Que la vente continue !
Ce que tout le monde a en tête s'appelle la N5, c'est le nom de code supposé de la prochaine console de salon de Big N. On ne sait absolument rien sur cette console. Depuis quelques mois, les seules infos sur la machine sont de possibles dates de sortie, mais Nintendo a toujours été très silencieux quant aux données techniques et au design de la machine. Bref, hormis le fait que la machine arrivera en magasins en même temps, sinon un peu avant les consoles de la concurrence.Mais avant de lancer une nouvelle console, il faut écouler la génération actuelle, et c'est une tâche qui n'est pas révélée aussi facile que le management de Nintendo aurait pu le croire. Une conférence de presse de Satoru Iwata, le Président de Nintendo, a en effet indiqué que la production de GameCube serait mise en pause, dumoins pour quelques temps.
En fait, on a un peu le sentiment que Nintendo ne sait pas trop où il en est avec ses consoles ! D'une part, le fabricant indique que seulement 80.000 machines ont été envoyées dans le monde, et d'autre part ils doivent mettre en veille la fabrication de consoles, le temps de compter celles qui sont en stock.
Vendre sur la durée...
On voit bien que depuis sa sortie en septembre 2001 au Japon, en novembre 2001 aux USA et en mai 2003 en Europe, la console a toujours eu du mal a bien se vendre, sur la durée. On le voit bien en Europe : après le coup de sang du lancement au mois de mai, avec quelques 500.000 machines vendues en quelques semaines, les ventes se sont tassées, avec quelques pics lors de la sortie de blockbusters comme Metroid Prime ou Zelda. Même un jeu comme Mario Sunshine n'a pas attiré les foules à un niveau que l'on pouvait espérer. C'est triste, mais c'est comme ça.On ne peut pas reprocher à Nintendo de ne pas avoir mis les petits plats dans les grands, notamment au niveau marketing. Néanmoins, on sent vraiment un décalage entre le discours ("on a des jeux pour adultes") et la réalité, faite de Shines et de Kirby roses (mais certes mignons comme tout). Bref, si dans la promotion on nous parle de Metroid et de Resident Evil, dans la vraie vie on trouve beaucoup plus de jeux enfantins qui forcément effraient le jeune adulte plein de sous à dépenser.
Nintendo a bien entendu une bonne idée du nombre de consoles actuellement dans les entrepôts. Suspendre la production n'est qu'une recette ultra-efficace de faire le vide en écoulant ces stocks vers les revendeurs. Encore faut-il que ces derniers en veuillent ! Pour le moment, rien n'est moins sûr, notamment au Japon où le dernier blockbuster NIntendo, F-Zero GX, n'a pas tenu plus d'une semaine dans le top 10 de Media Create. C'est inquiétant, même si on sait que les F-Zero n'ont jamais vraiment cartonné au Japon.
Attirer des joueurs de tous bords.
Lors de la conférence, Mr Iwata n'a pas indiqué combien de machines restaient à écouler. Il n'a pas non plus fait état de la durée de la suspension de production. Une chose est sûre : ce fut une erreur de Nintendo de croire que la machine pourrait continuer à se vendre sans jeux, et ce fut une erreur des joueurs de penser qu'un seul éditeur pouvait faire autant de hits que tous les autres éditeurs réunis. Il y a eu beaucoup d'espoirs non concrétisés dans les deux camps, et aujourd'hui c'est Nintendo qui en paie le prix avec une console qui ne se vend pas très bien.
Il ne faut pas se leurrer, l'été n'est pas la meilleure période pour vendre des consoles : la saison est plutôt aux sports extérieurs, aux vacances à la mer, et ça n'incite personne à s'offrir de console ! Ce n'est pas tout : l'été est aussi une période calme en jeux. Il n'y a bien que Nintendo pour oser sortir un Pokémon en plein de mois de juillet ! Ah, les Pokémon, qui aurait crû que Nintendo en vende 500.000 en un week-end ? Comme quoi les jeux simples ne sont pas forcément les moins appréciés.
C'est d'ailleurs un point que critique Iwata par rapport à la concurrence : comment attirer de nouveaux joueurs avec des jeux qui sont certes de plus en plus beaux, mais aussi de plus en plus difficiles ? "Les jeux difficiles sont ceux qui demandent beaucoup de temps et d'énergie". Les jeux sont plus difficiles, les joueurs ne les finissent pas, et au final ils ne jouent plus, n'achètent plus. Un peu réducteur comme vision, mais regardez le nombre de jeux que vous avez acheté et le nombre de jeux que vous avez actuellement terminés.
Bref, on considérait le GameCube comme un défi. On ne dit pas que le challenge a été raté, loin de là, mais il faut bien comprendre que les chiffres sont ce qu'ils sont, et que le NGC est loin d'être la machine préférée de tous les joueurs ! On a souvent cité l'image de la console comme raison de la réticence des uns à acheter la machine, c'est peut-être bien, c'est dumoins ce que pense Iwata, l'évolution du secteur qui a conduit le GameCube à un arrêt momentané de production.
Une question de coût.
Les mois qui viennent seront donc décisifs. Nintendo sait qu'il n'y aura pas de droit à l'erreur avec la prochaine console. On pouvait dire il y a deux ans qu'il y a de la place pour trois fabricants. Le fait est que les studios de développement n'ont pas les poches assez profondes pour financer la création de nouveaux jeux pour chacune des machines disponibles. Sans jeux, on ne vend pas de consoles, et quand on ne vend pas assez de consoles, on ne veut pas faire de jeux pour vous. C'est d'autant plus flagrant avec le GameCube, que plusieurs éditeurs ont supprimé de leurs project lists. Il faut dire que les jeux Nintendo sont une concurrence effroyable !Et ce n'est pas fini, car Nintendo promet d'être plus créatif que jamais. Par la voix de son Président, on entend que "nous pensons à lancer un type de jeu complètement différent. Nous sommes confiants que nous pouvons développer un produit que tout le monde peut apprécier et qui proposera aux gens une autre forme d'excitation". Bien sûr, c'est avec ça qu'Iwata nous laisse... patienter jusqu'au printemps 2004. Il promet que la nouvelle console ramènera le secteur du jeu vidéo à ses racines, avec des jeux que même le joueur lambda saura apprécier.
Il est évident que tout le monde est loin d'être convaincu du potentiel de Nintendo en la matière. Les investisseurs notamment sont optimistes : le cours Nintendo était au 7 août de 9.690 Yen, près de 19% de baisse par rapport au cours le plus élevé de l'action, à 11.890 Yen. Il faut dire que la santé des boursicoteurs est mise à rude épreuve : la PSP de Sony sème le doute sur les chances de Nintendo sur un marché qu'il contrôle complètement, le fameux segment portable.
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