à une console boudée du public, certes, mais surtout des éditeurs. La magie Nintendo n'opère-t-elle plus ? Heureusement, Pikachu est arrivé :-) Alors on va voir comment les bestioles colorées de Nintendo pourraient transformer un coup de chance en coup de maître...
Les Pokemon salvateurs.
Quelle est donc l'unique solution pour Nintendo si la société ne veut pas réitérer son semi-échec ? C'est de reprendre à zéro. Et depuis 1996, on peut dire que Nintendo se débrouille plut&oicirc;t bien avec cette nouvelle technique. Elle a tout pour faire enrager certains Nintendomaniaques, mais elle s'avère finalement comme la seule alternative possible pour retrouver en peu de temps une position qu'on aurait bien voulu ne jamais la voir perdre.
Les Pokemon vont constituer comme un électro-choc... dans les cours de récréation. Pendant que Sony fait vibrer les discothèques à coup de sponsoring retentissant, Nintendo répand ses créatures dans les cours d'écoles, comme si de rien n'était, si discrètement que c'est comme une énorme surprise pour tous lorsque Nintendo communique les premiers chiffres d'affaires Pokemon. Rien que pour le Japon, c'est la razzia sur le marché du jouet : déjà en 1996-1997, les jeunes Japonais sont complètement fascinés par les facéties de Pikachu et ses amis. Et le phénomène ne va faire que s'accentuer, et se répéter, inlassablement, à travers le monde.
Ainsi, Nintendo revient de la plus belle des manières à la case départ, et empoche au passage nettement plus que les 20.000 F d'usage ;-) En effet, les Pokemon renversent tout sur leur passage, suscitent les interrogations des médias et des sociologues. Pendant ce temps là, Nintendo vend, et ses bestioles la replacent au coeur des occupations majeures des enfants : tout comme la Nes en 1985, les Pokemon sont en 1997 le nouveau lien qui unit Nintendo aux joueurs, pendant que Sony (et Sega avec sa Dreamcast) se bouffent le nez sur le marché des plus de 18 ans.
Mais le fait est que Nintendo n'est pas stupide, et que l'abandon auquel nous semblons faire face depuis quelques mois n'est que temporaire. Nintendo doit en effet reprendre son travail d'accompagnement depuis le début, en faisant en sorte que les fans de Pikachu d'hier soient les fans des consoles Nintendo de demain.
Comment font-ils ?
Nintendo a eu les Pokemon par chance, et le génie marketing a fait le reste : des millions de jeunes de 8 à 15 ans en moyenne suivent les tribulations de Pikachu à la TV, au cinéma, se déplacent au fast-food du coin pour collectionner les figurines, mangent des céréales dans l'espoir de trouver la carte manquante... et achètent des jeux vidéos. On aura certes eu peur en décembre 1997 lorsque plus de 600 enfants auront été victimes d'une crise d'épilepsie suite aux éclairs de Pikachu (quand on vous dit de ne pas vous mettre devant la TV pour regarder ce qui s'y passe...)
Les jeux vidéo Pokemon vont ainsi nous permettre d'illustrer comment Nintendo a boosté ses ventes de consoles : tout commence évidemment avec le Game Boy. Il faut noter que les jeux vidéo Pokemon (Blue/Red, Bleu/Rouge) ne sont pas d'hier, pour preuve le fait que les jeux soient destinés à la console monochrome de Nintendo. Viendront ensuite de nouvelles éditions, Pokemon Yellow (Jaune, Edition spéciale Pikachu) qui confirme la tendance : Pokemon est LE phénomène des années 1990, au grand dam de Sony et de Sega qui n'avaient pas senti le coup venir.
Maintenant, c'est trop tard. La machine est en route. Déjà, les Pokemon ont ramené dans le giron de Nintendo des dizaines de milliers de possesseurs de Nintendo 64, qui auraient très certainement opté pour la Playstation vieille mais dotée d'une ludothèque reluisante, en d'autres circonstances. La sortie sur N64 de Pokemon Stadium est un fantastique coup marketing : pour la première fois, plein de gens vont toucher à une Nintendo 64. On retrouve Pikachu dans Smash Brothers, on l'affiche même sur la plastique de la console.
Le but n'est pas tant de vendre des consoles que surtout de prévenir ce qu'on n'avait pas su prévenir quelques années plus tôt : la fuite vers l'Autre, avec sa Playstation 2 (qu'elle est même pas là d'abord). Nintendo s'assure ainsi une nouvelle base de fanatiques qui l'accompagneront dans de nouvelles aventures.
Et maintenant...
Nintendo dispose d'une base de pratiquants âgés essentiellement de 10 à 18 ans. C'est bien sûr une moyenne large, mais en même temps Nintendo a fait en sorte de séduire un public plus âgé avec des jeux comme Perfect Dark et Zelda Majora's Mask, tandis que les éditeurs tiers faisaient un retour remarqué, comme Capcom avec Resident Evil 64.
L'effort de Nintendo va être de s'assurer que ces nouveaux fidèles le suivent avec le passage à la prochaine génération. Pour patienter, on leur propose de nouveaux jeux sur Game Boy Color (Pokemon Gold/Silver, Pokemon Or/Argent) et sur Nintendo 64 (Pokemon Snap), tandis que le second film viendra convaincre les derniers enfants réticents de l'importance de Pikachu sur notre Terre ;-)
Le but est visiblement de masquer l'arrivée d'une console qui n'a de salut que le succès de sa petite soeur la Playstation, cette espèce d'aura qui avait boosté les ventes de la Super Nintendo lors de son lancement. On peut penser que si Sony ne redresse pas la barre très vite en matière de jeux et de facilité de programmation, eh bien la bataille des consoles de quatrième génération lui est loin d'être acquise.
En effet, non seulement Nintendo a la chance de disposer d'une nouvelle armée de fans dédiés à sa cause, mais en plus ces fans vont... grandir. Et on connaît bien sur Puissance Nintendo cette espèce de magie : une fois qu'on a goutté à Nintendo, on peut difficilement s'en passer. Ces fans vont découvrir les nouvelles créations de la marque, tout comme les personnages plus anciens (Mario 64 est un must-play dans le genre !). Bref, largement de quoi patienter une petite année avant la sortie d'une certaine Nintendo Game Cube.
D'ailleurs, sans doute vous êtes-vous rendu compte de la malice de Nintendo lors de la présentation de cette console : on retrouve les Pokemon pour une démonstration en temps réel des capacités de la console en matière de calcul de polygones. Le mois que l'on puisse dire, c'est que ces images ont impressionné des gens qui sans doute n'y connaissent rien en jeux vidéo et qui vont acquérir cette nouvelle console pour le seul plaisir de voir les Pokemon évoluant dans des décors animés d'une facon irréprochable.
On voit bien que grâce aux Pokemon, Nintendo remonte la pente. Les Pokemon ont permis de reprendre une technique qui avait fait ses preuves dans les années 1980 mais que Nintendo avait délaissé dans les années 1990 pour imposer sa nouvelle console dans une nouvelle classe d'âge, alors que la Playstation l'attendait au tournant sur ce même segment des ados et des jeunes adultes. Le fait est qu'en dépit d'une baisse très sensible de son chiffre d'affaires, Nintendo est plus que jamais une société bénéficiaire : les succès du passé, ici, aident aux succès du futur...
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