La PS2, une console de jeux hybride.
La PS2 est une console de jeux. Cette affirmation, la majorité des gens la considère comme une vérité. En effet, la Playstation 2 sait lire les jeux de sa prédécesseur, la Playstation (remarquons l'originalité dont font preuve les gens de chez Sony) et des jeux conçus spécialement pour elle. Pour bien affirmer l'appartenance de cette machine à la catégorie des consoles, il faut ajouter au constat précédent, que cette machine se sert d'une télévision comme d'écran, qu'elle possède un mode de fonctionnement relativement facile...
Je vous répondrai que vous n'avez pas tort. Comme je dirais à quelqu'un qu'il a raison de classer le singe parmi les vertébrés. Mais la PS2 n'est pas que cela, comme le singe n'est pas qu'un vertébré mais aussi un mammifère. La PS2 dispose d'atouts supplémentaires qui expliquent, en partie, son succès malgré la faiblesse des jeux développés pour elle. Le premier de ces atouts, c'est bien entendu le lecteur de DVD. On peut se demander la raison qui a poussé Sony a équipé sa machine d'un tel lecteur alors que la firme est déjà présent sur le secteur des lecteurs DVD de salon. Effet de mode ? Volonté d'assurer le succès de sa machine ? Oui mais pas seulement.
Le monde (online) est à vous...
D'autres détails expliquent le fait que la PS2 ne soit plus totalement une console de jeux. L'un des accessoires en préparation pour la PS2 est un disque dur. Cette nouvelle me fit l'effet d'un électro-choc. Un disque dur ? Pour une console ? En fait, cet accessoire n'est que l'élément le plus frappant d'une gamme d'objet dont le but est de transformer cette machine en une borne Internet. Certes Internet est un paradis pour les joueurs, j'en suis et vous en êtes la preuve, non seulement par le biais des informations qui y circulent (tests de jeux, previews, tips...) mais aussi par le jeu "online" qui permet, à tout moment, de se confronter avec un ou des adversaires humains et qui élargit considérablement la durée de vie d'un jeu. Mais devant l'immensité d'Internet, il y a peu de chance que celui qui surfe par le biais de la PS2 se limite aux sites de jeux vidéo et aux serveurs de jeux. L'apparition future d'un clavier (nécessaire pour les e-mails et les discussions en ligne) ne fera qu'amplifier le phénomène.
Tout cela donne l'impression que la PS2 est autre chose qu'une console. Il est vrai que la Dreamcast, et avant elle la Saturn et d'autres, possède certains de ces accessoires : clavier, modem... Mais si l'idée est la même (élargir les capacités de la machine à autre chose que le jeu pur), les moyens et la volonté sont tout autre. Sony n'est pas, et n'a jamais été, une société de jeux vidéo, comme Sega ou Nintendo, mais un fabriquant de télévision, chaîne hifi, walkman... La composante jeux vidéo, malgré son poids financier, n'est qu'une partie de cette multinationale. Or quoi de mieux pour un tel constructeur de concevoir une machine multi-fonctions ? Fini le PC pour surfer sur le net ! Finie la console pour s'amuser ! Fini les lecteurs DVD pour visionner un film ! Mais vive le tout-en-un, vive la PS2 ! C'est un peu caricatural, d'accord, mais pourtant... c'est vrai.
Une affaire de gros sous.
Mais différentes machines, cela signifie plusieurs achats et donc plus d'argent dans les caisses de Sony. Certes mais cela alourdit les coûts de production. Le tank Sherman n'était pas meilleur qu'un char Tigre allemand, durant la Seconde Guerre mondiale, mais il était bien plus facile à construire à grande échelle. Il faut en plus y ajouter le rôle de la concurrence car rares sont les personnes achetant tout leur matériel chez un même fabricant. Et aussi, qui dit plusieurs achats, dit addition plus salée et il est probable qu'une famille ne s'équipe pas d'un PC, d'un lecteur DVD, d'une console... d'un seul coup, il lui faut du temps pour évoluer l'intérêt d'avoir une telle machine, son prix... Une machine hybride est donc un outil de domination de plusieurs marché. Et qui réussit à imposer sa machine, prive du même coup la concurrence de l'attaquer sur un autre marché porteur. Car il va de soi qu'une machine multi-fonction ou multimédia ne peut comporter que des "nouvelles" fonctions comme le DVD ou l'Internet, actuellement.
Multimédia, le mot est prononcé et rappellera souvenirs aux plus anciens. C'est en effet ainsi que l'on désignait les CDi de Philips et les CDTV de Commodore. Et c'est bien à ce type de machine que Sony veut aboutir. Et sa politique est exemplaire. Sony n'a pas débarqué dans le monde des jeux vidéo directement avec sa machine hybride. Non, elle a retenu les leçons des "désastres" que furent le CDi et le CDTV. Sony a préféré concevoir une console, propre après l'échec de son alliance avec Nintendo, la Playstation. La firme a également bien choisi son moment, une période où on annonçait la mort des consoles, qui était justement la fin du règne des 16 bits. L'époque est parfaite : le marché est dominé par deux constructeurs Sega et Nintendo dont les machines vivent leurs derniers moments, ce marché est encore limité à des catégories sociales jeunes (adolescents et avant), et l'échec des concurrents a rendu les deux géants du jeu vidéo sur de leur mainmise sur le marché.
Sony va profiter de ce calme pour radicalement modifier le monde du jeu vidéo. Sega développe une console puissante mais classique reposant sur une 2D et des hits issus de l'arcade. Sony lui veut une console et des jeux "proche" de la réalité et favorise la 3D. Le choc est dur, mais Sega reste debout et résiste. Mais Sony est habitué à la (rude) concurrence et s'attaque à un domaine où Sega est encore novice : la publicité. Tous les médias (presse, télévision...) sont utilisés par Sony. Sega lui lance périodiquement quelque campagne de pub, rapidement noyé sous ceux de Sony. De plus, Sony vise un marché plus large que celui de Sega et utilise toutes les ressources de son groupe : chanteurs sponsorisés... Sega est dépassé sur les marchés européens, américains et bientôt japonais.
Et lorsque Nintendo commercialise sa N64, il se retrouve seul en face de Sony et la Playstation. La pauvre Saturn est à l'agonie. On connaît la suite. La Playstation, trop implantée dans le secteur des consoles de salon, ne cède pas sa première place malgré des hits comme Zelda ou le phénomène Pokémon. La compatibilité de la Playstation 2 avec les jeux de la Playstation première du nom marque bien la volonté de Sony de baser sa nouvelle machine sur le succès de sa console.
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