Rencontre avec Shigeru Miyamoto

Si important, et pourtant si humble !

L'arrivée de Shigeru Miyamoto, c'est un peu l'arrivée d'une super star : entouré de ses assistants et des Relations Presse de Nintendo, son arrivée est précédée d'une sorte de tumulte qui ne s'apaisera qu'à sa montée sur l'estrade : une arrivée que nous attendions avec une sacrée impatience. On ne s'improvise pas créateur de génie du jour au lendemain, et à ce titre, une question posée par FNAC Gaming Network nous permet d'en savoir plus sur les aspirations du créateur : que changerait-il s'il pouvait revenir en arrière sur sa carrière.


Miyamoto prend encore la pose
Cette question est l'occasion pour Shigeru Miyamoto de déclarer : 'Je n'ai pas réalisé les buts de ma vie, mais je suis très satisfait'. On pourrait être surpris d'être satisfait de ne pas avoir fait ce qu'on voulait faire étant jeune, mais il explique : 'Je ne voulais pas rentrer chez Nintendo : je n'ai jamais rêvé de travailler dans le jeu vidéo, de créer des jeux, de faire de Mario une franchise. J'ai réussi beaucoup de choses, mais ce n'est pas là conclusion d'un plan que j'avais élaboré. Quand j'étais enfant, je voulais être marionnettiste. Puis, au collège, dessinateur de manga. Au lycée, mon avenir semblait s'orienter vers le dessin industriel. Je réalise tout ça aujourd'hui : le manga en dessinant chez Nintendo, la 3D a fait de moi un marionnettiste qui met en scène ses personnages. Je réalise des rêves d'enfant que j'ai pu avoir. J'ai le privilège de penser que je n'ai rien fait d'inutile dans ma vie. C'est d'ailleurs ce que je répète aux jeunes : il faut toujours se donner à fond pour en extraire les choses intéressantes qui vous font avancer.'

Le fait que Shigeru Miyamoto soit toujours en mesure de lier une décision à un souvenir montre bien à quel point sa jeunesse, son éducation, sa carrière sont autant d'éléments qui lui ont permis, un jour ou l'autre, d'avoir une idée extraordinaire. N'a-t-il pas pensé à Pikmin en observant son jardin, WiiFit en cherchant à perdre quelques kilos, Nintendogs en dressant son chien ? La vie l'inspire, et il ne s'en cache pas comme le confirme sa réponse à une question d'Eurogamer : 'Nous sommes tous influencés par quelque chose, consciemment ou non. J'ai toujours été influencé dans mon travail, même sans le savoir. Mon travail consiste à construire un jeu autour d'une idée : je construis des mécaniques pour que les gens aient envie d'insérer une pièce dans une borne, ou éprouvent une certaine sensation. Pour ce faire, j'utilise ce que j'ai fait dans mes jeux précédents ou de mon expérience personnelle au cours de mes voyages. Nous sommes de toutes les façons toujours influencés : Walt Disney, Charlie Chaplin sont autant d'oeuvres universelles qui nous inspirent.'

Il explique alors qu'il est très sensible au rythme du Manzai, une forme de comédie qui fait intervenir, le plus souvent, un duo de comiques, l'un est sérieux, l'autre insolent, brouillon. Les sketches reposent sur des quiproquos, des jeux de mots, ou des gags verbaux. Dans ces sketches, le timing est essentiel, et Shigeru Miyamoto avoue s'inspirer de Yoshimoto en ce qui concerne le rythme qu'il donne à son spectacle : il s'en inspire pour définir le tempo d'un gag, l'accélérer ou au contraire le ralentir. Par exemple, quand Mario arrive sur une plate-forme (Miyamoto utilise sa 3DS comme plate-forme et une bouteille de Perrier comme Mario !), que doit-il se passer pour que ce soit drôle : quelque chose doit-il disparaître ? Et cette action doit-elle avoir lieu rapidement, lentement, plus vite ? Cela dépend de la sensibilité de chacun : quand Miyamoto demande un changement, certains développeurs comprennent très rapidement ce qu'on attend d'eux, d'autres par contre sont beaucoup moins ouverts. Et s'il y a bien une chose que Miyamoto déteste, c'est ceux qui se contentent de reprendre l'existant pour y changer une ou deux choses ici ou là, sans effort.