S’il y a bien un jeu qui clive au sein de l’équipe, c’est Animal Crossing. La franchise adulée par certains membres est royalement ignorée par d’autres, l’épisode Wii U complètement à côté des attentes du public ayant laissé des traces. Et si les informations diffusées au compte-gouttes ont dévoilé un salutaire gap graphique de cet univers très coloré et tout de même très attachant au niveau de ses personnages, il reste tout de même pas mal d’interrogations concernant le contenu, les possibilités au sein du jeu et à fortiori la durée de vie.
Un des problèmes majeurs soulevés ces derniers jours concerne un bridage volontaire du jeu pour lutter contre les bidouillages de l’horloge, une astuce bien connu des joueurs sur 3DS, qui n’hésitaient pas à modifier l’horloge interne de leur console pour profiter d’un événement de manière décalée (où qu’ils auraient manqué). Et il est vrai que les agissements de certains joueurs ont parfois fortement terni l’expérience de gameplay, surtout au niveau de l’île Tropicale, entre insultes, triches et bugs volontaires.
Nintendo a étudié tous ces problèmes et semble avoir trouvé la parade en ayant eu la main un peu lourde. Et les solutions trouvées ne plaisent clairement pas à tout le monde qui l’ont bien fait remonter à Nintendo, qui cherche depuis à trouver une solution de compromis.
Une île, une console
Problème n°1 : Une seule île aménageable par console, quels que soient les comptes ou le fait de disposer deux versions du jeu en démat et en physique par exemple. On imagine que les parents ayant deux enfants et une seule console vont s’arracher les cheveux quand les deux enfants vont se chamailler parce que l’un est venu transformer ce que l’autre avait fait, sans son accord. Si la seule solution pour avoir la paix, c’est chacun sa console (une lite fera l’affaire) et un jeu chacun, le ticket d’entrée va coûter cher. On se dit tout de même que créer une île par compte aurait été un minimum, notamment pour tester des choses et faire une version alternative que pour soi. Une île pour recevoir ses amis, une île pour faire son petit ménage dans son coin. Donc oui, se voir imposer la restriction d’une île enregistrée par console, certains l’ont en travers. Une console Nintendo Switch et un exemplaire du logiciel sont nécessaires pour chaque île.
Parmi les arguments entendus pour expliquer cette restriction, c’est la volonté d’éviter les duplications d’objets et d’obliger les joueurs à mieux communiquer entre eux. Un argument recevable, hormis au sein des familles. Si on veut faire évoluer différemment son île entre la fratrie, c’est donc l’obligation d’avoir deux consoles et deux jeux. Autant la 2DS, que l’on pouvait négocier à moins de 100 €, pouvait permettre ce type d’achat relativement aisément, autant une Switch Lite n’est plus du tout dans la même fourchette de prix. Et on ne préfère même pas envisager les conflits autour d’un Switch classique édition spéciale Animal Crossing, deux exemplaires risquent clairement d’être hors budget.
Autant dire que Nintendo s’est vraiment loupé sur ce coup en ne prenant pas mieux en compte ce problème familial, même si elle espère peut-être que cela va inciter les foyers à investir dans deux consoles Switch. Il faut reconnaître qu’avec la logithèque actuelle très variée, une seule Switch à la maison commence à devenir compliquer à gérer quand il y a plusieurs gamers (et le père que je suis est bien placé pour le constater).
Pas si simple de jouer en multi
Problème n°2 : le gameplay multi
"Jusqu'à 8 joueurs enregistrés comme utilisateurs sur une même console Nintendo Switch peuvent vivre sur la même île, et jusqu'à quatre résidents d'une même île peuvent jouer en même temps sur une même console." On imagine la foire d’empoigne lors des anniversaires, avec les amies des uns et des autres qui voudront découvrir le jeu, empruntant temporairement le profil des uns et des autres, d’autant qu’il faudra être équipé en manettes en nombre suffisant pour pouvoir y jouer. Donc si on commence à jouer sur une console et que l’on veut ensuite y jouer sur une île différente, cela promet de ne pas être simple. Mais on peut se dire que ce problème reste mineur par rapport au premier mais surtout au troisième.
Pas de possibilité de transférer sa création sur une autre console
Problème n°3 : pas de possibilité de
transférer sa sauvegarde du jeu sur une autre console.
Là, on arrive au cœur du problème. Prenons un exemple personnel. En attendant d’avoir sa console personnelle, ma fille joue sur ma console. Après avoir reçu sa console, elle souhaite transférer son profil utilisateur et ses données de sauvegarde sur sa nouvelle console, elle ne le peut pas. Le jeu ne permet pas de transférer sa création d’île d’une console à une autre, même si on veut supprimer les données de la première console.
Là se pose clairement une question pratique : impossibilité de s’impliquer correctement dans le jeu en attendant d’avoir sa propre console. C’est un mauvais signal car certains parents seront tentés de jouer la montre, pour des raisons budgétaires, et de déconseiller l’achat du jeu. Nintendo a une vraie difficulté pour rendre simple le transfert d’une console à une autre ou pour proposer des solutions de sauvegarde qui ne soient pas un casse-tête. On comprend bien que l’on veut éviter au maximum la manipulation des données, toujours pour éviter la triche, mais là on bloque clairement les fondamentaux d’un jeu de construction. Ne pas pouvoir sauvegarder un jeu ou transférer sa sauvegarde sur une nouvelle console est tout de même rédhibitoire.
Là où cela se corse, c’est dans le cas d’un vieillissement de la console avec le début des problèmes techniques : si les données du jeu sont liées physiquement à la console, comment faire pour conserver sa sauvegarde de ses heures passées sur ce jeu lorsque la console va tomber en panne (avec SAV la rendant indisponible pendant un temps long), sera cassée, perdue ou volée ? On a tous en mémoire les centaines d’heures passées sur Animal Crossing New Leaf, avec des transferts d’une console à l’autre en passant de la 3DS, à la 3DS XL ou la NEW 3DS XL. Là, ce n’est pas possible si l’on craque d’une Switch classique vers une Switch Animal Crossing, si plus tard on souhaite passer par une déclinaison plus pro de la Switch (encore heureux que Nintendo ait affirmé clairement qu’il n’y aurait pas de Switch Pro cette année) ou tout simplement si on souhaite commencer à ventiler certains jeux sur des Switch Lite achetées pour les enfants pour ne plus avoir la guerre pour utiliser la Switch familiale qui elle peut se brancher sur la télé. Cela pose clairement question sur la durée de vie de ce jeu, des questions d’obsolescence programmée.
La solution : le cloud !
C’est la piste envisagée par Nintendo pour tenter de corriger le tir. Mais elle se heurte à deux problèmes. D’une part, il va falloir à nouveau prendre la solution de l’abonnement payant Switch Online (actuellement 15 millions d’abonnements pris selon les derniers chiffres, à rapprocher aux 52 millions de consoles, soit donc moins d’un tiers des consoles équipées) : des joueurs ne le feront pas et Nintendo, voulant peut-être attirer intentionnellement de nouveaux joueurs, risque surtout de créer des allergiques à sa gestion online, car il reste encore de nombreux déçus parmi les gamers concernant les offres logiciels NES et SNES. Pour les joueurs qui souhaitaient rester en jeu local, la pilule de devoir passer par l’abonnement online pour obtenir une solution leur permettant de sauvegarder leurs données en cas de problème technique est un peu raide à avaler.
Mais le gros problème, c’est que cette solution est au début de son étude et ne sera pas disponible lors du lancement du jeu le 20 mars. Le jeu n’est pour le moment pas compatible avec le cloud actuellement, alors trouver une solution atypique spécifique pour ce jeu via le Cloud n’est pas si simple à implanter et prendra un peu de temps. Combien de temps ? C’est tout le problème, aucun calendrier n’est donné actuellement, laissant toute la difficulté aux premiers joueurs qui vont essuyer les plâtres des solutions conservatrices mises en place initialement dans le jeu.
La joie de batifoler sur son île avec ses personnages préférés risque pour le moment de se tourner vers la soupe à la grimace si une solution efficace n’est pas trouvée rapidement par Nintendo, qui ne doit pas prendre à la légère la montée de la grogne actuelle. Nous attendons d’avoir une version définitive en main pour se faire une idée plus complète du gameplay, en se disant que le plaisir de jouer dépassera ces problèmes techniques qui toucheront d’abord les familles puis plus tard l’ensemble des joueurs confrontés à un problème matériel. Animal Crossing devait être une fête, il est regrettable que ces craintes et interrogations légitimes viennent ternir ce projet attendu depuis des années par les possesseurs de Wii U qui se sont sentis trahis par la proposition de l'époque et espéraient voir dans la version Switch la vraie continuité d'une franchise si addictive.
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En effet avoir une console en panne ou cassée = perte de sa sauvegarde... c’est quand même TRÈS problématique !
Il n'y a que pour les jeux compétitif en ligne ou il faut mettre ce genre de restriction, c'est tout !
Sur 3ds, et DS une seule sauvegarde par cartouche et pour les familles cela supposait au moins l’achat d’une cartouche par membre joueur de la famille et avec des consoles supplémentaires parfois (souvent?).
Avec la Switch et la possibilité de créer des comptes différents sur une seule et même console, Nintendo est coincé pour vendre autant de jeux qu’il y a de personnes du foyer voulant avoir son propre village/ île.
Du coup, la parade, c’est de bloquer toutes ces possibilités en invoquant les raisons qui sont dans l’article.
D’un point de vue vente et financier cela peut se comprendre quand on sait les millions d’exemplaires que la franchise vend.
Si on peut jouer avec une seule cartouche sur plusieurs comptes, pas sûr que les ventes soient les mêmes.