Dossier Wii (Wii)
Une nouvelle approche pour une nouvelle donne
C'est un risque de la part de Nintendo, et nombreux sont ceux qui doutent de la viabilité de cette stratégie : 'c'est du suicide', s'exclament certains. 'Ca ne marchera jamais', se disent d'autres. Ces mêmes gens qui ne prédisaient rien de glorieux pour une certaine Nintendo DS, qui se vend au Japon deux fois mieux que la PSP (et encore, pendant les mauvaises semaines ;->), une tendance qui se confirme sur les dernières semaines du rush de Noël.La DS est un parfait exemple de cette nouvelle approche de la part de Nintendo : on propose une console bon marché, avec des jeux d'enfer. On les a certes attendu, mais on voit clairement qu'ils sont maintenant nombreux en rayon, à commencer par l'incroyable Mario Kart DS, qui est de loin le meilleur Mario Kart de toute la série, exception faite de l'original paru sur SNES qui aura toujours l'avantage d'avoir été le premier ! La perfection signée Nintendo comme on l'aime tant, en quelque sorte.
La DS a joué sur l'innovation intelligente : l'écran tactile, utilisé pour la première fois dans une console de jeux, le Wi-Fi, une belle technologie dormante jusqu'à peu, le double-écran, une idée lumineuse qui offre tant de possibilités. La Revolution jouera sur l'innovation simplificatrice : la manette de la Revolution veut simplifier le jeu vidéo. Même votre grand-mère pourra sans doute jouer et manier du nunchaku sans pour autant se griller le cerveau à essayer de comprendre comment ça marche !
Nintendo connaît son affaire !
Voilà plus de cent ans que Nintendo est là : des cartes à jouer, Big N est ensuite passé aux jeux électroniques, puis vidéo. Dès lors, la société s'est retrouvée en face de mastodontes comme Atari, Philips, SNK, Sega, et j'en passe. Toutes des sociétés qui ont beaucoup perdu lors de leur présence sur le secteur hardware, alors que Nintendo affichait encore et toujours une insolente bonne santé financière.Nolan Bushnell, l'ancien CEO d'Atari lors de son heure de gloire à la fin des années 1970, a récemment expliqué que Nintendo faisait ce qu'il fallait pour assurer la pérennité du secteur. Selon lui, le nombre de joueurs a en fait baissé depuis les beaux jours d'Atari. On en doute un peu, mais on ne peut que constater une certaine stagnation : pour atteindre de nouveaux joueurs, la puissance graphique ne suffit plus, et à l'heure actuelle, Nintendo semble seul à en être conscient... Si c'est autre chose qui justifie la stagnation du secteur, alors Nintendo sera dans l'embarras : mais il n'y a que le risque qui paie, et c'est tout aussi valable dans le secteur du jeu vidéo !
Les événements de ces derniers mois sont encore un peu trop récents, mais si on n'en parle pas dès maintenant, qui va le faire ? La sortie de la Nintendo DS a été accompagnée de jeux uniques, comme Nintendogs ou Brain your train, on l'a dit. Ces jeux sont uniques parce qu'ils ont éveillé l'intérêt pour le jeu vidéo de ceux qui, traditionnellement, regardaient ailleurs pour leurs loisirs. La gente féminine s'est jetée sur Nintendogs, les hommes d'affaires sur Train your Brain.
Un risque calculé.
Ceci est un signe : Nintendo est en train de réussir là où dans le fond, Sony et Microsoft ont échoué. On ne dénigre pas leur succès en termes de volumes écoulés, c'est vraiment important de le comprendre ! Mais les efforts des concurrents de Nintendo ne se sont pas vraiment traduits, au final, par une expansion du marché. On peut peut-être dire que cette prolifération de constructeurs s'est plutôt traduite par l'achat de machines par ceux qui connaissaient déjà le secteur du jeu avant. Quand un foyer achète deux ou trois consoles, on ne peut pas vraiment parler d'expansion du marché, au contraire.Acheter une console empêche d'acheter parfois une quizaine de jeux !
Une XBox 360 à 399.95$ = 14 jeux MK à 34.95$ !
C'est là que le bât blesse : les fabricants n'ont jamais vendu autant de consoles, mais dans le même temps, les ventes de jeux ont baissé. Car si les ventes de hardware sont imposantes, les sommes d'argent disponibles dans les porte-feuilles sont restés les mêmes. On comprend alors mieux pourquoi Nintendo insiste tant sur l'aspect bon marché de ses consoles, toujours au moins un tiers moins chères que les concurrentes. Ils doivent bien rire, chez Nintendo, de voir Microsoft vendre la XBox 360 à 400 dollars... Plus de consoles, pour ne pas dire trop de consoles, cela cannibalise le marché : 400 dollars, c'est 6 ou 7 jeux qu'on n'achètera pas, faute d'argent. On comprend mieux pourquoi Nintendo veut que les consommateurs aient une mise de départ raisonnée.
Prévoir la réaction du marché est un exercice difficile, un pari. Risqué pour tous, mais surtout risqué pour Nintendo qui a choisi de suivre sa propre voie : proposer des consoles différentes (un écran tactile pour la DS, une manette de folie pour la Revolution) capables de proposer des expériences tout simplement uniques. Même si le récent succès de la DS tend à le confirmer, on ne saura en fait que dans cinq ans si cette mise est la bonne. D'ici là, on peut compter sur Nintendo pour nous en donner pour notre argent : les Euros que nous n'investirons pas dans une console à 400 dollars, nous les dépenserons en jeux. Et pour les éditeurs, cela devrait être finalement tout ce qui compte, en plus de la créativité que la Revolution ou la DS leur permettent de dévoiler au public... Un sujet tout trouvé pour un prochain dossier !
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