1e partie.
GIA :Combien de temps avez-vous travaillé pour Nintendo ?
HL : J'ai rejoint Nintendo en Janvier 1983, mais j'ai commencé à travailler avec les débuts de la société à la mi-1981, comme avocat, j'y ai alors rencontré Mr Arakawa [le PDG actuel de NOA] et ait travaillé pour la société.
GIA :C'est le 7e E3, et le secteur du jeu vidéo a bien évolué depuis cette époque où vous deviez assembler vous-même les stands de démonstration. Quelle taille peut atteindre ce secteur ?
HL : Je me souviens de quand nous étions au Consumer Electronics Shows, et le jeu vidéo n'était alors qu'une petite partie de l'électronique grand public. On nous évitait, on nous plaçait sous des tentes, et on ne nous traitait pas très bien. Maintenant, nous avons l'E3.
En terme de croissance, je pense que la nouvelle génération de consoles aidera le secteur du jeu vidéo à dépasser une bonne fois pour toutes le cinéma en termes de revenus, au moins aux Etats-Unis.
GIA :Sony, et à un moindre degré Microsoft, ont commencé à rapprocher le cinéma et les jeux vidéo. Tomb Raider et Final Fantasy auront tous les deux des films en salle cet été. Pourquoi est-ce que Nintendo ne fait pas pareil ?
HL : Nintendo est une société de jeux vidéo. Ce n'est pas une société produisant de l'éléctronique grand public, et ce n'est pas une société d'informatique. On aspire à être la meilleure société de jeux vidéo du monde. Nous dessinons avec le jeu à l'esprit, et rien d'autre.
Même si la GameCube peut certainement être enrichie, je pense que toute l'attention de Nintendo, au moins pendant les premières années, sera une série de superbes jeux qui sont attrayants et exclusifs. Ces jeux conduiront le hardware, et ils conduiront certainement le logiciel.
Nintendo adopte des stratégies différentes que celles de Microsoft et Sony, et c'est dur aujourd'hui de dire qui va l'emporter. Mais je pense que l'héritage de Nintendo est important, avec de super jeux et des gens comme Mr Miyamoto. La GameCube est aussi une plate-forme qui lit des jeux sur disque et non plus des cartouches, et est facile à déplacer.
GIA :Est-ce qu'une console orientée jeux comme la GameCube n'est pas par définition tournée vers les jeunes utilisateurs qui ne vont pas si souvent au cinéma ou n'écoutent pas tant de musique ?
HL : Peut-être, mais il n'y a rien de faux avec ça. Détenir ce marché, c'est détenir une part énorme du business du jeu vidéo. Je pense que Nintendo et les éditeurs-tiers, qui donneront un large soutien à la GameCube, ont l'intention de délivrer une grande variété de divertissement qui traversera les classes démographiques.
Même aujourd'hui, nous avons des jeux qui sont classés "Mâture" comme Eternal Darkness, et des jeux pour tous comme Star Fox : Dinosaur Planet. Il est clair que certains de nos jeux seront destinés aux plus jeunes, et c'est bien - Je ne veux pas voir Nintendo perdre quoi que ce soit sur ce marché.
GIA :Le producteur de Silent Hill a dit récemment dans une interview qu'il excluait une version GameCube de sa franchise parce que le système allait "essentiellement attirer les jeunes joueurs". Pensez-vous que Nintendo peut continuer son emprise sur le marché des enfants et peut encore être attractive pour les joueurs plus âgés ?
HL : Je pense que quiconque ne voit en la NGC qu'une console pour gamins est dingue. Etant donnée la variété de jeux qui paraîtront sur la plate-forme, et étant donnée l'excellence de ces jeux, la GameCube va toucher tout le monde.
Nintendo arrive sur le marché avec des personnages réputé qui touchent une grande variété de gens, ces personnages peuvent certainement atteindre le marché des jeunes et s'étendre en partant de là. Je ne pense pas qu'il y ait quelqu'un chez Nintendo qui souhaite seulement être présent sur le marché des plus jeunes et n'être présent nulle part ailleurs.
GIA :Est-ce que les éditeurs-tiers le savent ?
HL : Je vois les dévelppeurs-tiers venir vers la GameCube parce que le modèle économique est très compétitif. C'était très difficile pour les tierces parties de soutenir la N64 à cause de la cartouche. Mais les éditeurs tiers majeurs sont et ont toujours été agnostiques; il iront toujours soutenir la plate-forme qui dispose de la base la plus importante.
Le véritable problème concerne le type de jeux qu'ils font, et ils savent que les classes d'âges du secteur du jeu vidéo dans l'ensemble sont plus larges qu'elles ne l'étaient avant, même les classes d'âges de Nintendo. Je pense que les éditeurs donneront à la GameCube un soutien fort, et en conséquence, vous verrez des jeux pour tous les genres et pour tous les joueurs.
GIA :Dans la dernière génération de hardware, Nintendo n'a pas vraiment dépendu des éditeurs-tiers. Jusqu'à quel point Nintendo les considère-t-ils comme essentiels ?
HL : Nintendo est la société qui a créé le modèle économique des éditeurs tiers. Ses relations avec les tierces parties remontent à bien plus loin que l'arrivée de Sony, voire même de Sega, sur le marché. Etant donnée la plate-forme de jeux que nous avons maintenant, le prix de matériel abordable, et que je m'attends à des ventes phénoménales et une base dont la taille grimpe rapidement, nous aurons dans un proche avenir le même type de support pour la GameCube de la part des tierces parties que celui que nous avions avec la Snes et la Nes.
GIA :A propos de ces relations, Square, Namco et même Sony étaient des partenaires de Nintendo à un certain moment, mais ce sont maintenant 3 des plus grands acteurs du marché contre Nintendo. Et tous ont eu des conflits avec Hiroshi Yamauchi. Est-ce que Yamauchi base ses décisions sur ces conflits, comme par exemple le sentiment que Square a déserté Nintendo ?
HL : Je dirais que Mr Yamauchi, qui a été le Président de Nintendo pendant près de 50 ans, a battu les records de succès. Nintendo est une des sociétés les plus profitables du monde aujourd'hui, et l'est depuis de nombreuses années, en dépit des hauts et des bas du marché dans le monde.
Mr Yamauchi est un homme d'affaires aux succès phénomènaux et une personne très intelligente, et je ne pense pas qu'il prenne ses décisions professionnelles en les basant sur des relations. Je pense qu'il base ses décisions professionnelles sur les affaires. Même si les relations personnelles jouent un rôle dans toute décision, je ne pense pas que ce soit une chose clé.
GIA :Square a notamment parlé de son intérêt pour développer sur GameCube et a fait une annonce publique concernant son souhait de faire un Final Fantasy sur GBA. Pourquoi est-ce que Nintendo les enverrait au diable ?
HL : On ne peut pas toujours dire ce qui se passe quand on en vient aux sociétés japonaises et leurs relations avec Nintendo, ou comment réagissent Mr Yamauchi et Nintendo quand on en vient à des sociétés comme Square et Enix. Mais je pense que Nintendo a été impliquée avec les éditeurs-tiers dans le monde entier et a toujours recherché des jeux de qualité.
GIA :Quelle est selon vous la chose la plus inexacte sur Nintendo dans le marché aujourd'hui ?
HL : Au début, quand Nintendo marchait bien, il y avait le sentiment que Nintendo avait la main très lourde. Ce n'était pas vrai, et je pense que tout s'est eclairci quand le marché est devenu plus compétitif.
Il y a toujours eu l'idée, et ceci pas uniquement pour Nintendo, que les jeux vidéo dans leur ensemble appartiennent au passé, ou sont simplement pour les enfants, et ne concernent pas des classes d'âges plus larges. Je le pense parce que comme Nintendo a eu également du succès avec une jeune audience, cela laisse l'impression dans les esprits que beaucoup de jeux Nintendo, d'une certaine manière, ne sont que pour les plus jeunes.
Ca n'a aucun sens, mais c'est quelque chose qui a toujours suivi Nintendo, et reste depuis notre premier succès. Ce qui est intéressant, c'est que les enfants qui ont fait croître le secteur du jeu vidéo sont maintenant des adultes qui apprécient encore les personnages de Nintendo.
Expliquer cela aux médias est difficiles, mais je pense que tout le secteur du jeu vidéo n'est pas perçu par les médias avec la même sorte d'intérêt que celui porté au milieu de cinéma, alors qu'en fait le secteur du jeu vidéo est égal ou plus lourd que tout le secteur du film. Notre secteur est toujours perçu comme une sorte de marché de niche, ou quelque chose qui ne plaît qu'aux enfants, plutôt qu'une forme viable de divertissement qui touche un grande classe d'âge.
Avec le temps, les choses vont changer, et des shows comme l'E3 y aideront.
GIA :Comment le secteur du jeu vidéo peut aider à accélérer ce changement ?
HL : Le secteur du jeu vidéo est encore un jeune secteur, et il ne dispose pas de l'infrastructure ou de la longévité du secteur cinématographique. Il faudra beaucoup de temps pour que les gens réalisent que c'est un secteur énorme, avec des résultats et un potentiel qui dépassent de loin un film.
Avoir un show comme l'E3 et une association commerciale comme l'IDSA aident et les leaders du secteur ont consacré beaucoup de temps et d'énergie pour construire l'IDSA. Mais franchement, ça prend du temps. Le secteur du film est là depuis plus de 100 ans.
GIA :Un certain nombre de sociétés énormes ont perdu la face dans le secteur du jeu, depuis Atari jusqu'aux mastodontes comme Time Warner. Qu'est-ce que Nintendo sait qu'eux pas ?
HL : Nintendo a toujours été une société très stricte financièrement. Ils ont toujours fait très attention aux limites à ne pas dépasser, toujours cherché à dégager des profits, et toujours cherché à faire quelques jeux hors du commun qui contrastent avec beaucoup de jeux. Cette discipline concernant le développement de super jeux sur une longue période de temps est la clé de leur succès.
Franchement, c'est à l'honneur de Mr Yamauchi d'avoir tourné Nintendo vers le jeu vidéo uniquement au lieu d'essayer d'être impliqué dans quoi que ce soit d'autre, et de vouloir transformer une console de jeux en ordinateur. On a toujours cherché à créer des plate-formes qui puissent supporter de super jeux, et c'est une discipline qui commence avec lui pour se propager à travers toute la société.
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