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Vivendi en passe d’emporter Gameloft
Suite du feuilleton entre Vivendi, Gameloft et Ubisoft. Vivendi semble avoir marqué le point décisif en s’alliant avec le fonds britannique Amber Capital UK. Mathématiquement, les jeux sont quasiment faits pour l’avenir de Gameloft.
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Axelle Lemaire, Secrétaire d'Etat chargée du numérique, avait déclaré récemment auprès de la revue financière Challenges :
Vincent Bolloré, à la tête de Vivendi, n’en a eu cure et a continué son OPA pour prendre le contrôle de Gameloft, suite à la stratégie présentée lors de notre précédente news. Ces derniers jours, Vivendi a précisé détenir 29,37% du capital et 26,47% des droits de vote de la société Gameloft, contre 21,63% du capital et 29,02% des droits de vote pour la famille Guillemot, dont le président de Gameloft est Michel Guillemot. En relevant son offre de rachat à 8 euros par action contre 7,20 € auparavant, soit la valeur estimée de Gameloft sur le marché, Vivendi vient de convaincre le fonds britannique Amber Capital UK de lui apporter sa participation détenue au sein du capital de Gameloft. Avec 14,62% du capital et 13,17% des droits de vote apportés ainsi, le combat est désormais perdu d’avance pour la famille Guillemot.
En effet, cet accord entre Vivendi et Amber Capital UK permet à Vincent Bolloré de mettre la main désormais sur 43,99% du capital de Gameloft et 39,64% des droits de vote, mettant en minorité la famille Guillemot. Il suffit à Vincent Bolloré d’acheter 6,01% du capital auprès d’autres fonds minoritaires pour que Gameloft tombe définitivement dans l’escarcelle de Vivendi, le groupe Bolloré en ayant clairement les moyens.
27 mai, date fatidique !
Désormais, il ne reste plus beaucoup de marge de manœuvre pour la famille Guillemot qui tente de verrouiller ce qu’elle peut. Ne pouvant surenchérir à l’offre de Vivendi, Gameloft le 28 avril dernier, a annoncé avoir pris les mesures nécessaires « afin d’assurer la pérennité de la présence de certains salariés au sein du groupe, dans une période où le risque de changement de contrôle de la Société est accru et où le départ non planifié de ces salariés risque de causer un préjudice à la Société et au groupe ». Concrètement, ces mesures, révélées par le site NextInpact, sont un avenant ajouté au contrat de 27 employés clés de l'entreprise, leur permettant de bénéficier d'une indemnité équivalente à un voire deux ans de salaire brut en cas de rupture de leur contrat de travail à l'initiative de l'employeur dans un délai de 2 ans suivant un changement de contrôle de l'entreprise. Il permet aussi à ces salariés de profiter de cette même somme en cas de rupture du contrat de leur fait dans un délai de six mois après un changement de contrôle. De quoi de tenter de dissuader Vivendi de faire le ménage au sein de la compagnie pour placer ses hommes (les indemnités s’élèveraient selon le site à 10,2 millions, ce qui reste une goutte d’eau pour Vivendi et n’aura clairement pas un rôle dissuasif).
Selon le journal les Echos, ce nouveau relèvement de l'offre valorise l'éditeur de jeux sur mobiles près de 700 millions d'euros, soit le double de ce que pesait Gameloft en Bourse avant l'entrée à son capital de Vivendi en octobre. Cette surenchère devrait être la dernière. Les actionnaires de Gameloft ont jusqu'au 27 mai pour apporter leurs titres au conglomérat. Le 27 mai, nous saurons donc si Vivendi prend le contrôle de Gameloft.
Deux questions demeurent. La première est la valeur réelle et le poids de Gameloft sur le marché du jeu pour mobile. Malgré certains succès, la firme a perdu de sa superbe avec des pertes de 24,2 millions d’euros. L’effort financier fournit par Vincent Bolloré justifie-t-il de mettre autant d’argent dans cette société? Pas sûr qu’avec le départ de la famille Guillemot des commandes de cette entreprise, la firme soit si profitable et permette d’obtenir les 350 millions de chiffres d’affaires espérés pour 2018. Certains analystes se demandent si Vincent Bolloré pourra justifier tout cela devant les actionnaires de Vivendi.
Mais la deuxième question concerne le grand fleuron de la famille Guillemot, Ubisoft. Vincent Bolloré a mis en pause sa conquête pour se focaliser sur Gameloft, mais en possédant déjà 17,7% du capital et 15% des droits de vote, le PDG de Vivendi peut dès à présent « demander une recomposition du conseil d’administration d’Ubisoft en vue d’y obtenir une représentation cohérente avec sa position actionnariale ». Avaler Ubisoft sera un challenge plus difficile, d’autant que les bons résultats financiers du groupe lors de la dernière présentation des comptes (+14% de hausse pour le bénéfice net, un chiffre d’affaire à 1,394 milliard d’euros pour l’exercice 2015/2016 et un résultat opérationnel stable à 169 millions d’euros) a rassuré les actionnaires d’Ubisoft sur la pertinence de la stratégie commerciale de la famille Guillemot. Le cours de l’action Ubisoft a bien progressé, passant de 18,99 euros le 12 février 2016 à 31,48 € au moment où nous écrivons cette news, ce qui augmente sérieusement les conditions d’achat du groupe via une OPA comme M. Bolloré aurait peut-être souhaité reproduire à la manière de Gameloft.
La famille Guillemot peut donc espérer souffler encore un moment concernant Ubisoft mais Vincent Bolloré est connu pour ne pas céder une fois un objectif fixé, ceci quel qu’en soit le prix à mettre sur la table.
Sources : Les échos et NexInpact
Ce qui fait la force d’Ubisoft et de Gameloft sont leur indépendance créative. On peut croire qu'économiquement les jeux vidéo, c'est un secteur comme les autres. Mais en réalité c'est très différent car c'est un domaine culturel et artistique. Un domaine dans lequel les interventions extérieures sont mal vécues et peuvent avoir un impact sur l’attractivité économique de l’entreprise et de ses résultats. Cette indépendance doit à tout prix être préservée.
Vincent Bolloré, à la tête de Vivendi, n’en a eu cure et a continué son OPA pour prendre le contrôle de Gameloft, suite à la stratégie présentée lors de notre précédente news. Ces derniers jours, Vivendi a précisé détenir 29,37% du capital et 26,47% des droits de vote de la société Gameloft, contre 21,63% du capital et 29,02% des droits de vote pour la famille Guillemot, dont le président de Gameloft est Michel Guillemot. En relevant son offre de rachat à 8 euros par action contre 7,20 € auparavant, soit la valeur estimée de Gameloft sur le marché, Vivendi vient de convaincre le fonds britannique Amber Capital UK de lui apporter sa participation détenue au sein du capital de Gameloft. Avec 14,62% du capital et 13,17% des droits de vote apportés ainsi, le combat est désormais perdu d’avance pour la famille Guillemot.
En effet, cet accord entre Vivendi et Amber Capital UK permet à Vincent Bolloré de mettre la main désormais sur 43,99% du capital de Gameloft et 39,64% des droits de vote, mettant en minorité la famille Guillemot. Il suffit à Vincent Bolloré d’acheter 6,01% du capital auprès d’autres fonds minoritaires pour que Gameloft tombe définitivement dans l’escarcelle de Vivendi, le groupe Bolloré en ayant clairement les moyens.
27 mai, date fatidique !
Désormais, il ne reste plus beaucoup de marge de manœuvre pour la famille Guillemot qui tente de verrouiller ce qu’elle peut. Ne pouvant surenchérir à l’offre de Vivendi, Gameloft le 28 avril dernier, a annoncé avoir pris les mesures nécessaires « afin d’assurer la pérennité de la présence de certains salariés au sein du groupe, dans une période où le risque de changement de contrôle de la Société est accru et où le départ non planifié de ces salariés risque de causer un préjudice à la Société et au groupe ». Concrètement, ces mesures, révélées par le site NextInpact, sont un avenant ajouté au contrat de 27 employés clés de l'entreprise, leur permettant de bénéficier d'une indemnité équivalente à un voire deux ans de salaire brut en cas de rupture de leur contrat de travail à l'initiative de l'employeur dans un délai de 2 ans suivant un changement de contrôle de l'entreprise. Il permet aussi à ces salariés de profiter de cette même somme en cas de rupture du contrat de leur fait dans un délai de six mois après un changement de contrôle. De quoi de tenter de dissuader Vivendi de faire le ménage au sein de la compagnie pour placer ses hommes (les indemnités s’élèveraient selon le site à 10,2 millions, ce qui reste une goutte d’eau pour Vivendi et n’aura clairement pas un rôle dissuasif).Selon le journal les Echos, ce nouveau relèvement de l'offre valorise l'éditeur de jeux sur mobiles près de 700 millions d'euros, soit le double de ce que pesait Gameloft en Bourse avant l'entrée à son capital de Vivendi en octobre. Cette surenchère devrait être la dernière. Les actionnaires de Gameloft ont jusqu'au 27 mai pour apporter leurs titres au conglomérat. Le 27 mai, nous saurons donc si Vivendi prend le contrôle de Gameloft.
Ces tractations vont-elles réellement servir les intérêts des actionnaires de Vivendi et quid d'Ubisoft ?
Deux questions demeurent. La première est la valeur réelle et le poids de Gameloft sur le marché du jeu pour mobile. Malgré certains succès, la firme a perdu de sa superbe avec des pertes de 24,2 millions d’euros. L’effort financier fournit par Vincent Bolloré justifie-t-il de mettre autant d’argent dans cette société? Pas sûr qu’avec le départ de la famille Guillemot des commandes de cette entreprise, la firme soit si profitable et permette d’obtenir les 350 millions de chiffres d’affaires espérés pour 2018. Certains analystes se demandent si Vincent Bolloré pourra justifier tout cela devant les actionnaires de Vivendi.
Mais la deuxième question concerne le grand fleuron de la famille Guillemot, Ubisoft. Vincent Bolloré a mis en pause sa conquête pour se focaliser sur Gameloft, mais en possédant déjà 17,7% du capital et 15% des droits de vote, le PDG de Vivendi peut dès à présent « demander une recomposition du conseil d’administration d’Ubisoft en vue d’y obtenir une représentation cohérente avec sa position actionnariale ». Avaler Ubisoft sera un challenge plus difficile, d’autant que les bons résultats financiers du groupe lors de la dernière présentation des comptes (+14% de hausse pour le bénéfice net, un chiffre d’affaire à 1,394 milliard d’euros pour l’exercice 2015/2016 et un résultat opérationnel stable à 169 millions d’euros) a rassuré les actionnaires d’Ubisoft sur la pertinence de la stratégie commerciale de la famille Guillemot. Le cours de l’action Ubisoft a bien progressé, passant de 18,99 euros le 12 février 2016 à 31,48 € au moment où nous écrivons cette news, ce qui augmente sérieusement les conditions d’achat du groupe via une OPA comme M. Bolloré aurait peut-être souhaité reproduire à la manière de Gameloft.
La famille Guillemot peut donc espérer souffler encore un moment concernant Ubisoft mais Vincent Bolloré est connu pour ne pas céder une fois un objectif fixé, ceci quel qu’en soit le prix à mettre sur la table.
Sources : Les échos et NexInpact
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