Il est amusant de noter l'arrivée de certains titres violents sur la console Nintendo Switch alors que Nintendo garde toujours cette étiquette de constructeur à destination essentiellement des jeunes enfants. Rappelons que la Nintendo Switch a visé pour son lancement la catégorie des jeunes adultes et non des enfants. Même si certains éditeurs, alléchés par le succès commercial de la Switch, ont un peu trop tendance à ressortir de leur tiroir de catalogue des titres très grand public qu'ils nous avaient livrés par vagues sur Wii, la Switch est bien une console pour tous les âges et il ne faut donc pas s'étonner d'y trouver Yoshi, Animal Crossing, mais aussi Mortal Kombat 11, Doom ou un Hotline Miami Collection bien plus saignant.
Pour le moment, la console n'a pas reçu son GTA like, en partie pour cause de problème de puissance ou d'éditeurs trop occupés par le développement d'un nouvel opus sur console Next Gen. Mais elle commence à se voir porter des titres qui promettent une bonne dose d'hémoglobine ou dévoile une ambiance malsaine. Ces jeux sont sortis dans le passé et ont déclenché des polémiques, il faut le savoir avant de les acquérir, en n'oubliant jamais dans son esprit que ceci reste un jeu défouloir et ne doit pas être une quelconque justification d'un acte réel. Mais d'un autre côté, on peut se demander pourquoi des studios se lancent dans des projets qui vont soulever des questions morales, qui font l'apologie d'une certaine violence jusqu'à la banaliser, et qui potentiellement prennent le risque d'influencer des esprits fragiles. Doigt d'honneur vis à vis du bien pensant ou du conservatisme ? Volonté de se démarquer ou de faire bouger les lignes en usant jusqu'aux limites le droit à la liberté d'expression ?
Parmi ces titres, Hatred sorti en 2015 est un cas d'école même si dans les détails il reste un titre certes violent mais pas le pire dans le genre. Fruit du travail du studio polonais Destructive Creations, Hatred vous met dans la peau d'un homme qui a un compte à régler avec la société toute entière. Il rejette clairement les autres et va donc se lancer dans un carnage en tentant d'abattre le maximum de cibles possibles avant de se faire abattre. On voit que cette base soulève quelques questions alors que certains pays ont connu des tueries perpétrées par des personnes instables dans le passé. On ne reviendra pas sur le passé trouble de certains membres de l'équipe avec liens avec des groupes extrémistes, mais on se focalisera uniquement sur le gameplay proposé par ce jeu : une quête morbide où tout est permis.
Les cibles de ce personnages sont variées : les civils, les policiers. Il doit agir vite, abattre des victimes qu'il croise sur la route ou au contraire prendre une position pour abattre méthodiquement un groupe et des renforts de police. On reste sur un gameplay à la Doom, à la troisième personne, excepté que vous ne tuez pas des aliens, des zombies, mais des humains. On pourrait se dire qu'on se tire bien dessus sur Fornite ou sur d'autres titres de ce genre, mais il n'y a pas de sang et le jeu vous motive à être le dernier de la carte. Il y a bien des jeux de guerre, des combats contre des narcotrafiquants, mais à chaque fois c'est une simulation de guerre ou un combat contre des personnes qui représentent un risque pour la société. Hatred est différent, vous êtes en marge de la société et ce que vous souhaitez abattre, c'est la société et l'ordre établi.
Les polémiques ont donc été nombreuses à la sortie de ce jeu, d'autant qu'on doit achever des civils à terre, malgré leurs appels à la pitié. Le titre comporte différents trophées virtuels aux noms très évocateurs. Un jeu de tir sans limite pourrait-on dire, qui a reçu mention pour son classement équivalent PEGI de n'être jouable que par des adultes (certains pays ne l'ont pas autorisés sur leur territoire, pour d'autres les développeurs avaient pris les devants en bloquant le titre sur Steam).
A-t-on besoin pour un jeu de tir potentiellement fun de mettre en place ce background scénaristique aussi noir et déviant ? Chacun y apportera sa réponse et fera son choix. Il reste la question de la qualité du portage. Le titre original n'était pas au top de son optimisation, restait sombre à l'image, sera-t-il correctement jouable sur Switch, notamment manette en main ? La liberté permet aux consommateurs de pouvoir tenter l'aventure de ce titre défouloir tout en l'encadrant de certaines mises en garde (pas de mineur pour jouer à ce jeu, les ainés doivent donc faire sortir les petits frères et les parents doivent veiller à ne pas permettre cet achat sans regard) et bien sûr que cela ne reste qu'un jeu, sans récupération idéologique derrière.
Le portage d'Hatred est donc annoncé sur Switch sans date précise pour le moment, mais une arrivée avant la fin de l'année n'est pas impossible.
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C'est vraiment une banalisation terrible de la violence, vraiment je suis contre à 100%. Mais autant sur jeux vidéos que sur les autres médias.