Un FPS scripté post-apocalyptique
Metro Redux est un FPS à l’action très scriptée vous plongeant en territoire soviétique, en pleine ère post-nucléaire. Les survivants se sont terrés dans les souterrains du métro moscovite pour échapper à l’influence des radiations et se sont regroupés en différents clans qui malheureusement continuent à se battre entre eux pour la possession de territoires et des rares ressources utiles à leur survie.
Mais les survivants ne sont pas les seuls car rôdent autour des créatures génétiquement modifiées, des créatures de cauchemar brutales et très dangereuses, ainsi qu’une faction de mutants mystérieux, les Sombres, dont les pouvoirs psychiques vous plongent dans des phases d’hallucinations.
L’extérieur n’est pas moins dangereux : l’environnement plongé dans un hiver nucléaire vous oblige à collecter des cartouches pour filtrer l’air de votre masque, sa surface se recouvrant régulièrement d’une pellicule de givre qui influe sur votre capacité d’observation et apporte son lot de stress avec les bruits d’une respiration lourde.
Metrox Redux n’est clairement pas un jeu pour les claustrophobes et jouit d’une ambiance du tonnerre et d’une réalisation technique dont on craignait beaucoup la qualité du portage sur Switch, le jeu à la base étant assez gourmand techniquement.
C'est un long roman...
Métro 2033 est à l’origine un best-seller russe écrit par Dmitri Glukhovski et publié en 2005, nous plongeant dans une dystopie post-apocalyptique. Récompensé du prix du « meilleur premier roman » lors de la convention européenne de science-fiction de 2007, il a très vite fait l’objet de nombreuses attentions et a connu la renommée par sa première adaptation sous forme de jeu vidéo en 2010 grâce au développement effectué par le studio 4A Games et publié par THQ. Si une adaptation cinématographique a échoué pour cause de différends entre l’auteur et la MGM qui voulait transposer l’action en Amérique, un nouveau projet russe est sur les rails pour une sortie possible en 2022.
Nous sommes vingt ans après l’apocalypse et vous interprétez le rôle du jeune Artyom, qui est venu se réfugier avec le reste de sa famille au sein de la station VDNKh, la surface étant devenue inhabitable sur la durée. La station VDNKh forme une micro société indépendante qui survit comme elle peut, Artyom n’ayant que de rares vagues souvenirs de son monde d’avant la catastrophe.
Difficile de sortir à la surface sans tomber sur une des créatures mutantes appelées les Sombres. Mais la menace vient désormais également des tunnels du métro, avec des créatures tout aussi dangereuses, en particulier les Nosalis, dont l’arrivée dans le prologue du jeu Metro 2033 lance votre aventure. Il faut donc trouver un moyen de protéger la station des attaques extérieures et notamment obtenir l’aide d’autres groupes, les plus civilisés d’entre eux, les Polis, quatre stations regroupées jouissant du meilleur de la technologie et des dispositifs de sécurité, avec des militaires efficaces.
Malheureusement pour Artyom, rejoindre ce semblant de dernier bastion de la civilisation ne sera pas simple, car sur son chemin d’autres stations regroupées en factions politiques (communistes, néo-nazis), sectaires ou mafieuses ne lui faciliteront pas le passage.
Un parcours semé d'embûches
Durant les 7 chapitres de Metro Redux, chacun divisé en plusieurs parties, vous allez devoir tracer votre route en solo, affronter de nombreux adversaires humains et mutants dans l’obscurité crasse des couloirs du métro. C’est une caractéristique (et un problème) du jeu, le jeu est sombre et il faudra s’éclairer de sa torche pour observer ce qui se trouve autour de vous ou régulièrement vous plonger dans une semi-obscurité pour ne pas attirer l’attention sur vous et devenir une cible privilégiée.
Nous sommes donc entre un gunfight bourrin lors des escarmouches avec l’ennemi et des missions d’infiltration pour s’enfoncer dans le territoire ennemi, bref assez loin d’un Doom qui se veut une suite quasi ininterrompue de tirs. On joue sur la tension, le stress (ah ce bruit de respiration), les scripts du scénario nous invitant à tout fouiller pour trouver des munitions et des armes, des filtres pour notre masque lorsqu’il faudra obligatoirement sortir en surface.
Ramassez tout ce que vous pouvez sur les humains que vous serez obligés d'abattre.
Les rencontres sont assez nombreuses (il y a tout de même 40 000 survivants) et il est important de discuter avec tout le monde. Selon vos choix d’actions, cela impactera le final du jeu car les développeurs ont prévu deux fins alternatives (différentes du livre) pour Metro 2033. Le titre se montre beaucoup plus subtil qu’un Wolfenstein.
Metro : Last Light reprend ce concept en reprenant l’histoire d’Artyom, le héros du premier volet, là où nous l’avions laissé. Même si vous pouvez choisir de jouer à un jeu ou à l’autre, il est clair que pour une question de chronologie d’actions, on vous encourage à d’abord jouer à Metro 2033 Redux avant de faire Last Light, qui se passe une année plus tard en 2034. On y retrouve le bestiaire du premier avec quelques nouveaux.
Si l’espace du jeu dans Moscou est moins imprégné par les radiations, les rues abandonnées restent toutes aussi délicates et dangereuses, vous obligeant encore plus à faire attention à votre masque anti-gaz, à recharger la dynamo de votre matériel (lampe), à économiser vos munitions moins généreuses que dans le premier opus.
Vous vous retrouvez dans le complexe militaire de D6 et les ressources de ce bunker attirent la convoitise des autres factions rivales. A nouveau on retrouve une ambiance survival dans divers environnements fermés, et c’est du très bon niveau en plus court. 30 missions palpitantes pour faire survivre votre groupe et faire face à votre destin, où les factions du Reich vont encore tenter de nous jouer un mauvais tour.
Un choix de gameplay allant de "l'assistanat pour le massacre" au "débrouille toi comme un ranger pro"
Chaque jeu vous demandera de récupérer des pages de journal, à savoir 51 pages du carnet caché d'Artyom. Le jeu dissémine dans l’ensemble des niveaux différentes caches secrètes, qui intéresseront les joueurs voulant compléter le jeu à 100%.
La durée de vie est très bonne, d’autant que toutes les confrontations ne sont pas évidentes, vous recommencerez quelques passages plusieurs fois, notamment lorsque vous êtes désorienté et pris sous l’influence des hallucinations générées par les Sombres. Comptez une bonne vingtaine d’heures pour Metro 2033 Redux et une dizaine d’heures pour le volet Last Night, en difficulté normale.
Un menu clair pour sélectionner vos choix et rentrer dans les réglages, l'interface ici de Metro 2033 Redux visible ici étant un poil différente sur Last Light.
Vous pouvez opter pour deux styles de jeu : "survie" qui est un mode hard sans jauge d’aide pour vérifier la qualité de filtration de votre masque à gaz, vous obligeant à l’instinct de surveiller vos munitions et de surveiller la charge de votre dynamo. Bref si vous voulez une immersion complète en rationnant votre matériel, avec des combats plus dangereux et difficile, ce style est fait pour vous.
On vous conseille cependant de commencer l’aventure dans le style plus classique "Spartiate", qui réduit les difficultés des combats et vous donne plus de munitions, de filtres etc...
Dans ce style vous pourrez tout de même jongler avec la difficulté avec quatre réglages : normale, difficile, ranger, ranger difficile. Il y a donc un bon potentiel de rejouabilité pour tester les deux styles de jeux et augmenter la difficulté lorsque vous serez suffisamment aguerri avec les commandes et l'action de ces deux jeux.
Vous pourrez opter pour un choix d'armes plus ou moins importants, avec des qualités plus ou moins intéressantes selon l'action : tir précis, lointain, haute cadence à courte portée. Chaque arme peut-être upgradée par différentes options : viseur plus précis, silencieux..
L'interface qui vous permet de jongler parmi votre matériel. En extérieur, pensez à surveiller vos filtres, la dynamo de votre torche dans les couloirs et procurer vous des kits de soin. Vous pouvez opter pour l'extinction de l'ensemble des lumières autour de vous pour vous glisser en infiltration le plus discrètement possible face aux autres factions humaines.
Parlons technique
Les remasters sur PS4 et Xbox One tournaient tous les deux en 60 fps (comme sur PC) et en 1080p sur PS4 et 960p sur Xbox One. Les versions PS3 et Xbox 360 d’origine tournaient en 30 fps. Premier constat, on est sur un vrai port fidèle aux dernières consoles et non un portage des versions PS3. La gestion de la lumière, le graphisme, le moteur de jeu reprend fidèlement les versions sorties en 2014.
Il y a bien des concessions, le jeu sur Switch tourne en version nomade et dockée en 30 fps constant. Mais c’est du 720p en nomade (avec quelques variations dynamiques à la baisse lorsque l'action est très chargée) et jusqu'à du 1080p en docké (on note également quelques variations dynamiques, tout en restant régulièrement proche du 1080p, en fonction de l'action). On est donc bien à mi-chemin entre les sensations PS3 et PS4 mais avec une qualité de portage inédite sur Switch.
C’est simple, ce portage ayant été réalisé par l’équipe même ayant conçu le jeu d’origine et non par un développeur de soutien, nous sommes tout simplement face au portage le plus solide de la console pour un titre du genre, en particulier en mode nomade, 4A Games ayant fait encore mieux que Panic Button sur ses portages de Wolfenstein.
Certes, quelques détails montrent les concessions au niveau de la qualité de certaines textures par rapport aux versions Next-Gen, mais ce ne sont pas des coupes aussi fortes que celles effectuées sur The Witcher 3, beaucoup plus marquées. Cela donne une image moins nette que sur console Next gen mais sans être perturbé par de l'aliasing.
L’environnement sombre et la profondeur de champ de vision réduite inhérente à l’univers du métro aident également les programmeurs à mieux faire passer la conversion. Les allègements auraient probablement pu être plus visibles dans des environnements ouverts en lumière du jour. On peut donc logiquement se demander si le nouvel opus, Exodus, qui vient de sortir et nous propose d’explorer l’Est de la Russie, pourrait être adapté aussi bien sur Switch, même si on peut garder un sérieux espoir au regard du superbe travail effectué notamment sur l'opus Last Light). Mais pour Redux, même à l’extérieur, cela passe très bien.
Admirez les effets d'éclaboussure sur votre masque, un petit appui sur la touche L vous permettra d'essuyer tout cela (utile pour viser avec précision, mais dans quelques secondes, il va surtout falloir jouer de la gâchette très très vite et de manière bien ciblée)
Joy-Con ok, Manette Pro très bien, Motion Control pas si évident
C’est donc un portage très agréable que nous avons en main, inespéré en mode portable (les joueurs sur Switch Lite n’ont donc pas de soucis), et qui se joue bien avec les Joy-Con même si personnellement j’ai une légère préférence pour la tenue avec une manette pro. A noter que pour les fans de motion control, vous pourrez activer cette option pour y jouer de cette manière.
Pas si simple au départ, surtout quand on a été connu le jeu à l'origine avec clavier et souris, le passage manette en main est bon mais il faut un peu d'adaptation pour l'option motion control. Mon junior s'est montre plus doué que moi à ce niveau (l'expérience Splatoon et des longues séances de jeu sur Fornite expliquant probablement cela).
On apprécie également que l’éditeur Deep Silver ait proposé l’intégralité du jeu sur une cartouche bien remplie de 16 Go. Nous avons reçu de la part de Koch Media pour effectuer ce test un double code pour télécharger d’abord Metro 2033 Redux (6,2 Go) puis Metro: Last Light Redux (7,6 Go) et nous les remercions beaucoup.
Un environnement sombre, il faut penser à effectuer quelques pauses
L’expérience de jeu se montre solide et clairement plaisante sur Switch. Les possesseurs ayant une PS4 ou une Xbox One (ou un PC puissant) se tourneront cependant vers ces versions s’ils veulent jouer sur écran ou télé pour bénéficier de la fluidité 60 fps appréciée sur un FPS mais le jeu Switch n’a pas à rougir et reste très bon pour y jouer sur télé et en nomade.
Le titre reste solo, pas de multi pour cause de scénario, il est donc très bien adapté pour y jouer confortablement dans son canapé ou dans son lit. Pensez cependant à faire des pauses régulières, l’ambiance sombre du jeu peut être tout de même fatigante au bout de deux/trois heures.
Une localisation aux petits oignons : du français textes et voix !
Les bruitages sont tout à fait convenables et participent à l’action et à l’isolement. On salue bien évidemment de lire l'intégralité de l'histoire en français, d'avoir une localisation complète de l'interface et d'entendre dans le jeu parler en français. La qualité du doublage est tout à fait convenable.
Là où on note une différence plus sensible avec les versions Next-Gen, c’est au niveau des temps de chargement entre les missions, bien plus longs sur Nintendo Switch. Il n’est pas rare d’attendre la minute, ce qui casse un peu l’action, même si une partie du chargement est atténuée par un affichage textuel nous délivrant quelques éléments de l'histoire. En revanche lorsque vous êtes morts, l’affichage est brutal et tombe comme un couperet, mais recommencer au dernier point de sauvegarde auto est rapide.
Quand cela tourne au rouge, ce n'est pas bon pour vous !
Un portage qui nous a convaincu, en nomade
Tel un sanglier se ruant dans un couloir étroit pour se précipiter pour se porter volontaire pour effectuer ce test à l’annonce de sa disponibilité par l’éditeur, que nous remercions beaucoup, l’expérience de cette compilation fut un pur plaisir (inachevé cependant, le délai était un peu court pour réaliser l’intégralité des deux œuvres).
Nous avions aimé la folie décomplexée de Wolfenstein II : The New Colossus ou le bourrinage de Doom. Metro Redux se montre encore plus séduisant par son scénario, dans la tension distillée tout au long du jeu, dans les rapports d’Artyom avec les autres survivants (importance de discuter avec les autres et de voir si vous pouvez les aider) qui n’en font pas qu’un simple FPS à la gâchette facile.
On pourra seulement remarquer que l’IA des autres humains est un peu faiblarde lors de certaines confrontations (on aurait aimé être mieux soutenu par d’autres PNJ lors de certaines missions) et que les phases hallucinatoires ne sont clairement pas évidentes. Le jeu par son environnement sombre est également un peu fatigant visuellement, vous aurez envie de vous faire des petites coupures sur des titres plus colorés pour vous rebooster.
Metro Redux est disponible à compter du 28 février 2020 sur Nintendo Switch, en version dématérialisée et en version physique. A noter que sur l'eShop pour pourrez acheter séparément chaque opus, à 24,99 € pièce. Mais si vous jetez un coup d’œil sur l'édition physique, surtout durant sa période de lancement, vous obtiendrez un prix bien plus intéressant (et un sérieux gain de place).
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