Dossier
La stratégie de Nintendo semble changer. Après des consoles vendues à plusieurs dizaines de millions d'exemplaires, parmi lesquelles la NES et la Super NES, on constate un ralentissement des ventes, un phénomène qui ne semble pas inquiéter Nintendo outre mesure, et qui ne semble pas nous inquiéter plus que cela non plus ! Le fait d'apparaître aux yeux des joueurs comme la console d'une Elite (il est bon de se flatter parfois !) doit-il nous inquiéter ? Que font les autres constructeurs et surtout comment se positionnent-ils par rapport à Nintendo en matière d'élitisme ?
Nintendo sous haute surveillance.
Qu'on aime ou pas Nintendo, on attend tous avec impatience les derniers classements, les derniers chiffres qui nous feront porter tel ou tel éditeur aux nues, ou au contraire nous feront sursauter d'horreur et d'effroi au vu des piètres performances de tel ou tel titre. Pendant longtemps, Nintendo aura été synonyme de machines à hits : c'est encore vrai aujourd'hui, mais quelque chose a néanmoins changé, notamment en termes de volumes. En effet, les jeux de Nintendo sont toujours aussi nombreux, voire plus nombreux qu'autrefois, mais ils ne se vendent pas autant qu'autrefois.Ce constat aurait conduit certains à devenir des éditeurs multiplateformes, mais Nintendo a choisi de se conforter dans cette situation pour ainsi nous proposer de nombreux jeux de qualité, sans pour autant s'inquiéter de savoir si le jeu franchira le cap du million d'exemplaires. Ce que Nintendo cherche avant tout, c'est à nous plaire, nous proposer la meilleure expérience possible. Si le jeu génère de forts revenus, alors tant mieux, on tirera sur la ficelle jusqu'à ce qu'elle casse, pour peu que cela arrive : les Pokémon sont dans les environs depuis 1998 et rien ne semble démentir leur succès, de jeu en jeu !
Mais pour un Pokémon, combien de Wario World ou de Donkey Konga ? Le premier est sans doute un mauvais exemple, car il s'agit d'un de ces produits pas vraiment à la hauteur de Nintendo ! Mais Donkey Konga, aussi amusant soit-il, ne séduira jamais les masses, ces foules de joueurs qui, dehors, n'attendent qu'une chose : le Jeu qui leur fera dépenser Euros et temps libre... Avec les années, la base de consoles semble s'amenuiser pour Nintendo : dans son dernier bilan, Nintendo a indiqué avoir vendu 18.01 millions de consoles (soit autant que Microsoft qui a écoulé 18 millions de XBox, d'ailleurs MS espère écouler 21 à 22 millions de machines d'ici la fin juin 2005). Que s'est-il passé pour se faire rattraper ainsi par un nouveau venu avec sa première machine ?
Les ventes de consoles Nintendo au 31 décembre 2004.
Un attachement à certaines... valeurs.
Il semble incontestable que posséder une console Nintendo se révèle de plus en plus comme la chose à ne pas faire quand on veut rester dans le vent : avec une console Nintendo, c'est montrer son attachement au jeu vidéo, or il est bien connu que les jeux vidéo sont réservés à un milieu machiste, sexiste, asocial, à tendance hautement suicidaire... On laisse donc aux Nintendomaniaques le soin de collectionner les Pokémon et les pièces d'or de Mario pour ne plus jurer que par Gran Turismo et consors.Jalousie ? Certes un peu, on aimerait bien que les jeux Nintendo suscitent un réel enthousiasme dans la communauté des joueurs dans son ensemble, et non simplement auprès des possesseurs de consoles Nintendo. Pourquoi Metroid Prime 2 n'a pas eu le succès de jeux comme Halo 2 ou GTA : San Andreas ? Les joueurs, en règle générale, regardent les jeux Nintendo avec un certain pessimisme : la qualité Nintendo leur aurait-elle causé du tort ? C'est vrai que les Nintendomaniaques sont exigeants, qu'ils demandent beaucoup de la part de Nintendo. Mais ils obtiennent aussi beaucoup de la part de leur éditeur fétiche, qui fait de son mieux pour les satisfaire.
Peu de constructeurs peuvent se vanter de posséder in-house les ressources nécessaires pour concevoir non pas un triple-A, mais plusieurs, chaque année ! Quand on s'appelle Microsoft et qu'on a 40 milliards de dollars de cash en réserve, s'offrir un studio prometteur (Rare ?) ne pose aucun problème. Quand on s'appelle Sony et qu'on a une part de marché de 70% des consoles de salon vendues, il ne fait aucun doute que les royalties vont pleuvoir. Mais quand on s'appelle Nintendo et qu'on joue la carte de la prudence pendant près de dix ans, à quoi peut-on s'attendre ?
D'une part à une diminution du nombre de licenses viables : ces deux dernières années ont été rythmées par de nouvelles aventures de Mario qui est devenu du jour au lendemain un sportif de haut niveau. Le phénomène a commencé sur Nintendo 64, quand Nintendo s'est rendu compte qu'il y avait dans le monde des millions de possesseurs d'une console sans jeu à satisfaire. Un Mario Tennis par ici, un Mario Golf par-là, et le tour était joué. Sur GameCube, Big N aura commencé par faire confiance, avec tort, aux éditeurs tiers, en leur laissant le soin de proposer sur GC un catalogue riche et divertissant. Mais alors que les ventes de GameCube se tarissaient par rapport aux deux autres acteurs du secteur, le soutien des éditeurs tiers s'est lui aussi fait plus léger, et les titres ont fini par manquer.
C'est toujours mieux ailleurs :)
Difficile de résister au doux chant des sirènes d'un Burnout 3 quand on aime les jeux de voiture, encore plus difficile de croire que le jeu en ligne n'a pas d'avenir et que ce n'est pas un modèle économique viable. Ce ne serait certes pas viable d'en faire un modèle maintenant, mais quand Microsoft et Sony ont tous deux commencé à proposer leur service de jeu en réseau, chacun savait que le cycle de vie des consoles courantes allait être d'encore deux ans au minimum. Quand une nouvelle console sort, il est évident que la précédente ne meurt pas d'un coup d'un seul : le jeu en ligne aurait pu être une stratégie à moyen-terme de s'attirer la sympathie de joueurs toujours en mal de nouvelles technologies.Car qu'on le veuille ou non, Nintendo nous sert un double-discours : d'une part, Big N essaie de nous faire comprendre que ses consoles et ses jeux sont conçus pour être des produits rentables. Mais de l'autre, on ne nous vend que des jeux qui ne séduiront le joueur lambda qu'avec difficulté : commercialiser un jeu comme Donkey Konga a coûté à Nintendo des dizaines de millions d'Euros, mais il lui sera difficile d'en faire un produit de masse. En France, le jeu s'est vendu à 55.000 exemplaires, quand un Mario Kart Double Dash trouve 470.000 acheteurs (dixit Stéphan Bole). Pour le joueur lambda, jouer avec une manette est assez difficile en soit sans encore aller s'acheter un jeu qui nécessite un périphérique comme les bongos que Nintendo propose avec DKonga.
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