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Il faudra s'habituer bientôt à ne plus être propriétaire de nos jeux
Deux nouvelles offres d'abonnement par Ubisoft s'accompagnent d'un message qui interpelle. Le streaming devenant de plus en plus présent, il faudra s'habituer à ne plus posséder physiquement nos jeux mais recourir à des abonnements.
NewsUbisoft vient de faire disparaître son offre d'abonnement Ubisoft+, qui pour 14,99€, permettait de donner accès à plus de 100 jeux PC. A la place, deux nouvelles formules viennent d'apparaitre. Cela ne concerne pas pour le moment le marché de la Nintendo Switch.
Si vous aimez beaucoup les jeux Ubisoft, l'abonnement classics vous permet, pour 7,99 € de jouer aux éditions de base d'une cinquantaine de titres. Exit les DLC et bien évidemment les derniers jeux les plus récents. Pour jouer à l'ensemble des titres, il faut opter pour la formule premium à 17,99 € par mois. Un bon moyen de rassasier les gros joueurs même si la formule reste plus chère que le Xbox Game Pass ( rappelons que les abonnés PlayStation Plus Extra et Premium ont accès à la gamme de jeux Ubisoft+ Classics sans frais supplémentaires). La formule reste aussi centrée sur les titres de l'éditeur et peut ne pas convenir sur une durée plus longue à des joueurs aimant plus de variété. L'offre devrait cependant s'élargir car on évoque aussi l'arrivée de titres Activision-Blizzard dans un avenir proche.
Il est bon cependant de connaître quelques aspects si vous souhaitez tester l'offre puis y mettre fin :
Classiquement, si vous résiliez votre abonnement, les jeux deviendront indisponibles, sauf si vous les possédiez déjà, si vous les achetez ou si vous souscrivez à nouveau un abonnement Ubisoft+ à l'avenir.
Vous aurez toujours accès aux achats que vous effectuez (que ce soit l'achat d'un jeu sur le Store ou des achats en jeu), même si vous résiliez votre abonnement.
Vous pouvez annuler à tout moment dans les paramètres de votre compte. Votre abonnement restera actif jusqu'au tout dernier jour du mois en cours pour lequel vous avez payé. Après cela, l'abonnement sera annulé et ne se renouvellera pas.
Au terme de votre abonnement Ubisoft+, votre jeu pourrait revenir à la version que vous possédiez auparavant, ce qui peut impacter vos sauvegardes précédentes.
Pour célébrer le lancement de ces deux nouvelles formules, gameindustry.biz s’est entretenu avec le directeur des abonnements chez Ubisoft, Philippe Tremblay, pour discuter de l’avenir du modèle d’abonnement dans le jeu. Et certains propos risquent de faire réagir et d'alimenter le débat sur quel modèle de consommation nous souhaitons voir se mettre en place à l'avenir.
Pour M Tremblay, ce qui fait hésiter les consommateurs à adhérer aux services d'abonnements de jeux vidéo, ce sont des habitudes de consommation qui ont changé au niveau des films et des DVD mais qui ont encore un peu de mal à se mettre en place pour les jeux. Certains joueurs adorent conserver leur version physique mais cela prend de la place, le CD peut se dégrader avec le temps, il faut les commander ou passer en boutique... Certains utilisaient leurs achats pour les revendre ensuite et financer une partie des achats de nouveaux jeux. Mais de plus en plus des titres sortent en version dématérialisée et une fois que l'on a fini les jeux, à part les stocker quelque part et les ressortir ponctuellement, on y rejoue fort peu. Ces jeux dématérialisés de toute manière ne se revendent pas.
La formule d'abonnement serait alors une solution intéressante : vous payez un forfait pour accéder à de nombreux titres, et si vous faites une pause et que vous recommencez plus tard, vous pourrez à nouveau accéder à vos jeux, à vos sauvegardes....Mais cela nécessite une mue des consommateurs et d'accepter de ne plus être propriétaire des jeux auxquels on joue. Le streaming des films permet de payer le visionnage d'un film, un abonnement à Netflix ou Disney + permet d'accéder à des séries que l'on regarde puis on passe à autre chose. Des formules d'abonnements pour pouvoir jouer à des jeux vidéo ont donc tout leur sens, mais cela nécessite encore un peu de temps pour une partie du public, alors que de nombreux joueurs sont prêts à cette bascule des mentalités, d'autant que par ce biais tout est accessible depuis chez soi via quelques clics.
L’une des choses que nous avons constatées est que les joueurs sont habitués, un peu comme le DVD, à posséder et à posséder leurs jeux. C’est le changement de consommateur qui doit se produire. Ils se sont sentis à l’aise de ne pas posséder leur collection de CD ou de DVD. C’est une transformation qui a été un peu plus lente à se produire pour le marché du jeu vidéo.
J’ai encore deux boîtes de DVD. Je comprends parfaitement le point de vue des joueurs. Mais à mesure que les gens adopteront ce modèle, ils verront que ces jeux existeront, que le service continuera et que vous pourrez y accéder quand vous le souhaitez. J’ai envie, c’est rassurant.
Philippe Tremblay insiste sur l'importance de laisser le choix aux joueurs, entre l'achat traditionnel et l'abonnement. Il reconnaît également que le marché est saturé de services d'abonnement dans divers domaines, ce qui peut engendrer une certaine lassitude chez le public. Ubisoft se montre compréhensif envers les utilisateurs qui choisissent de s'abonner temporairement pour découvrir un jeu avant de se désabonner.
Des propos qui peuvent se comprendre mais qui interrogent tout de même. Les systèmes d'abonnements ne donnent accès pour le moment qu'à une fraction des titres disponibles sur le marché et sous-tendent que seuls les très gros éditeurs auront les moyens à l'avenir de gérer des gros serveurs pour permettre ce type de fonctionnement. Toutes les régions n'ont pas un accès internet de qualité parfaite pour jouer via le Cloud et on peut se poser des questions sur les conditions de partenariat/pression financière qui seront faites aux petits éditeurs indépendants s'ils souhaitent voir leurs produits intégrés dans ces offres d'abonnement.
On le voit bien avec les plateformes de films ou de musiques, pour des raisons financières, les contrats font ajouter ou retirer certaines séries et ne nous permettent plus parfois d'y accéder légalement. Aurons-nous toujours l'accès à tous les titres et à nos sauvegardes ? Que se passera-t-il avec des jeux non compatibles au niveau des sauvegardes ? Quid de notre temps libre si nous sommes poussés à la consommation via de multiples offres d'abonnements pour nous maintenir devant un écran ? Un sacré casse-tête qui va causer des angoisses à certains joueurs. C'est une communication forte de la part d'Ubisoft mais cela rejoint un mouvement de fond plus large, d'autres éditeurs sont sur une ligne de pensée similaire. Est-ce vraiment l'avenir que nous souhaitons ? N'hésitez pas à venir en discuter sur notre Discord ou sur le forum.
Source : Ubisoft, Gameindustry et Nintendo Life
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Pas de physique pas d'achat.
Y compris si c'est un jeu que j'attend depuis des années comme Alan Wake 2.