Si la sortie de The Witcher 3 est un événement sur Switch, outre la qualité intrinsèque du jeu même si on attend de voir comment le portage a pu se sortir de cette conversion à haut risque, c'est surtout parce que l'éditeur a joué le jeu d'utiliser une cartouche de grande capacité pour y intégrer le titre et tous les DLC disponibles, soit une masse d'informations considérable. Une attention à saluer et qui mérite largement que l'ensemble des joueurs possesseurs d'une Switch et intéressés quelque peu par ce genre de titre fasse le saut d'un achat physique.
Mais c'est loin d'être le cas pour d'autres éditeurs ayant pignon sur rue. Ces derniers temps, nous avons eu Activision et son Spyro dont l'ensemble des épisodes n'était pas présent sur la cartouche, nécessitant un téléchargement complémentaire. On citera sans problème Capcom et ses Résident Evil qui nous habitue à nous sortir des compilations physiques (en oubliant l'Europe) avec au moins un des épisodes nécessitant d'être récupéré par téléchargement (sympa quand il faut se taper une vingtaine de Giga, entre le temps de téléchargement et la place prise sur nos MicroSD). On pourra également citer Square Enix avec Final Fantasy X/X-2 HD Collection. Nous avons aussi les éditeurs qui nous obligent à télécharger le module multijoueur ou tout simplement nous offre de beaux boitiers vides avec un code de téléchargement (Fornite, Overwatch, Wolfenstein: Youngblood...).
Bref, ce n'est pas toujours la joie pour les amateurs de produits physiques sur Nintendo Switch qui ont l'impression de devoir payer souvent plein pot leur édition physique tout en ayant de sérieux désavantages par rapport aux éditions physiques des plateformes concurrentes. Sans compter que le budget de carte micro-SD, même s'il a tout de même baissé (une carte 128 Go de qualité tourne dans les 28 €), commence à poser de sérieux de problème de gestion. En effet, qui ne peste pas contre le temps pour retélécharger de nombreux titres lorsqu'il passe sur une carte de plus grande capacité, sans compter que si l'on répartit ses jeux sur différentes cartes, il faut se rappeler sur quelle carte se trouve tel ou tel jeu quand on veut s'en servir.
Passer son temps à échanger les microSD n'est pas sans risque au regard de la taille et de la fragilité du support, et on note régulièrement, pour ceux passant via le PC, des problèmes de lecture de carte ou des erreurs d'écritures qui sont les premiers signaux d'une carte qui va finir par nous lâcher tôt ou tard en cas de trop grande manipulation. Aujourd'hui, pour être à peu près correct face à la quantité de titres disponibles, entre sollicitation à bas prix sur l'eShop, téléchargement de mises à jour, quelques photos prises, ou tout simplement téléchargement des gros titres incomplets en version physique, il n'est pas aberrant de devoir se tourner vers l'achat d'une carte 400 Go ou 512 Go (les 1 To n'ont aucun intérêt pour le moment au regard de leur tarif stratosphérique à plus de 450 €), soit un certain budget si on veut conserver une certaine qualité (laissez tomber les Classes 10 qui plafonnent à du 10 Mb par seconde et provoquent des ralentissements sur certains jeux, il faut prendre du U3 à 30 Mb/s au minimum) et même aujourd'hui, ces cartes ne sont clairement pas données, au regard du prix d'un SSD tellement plus performant. Nintendo ne semble toujours pas prêt à vouloir permettre l'installation d'un disque dur ou d'un SSD au niveau de la station d'accueil, qui aurait l'immense avantage de permettre de stocker tous les jeux que l'on souhaite sans problème, l'utilisateur se bornant à installer sur sa carte microSD les titres pour lesquels il souhaite s'adonner pour le moment en version nomade.
On ne peut donc être déçu de découvrir que la nouvelle compilation Ubisoft, Assassin's Creed: The Rebel Collection, regroupant les très bons Assassin's Creed IV: Black Flag qu'on avait beaucoup apprécié sur Wii U et Assassin's Creed Rogue, allonge la liste des titres physiques nécessitant de télécharger un épisode complet car non présent sur la cartouche physique. Au regard de la taille du jeu Rogue, ce nouveau téléchargement imposé finit par exaspéré. La compilation sort le 6 décembre et à notre niveau, après avoir déjà la version Wii U, pas sûr qu'on fasse l'effort d'investir dans une version physique incomplète. On regardera d'ailleurs si le marché asiatique ne récupère pas une version physique plus complète (c'est-à-dire avec les deux jeux physiquement bien présents), comme ce fut le cas pour la version japonaise de Final Fantasy X/X-2 HD. Un code à télécharger fait que ce jeu est lié à notre compte Nintendo. C'est tout bénéf pour les éditeurs qui réduisent leur coût de production avec des cartes de plus faibles capacités, avec moins de taxes et ne permettant plus la revente. Par contre pour les utilisateurs, on se sent tout de même drôlement pieds et mains liés par cette stratégie commerciale, sauf si tout simplement il décide de ne plus acheter ce type de portage. Pas facile de choisir entre le plaisir de recevoir un bon portage sur sa console Switch après le désert de la Wii U et un système d'achat où l'on se sent tout de même les dindons de la farce.
Assassin's Creed: The Rebel Collection sera disponible le 6 décembre pour 39,99 € sur l'eShop et en version physique tronquée (nécessitant le téléchargement du jeu Rogue) pour 49,99 € même si on peut s'attendre à voir arriver très vite des précommandes à 39,99 € également. Une restriction qui ne doit pas faire oublier les efforts fournis par Ubisoft sur ce portage Switch, à savoir le gain en mobilité pour un titre exigeant en ressource matériel, la gestion des vibrations HD, le motion contrôle et l'interface tactile. Ce n'est pas négligeable et donc loin d'être un portage à la va vite juste pour rentabiliser de vieux titres. Ce qui rend d'autant plus désagréable l'absence d'une version physique complète. On ne peut d'ailleurs que s'étonner du manque de communication à ce sujet de la part d'
Ubisoft, ne présentant pas cette information sur son site (ni
Amazon France d'ailleurs), alors qu'
Amazon Espagne montre clairement l'indication sur la jaquette. De quoi léser les consommateurs qui ne seraient pas au courant.
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