Dossier
La violence dans les jeux video est un debat qui n'est pas très récent, mais qui déchaine les passions ! Ne dites pas le contraire : vous êtes soit pour, soit contre, mais vous n'êtes pas sans avis. Certes, si les occasions de pratiquer es jeux gores au sens malsain du terme sont rares sur consoles Nintendo, les choses sont lentement en train de changer.
Le rapport qui menace...
Or, il se pourrait que le récent rapport dont nous avons parlé la semaine dernière sur Puissance Nintendo remette en cause l'évolution actuelle, qui consistait à transformer un jeu (et c'est flagrant dans le cas de Conker's Bad Fur Day) pour l'adapter à un public plus adulte, plus âgé, tout en continuant à le clamer haut et fort auprès de la plus grande partie des joueurs : les moins de 17 ans !Car Nintendo se vend bien chez les jeunes. Non pas que ceux-ci soient les seuls à avoir tout compris au secteur du jeu vidéo (même si... enfin bon... Là n'est pas le sujet :-D), mais tout simplement parce que les 12-17 ans ont toujours été la cible de prédilection de Nintendo. On a de la chance, ca pourrait être encore pire : il n'y a pas si longtemps, l'âge moyen du joueur sur Nintendo 64 était de 13 ans. Il est passé à 17 ans en deux ans, et gageons que la perspective de certains jeux va encore permettre à Nintendo de s'imposer dans de nouvelles classes de la pyramide des âges...Revenons à notre violence dans les jeux vidéo : voilà plusieurs années qu'associations et politiques tirent la sonnette d'alarme ! Les jeux vidéo avilissent les enfants des premiers, contribuent au déclin de la société pour les seconds. Bref, les maux de la Terre sont dûs aux jeux vidéo...
Pas d'alarmisme.
La bonne affaire... Plutôt que d'essayer de convaincre un public de fanas de jeux vidéos que vous n'allez pas forcément tirer à vue sur la place du village à la sortie de la messe dominicale en criant "666" sur fond de bruit de Sir Manson, je crois qu'il est important de bien comprendre ce qui fait la violence dans un jeu vidéo, et pourquoi elle est finalement nécessaire...Sans violence, pas de jeu. Certes, il y a plusieurs degrés de violence. Simplement, on peut faire deux catégories : les jeux qui font intervenir des personnages à caractère humain, et les autres. On mettra ainsi Doom et Quake d'un côté, Turok de l'autre. La violence que l'on retrouve dans ces deux jeux se situant toutefois plus au niveau de la poussée d'adrénaline provoquée par une situation donnée (un dinosaure qui vous tombe dessus, une masse de muscle qui vous guette avec une arme ultra-sophistiquée derrière une fichue porte dont vous ne trouviez pas la clé...), qu'ailleurs.Mais quand même... Il est d'autant plus important de citer des jeux de la classe de Doom et Quake dans la mesure où ce sont ces jeux que l'on cite lorsqu'un nouveau drame se produit quelque part. Alors est-ce un fait établi : Doom est tellement plus violent que Carmageddon que c'est lui que l'on cite ? Je ne le crois pas. C'est surtout une question de notoriété, et dire que Doom est la cause de tous les maux du monde est sacrément réducteur !
Parler de Carmageddon est une sacrée opportunité pour parler de la vraie violence des jeux vidéo : celle qui est permise, et celle qui ne l'est pas ! La question est de savoir quelle est l'utilité de cette violence ? Son but est-il de rétablir l'ordre, la paix et la justice, ou bien de semer le chaos et la désolation partout où vous passez ? C'est bien regrettable à reconnaître, mais détruire est terriblement plus excitant que sauver une princesse. Pourtant, quel drame atroce que d'écraser sans aucune pitié, avec le sourire en plus, des tortues vertes qui ne demandent qu'à faire les cent pas sur une plate-forme !
Alors il est là le problème : la violence est nécessaire parce qu'elle donne au jeu vidéo tout son sens, mais elle doit être mise au service du Bien. Car finalement, comment définir un jeu vidéo autrement que par le fait d'opposer gentils et méchants ?
Les Méchants gentils et les Méchants méchants...
De là, on peut extrapoler un peu : les jeux décriés sont souvent des jeux dans lequel vous incarnez le méchant. Prenons un exemple de jeu assez spécial, appelé Road Rash sur PC, Road Rash 64 sur Nintendo 64. Dans ce jeu, vous devez donner des coups à vos adversaires pour les faire tomber de leur moto. Ce n'est pas vraiment ce qu'on appelle un comportement civique, non ? Mais les joueurs ne sont pas dupes, et hormis quelques cas isolés, ces fameux cas sociaux que certaines associations utilisent pour purifier l'Humanité en supprimant ces maux qui l'obsèdent comme le jeu vidéo, on est fort capable de ne pas vouloir transposer dans le monde réel ces pratiques occultes que nous nous plaisons à reproduire dans les jeux vidéos.Tout le monde ne semble pas comprendre cela, et de ce fait, on voit depuis quelques mois comme une campagne anti-jeux vidéo se dessiner. A la fin des années 1980, c'est Nintendo qui était la cible des attaques. Le prétexte était différent : les Américains ne voulaient pas que des Japonais distraient leurs enfants. Walt Disney était bien suffisant. Par chance, les enfants ont gagné, sinon vous ne liriez probablement pas cet article sur un site intitulé Puissance Nintendo...
La faute au PC
Le développement rapide du PC et son montée en puissance tout aussi rapide ont conduit à la multiplication des jeux, de plus ou moins bonne qualité : pas de royalties à payer pour utiliser ce support, contrairement à ces vendeurs de consoles qui vous extorquent littéralement des millions pour avoir le droit de diffuser un jeu sur cartouche d'abord, sur CD ensuite...Le jeu vidéo devient alors aussi commun que la télévision (elle aussi décriée en son temps, cela va de soi !). Alors voir certaines personnes brandir le spectre de la violence me fait, moi, gentillement rigoler ;-) On pourra toujours me dire ce qu'on veut, je ne répondrais toujours qu'une chose : un jeu est un jeu.Ceux qui ne peuvent pas faire la différence sont simplement malades. Ils ne sont pas simples d'esprit, loin de là, ils ont simplement perdu le contact avec la réalité ! L'idée générale que l'on se fait des jeunes qui, comme on le voit trop souvent aux JT américains, se mettent à tirer sur leurs professeurs et leurs camarades de classe se limitent à la pratique du jeu vidéo et à l'écoute du bruit de Manson...
C'est un peu réducteur, et nul doute que les gens bien calés dans leur fauteuil boivent ces descriptions comme du petit lait. Mais réduire le joueur à cela est terriblement réducteur ! Que faites-vous des millions d'utilisateurs de Pokemon ? Pourquoi ignorez-vous les dizaines de millions de fanatiques de Super Mario ? Mais pourquoi diable ne voulez-vous pas croire que si on achète des jeux de sport, c'est tout simplement parce qu'on aime ca ?!
La violence dans les jeux vidéo existe, mais le jeu vidéo n'est pas que violence. Jouer à Doom ne fait pas des ados des assassins, tout comme écouter du rock'n roll n'a pas conduit tous les jeunes des années 1950 et 1960 en prison (à ce sujet, peut-être vos parents peuvent dire quelque chose !).
Voir le Mal partout...
Bref, le jeu vidéo est victime d'un mode de pensée terriblement réducteur qui consiste d'une part à dire que chaque jeu est violent par nature, et d'autre part à dire qu'ils abrutissent les enfants ! On ne peut pas dire que les jeux vidéos soient particulièrement enrichissants sur le plan éducatifs, mais ca pourrait être pire ! Pour votre défense, vous pouvez toujours dire que vous hésitiez entre une partie de Doom et... un cache cache avec les insectes du jardin pour leur arranger les pattes ou les ailes ! Arracher les pattes des insectes n'a jamais voulu dire que les enfant étaient des assassins ! Loin de là ! On en vient ainsi à penser que si certaines personnes ont peur du jeu vidéo à tel point qu'ils en font un motif de lutte (pour le bien de l'Humanité, répétons-le !), c'est tout simplement parce qu'ils ne le comprennent pas. Voir le voisin arracher les ailes des mouches du jardin fera sourire. Mais voir ce même voisin exploser ses compétiteurs dans Road Rash fera frémir. L'adversaire n'est pas le même, et devinez où est l'erreur...On pourrait multiplier, et ce presque à l'infini, tous ces illogismes qui font que finalement les gens considèrent que le jeu vidéo est potentiellement dangereux. De plus, force est de reconnaître que toutes les sociétés d'éditeurs ne font pas les meilleurs efforts pour améliorer l'image du jeu vidéo dans la conscience collective : le récent rapport de la FTC est criant à cet égard.
C'est à vous, c'est à nous, d'agir avec pédagogie. Les plate-formes Nintendo ne sont pas réputées pour offrir un nombre de jeux à la violence douteuse, contrairement au monde PC qui, sans toutefois sombrer dans une comparaison négative à l'égard de cette plate-forme, est selon moi plus propice aux jeux dont les règles peuvent être contestées en raison, tout simplement, de l'absence de contrôle.
Les choses sont en train de changer : des labels existent, mais ils sont mal utilisés, et surtout peu respectés. Encore une fois, et c'est sur ce point que nous concluerons cet article, il est important que les parents jouent ici leur rôle de parent, en respectant les limites d'âge, en confisquant les jeux acquis en cachette par les jeunes de moins de 15 ans alors que le jeu leur est en théorie "interdit". Ca vous fera peut-être hurler de rage de lire ca, mais c'est de cette facon qu'on pourra rassurer les uns tout en permettant aux autres de s'amuser, et cela... sans faire de mal à une mouche.
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