Un monde au bord du gouffre
Terre. Alors qu’un étrange cataclysme a décimé la population, Mila et Avril, deux amies, explorent les ruines. Tout se passait aussi bien que possible quand une étrange secousse propulse Avril dans une grotte jusque-là inconnue. Elle y fait la rencontre de Lune et Soleil, deux entités puissantes qui font d’elle leur héroïne. Avril va désormais devoir sauver les mondes, car elle va rapidement se rendre compte qu’elle n’est plus sur Terre. Pour cela, Lune et Soleil lui accordent une partie de leurs pouvoirs.
Mais avant même de sauver qui que ce soit, Avril veut retrouver Mila. Son amie est joignable par une sorte de télépathie, ponctuant vos actions et les phases de dialogues de quelques commentaires bien sentis. Vous voilà donc sur la route, à rencontrer les populations de cette nouvelle planète. Rapidement, vous vous rendez d’ailleurs compte que du sort du monde où vous vous trouvez dépendra celui de la Terre. Alors, prête à sauver l’univers ?
Lune, Soleil, la dualité du monde en une touche
Puisque vous détenez désormais les pouvoirs de Lune et de Soleil, il faut bien que ça se matérialise par le gameplay. Et Batora: Lost Haven parvient parfaitement à rendre cette dualité palpable. Tout d’abord, une fois les deux pouvoirs absorbés, vous disposez de deux jauges, en bas de l’écran, une jaune/orange et une violette. La orange représente le soleil, mais aussi votre forme physique ; tandis que la violette est celle de la lune et de votre forme psychique. Ces deux formes sont interchangeables d’une pression sur A et vous donnent différents avantages. S’il sera nécessaire d’intervertir pour les phases d’énigmes, sur lesquelles nous reviendrons, elles seront aussi essentielles pour les combats.
Notez cependant que le jeu vous laisse le choix (et ce, tout au long de son déroulement puisque l’option est modifiable dans le menu) : vous disposez de trois niveaux de difficulté. Le premier fait que la couleur des ennemis (orange ou violette, comme de par hasard) n’a pas d’influence sur les dégâts que vous leur faites avec l’une ou l’autre forme. Le second privilégie la correspondance de couleur : vous faites plus de dégâts en utilisant les pouvoirs du Soleil sur un ennemi orange, mais en faites aussi, amoindrie, sur les violets. Le troisième est plus difficile puisque vous ne faites aucun dégât aux ennemis violets en étant sous la forme du Soleil (et vice versa avec les ennemis orange et la forme Lune).
Le système est intéressant, d’autant plus qu’il va vous demander un peu de réflexion. Les vagues d’ennemis s’enchaînent et ne se ressemblent pas, le combat passe du simple hack’n’slah à quelque chose d’un peu plus réfléchis. Et les gameplay des deux formes varient aussi. Ainsi, votre forme Soleil est armée d’une grosse épée pour des dégâts au corps à corps, tandis que la forme Lune envoie des décharges psychiques à distance. Les deux possèdent une attaque spéciale, avec la gâchette, dont il faut attendre le rechargement pour l’utiliser. Dans les deux cas, il s’agit d’une attaque de zone, plus ou moins puissante, plus ou moins longue en fonction. Côté gameplay, se battre avec l’épée nécessite juste de matraquer la gâchette ZR et d’esquiver avec B. Un gameplay simple et efficace, qui a déjà fait ses preuves. Là où ça devient compliqué, c’est avec la forme Lune. Son attaque à distance est loin d’être agréable à prendre en main et relève souvent de l’approximation, surtout pour la viser.
Sous votre forme Lune, vous pouvez appuyer sur ZR pour tirer. Mais si vous faites ça, il faut aussi viser avec le joystick droit et esquiver avec le bouton B. La nervosité des combats fait que cette combinaison de boutons devient rapidement un enfer. L’autre possibilité, beaucoup plus viable, consiste à donner des à-coup de joystick droit dans la direction où vous souhaitez tirer pour tirer et viser en même temps (vous pouvez aussi le faire pour l’épée sous la forme Soleil si vous êtes plus confortable avec cette combinaison). Si, de cette façon, il est plus aisé d’esquiver avec B en même temps que vous tirer, la viser possède un certain manque de précision qui vous fera souvent perdre quelques dizaines de points de vie.
Choississez bien. Vos aptitudes en dépendent…
… tout comme l’avenir du monde. Outre les soucis précédemment cités, le jeu dispose d’une multitude de possibilités. Bien sûr vous pouvez faire varier les niveaux en fonction des ennemis, mais aussi vous équiper de différents types de runes, chacune possédant des conditions d’application ainsi que des bonus et malus qui affectent l’une ou l’autre de vos formes. Par exemple, certaines runes augmentent votre attaque orange mais diminuent votre défense violette (toujours en lien avec le Soleil, la Lune et vos différentes formes). D’autres sont plus généralistes. Mais toutes nécessitent de dépenser un nombre de points définis, en lien avec votre alignement, en lien avec vos choix. Il existe trois types de points : les neutres, que vous possédez de base ; les Conquérants, qui sont en lien avec vos choix offensif et impulsif ; les Défensifs, pour les choix défensifs, mesurés, plus prudents, d’une certaine façon. Cela vous donne trois couleurs, bleu (neutre), rose (Conquérant), et vert (Défensif) qui finissent de vous dépeindre l’arc en ciel de possibilités de Batora.
Les runes s’achètent chez le marchand, ou auprès de différents PNJ, tout au long de votre aventure. Certains seront plus cachés que d’autres, mais dans tous les cas, il faudra les payer avec l’une des monnaies du jeu, que vous récupérez sur les ennemis, ou en brisant des cristaux sur le bord de votre chemin. Celui-ci peut paraître linéaire, mais il ne l’est pas totalement : en effet, bien que s’apparentant par moment à un hack’n’slash un peu technique, Batora: Lost Haven possède aussi des côtés RPG, avec des secrets à découvrir sur la carte, des recoins à explorer et des énigmes environnementales à résoudre pour avancer. Celles-ci sont conçues comme des respirations entre deux phases de combat. Le principe consiste principalement à actionner des interrupteurs et autres leviers avec la bonne forme (le levier orange avec la forme Soleil, etc. Vous avez saisi l’idée). Cependant, si la visée en combat est un problème, elle l’est aussi pour les énigmes environnementales lorsqu’il faut utiliser une attaque à distance pour actionner tel bouton. Notez bien qu’il s’agit du seul véritable défaut du jeu et que le titre dispose de quelques possibilités (autre boutons, niveau de difficulté, etc) pour contourner le problème.
Puisque plusieurs éléments, comme les runes, dépendent de votre alignement entre Conquérant et Défensif, il est totalement logique que ce soit le scénario qui vous embarque dans l’une ou l’autre de ces voies. Celles-ci sont floues : il n’y a pas de Bien ni de Mal. Tout est gris, dans Batora, et c’est ce qui donne sa profondeur au titre. Aucun mauvais choix, aucun retour en arrière non plus. Juste vous et votre conscience, vos envies, ce qui vous semble le plus approprié pour la situation. Si les premiers choix sont mineurs, plus vous avancez dans l’aventure, plus le jeu vous met à l’épreuve et vous propose de véritables dilemmes : sauver le père d’une de vos compagnons de route ou soigner toute une population de leur furie et ramener la paix chez eux ? Laisser enfermer l’esprit de cette créature ou la détruire ? Si, sur le papier et à lire ce test, vous avez l’impression que c’est assez simple de trancher, détrompez-vous : le jeu fait en sorte de vous mettre sans cesse sur le fil, en équilibre mental, en vous donnant suffisamment d’éléments de background pour que les deux choix vous paraissent légitimes. Seule indication : les textes de ces alternatives sont écrits dans la couleur correspondant aux points que vous allez obtenir (rose ou vert donc). De quoi légèrement orienter votre décision, selon si vous accordez plus d’importance au gameplay et aux runes qu’aux pauvres personnages.
Cet article vous a intéressé ? Vous souhaitez réagir, engager une discussion ? Ecrivez simplement un commentaire.