Je suis donc allé faire le tour de toute l'équipe pour essayer de farfouiller au plus profond des mémoires des rédacteurs de Puissance Nintendo. Certains ont accepté de s'ouvrir au reste du monde en répondant à quelques questions qui vous permettront de comprendre que si Noel n'a pas des airs de Nintendo, Noel n'est pas vraiment Noel...
C'est la faute des zotres
On se rend compte qu'obtenir une console Nintendo n'est jamais le fruit du hasard : une rencontre a un moment donné qui fait que soudain, une boîte grise est entrée dans vos vies, pour ne plus jamais en sortir (au plus grand dam des parents d'ailleurs, parfois !).Avoir une console Nintendo à Noel, cela implique de se faire transmettre le virus des jeux vidéo au cours d'une visite chez un ami ou un cousin déjà contaminé ! En quelques heures, l'addiction devient totale, et on ne fait plus que parler que d'elle.
On en parle tellement que parfois, les parents en deviennent quelque peu réticents, un peu inquiet de voir leur progéniture rivée à l'écran du téléviseur pendant des heures et des heures. L'inquiétude est encore plus forte quand c'est la télé du salon qui est concernée, ce qui provoque parfois des scènes d'une tension extrème dans les foyers :
"- Si tu ne dégages pas cette pu**** de console maintenant, je la fais passer par la fenêtre, dit un père indigne.
- Père indigne, répond un rejeton indigné.
Et le monde de soudain comprendre que le jeu vidéo est le seul responsable de la perte d'autorité parentale : quand on n'a pas peur de buter du zombie, comment peut-on avoir peur de son père ? :->
L'objet du désir est gris.
C'est la NES qui, pour la plupart des PNrs, a été le premier cadeau estampillé Nintendo. La Nintendo 64 est sans doute sortie trop tard pour que des membres de l'équipe aient fait la connaissance de Big N avec leur dernière console de salon...La Super NES se démarque elle aussi. Sortie en 1992, seuls les plus jeunes PN'rs ont introduit Nintendo dans leur Noel familial, les autres ayant obtenu la NES quelque part entre sa sortie en 1987 et sa mort en 1991, quand la Game Boy s'imposait elle aussi comme un système populaire à l'occasion des Fêtes de fin d'année.
Obtenir une console Nintendo est loin d'être une partie de plaisir : il s'agit d'abord de convaincre les parents du bien fondé de la Chose (magique, cela va de soi, mais il ne faut surtout pas leur dire). Il est difficile d'expliquer pourquoi on est tombé sous le charme en une seule après-midi, et encore plus difficile d'expliquer pourquoi, cette fois, c'est vraiment une passion sérieuse (la Ferme aux Fourmis, le cadeau de l'année d'avant, ne l'était pas, par contre, et ne peut même pas être comparée à Ca !).
Nintendo là depuis longtemps.
Il est intéressant de noter que Nintendo ne s'est pas contenté d'investir les foyers (ou plutôt de faire investir les parents) avec des consoles. Les anthropologues évoquent l'existence de Game and Watch dont le coût exhorbitant empêhait de se les faire offrir en temps normal : 500FF pour un truc à cristaux liquides qui faisait bip-bip, on comprend mieux pourquoi les parents ont toujours affiché une mine d'incompréhension à l'égard de ce phénomène grêvant leur budget, chaque année, d'une poignée de milliers de francs.Y mettre les doigts, c'est se retrouver coincé dans un engrenage infernal. C'est encore plus vrai maintenant, quand on voit que les nouveaux modèles de consoles ne disposent d'aucun jeu fourni, et n'ont qu'une seule manette. Le cas est encore plus explicite avec la GameCube : acheter la console 199 dollars revient souvent à dépenser près de 300 dollars, histoire de s'octroyer une manette de plus, un jeu, une carte mémoire tout simplement indispensable, et le fameux câble vidéo, celui proposé étant pas définition celui que vous n'avez pas dans la boîte de la console !
A l'époque de la NES et de la Super NES, les gens avaient la chance de pouvoir trouver des jeux qui, souvent, étaient tout simplement les meilleurs : Super Mario Bros sur la 8 bits, Super Mario World sur la 16 bits. Deux jeux exceptionnels, quasiment d'office avec toute console acheté. La NES avait même le Deluxe Package, avec un pistolet et Duck Hunt, un jeu de chasse au canard, compris avec la console. Le bonheur.
Une console Nintendo ou rien !
On ne s'y trompe pas : avoir une console de jeux est très souvent un souhait de la part de l'enfant (adorable cela va de soi) que vous êtes. Les parents, qui ne connaissent alors pas ce nouveau loisir qu'est le jeu vidéo, n'auraient même pas le cerveau qui tilte en voyant la NES ou la Super NES dans la vitrine d'un magasin de jouets. Vous, par contre...Le coeur commence à battre un peu plus fort, et soudain on distingue les personnages qui s'animent à l'écran : ca semble tellement réel. Ca semble tellement fort. Il. Me. Faut. Ca. A. Noel. C'est alors le début d'un cercle vicieux qui ne s'arrêtera pas tant que le coeur de Nintendo continuera de battre.
Le rythme cardiaque ne se calme pas au fur-et-à-mesure que Noel approche : jour après jour un peu plus pressé, un peu plus excité. Et enfin vient l'ouverture de ces paquets dont on sait pertinemment ce qu'ils recèlent. Certains ont la chance de trouver plusieurs jeux avec leur console, d'autres se contentent (et largement, je sais de quoi je parle !) de la console et du jeu vendu en bundle. Certains ont le Deluxe set, avec le pistolet pour la NES ou le bazooka pour la Super Nes. Bref, tout le monde est content : Nintendo est _enfin_ entré dans son foyer !
Et après ?
Au milieu des années 1990, quelque chose s'est passé : une société japonaise fabriquant des walkman se lance sur le secteur du jeu vidéo et ratisse large, très large : plus de 70 millions de consoles vendues fin 2000, ca impressionne. La Playstation récupère une partie de ceux qui avaient constitué les bastions de fidèles de Nintendo lors des sorties de la Game Boy et de la Super Nes.Pourtant, certains sont resté fidèles. On a souvent parlé de l'esprit Nintendo, et on le retrouve bien dans les réponses que les membres de l'équipe m'ont fait parvenir : l'arrivée d'une console Nintendo a belle et bien changé leur vie, et dans le bon sens du terme (on espère !).
On a pu voir que l'arrivée d'une console Nintendo dans la maison, c'est souvent le souhait du rejeton lui-même, qui veut une console Nintendo. On espère que c'est un peu moins vrai maintenant : le jeu vidéo a acquis ses lettres de noblesse depuis, et les parents savent que rien ne fait plus plaisir aux enfants qu'une console de jeux vidéo, de nos jours...
Si on demandait autrefois une console Nintendo, les parents comprennent à l'arrivée d'un nouveau modèle qu'ils ne pourront pas y échapper. Si on demande, c'est juste pour être sûr que le message est bien passé, et que la console sera belle et bien au pied du sapin pour Noel. Quelle déception si c'était autre chose (comme l'intégrale de Clayderman par exemple !).
Une console, puis une autre, puis un jeu, deux jeux... Peu à peu, la console s'installe physiquement dans le salon ou dans la chambre, avec la machine d'un côté et la pile de jeux de l'autre, tandis qu'on s'acharne à lire la moindre info sur LE jeu qu'on attend et qui, bien sûr, ne sortira qu'à Noel.
Cet article vous a intéressé ? Vous souhaitez réagir, engager une discussion ? Ecrivez simplement un commentaire.