Test de Blanc : la fable du louveteau et du faon au pays des neiges
Blanc c’est le flocon hivernal qui scintille dans l’œil du joueur par son design charmant, sans pour autant réchauffer son cœur de gamer, avec son gameplay dénué de saveur.
TestDe la neige et encore de la neige
Blanc c’est avant tout un jeu construit sur un principe de dualité. Opposition entre le blanc et le noir, entre les carnivores et les herbivores, entre les petits rapides et les grands sauteurs, le jeu mise sur la complémentarité entre deux protagonistes perdus au milieu d’un monde entièrement enneigé.La formule n’est pas nouvelle, qu’il s’agisse du jeu de pure coopération à énigmes, du jeu prenant pour théâtre les paysages glacés ou même du jeu faisant les deux, comme le titre Never Alone adapté sur Switch en 2022.
Si ce n’est pas sur le terrain du thème et de l’inspiration générale qu’il faut chercher l’originalité chez Blanc, ses qualités en matière de dessin et d’animations sont quant à elles évidentes. On est en effet immédiatement séduit par le design des deux petits personnages, tout aussi attachants l’un que l’autre et rendus avec beaucoup de soin, que ce soit dans leur apparence que dans leur identité sonore.
Il est clair que les plus jeunes pourront s’identifier très facilement à ces deux petites créatures.
On reste en revanche plus dubitatif sur les choix qui ont conduit à apporter aussi peu de variété aux environnements. Sur les dix chapitres que compte le jeu construit sous la forme d’une épopée et d’une poursuite de quelques traces dans la neige, ce ne sont que forêts toutes de blanc vêtues, landes enneigées désertes et villes désespérément vides et silencieuses, comme enveloppées dans du coton gelé.
Ce fil blanc (et non pas rouge) de la neige finit d’ailleurs par lasser et dénote un certain manque d’imagination. Il arrive même que le jeu perde en lisibilité dans certains environnements ou bien lorsque les deux personnages s’éloignent un peu trop.
L’écran s’agrandit alors plutôt que de se découper à la manière des écrans splittés, comme c’est d’ordinaire souvent le cas dans les jeux de coopération. Il en résulte de petites tâches noire et blanche sur fond blanc qui s’agitent. Les plus jeunes pourraient avoir quelques difficultés à y voir clair.
Est-ce que le gameplay parvient malgré tout à contrebalancer cette charmante linéarité visuelle ?
Quand simplicité du gameplay rime avec efficacité mais aussi pauvreté
Blanc peut se jouer seul ou à deux. Le jeu est construit autour des deux personnages que l’on incarne au moyen des deux Joy-Con. Évidemment l’expérience change selon le nombre de joueurs, privilégiant la progression lente et par à-coups en solo ou bien le tandem coordonné quand deux joueurs s’emparent des manettes et communiquent pour avancer de concert.Que le jeu soit abordé seul ou à deux, le déroulé reste malgré tout assez similaire car les deux protagonistes disposent de capacités différentes et complémentaires mais il est rare de devoir mobiliser les deux en même temps.
Bien souvent le petit loup doit mordiller une corde retenant quelques bûches qui, une fois libérées, roulent jusqu’au faon. Celui-ci va dès lors pouvoir bondir par-dessus et ainsi atteindre un bloc à pousser, permettant à son ami carnivore d’avancer à son tour et ainsi de suite.
Presque à aucun moment le jeu n’oppose les joueurs à une marche de difficulté très importante. Tout au plus de rares passages, plutôt en fin d’aventure, demandent un petit effort de réflexion, le titre aimant les effets miroir et pousse le concept de la coopération assez loin.
On reste ainsi dans une aventure assez linéaire de bout en bout, le jeu n’offrant pas une dose de surprises suffisante pour stimuler beaucoup l’intérêt des joueurs.
Une expérience tranquille, contemplative et un peu creuse
Loin d’être un jeu ambitieux par sa jouabilité, ses environnements et sa durée de vie, avec ses dix chapitres très courts, Blanc lorgne en réalité ailleurs.Avec le mystère planant autour d’une épopée où presque rien n’est divulgué au joueur qui assiste à la rencontre entre ces deux jeunes animaux que l’on incarne et que tout oppose, à commencer par la couleur, on est en droit d’imaginer un récit grandiose ou dramatique.
C’est en effet ce que de très belles et réussies aventures indé récentes ont prouvé, parvenant à manier avec brio l’écriture riche de récits souvent profonds et méditatifs sur l’existence.
Il s’avère assez tristement que ce n’est pas le cas de Blanc qui, jusqu’au bout, ne saisit pas l’opportunité d’une envolée de son histoire et finit par n’être qu’une petite chose mignonne et charmante dans son exécution. Le matériel de base aurait pu pourtant tout à fait le permettre mais le propos reste bien trop peu développé.
Tout au plus doit-on concéder au jeu la justesse d’être parfaitement adapté aux plus jeunes qui apprécieront à n’en pas douter ce conte d’une contrée glacée, avec très peu de texte et un chara-design adorable.
Pour autant les contes ne sont-ils pas d’ordinaire le terrain propice à distiller des valeurs et des principes moraux préparant à l’expérience du monde ? Chez Blanc on semble en être resté visiblement à un monde assez pauvre et peu ouvert à la diversité. L’épilogue du jeu est particulièrement significatif en la matière, on laissera les curieux le découvrir.
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