Les premiers exemplaires du linker devraient arriver commercialement vers la fin du mois de février 2024. De nombreuses déclarations ont été faites concernant ce dispositif, en particulier le risque de cloner un jeu avec son certificat, l'UID et le n° d'identification de la cartouche, ce qui poserait effectivement des problèmes pour le marché de l’occasion. Acquérir un jeu et se retrouver en ligne avec un autre joueur utilisant une copie numérique de votre jeu, ce doublon risque d’être vite repéré et bloqué par Nintendo. Mais avant de pousser des cris d’orfraie, regardons objectivement pour le moment ce que ce dispositif pirate souhaite proposer à son lancement.
Parmi les premières photos du dispositif disponibles sur internet, voici une très intéressante de Romain.
Le dispositif de base se présente comme un matériel simple à utiliser et fonctionnel sur l'ensemble des versions Nintendo Switch, modèle OLED inclus. Pour 59,99 € (bien plus sur des sites comme Aliexpress), vous obtenez un boitier semblable à une cartouche de type Switch modifiée : une fente latérale permet d’y glisser une carte micro-SD formatée en ex-Fat. Cette carte n'est pas incluse lors de l'achat, il faut donc la prévoir en plus.
La publicité nous vante une utilisation facile mais dans les faits, ce n'est pas tout à fait le cas.
Pour jouer, un full dumped sinon rien !
Les premiers exemplaires de test aperçus sont clairement des prototypes peu fignolés mais on se doute que rapidement tout cela va s’améliorer. On doit copier une image parfaite d’une cartouche de jeux, avec impérativement son certificat, pour que le jeu puisse démarrer sur votre console. Si vous avez placé une carte micro-SD de grande capacité, vous pourrez y glisser plusieurs jeux entièrement dumpés mais il y a un sérieux bémol : seul un jeu est pris en Rom à la fois, pour changer de jeux, il faudra donc appuyer sur votre cartouche pour l'éjecter puis la réinsérer. Une manipulation que l'on comprend parfaitement car elle reproduit l'utilisation réelle d'un joueur qui change de cartouche de jeux pour changer de titre. Une manipulation qui risque cependant d'agacer certains rapidement.
Autre gros bémol : les petits malins qui avaient récupéré des images de jeux Switch sur le net pour les faire tourner via des émulateurs seront donc clairement déçus : cela ne marche pas ! Il faut une image du jeu et le certificat du jeu spécifique pour que cela fonctionne (pas possible de mixer le certificat d’un autre jeu type Mario avec l’image disque d’un Zelda par exemple) sinon le lancement du jeu se soldera par un écran noir. Le certificat est obligatoire même en se disant qu’on ne fera pas de mise à jour ou que l’on n’ira pas se connecter en ligne à un moment.
XCI - NSP : qu'est-ce que ce charabia ?
Expliquons rapidement quelques termes techniques : le format XCI et le NSP. Les fichiers XCI sont un format de fichier utilisé pour stocker les données de jeu des cartouches de jeu Nintendo Switch. Les fichiers NSP sont des fichiers de jeux en provenance de l’eShop. En clair, vous avez un jeu en version physique, votre format est du XCI. Vous achetez un jeu sur l’eShop, votre format de jeu est NSP. Mais dès que vous ajoutez une mise à jour du jeu via l’eShop, votre fichier XCI sera mis à jour avec des données NSP. Même chose pour les DLC que vous aurez acquis via l’eShop. On comprend donc très vite que la plupart du temps, les jeux que l’on va utiliser auront cette couche NSP.
Pour que le jeu fonctionne donc correctement sur votre console via le Linker, il faut donc créer une image parfaite de votre jeu (un full dump), le genre d’image de jeu qui ne se balade pas sur l’internet car aisément repérable et blocable, d’autant que l’on peut remonter au propriétaire du jeu qui l’aurait utilisé à ses débuts sur la console.
Il existe quelques variantes dans les formats, comme des versions patchés pour pouvoir tourner sur des consoles équipées de firmwares plus anciens (en général des personnes qui ne tiennent pas à ce que Nintendo puisse voir que leur console a été modifiée pour faire tourner via des Homebrew des applications non approuvées par le constructeur, ou équipée d’un système alternatif pas encore compatible avec la dernière mise à jour de sécurité déployée par Nintendo). Tout cela n’est pas très compliqué à comprendre mais montre que ce type de manipulation n’est pas vraiment à la portée du grand public.
Bon, il faut copier nos propres jeux mais comment faire ?
C’est un des premiers problèmes du linkeur, en l’état il ne sert pas à grand-chose sauf si vous avez ce qu’il faut pour pouvoir copier vos propres jeux (sauvegardes comprises) : votre console doit donc être hackée (fin de la garantie de votre Switch via le SAV) et il faut utiliser un Homebrew permettant ce genre de manipulation (on ne va clairement pas en parler). Seule parade pour éviter ces désagrément, il faut donc acquérir le linkeur Mig-Switch + le dumpeur, ce qui devrait coûter approximativement 130 à 140 € pour l’ensemble, un investissement pas négligeable. Et comme ce matériel n'est pas encore disponible, il faudra attendre les retours.
Des promesses...qui passent sous silence les restrictions...mais surtout du piratage !
En l’état, que donne ce linkeur :
- On ne peut pas utiliser des images de jeux Switch XCI disponibles sur le net.
- On ne peut donc pas gérer les mises à jour du jeu et les DLC
- Il ne gère pas les fichiers NSP pour le moment en provenance de l’eShop
- Il faut investir obligatoirement dans le dumper pour ne pas avoir à modifier sa console et risquer de se faire ban par Nintendo lors d’une quelconque connexion.
- Vous risquez tout de même de vous faire repérer, surtout si l’image disque du jeu sur lequel vous êtes en train de jouer se retrouve être jouée par une autre personne simultanément.
- On est clairement dans du piratage et vous savez combien Puissance Nintendo pense de tout cela. Très mauvaise idée.
- Vous pouvez jouer à la copie de vos propres jeux sur votre Switch, quel intérêt ?
- Vous râlez car il y a de plus en plus de jeux vendus en dématérialisé ? Ce type de périphérique ne va clairement pas encourager les éditeurs à sortir des versions physiques complètes.
- What else ?
Il était important pour nous d'évoquer ce dispositif pour ne pas vous faire flouer par de fausses promesses. C'est clairement du piratage, on vous déconseille fortement d'investir dans un périphérique de ce type et on ne souhaiterait pas que vous vous fassiez bannir votre console bêtement, cela n'en vaut pas la peine.
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