Nintendo et l'innovation

Un monde fait d'illusion(s).

Car il faut toujours être vigilant : les consoles font partie de ces domaines de haute-technologie où le moindre système doit être percu comme une nouveauté majeure, et où chaque jeu est présenté comme une création essentielle, une expérience unique à laquelle chaque joueur de la planète doit pouvoir se consacrer.

Reste que si on regarde le bilan de Nintendo ces dernières années, on ne peut pas s'empêcher d'avoir comme un arrière-goût de déjà-vu, un sentiment étrange qui nous fait dire "oui... et alors" à la vue des nouveaux produits. Le plus inquiétant, c'est que ca ne semble pas prèt de se terminer. Alors, lassé Nintendo ?

A l'époque de la glorieuse Nes, chaque titre était vraiment novateur, chaque cartouche apportait quelque chose de plus, une pierre supplémentaire au grand édifice du jeu vidéo. Pardon : du Jeu Vidéo. Parti de rien, Nintendo devient en quelques années le fer de lance du renouveau d'un secteur moribond depuis le terrible déclin d'Atari.

Quelle gloire... passée !

Ce n'est pas pour rien : derrière une console aux capacités incroyables pour l'époque, Nintendo propose des jeux incroyables, des aventures époustouflantes, qui chacune nous font découvrir de nouveaux univers. La firme ne s'arrête pas avec la Super Nintendo, qui est pour les Nintendomaniaques l'occasion de découvrir de nouveaux jeux, encore plus palpitants, encore plus saisissants.

Puis vint la Nintendo 64. Une vraie merveille de technologie. Je ne peux m'empêcher de repenser à ce journal télévisé qui avait présenté la Nintendo 64 comme un monstre de puissance, en montrant des images dignes des meilleures animations en images de synthèse : une espèce de bille tombait dans un texture représentant le métal liquide, dans lequel se reflétait l'image de Mario. Tout simplement incroyable.

Mais quelle déception ! Nintendo a certes mis au point des jeux de folie, mais si on y pense bien, ca a été notamment le cas au début du cycle de vie de la console. Et on pourrait presque dire que c'est par son manque d'innovation que Big N a eu beaucoup de mal à persuader la Terre que sa console était meilleure que celle des concurrents.

L'idée de départ était pourtant bonne. Nintendo voulait par exemple proposer une machine dont la fonction essentielle était de faire évoluer les joueurs dans des univers en 3 dimensions. C'est normal : un jeu à scrolling horizontal sur la TV du salon aurait aujourd'hui plutôt tendance à choquer les joueurs qu'à les ravir : il faut savoir évoluer avec son temps, et ne pas oublier de continuer à évoluer ensuite.

Avant de provoquer les protestations des nintendomaniaques qui viennent d'habitude faire ici le plein d'énergie positive Nintendo, j'aimerais simplement faire remarquer qu'en cette fin d'année, Nintendo ne nous propose que des suites. Niveau innovation, on a forcément déjà vu mieux !

Ce qu'on voudrait essayer de faire dans ce dossier, c'est de présenter les différents éléments qui permettent d'enrichir grandement les arguments des détracteurs, mais n'oublions jamais une chose : à chaque thèse on trouve une antithèse, et on sera heureux de vous la proposer très bientôt. Eh oui, on va se faire ange et démon à la fois, et nul doute que le Bien l'emportera sur le Mal d'ici la fin de ce dossier !

Il faut d'abord préciser qu'on ne remet pas en cause les innovations hardware de Big N. Cela nous évitera bien de débiter bon nombre d'inepties ! On va essayer de se concentrer sur les jeux, histoire de montrer que depuis quelques temps, à l'Est... on ne voit rien de nouveau venir.

Le cas Perfect Dark

Tout d'abord, parlons de Perfect Dark. La belle Joanna attendue pendant si longtemps est finalement arrivée, accompagnée d'une promotion marketing à laquelle même PN avait succombé à son ouverture : on avait pour le lancement du site créé un dossier complet sur Perfect Dark. Après quelques semaines de commercialisation, on s'était rendu compte que le jeu n'avait pas si bien marché que ca de par chez nous.

Faut-il en blâmer Nintendo qui n'a pas fait assez de bruit autour du jeu ? Certainement pas ! Ce qu'on peut critiquer, c'est le parallèle trop simple qu'on a fait entre Perfect Dark et Goldeneye, la véritable référence en matière de FPS sur Nintendo 64. La popularité acquise par le jeu depuis sa sortie ne pouvait pas être remise en cause par une midinette de 23 ans sortie tout droit de l'Institut Carrington !

Il faut néanmoins admettre que Perfect Dark a su s'adapter à l'amélioration des capacités de programmation des développeurs de chez Rare, des développeurs qui avaient déjà dééeloppé Goldeneye quelques mois plus tôt. Un bon jeu, réussi, prenant, mais qui a vieilli.

Perfect Dark se présentait alors comme le nouveau Goldeneye, et c'est bien tout ce qu'on peut lui reprocher : Goldeneye comptait àlui seul bien plus de fonctionnalités que Perfect Dark, dont le mode Mission ne propose pas grand-chose de plus que le mode Agent de Goldeneye. Si Rare avait l'intention de mettre une poitrine à James Bond, c'est réussi. Si l'intention était en fait de créer un jeu révolutionnaire, on peut dire, après-coup, que c'est raté...